2.1.2 L'héritage industriel comme source de
patrimonialisation et de
muséification
La réhabilitation d'anciennes friches industrielles est
une résultante de la stratégie de renouvellement urbain de la
ville de Saint-Etienne des années 1990. Il est intéressant de
constater que le passé industriel a été la source
d'inspiration d'initiatives en faveur de la patrimonialisation et de la
muséification de la ville : en voici un aperçu.
2.1.2.1 Le Musée d'Art et d'Industrie
La ville de Saint-Etienne a hérité d'un
patrimoine industriel et commercial conséquent. Heureusement, cette
mémoire des industries locales est préservée, notamment
dans le Musée d'art et d'Industrie. Ce lieu de conservation met en
valeur les trois domaines qui ont le plus marqué la ville de
Saint-Etienne, à savoir l'armurerie, l'industrie du cycle et la
rubanerie.
Initialement, dans les années 1833, ce musée
d'art et d'industrie (était un Palais des Arts abritant un musée
classique (quelques oeuvres de Monnet) et une bibliothèque. Ce lieu
devient en 1889, le Musée d'Art et d'Industrie, réunissant les
« beaux-arts » et les « arts industriels ». Sa mission
principale est de montrer les liens entre l'art et la technique de l'ère
industrielle. D'après Ludovic Noel (Directeur de la Cité du
Design), ce musée abrite des « collections exceptionnelles
autour des armes, cycles et rubans ».
Un musée aux racines du design :
rénové par Jean-Michel Wilmotte en 2001 et labélisé
Musée de France, il met en lien le passé, le présent et le
futur de Saint-Etienne. Il offre un « regard contemporain sur les
industries d'art et de design du quotidien » (Musée d'art et
d'industrie de Saint-Etienne).
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2.1.2.2 Le Musée d'Art Moderne et
Contemporain
Le musée d'art Moderne émane d'une section qui
appartenait autrefois au musée d'art et d'industrie dont nous avons
parlé précédemment.
En 1947, le nouveau conservateur Maurice Allemand parvient
à convaincre la municipalité du bien-fondé pour une ville
moderne, née de la révolution industrielle, d'une politique
tournée vers l'art moderne et contemporain. Entre 1967 et 1987, ce
conservateur poursuit cette orientation vers l'art contemporain, et met en
place une politique d'acquisition dynamique plus fortement tournée vers
l'art contemporain. Grâce à des crédits d'acquisition
alloués, il enrichit progressivement « les collections
d'oeuvres importantes du début du siècle (Picabia, Schwitters,
Alexandra Exter, Magnelli, Hélion...), de la génération
européenne des années cinquante (Dubuffet, Fautrier, Soulages,
Bram Van Velde...) et des artistes contemporains (Klein, Warhol, Dine, Stella,
Judd, LeWitt, Viallat et les artistes français du groupe
Supports-Surfaces...) » (Musée d'art moderne et contemporain
de Saint-Etienne).
La section d'art moderne devient un musée à part
entière en 1987 : conçu par l'architecte Didier Guichard (fil de
Pierre Guichard, ancien directeur du groupe Casino), inauguré le 10
septembre 1987 par le Ministre de la Culture François Léotard :
pris parti d'une fonctionnalité avec une architecture sobre, ainsi
qu'une façade en carreaux de céramique noire, un clin d'oeil au
passé minier de la ville ; le but de ce bâtiment, le rendre souple
pour permettre un espace de vie, d'échange, de formation un lieu ;
localisé en bordure nord de Saint-Etienne.
Dans les années 1990, les axes d'orientation du
musée sont la photographie et le design (soutenu depuis 1995 par le
Conseil général de la Loire). La politique est en faveur du
Design : « la politique de la Ville de Saint-Etienne et de
Saint-Etienne Métropole à l'égard du design a
accéléré, depuis 2001, le développement d'une
collection de design désormais reconnue comme l'une des plus importantes
en France (900 pièces) ». Parmi les oeuvres exposées,
nous pouvons citer celles de Charlotte Perriand, célèbre designer
ayant travaillé au côté du Corbusier. Ce musée
détient la plus importante collection d'art moderne et de design
après le Centre Pompidou (Ludovic Noel, Directeur de la Cité du
Design).
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