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L'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique.

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par SATUTNIN NDONG NDONG
Université Omar Bongo - MASTER GEOSCIENCES POLITIQUES 2015
  

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2- Accords multilatéraux de sécurité collective de la France avec les pays ouest-

africains

Les accords multilatéraux de sécurité collective et de résolution des conflits qui lient la France aux organisations sous régionales africaines et particulièrement la CEDEAO, ont constitué l'un des mobiles pour lesquels la France s'est déployée militairement au Mali. En effet, ces accords qui placent la CEDEAO comme partenaire à part entière67 de la France, permettent à celle-ci de « contribuer à la consolidation des capacités de maintien de la paix (coopération, expertise, financements) et à les promouvoir lors qu'elles n'existent pas »68. Dès lors, le Quai d'Orsay exploite pleinement69 ces accords pour la restauration de la sécurité dans les sous-régions africaines. Les accords multilatéraux franco-africains permettent, d'une part, à la France d' « encourager, appuyer et soutenir l'ensemble des initiatives africaines dans l'optique qu'à terme les conflits africains soient résolus par les Africains eux-mêmes »70, d'autre part à déployer sur le théâtre d'opérations, son armée afin de maintenir la sécurité, qui est le principe fondateur de ces accords multilatéraux. De ce fait, la coopération multilatérale entre la France et la sous-région de la CEDEAO constituait le pivot de l'intervention militaire française au Mali. De manière systématique, les accords multilatéraux France-CEDEAO obéissent au respect des alliances déjà établis. Cependant, de façon dissimulée, ces accords

66 A. Bourgi, Aux racines de la françafrique : la dégradation de l'image de la France en Afrique, centre Thucydide, volume X, 2009, p.1-14.

67 Le livre blanc, défense et sécurité nationale, 2008, p.120.

68 Ibidem, p.120-121.

69 Ibidem, p.20.

70 H. Serequeberhan, Le réengagement français dans les conflits africains et le défi ivoirien, p.2.

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ont des enjeux symboliques71, notamment la défense des intérêts sécuritaires72 et économiques qui amènent le plus souvent « la France à couvrir la totalité des zones stratégiques d'intérêt majeur à travers toutes les composantes, maritime, aérienne et terrestre de son outil militaire »73 tel qu'elle l'a réalisé dans son intervention au Mali.

Outre les accords multilatéraux, le système international de défense collective de l'ONU a permis également à la France de justifier légalement son intervention militaire au Mali.

3- De la légitime défense collective de l'ONU

Les accords internationaux et le développement des alliances institués par l'Organisation des Nations-Unies, ont permis à la France de mobiliser son armée au Mali. En effet, dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationale, le Conseil de sécurité de l'ONU, garant de la stabilité internationale, recommande à l'ensemble des Etats appartenant à l'institution, la légitime défense individuelle ou collective. Dès lors, la France qui constatait la multiplication sans cesse des attaques au Mali et les faiblesses de celui-ci à combattre les différents groupes islamistes présents sur son sol, s'est servie du principe du CS. Décidant unilatéralement d'intervenir militairement au Mali, le Quai d'Orsay brandissait de ce fait l'article 51 de la Charte de l'ONU qui statut sur la légitime défense et dont le contenu stipule qu' « aucune disposition de la présente Charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective, dans le cas où un membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée, jusqu'à ce que le CS ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales. Les mesures prises par des Membres dans l'exercice de ce droit de légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du CS et n'affectent en rien le pouvoir et le devoir qu'a le Conseil, en vertu de la présente Charte, d'agir à tout moment de la manière qu'il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales»74 . Ainsi, à travers la légitime défense collective onusienne, l'intervention militaire française se réclamait d'une couverture juridique internationale.

Cependant, en mettant en exergue la légitime défense collective, la France a délibérément négligé les articles 24 sur la responsabilité du CS à assurer l'action rapide et efficace, et à maintenir la paix et la sécurité internationale, puis l'article 25 qui stipule que « les membres de l'Organisation conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de sécurité

71 P-E. Batchom, La sécurité collective en Afrique post-Guerre froide, Res militaris, vol 4, n°2, 2014, p.1-16.

72 Le livre blanc, op.cit., p.197.

73Livre blanc, op. cit.,

74 Charte des Nations unies, chapitre VII, article 51

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conformément à la présente Charte ».75 Dès lors, il convient de dire que la légitime défense collective exprimée par la France cachait les réelles motivations de son intervention militaire. Ainsi, si cette légitime défense était conforme au jeu d'alliance sur le plan international, il est clair qu'elle a camouflé les grands enjeux aussi bien géopolitiques que géostratégiques de cette intervention militaire. La mise en avant de la légitime défense collective au détriment des décisions du Conseil de sécurité ressemble à la manifestation d'une ingérence militaire habillée de plusieurs « zones d'ombres »76.

Les accords internationaux et ceux existants entre la France et le Mali, donnaient certes une légitimité à l'intervention militaire française, mais ce jeu d'alliance a permis à la France de couvrir les réels enjeux de ce déploiement militaire, notamment ceux qui sont en rapport avec son repositionnement militaire au Mali et dans l'espace sahélo-saharien.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault