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L'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique.

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par SATUTNIN NDONG NDONG
Université Omar Bongo - MASTER GEOSCIENCES POLITIQUES 2015
  

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Conclusion générale

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La complexité de la question des interventions militaires en Afrique constitue une préoccupation majeure, qui amène à s'interroger sur l'essence de ces interventions. Le thème, l'intervention militaire française au Mali. Essai d'analyse géopolitique, qui a fait l'objet de nos réflexions, vient une fois de plus montrer la difficulté de cerner les véritables facteurs qui engendrent le déploiement des forces Occidentales à l'intérieur des Etats africains.

Le but de ce travail était de répondre à une question préjudicielle : quels enjeux sous-tendent l'intervention militaire française au Mali ?

Nos hypothèses étaient les suivantes :

La France recherche, à travers son intervention militaire, de préserver ses intérêts économiques, à maintenir le positionnement de son axe stratégique dans les régions sahélo-saharienne et ouest-africaine.

L'analyse qui a été menée tout au long de ce travail démontre que les objectifs fondamentaux de cette intervention se focalisaient sur la préservation des intérêts français, qui étaient menacés par les actions des groupes terroristes. Il a également été démontré que l'intervention avait une préoccupation géostratégique du fait des projections militaires et diplomatique qui ont accompagné cette intervention militaire française au Mali et dans l'ensemble de la région. Dès lors, l'intervention au Mali avait ainsi un double objectif. Le premier visait la sécurisation et le renforcement des liens économique et politique dans une région, qui est plus que par le passé convoitée par une pluralité d'acteurs internationaux. Le second était la construction et le renforcement des réseaux de défense et de diplomatie de la France dans l'espace sahélo-saharien.

S'agissant de la deuxième hypothèse qui posait que l'intervention militaire française a visé à créer une profondeur stratégique et à combattre le terrorisme et les trafics mafieux sévissant particulièrement au Mali et en général dans toute cette sous-région sahélo-saharienne, nous avons démontré qu'à travers cette opération militaire, la France objectivait sa propre défense à l'extérieur de ses frontières, notamment au Mali, et luttait contre le `'grand banditisme» qui sévit dans l'ensemble de la région. Aussi, l'analyse faite dans ce travail situe également cette intervention dans la problématique de fragmentation des réseaux, qui forment le marché des produits illicites de stupéfiants, de démilitarisation de l'espace malien et sous régional, et de repoussement de la menace à un intervalle conséquent tout en protégeant ses ressortissants de toute action nuisible.

En résumé, le déploiement militaire de la France au Mali ne se distingue nullement de ces précédentes interventions en Afrique. La logique des interventions françaises en Afrique ne varie pas en réalité: seule la défense des intérêts économique, politique et sécuritaire, justifie l'engagement militaire de la France dans les Etats du continent. Dès lors, les discours

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de l'Hexagone sur l'obligation morale d'intervenir au Mali afin de maintenir son intégrité territoriale sont à relativiser. L'Etat malien qui était apriori sans enjeu, devient stratégique pour la France et `'le temps de le dédaigner est révolu», pour paraphraser S. Loungou204.

Au-delà du Mali et des intérêts sous régionaux, les enjeux de cette intervention anticipaient aussi de la lutte de leadership des Etats Occidentaux en Afrique. Ainsi, si la France n'intervenait pas au Mali, elle aurait laissé la latitude à ses concurrents directs dans la sous-région (Etats-Unis, pays émergents) de s'y implanter.

Cet ensemble de facteurs permettent de répondre au problème que posait ce travail et de comprendre le jeu de cette intervention. Cette dernière confirme la pensée de P. Chaigneau qui soutient que « la France, pays exigu en termes d'espace géographique, placé à l'extrême Ouest de la masse continentale, européenne, n'a d'autre choix dans la conception de ses décideurs, pour maintenir son rôle de puissance mondiale, que de solidifier ses positions dans le tiers monde. L'Afrique est le lieu préférentiel de cette stratégie »205.

Sur le terrain, l'armée française supplante les armées régulières des Etats africains dont la mission première est pourtant de garantir la sécurité de leur territoire. En conséquence, les forces françaises s'arrogent la responsabilité de la sécurisation des territoires des Etats francophones d'Afrique ralliés.

Cependant, au regard de l'instabilité qui prévaut dans la région sahélo-saharienne, il n'est pas évident que cette région connaisse une stabilité totale et que le Mali échappe à ces vagues de violence des groupes rebelles et terroristes qui sévissent dans sa partie septentrionale.

L'apparition de ces nouvelles menaces en Afrique et d'autres formes de conflictualité rend problématique la défense assurée par la puissance extérieure hexagonale. Des pistes de solutions existent:

? les Etats africains doivent se doter de véritables instruments de politique de défense qui fixent des actions à entreprendre en cas de menaces contre leur sécurité ;

? les Etats africains se doivent d'appliquer la logique de « l'offensive-défense » élaborée par l'américain Jervis dans le cadre de la sécurité. C'est une logique de rééquilibrage des forces en fonction de l'adversaire, ou de dissuasion par ses capacités militaires ;

? les instances inter-africaines (continentales ; sous régionales ; et régionales), doivent anticiper les menaces sécuritaires des Etats en procédant aux interventions rapides et

204 S. Loungou, interview, op cit.

205 P. Chaigneau, op cit., p.49.

organisées sans attendre un soutien extérieur. Pour cela, elles doivent s'empêcher d'être laxistes.

Sans cela, la France profitera toujours des conflits armés africains pour mieux asseoir son étiquette de puissance mondiale.

La réforme des systèmes de défenses africaines, et le renforcement de la sécurité collective continentale peuvent constituer des réponses à l'instrumentalisation des faiblesses sécuritaires des Etats africains par les grandes puissances. La prédiction de J-B. Duroselle206 sur la mort des grandes puissances, consécutivement à la diminution de leurs moyens, est trop lointaine pour constituer une alternative à l'interventionnisme militaire français en Afrique.

Dès lors, n'est-il pas temps pour les Etats africains d'élaborer leurs propres systèmes de sécurité et de défense, au lieu de se contenter d'un protectionnisme français trompeur et qui peut s'avérer dangereux pour la sécurité des Etats africains ?

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206 J-B. Duroselle, Théorie des relations internationales, Tout empire périra, Paris, Armand colin, 1992.

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