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Valeurs et et relativisme moral dans la généalogie de la morale (1887) de friedrich nietzsche

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par Daniel Blaise BITECK
Université de Yaoundé 1 - DIPES II 2013
  

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I.1. L'IDEE DE MORALE TRANSCENDANTE CHEZ PLATON

La conception platonicienne de la morale est solidaire de sa conception de l'être en général. En effet pour lui, la réalité a une double dimension : le sensible et l'intelligible. Le premier est le monde de l'expérience, de la sensibilité le monde du relatif car les choses y sont changeantes. Pour Platon, ce type de réalité ne nous introduit pas à la connaissance à la vérité. Au contraire, parce que le monde sensible c'est le règne de l'opinion ou la doxa, de l'à peu près, il est nécessaire de s'en méfier et de marquer une attitude de distanciation vis-à-vis de lui et nous retourner vers le monde des idées qui est son original et qui se situe dans la réalité supra-sensible c'est-à-dire le monde intelligible dans lequel l'on retrouve les valeurs pures telles que le Beau, le Juste et au sommet desquelles trône le Bien. Aussi Socrate affirme-t-il : 

Dans le connaissable, ce qui se trouve au terme, c'est la forme du bien, et on ne la voit qu'avec peine, mais une fois qu'on l'a vue, on doit en conclure que c'est elle qui constitue en fait pour toutes choses la cause de tout ce qui est droit et beau13(*).

On le voit, pour le fondateur de l'académie, la réalité première, celle qui mérite d'être connue, c'est la réalité contemplative qui est informée par les essences pures, au sommet desquelles règne le bien auquel on accède non pas par les sens mais plutôt par l'exercice de la raison. « L'allégorie de la caverne », notamment la dialectique ascendante, est dans ce sens une forte illustration.

De cette conception du monde, Platon déduit une conception duale de l'homme en lui reconnaissant une dimension sensible (le corps) et une dimension intelligible (l'âme) et en précisant la supériorité de la seconde réalité sur la première. En effet, pour lui, bien que l'homme soit constitué d'un corps et d'un esprit, (le premier coïncidant avec le sensible et le second renvoyant à l'intelligible), la liaison de ces derniers est accidentelle et signifie une sorte de mortification pour l'esprit ; en effet, du fait des appétits et de l'habitude l'être de l'homme reste attaché à la matière empêchant alors l'esprit de s'élever. Dès lors, il est question, pour que l'homme accomplisse sa véritable nature, qu'il réalise la fin à laquelle il est destiné et celle-ci c'est de vivre ou de laisser parler sa dimension spirituelle car c'est « ce pourquoi il existe, sa fin ou son idéal »14(*). C'est la raison pour laquelle Platon pose comme moyen pour l'accomplissement de cette fin (l'accès aux Idées éternelles) la mortification du corps. C'est cette élévation ou ascèse qui garantie la purification de l'âme. Autrement dit, le salut de l'âme qui est le propre de l'homme c'est sa réconciliation avec ce qui lui est parente c'est-à-dire l'Idée. Alors, pour Platon, « la vraie essence -et la valeur, c'est l'idée, et l'âme humaine peut y accéder parce qu'elle en est parente »15(*).

Pour justifier cette parenté de l'âme et de l'idée, Platon va remonter à l'origine de la première. Il soutient en effet :

 L'âme humaine, d'origine divine, a connu jadis cet ordre des Essences et, déchue dans un corps matériel qui l'obscurcit et la fausse, elle en conserve la nostalgie. La voie du bonheur et de la sagesse s'offre donc à elle bien nettement : se détourner des apparences sensibles, du désordre matériel et charnel, pour retrouver sa nature authentique ; faire régner la vertu, qui n'est autre que la réplique des normes transcendantes centrées autour de l'idée du Bien  et ordonnées par celle de justice16(*).

A partir de cette théorie de l'être, de laquelle il ressort que non seulement le sensible est la pâle copie de l'intelligible, mais aussi que celui-ci (l'intelligible) ne peut se saisir que par lui-même et où le corps n'est réduit qu'à une dimension et à une importance éphémère (dans la mesure où il dépérit), Platon théorise sa morale.

D'après le disciple de Socrate, le monde des Idées est fait d'Essences au sommet desquelles se pose en originale l'Idée de Bien, et c'est en orientant sa pensée vers cette source que l'homme peut assurément acquérir la vérité. En effet, l'esprit humain doit travailler à ne pas s'abaisser à l'immoralité à l'ignorance. Au contraire, de par sa nature immatérielle il doit toujours tendre vers le savoir, essayer de contempler l'Idée de Bien et toujours tendre vers le divin. Et pour que ce passage de l'âme du versant humain au versant divin soit possible, il importe que l'esprit opère une mortification et pour cela il doit procéder à une « subordination des désirs inférieurs au désir de connaître »17(*), et s'exercer à la pratique de la dialectique et de la philosophie qui sont nécessaires pour son assainissement et sa libération. A ce titre, Monique Canto-Sperber, affirme en citant le Platon du Phédon :

 Guidée par la philosophie, l'âme prend alors  le divin pour spectacle et pour aliment, afin de s'en aller vers ce qui lui est apparenté et assorti, se débarrassant ainsi de l'humaine misère18(*).

Nous constatons que Platon assimile l'âme à une sorte d' « exilée en ce monde » corrompu. Dès lors, seul l'exercice de la raison, à travers la pratique de la vertu inspirée par l'Idée du Bien, constitue la voie qui mène à la libération et la purification de l'âme.

Il apparait de ce qui précède que la morale platonicienne trouve son fondement dans l'Idée de Bien car la connaissance de celle-ci est la condition de la perfection de l'âme. Du point de vue de Platon, c'est la connaissance du Bien qui conduit à la perfection morale car on ne peut être vertueux si l'on ignore ce qu'est le Bien, étant donné qu' « on ne peut voir le bien sans le vouloir et le vice vient toujours de l'ignorance »19(*).

Ainsi se concrétise la prise de distance de Platon d'avec la morale communément admise à son époque, surtout celle des sophistes. Ces derniers, parce qu'ils font de la nature, des conventions et des désirs le fondement de la moralité sont considérés comme des esprits abjects par le fondateur de l'Académie. D'après ceux-là, les normes morales n'ont pas une origine transcendante tel que soutenu par Platon; au contraire, comme le relève Protagoras cité par Monique Canto-Sperber à propos du Théétète :

Le beau, le laid, le juste et l'injuste sont ce qu' « une cité croit tel et décrète légalement tel (...) car tel dans les questions de juste et d'injuste, de pie et d'impie (...) rien de cela n'est par nature et ne possède son être propre20(*).

Bien plus, Platon rejette aussi le naturalisme moral de Calliclès dans le Gorgias à travers le débat entre ce dernier et Socrate au sujet du juste et de l'injuste. Calliclès précise que la moralité ou le juste se reconnaît à la domination du fort sur le faible, du puissant sur l'impuissant et l'acceptation par celui-ci de cet état de chose.

Le contradicteur de Socrate dans cette discussion relève une différence entre le droit positif et le droit naturel. Il y aurait selon lui un juste d'après la loi et un juste selon l'ordre naturel. Le premier coïncide, dans une communauté avec la justice distributive entendons par là l'égale répartition des biens entre les membres de la société. Le second renvoie à la disposition naturelle et hasardeuse qui pose la nécessité, au nom de la justice, qu'il y ait des inégalités entre les hommes, que certains soient plus grands que d'autres, ou qu'ils soient plus intelligents etc.

Il apparaît que pour Calliclès et certains sophistes, le caractère juste tout comme la moralité d'une action se reconnaissent à leur conformité ou non au droit de la nature c'est-à-dire cette disposition de la nature qui pose que celui qui vaut le plus l'emporte sur celui qui vaut le moins. Le projet de Calliclès du Gorgias est de montrer que la loi et les valeurs morales sont une création des faibles qui se liguent contre les forts. Et par conséquent, les valeurs morales ne sont pas absolues, elles sont un accident de l'histoire et de ce fait elles sont contre nature. Cependant, Platon défend fermement des réalités morales objectives qui ne dépendent ni du désir des hommes ni des conventions sociales.

En somme, toute la morale platonicienne se fonde sur :

 La connaissance des choses éternelles du monde des Idées, puisque les concepts de l'éthique [sont] pour Platon des Idées éternelles. L'accès théorique [fondamental] au principe de l'essence, c'est-à-dire au Bien, [étant] le propre du didacticien21(*).

Contrairement à Platon qui fonde la morale sur la connaissance de l'Idée du Bien, les religions monothéistes telles que le christianisme, le judaïsme et l'islam etc....accordent aux valeurs morales une origine absolue mais substituent à l'argument platonicien du Bien celui de Dieu comme source de toutes valeurs dites morales.

* 13 Ibid., p. 362.

* 14 J. De Finance, Ethique générale, Paris, Ed. pontifica Universitia Gregoriana, 1988, p. 13.

* 15 L. Jerphagnon, (dir.), Dictionnaire des grandes philosophies, Paris, Ed. Privat, 1989, p.297.

* 16 G. François, Les grandes philosophies morales, Paris, P.U.F, 1995, p.16.

* 17 Platon, Théétète-Parménide, Traduction, notices et notes par Emile Chambry, Paris, G.F-Flammarion, 1967, p.19.

* 18 M. Canto-Sperber, (dir.), Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, Paris, P.U.F, 1996, p. 1053.

* 19 Platon, Op.Cit., p. 20.

* 20 M. Canto-Sperber, (dir), op. Cit., p. 1148.

* 21 A. Kremer-marietti, L'Ethique, Paris, P.U.F, 1987, p.86.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius