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L'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique.

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par SATUTNIN NDONG NDONG
Université Omar Bongo - MASTER GEOSCIENCES POLITIQUES 2015
  

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II- Problématique et cadre théorique

1- Problématique et hypothèses de la recherche

Au lendemain des indépendances africaines, le colonisateur français initie une autre forme de contact avec les différents Etats du continent : il s'agit entre autres des relations politique, économique et militaire. Cette dernière avait été intensifiée depuis 1960 avec la multiplication des accords de défense et d'assistance militaire entre l'Hexagone et les Etats africains qui étaient sous le joug de l'Hexagone. En effet, à travers ces accords, la France a véritablement manifesté son activisme militaire dans le continent, au point où une quarantaine d'interventions militaires sont dénombrées. L'objectif de celles-ci étaient de venir en aide aux pays en difficulté empreint à la dictature et aux violences ; maintenir l'essentiel de ses positions stratégiques13en soutenant des régimes politiques contestés ou défaillants14 qui garantissaient la place de la France dans les domaines économiques et politiques, et à sécuriser les ressortissants français dans les Etats instables. Cette description de la logique des interventions françaises en Afrique met en exergue trois constats :

Le premier constat relève du fait que sur les quarante-huit15 interventions françaises en Afrique, le Mali n'a nullement fait l'objet d'une quelconque préoccupation de la France, malgré la dictature de Moussa Traoré et ses différentes exactions, et malgré les différents affrontements armés qui ont toujours opposés depuis les indépendances, l'armée régulière de l'Etat malien aux différents groupes rebelles du Nord.

Le deuxième constat est celui de la nouvelle reformulation du mode d'intervention militaire française en Afrique. En effet, après moult critiques des actions militaires françaises sur le continent, la France avait opté à responsabiliser les Etats africains « d'assurer progressivement eux-mêmes leur sécurité»16 en mettant en place le Programme de Renforcement des Capacités Africaines au Maintien de la paix RECAMP. De ce fait, elle renonçait aux interventions militaires directes17 et s'engageait dans la formation des unités africaines qui devaient « mener elles-mêmes des opérations de soutien de la paix sur leur continent, et d'en assumer le rôle principal »18.

13P. Chaigneau, op.cit., p.43.

14Ibidem

15 M. Galy, La guerre au Mali, comprendre la crise au Sahara et au sahel. Enjeux et zones d'ombres, Paris, la découverte, 2013, p.18.

16Rapport de l'Assemblée Nationale française (n°3308, n°3309 et n°3310), constitution du 4octobre 1958, treizième législature, Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 5 avril 2011, p.25.

17 T-S. Possio, La France et la sécurité collective en Afrique subsaharienne : de l'interventionnisme militaire systématique au renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, Mémoire de master, 2003, p.41. 18Rapport Assemblée Nationale française, op. cit., p.26.

13

Le troisième constat tient au fait que le Mali fait parti des Etats qui sont « en marge du système militaire français »19. En effet, dans la théorie gaulliste de stratification des Etats dans la défense française en Afrique, le Mali est classé dans la catégorie des Etats les plus défavorisés. Ce désintéressement de la France vis-à-vis du Mali est perceptible sur le nombre de conseillers militaires français sur le sol malien et sur le nombre d'officiers et sous-officiers maliens formés en France. Ainsi, une étude comparative montre bien qu'en 1980 le Gabon qui est cinq fois plus petit que le Mali en termes de superficie, abritait un nombre largement supérieur de conseillers militaires, soit 132 conseillers pour le Gabon et 5 conseillers pour le Mali. On peut déduire sans risque de se tromper que la supériorité du nombre de conseillers militaires français au Gabon est due en grande partie aux intérêts économiques de la France en terre gabonaise. Et le nombre insignifiant de conseillers militaires français au Mali traduit un désintérêt étant donné que le Mali est classé parmi les pays à moindre valeur stratégique. Il en va du nombre d'officiers et de sous-officiers formés sur le territoire français, ou l'on remarque que le Gabon avait envoyé au cours de cette période 742 individus, le Cameroun 1222, alors que le Mali n'en avait que 88 officiers et sous-officiers. Cette analyse comparative démontre que la position du Mali est totalement périphérique dans l'élaboration du système de défense française en Afrique. Le diagramme ci-dessous illustre parfaitement cette périphéricité.

Diagrammes 1: Répartition des conseillers militaires en fonction de la valeur stratégique des Etats en

Légende : importance en

nombre de conseillers
militaires français

Pays de grande valeur stratégique (plus de 100)

Pays moyennement stratégique (50-99)

Pays de moindre importance (0-49) Source : Chaigneau., la

politique militaire de la France en Afrique, p.45.

Réalisation : Saturnin Ndong

Haute

Volta Rwanda

Madagascar Tchad Niger Burundi

Mali (5conseillers militaires ; 88officiers et sous-officiers)

Sénégal R.C.A Mauritanie

Benin

Cameroun Togo

Djibouti Gabon Côte-d'Ivoire Zaïre

Congo

1989

19P. Chaigneau, op. cit., p44.

14

Le schéma ci-dessus montre que le Mali ne constitue pas une priorité dans la stratégie militaire française en Afrique. La position défavorable du Mali dans ce système militaire traduit le reflux sécuritaire de l'Hexagone à l'endroit de l'Etat malien.

Au regard de ces différentes observations, l'on se demande:

Quels enjeux sous-tendent cette intervention militaire française? Ainsi, il nous semble évident que :

? La France recherche, à travers son intervention militaire, de préserver ses intérêts économiques, à maintenir le positionnement de son axe stratégique dans les régions sahélo-saharienne et ouest-africaine.

? L'intervention militaire française vise à créer une profondeur stratégique et à combattre le terrorisme et les trafics mafieux qui sévissent particulièrement le Mali et en général toute cette région d'Afrique.

En effet, l'intervention militaire française au Mali répond à la volonté de la France de reprendre le contrôle militaire de ces zones d'influence en Afrique, d'asseoir et de consolider sa position stratégique dans la sous-région20 . Dès lors, la France se doit d'établir des liens aussi denses que possibles avec ses anciennes colonies21, c'est son intérêt sur la scène internationale, en ce sens, qu' elle a toujours perçu les bases africaines comme la pierre angulaire de son système stratégique mondial, phénomène qu'il convient d'approfondir22. Ce système stratégique qui est tout aussi profond sur le plan économique et sécuritaire a fait que la France, en intervenant militairement visait à combattre l'extrémisme djihadiste et le terrorisme qui sévissait en Afrique de l'Ouest, et dans la bande sahélo-saharienne, puis à protéger ses acquis de cette menace et de la concurrence dont la conséquence directe serait la multiplication des partenariats de certains Etats de cette région avec les Etats-Unis et la Chine23. De ce fait, « intervenir au Mali apparaissait nécessaire pour protéger les intérêts stratégiques de la France dans le pays et dans la région notamment les nombreux ressortissants français au Mali et dans le reste du Sahel, puis sécuriser des approvisionnements en matières premières venant de toute la région»24.

20S. Loungou, interview, Le correspondant, n°005, Avril/Mai 2013, p.4-5.

21P. Chaigneau, op. cit., p.20.

22Idem, p.50.

23M-I. Kantô, L'intervention française au Mali, Vol11, n°38, perspectives africaine, 2013, p.16.

24Afrique Economie, L'opération Serval : Quels sont les intérêts de la France au Mali ? http://politique.economie-

Afrique.com/politique/loperation-serval-quels-sont-les-interets-de-la-france-au-mali/, consulté le 24/10/2014

15

Il est tout aussi vrai que l'intervention militaire de la France au Mali est la conséquence du disfonctionnement politico-militaire de l'Etat malien et de l'entremêlement des différentes forces aussi bien internes qu'externes à ce conflit. En effet, la puissance militaire hexagonale est justifiée par la dégradation politique du Mali ;le disfonctionnement de l'appareil militaire ; la résurgence des rebellions au Nord25 et «un contrôle grandissant du Nord-Mali par des groupes islamistes radicaux algériens ,
· une circulation accrue d'importantes quantités d'armements provenant des stocks libyens qui a créé un vortex sécuritaire permettant la militarisation d'AQMI et ses groupes connexes ,
· et les velléités des groupes touaregs nouvellement fédérés
»26.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille