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Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche

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par Daniel Blaise BITECK
Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013
  

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I.2. L'ARASEMENT DE LA HIERARCHIE NATURELLE

En promouvant la pitié, la compassion et l'humilité pour ne citer que celles-ci, la morale des faibles nie totalement les différences qui existent entre les hommes. En effet, c'est volontairement c'est-à-dire d'une manière intentionnelle que les hommes veules procèdent à cette négation car ils savent de manière pertinente que le but ou même l'essence des forts est précisément d'agir dans le sens de la force. Cependant, les faibles, les esclaves guidés par le sentiment de vengeance vont convaincre les forts et les maîtres et les amener à partager l'idée que le mal, l'immoralité consiste à donner libre cours à ses passions et à exercer sa domination sur l'autre. Ils vont ainsi établir que ce qui fait valeur dans l'existence, c'est le travail sur soi-même c'est-à-dire le fait de se forcer soi-même à aller contre ses propres instincts, en particulier, à se forcer soi-même à considérer toute situation de conflit avec autrui comme mauvaise, immorale. On assiste donc ici à une introversion par l'homme du sentiment de culpabilité dans la mesure où celui-ci considère désormais l'usage de sa force ou de son pouvoir comme une mauvaise chose. L'on se retrouve alors dans une sorte d'égalisation des inégalités car désormais, ce qui s'apparentait par sa nature à un puissant, un fort, un chasseur de race ressemble à un impuissant, un faible, un agneau. On assiste donc ici à un ascétisme qui induit l'affaiblissement des forts.

Nietzsche trouve malsain que « les agneaux en veuillent aux oiseaux de proie »54(*) dans la mesure où on ne doit pas exiger de la force qu'elle se présente comme faiblesse. A ce propos il affirme : 

Exiger de la force qu'elle ne se manifeste pas comme force, qu'elle ne soit pas une volonté de subjuguer, une volonté de terrasser, une volonté de dominer, une soif d'ennemis, de résistances et de triomphes, c'est aussi absurde qu'exiger de la faiblesse de se manifester comme force 55(*).

Cependant, à en croire l'auteur de Le voyageur et son ombre, c'est la pratique généralisée de la morale des esclaves qui a abouti au nivellement de la hiérarchie naturelle. Le triomphe de la démocratie en est une illustration car celle-ci est adossée sur le principe selon lequel une personne égale à une voix et que toutes les voix sont égales de sorte que la voix du fils vaut celle du père. Nietzsche voit dans cette victoire des esclaves et des faibles le début de la décadence.

I.3. LA DECONSTRUCTION

La déconstruction apparaît « comme un effet historique : celui de la victoire, puis de la domination des faibles sur les forts, des esclaves sur les maîtres, de la Judée sur Rome »56(*). Elle se caractérise par la diminution et l'anéantissement du sujet et un dérèglement de ses instincts. L'introduction dans le monde du dualisme, le changement des sens est à l'origine de ce que Nietzsche appelle l'« étouffement général du sentiment de la vie »57(*). L'homme de la modernité n'est pas en mesure de supporter le poids des charges existentielles à cause de la morale du ressentiment qui l'empêche d'atteindre « le plus haut degré de puissance et de splendeur auquel [il] puisse prétendre »58(*). Aussi, d'après notre auteur, la civilisation moderne, à l'opposé de la civilisation grecque d'avant Socrate, est en pleine fragmentation. Nietzsche en veut pour preuve l'incapacité de ses contemporains à vivre seuls c'est-à-dire sans appui ni idoles, ni même sécurité. L'auteur voit aussi dans l'avènement des droits humains une des caractéristiques de la déconstruction dans la mesure où ceux-ci consacrent l'égalité de tous. Or, ce qui devrait être au coeur de chaque culture c'est ce principe : « aux égaux, l'égalité ; aux inégaux, l'inégalité ».

Au regard de ce qui précède, il apparaît que les évaluations morales sont d'origine « humaines trop humaines », qu'elles sont essentiellement négatives et nocives pour la vie, car elles entraînent non seulement un nivellement de la hiérarchie naturelle, mais surtout une déconstruction de la civilisation moderne. Dès lors, est-il encore pertinent de postuler le caractère obligatoire, nécessaire et universel des valeurs morales, étant donné qu'elles ont été privées de leurs attraits et montrées sous leur vrai jour ? Quelle serait donc maintenant l'attitude de Nietzsche par rapport aux fondements qui prétendaient légitimer des valeurs qui se révèlent fausses ?

* 54 Friedrich Nietzsche, Généalogie de la morale, Paris, Gallimard, 1971, p. 44.

* 55 Ibid., p.45.

* 56 Y. Beaubatie, Le nihilisme et la morale de Nietzsche, Paris, Collection Jeunes talents, 1994, p. 165.

* 57 F. Nietzsche, Op.cit., p. 163.

* 58 Ibid.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille