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Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche

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par Daniel Blaise BITECK
Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013
  

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III.2. LA HIERARCHISATION DES VALEURS

Parce que les valeurs morales ne tombent pas toutes faites du ciel, puisqu'elles sont produites par les sujets eux-mêmes, elles ne sont pas identiquement valorisées. Dans toute organisation sociale, on observe à côté de la classe dominante des classes dominées et par ce fait, subordonnées et soumises à la première. Ce sont les classes dominantes entendons par là les riches, les nobles qui créé les valeurs et leur attribuent autorité transcendante et absolue a priori. Bien plus, l'auteur de Le cas Wagner estime que c'est en réaction contre ceci que les couches défavorisées c'est-à-dire les pauvres, les faibles ou les gens de peu d'esprit, ceux qui, incapables de créer inventent et hiérarchisent des valeurs contraires dans le but de renverser les maîtres et leurs valeurs. Nietzsche trouve dans ces deux catégories opposées la « double origine du Bien et du Mal »66(*) c'est-à-dire que ceux-ci proviennent de la sphère des maîtres ou des esclaves on a un type de morale précis et selon que l'on considère les gens de basse condition l'on a un autre type de morale d'où le rejet par notre auteur de l'idée de valeurs absolues s'imposant au sujet et la valorisation du relativisme moral.

Nietzsche soutient également en plus de cette valorisation du relativisme moral que la hiérarchie que l'on peut noter aujourd'hui au sein des valeurs n'a d'origine ni naturelle, ni divine, encore moins rationnelle. Il rappelle que toute l'histoire de la philosophie de Platon aux Lumières est parsemée d'auteurs qui se sont limités à ne penser que le côté nocif ou négatif des valeurs par exemple les effets pervers de la pitié en oubliant que celle-ci pouvait aussi être pensée dans le sens inverse. Bien plus, le philosophe Allemand précise que c'est délibérément et sans aucun examen critique que l'homme a procédé à une hiérarchisation des jugements de valeur et qu'il a hissé le « bon » au-dessus du « méchant ». Cette hiérarchie introduite entre les valeurs fait qu'il est communément admis que dans l'homme « bon » on voit le signe de la distinction, du progrès et que l'homme « méchant » soit la marque de la dégringolade. Comment en est-on arrivé à cela ? S'interroge notre auteur. Il répond à cette question en s'appuyant sur nombre d'auteurs ayant abordé la question de l'origine et l'opposition entre les jugements « Bon » et « Méchant ». L'auteur de la Généalogie de la morale nous apprend que des « psychologues Anglais »67(*) qu'il ne nomme pas mais parmi lesquels l'on reconnaît Paul Ree, ont montré ainsi que ce sont ceux qui sont l'objet des gestes dits bons c'est-à-dire des gestes à première vue désintéressés qui ont créé le concept « bon » et lui ont conféré son sens. C'est parce que certains individus reçoivent des cadeaux, de l'aide, bref de l'attention des autres qu'ils considèrent leurs donateurs comme des bons et assimilent tout ce qui concourt à la promotion de leurs intérêts comme le signe de la bonté. Nietzsche affirme à ce propos :

A l'origine, décrètent-ils [ces psychologues anglais], les actions non égoïstes ont louées été et réputées bonnes, par ceux à qui elles s'adressaient, à qui elles étaient utiles ; plus tard on a oublié l'origine de cette louange et l'on a simplement trouvé bonnes les actions non égoïstes, parce que, par habitude, on les avait toujours louées comme telles-comme si elles étaient bonnes en soi68(*).

Voici donc d'après Nietzsche, l'origine que ces philosophes ont reconnue aux valeurs. Pour eux, ce sont les personnes de peu d'esprit, les faibles parmi lesquels il situe les prêtres qui sont, de son point de vue des personnes rongées par le ressentiment et qui, incapables de se projeter, d'innover en un mot de créer se sont inventé les jugements moraux. Bien plus, à en croire notre auteur, les hommes de peu de consistance n'ont pas seulement créé et attribué son contenu au concept « bon » mais ils l'ont opposé et érigé au-dessus de celui de « méchant ». Cette hiérarchisation a eu pour corollaire ceci que désormais il est communément admis que dans « l'homme bon » on voit le signe du progrès, de la distinction et que « l'homme  méchant » soit la marque désignant l'individu disgracieux, indélicat. L'auteur de Ainsi parlait Zarathoustra remarque aussi que la hiérarchie qu'on a instaurée entre les notions de « bien » et « mal », « bon » et « mauvais » tout comme « riche » et « pauvre » tient aussi de ce que l'on a accompagné chacun des éléments de ces trois couples par des qualitatifs de deux sortes. Aussi, les premiers concepts de ces couples c'est-à-dire « bien », « bon » et « riche » étaient fondés sur le critère psychologique de « pureté » tandis que les seconds soient « mal », « mauvais » et « pauvre » se fondaient sur « l'impureté ». Est donc bon ce qui est « pur » entendons par là celui qui fait preuve d'abstinence, de contenance, celui qui limite ses jouissances, qui ne vit pas intensément. Toute chose qui fonde les valeurs du judéo-christianisme et donc du monde occidental. Nietzsche s'insurge contre cette tendance qui a induit l'homme à s'abaisser, à se rabougrir en célébrant des valeurs qui ne facilitent pas l'expression de sa vitalité. Contre les valeurs issues de la classe sacerdotale (les prêtres, les pasteurs etc....) notre auteur valorise les valeurs issues de l'aristocratie guerrière. C'est pourquoi il affirme :

 Les jugements de valeurs de l'aristocratie guerrière sont fondées sur une puissante constitution corporelle, une santé florissante, voire débordante, sans oublier ce qui est nécessaire à l'entretien de cette vigueur éclatante : la guerre, l'aventure, la chasse, la danse...tout ce qui implique une activité robuste69(*).

Ce sont donc ces valeurs qu'il faut célébrer car elles s'inscrivent dans la voie qui mène à l'avènement du surhomme. Contrairement aux valeurs chrétiennes qui introduisent l'homme dans la méchanceté. Aussi Nietzsche soutient :

Le mode d'évaluation de la haute classe sacerdotale, ..., repose sur d'autres conditions premières : tant pis pour elle quand il s'agit d'affronter la guerre. Les prêtres, le fait est notoire sont les ennemis les plus méchants-Pourquoi donc ? Parce qu'ils sont les plus impuissants. L'impuissance fait croître en eux une haine monstrueuse, sinistre, des plus intellectuelles et des plus venimeuses. Les plus haineux des vindicatifs, dans l'histoire universelle, ont toujours été des prêtres, comme aussi les plus spirituels des vindicatifs70(*).

Il est donc clair aux yeux de notre auteur que c'est le ressentiment nourri par le sentiment d'impuissance qui caractérise les prêtres et le clergé en général. C'est parce que ceux-ci n'ont ni une santé florissante, ni une bonne constitution physique encore moins ce qui est nécessaire à l'entretient de cette vigueur c'est-à-dire la guerre et la chasse entre autre, qu'ils sont intolérants, colériques et nourrissent une haine viscérale contre tout ce qui peut militer en faveur d'un renversement de situation. Les prêtres apparaissent ainsi à Nietzsche comme des sortes d'émasculés incapables de suivre ou de tracer des voies qui en appellent à la vigueur, au développement de la vie.

CONCLUSION PARTIELLE

Tout au long de notre analyse du relativisme des valeurs, nous avons constaté que les valeurs issues de la métaphysique classique sont essentiellement nocives pour la vie, qu'elles sont des fausses valeurs et que l'autorité dont elles se prévalaient apparaît maintenant illusoire, dans la mesure où ce sur quoi reposait leur légitimité relève du néant, du mythe ou d'une pure invention « humaine trop humaine ». Qui plus est, cette découverte susmentionnée a permis à Nietzsche d'opérer comme un retour en arrière pour remettre au goût du jour les valeurs des maîtres enracinées dans les préférences individuelles et dominées par l'instinct de vie. Mais la question qui demeure reste celle de savoir la pertinence épistémologique de cette critique nietzschéenne de l'absoluité des valeurs.

* 66 Ibid., $45.

* 67 Ibid., Première dissertation, $. 1.

* 68 Ibid., $.2.

* 69 F. Nietzsche, op.cit., p. 84.

* 70 Idem.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus