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Impact des facteurs socio-économiques sur les niveaux et tendances de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans au bénin

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par EMMANUEL HOUESSOU
IFORD / Université de Yaoundé - MASTER PROFESSIONEL EN DEMOGRAPHIE 2013
  

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5.4.Poids des facteurs socio-économiques entre 1996 et 2006

Sur la période 1996-2006, le poids des facteurs socio-économiques n'est devenu important pour l'explication du phénomène de la malnutrition qu'à partir de l'année 2001. En effet, selon le tableau 5.11, le poids des facteurs socio-économiques a évolué progressivement passant d'une contribution de 13,3% en 2001 à une contribution est d'environ 40% en 2006. Cette tendance de la contribution des facteurs socio-économiques montre que le risque de malnutrition chez les enfants de moins cinq ans au Bénin évolue en fonction du contexte socio-économique dans lequel vivent ces derniers.

Cependant, le poids des facteurs socio-économiques est devenu prépondérant en 2006 où la contribution à l'explication du phénomène est très élevée (40%) comparativement aux autres facteurs notamment les caractéristiques socio-démographiques de la mère et de l'enfant (28,44%).

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de cinq ans au Bénin

Tableau 5.11 : Evolution de la contribution des facteurs socio-économique à l'explication de la malnutrition entre 1996 et 2006

Facteurs

Contribution (en %)

 

1996

2001

2006

Facteurs socio-économiques

ns

13,3

39,96

Facteurs liés au contexte de résidence

12,79

6,4

18,32

Facteurs socio-culturel

7,78

3,1

ns

Caractéristiques socio-démographiques de la mère et de l'enfant

79,43

70,7

28,44

Facteurs relatifs aux

Comportements nutritionnels et sanitaires

ns

5,7

ns

Facteurs liés à
l'assainissement et eau

ns

0,9

ns

ns : Non significatif

Source : exploitation des données des EDS I, II et III

5.5.Discussion des résultats

Dans cette étude, l'accent est mis sur les facteurs socio-économiques : le niveau d'instruction de la mère, le niveau de vie du ménage et l'activité économique de la mère. Mais seulement deux se sont révélés déterminants dans l'explication de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans : le niveau d'instruction et le niveau de vie du ménage.

En ce qui concerne le niveau d'instruction, on espérait que plus les mères sont instruites, moins leurs enfants sont susceptibles de souffrir de la malnutrition. Les résultats de l'analyse bi variée vont dans le même sens. Les résultats de la régression logistique confirment ceux trouvé au niveau descriptif tout en montrant qu'il existe un écart significatif entre les comportements des mères sans niveau et ceux des mères instruites (niveau secondaire et plus). Ces conclusions ont été obtenues par KOBELEMBI (2004) en Centrafrique, INSAH (2008) dans les trois pays d'étude (Burkina Faso, Mali et Tchad) et GIROUX (2008). Ainsi plus la mère est instruite, moins l'enfant est encline de souffrir de

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la malnutrition. Mais cet effet n'est véritablement perceptible qu'à partir du secondaire ou plus. Aussi la significativité du facteur niveau d'instruction indique clairement la nécessité de renforcer l'éducation nutritionnelle en direction des femmes en âge de procréer. En effet, une mère instruite est mieux informée sur les comportements de santé et d'alimentation appropriés pour ses enfants. Cette éducation en matière d'alimentation et d'hygiène l'amène à respecter les messages de prévention et de protection de l'enfant contre les maladies et la malnutrition diffusé par les mass medias ou ceux reçu dans les services de santé maternelle et infantile. De même elle est prédisposée à la préservation de son environnement qui doit être propre et plus hygiénique. Ces différence de comportement fait que leurs enfants souffrent moins de la malnutrition.

Le niveau de vie des ménages est le deuxième facteur socio-économique qui explique les niveaux de la malnutrition. D'abord l'effet du niveau de vie sur la malnutrition a été masqué le facteur milieu de résidence. Ce qui montre que l'on doit tenir compte de la différence de condition de vie existe entre le milieu urbain et le milieu rural dans l'élaboration des politiques de lutte contre la malnutrition. En effet, dans le milieu rural, il n'existe souvent pas des infrastructures de socio-économique comme les services de santé de maternelle et infantile, les centres d'éducation nutritionnelle. Ainsi les enfants vivants dans les milieux urbains sont moins exposés au risque de malnutrition à cause de la disponibilité permanente des produits alimentaires sur le marché et les infrastructures nécessaires.

Les résultats de cette étude indiquent également en 2006 que les enfants vivant les ménages pauvres et ceux des ménages moyens sont plus susceptibles de souffrir de la malnutrition que ceux issus des ménages riches. Or sur la période 2000-2005, la croissance économique a chuté passant de 5,8% à 2,9% et elle n'a pas permis de soutenir les actions de réduction de la pauvreté. Cette situation s'est traduite par l'incidence de pauvreté qui se serait accrue par rapport au niveau de 2002, passant de 28,5% à 36,8% en 2006 (EMICoV, 2006). Ces éléments réunis ont aggravé les conditions de vie dans les ménages notamment dans les milieux ruraux où la situation est plus alarmante.

Ainsi, l'influence du niveau de vie sur l'état nutritionnel des enfants peut être située à plusieurs niveaux. Les parents défavorisés ne peuvent pas offrir une alimentation de qualité à leurs enfants à cause du manque de moyen financier pour se procurer des aliments hautes valeurs à nutritives. Donc les ménages pauvres ont des revenus très bas ayant une

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conséquence particulièrement dévastatrice: un apport énergétique déficient ou la faim, malaise physiologique provoqué par un manque de nourriture. Par ailleurs, la pauvreté pousse certains béninois à ériger leurs ménages dans les zones insalubres où les enfants sont exposés aux agents pathogènes des maladies comme la diarrhée. Dans ces circonstances, en cas de maladie les parents vivant dans les ménages pauvres sont incapable de faire soigner leurs enfants dans une centre de santé maternelle et infantile ou d'acheter les médicaments, ce qui rend l'enfant d'avantage malnutris.

Par ailleurs d'autres résultats obtenus dans cette étude en dehors de ceux énumérés ci-dessus se sont révélé important dans l'explication de la malnutrition des enfants. En effet, il a été établit que l'âge de l'enfant est l'un des autres facteurs les plus discriminants au fil du temps (entre 1996 et 2006). Les résultats indiquent que le risque de malnutrition augmente avec l'âge de l'enfant jusqu'au 36ième où il entame une baisse. Il faut cependant noter que l'alimentation de l'enfant doit varier au fur et à mesure qu'il prend de l'âge. Sur la période 1996-2006, l'augmentation du risque chez les enfants à partir du 12ème mois résulte des effets du sevrage qui expose l'enfant à la malnutrition et surtout de l'ignorance besoins nutritionnels des jeunes enfants et les valeurs nutritionnelles des aliments. A cela s'ajoute la non maitrise du calendrier d'alimentation que les mères devraient adopter et respecter même si elles pratiquent l'allaitement maternel de façon généralisé au Bénin (95% selon les EDS1, 2 et 3). En effet, avant le premier anniversaire, le lait maternel permet de couvrir les besoins alimentaire du jeunes aux quel s'ajoutent les aliments de complément à partir du 6ème mois selon l'OMS. Mais à partir de 2 ans environ, l'enfant s'alimente exclusivement au plat familial qui est préparé deux fois, voire une seule fois par jour à cause de la pauvreté qui sévit dans les ménages. Il reçoit une portion, en apparence volumineuse, d'un plat familial souvent très épicé, de faible valeur énergétique, contenant peu de matières grasses et de protéines. Dans ces conditions, les apports couvrent à peine 60-70% des besoins caloriques et 80 à 90%25 des besoins en protéines. Les éléments sont donc réunis pour que s'installe un état de malnutrition ou que s'aggrave une malnutrition préexistante.

Au cours des trois périodes de notre étude, le sexe de l'enfant s'est dégagé significativement déterminant en matière de malnutrition notamment en 1996 et en 2006 ou

25 Jean-Claude Dillon, juin 2000, nutrition et malnutrition chez l'enfant, page 17

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les garçons sont plus susceptibles de souffrir de malnutrition chronique que les filles. Ce résultat rejoint celui de MASSAMBA (2012) au Congo où il attribue cette différence de risque à la différence biologique entre ces deux sexes ; c'est à dire que les garçons seraient moins résistants que les filles. Ce résultat est aussi conformé par INSAH (2008) au Tchad

L'âge de la mère à l'accouchement s'est aussi révélé discriminant dans l'explication de la malnutrition. En effet, les enfants issus des mères adolescentes (moins de 20ans) courent 1,57 et 1,26 fois plus de risque de souffrir de la malnutrition que leur homologue issus des mères jeunes (20-34ans) respectivement en 2001 et 2006. En effet, ce résultat n'est pas surprenant puisque les adolescentes n'étant pas encore préparé ces fonctions, elles ne disposent d'aucune expérience en matière d'alimentation, de santé ou d'hygiène vis à vis du nouveau-né ou encore de la préparation et conversation des repas. Cette inexpérience prédispose leurs enfants à la malnutrition. Mais le risque parmi ces enfants a baissé entre 2001 et 2006. Ce résultat est réconfortant dans la mesure où il indique des changements contextuels qui sont en à l'oeuvre. En effet plusieurs campagnes de sensibilisation en matière de la santé de reproduction ont été effectuées pendant cette période. Ainsi, les programmes d'Information, d'Education et de Communication ont permis de réduire le risque malnutrition parmi les enfants des jeunes mères. Les résultats concernant l'âge de la mère à l'accouchement montrent qu'il n'y a pas de différence significative entre les mères adultes (35ans et plus) et les mères jeunes (20-34ans). Ce résultat est contraire à celui trouvé par AKOTO(1985). En effet, on devait s'attendre à ce que les enfants des mères adultes courent plus de risque d'être malnutris que ceux des mères jeunes. Mais ce résultat contradictoire met en relief l'effet de la taille du ménage. En réalité au Bénin, lorsque le ménage a une grande taille c'est-à-dire 6 personnes ou plus, les mères adultes sont souvent assistés par les personnes âgées du ménage qui disposent des expériences en matière de pratique sanitaire et alimentaires. Ce qui réduit largement le risque de malnutrition des enfants.

L'influence de la vaccination s'est révélée très importante dans l'explication de la malnutrition en 2001 car le risque de malnutrition est largement réduit lorsque l'enfant est vacciné. C'est le cas aussi l'allaitement, des maladies infectieuses (diarrhée, la toux et l'IRA) ou de la qualité de l'eau de boisson qui, discriminant en 2001, ne l'est plus en 2006.Ces résultats sont aussi réconfortant en ce sens qu'ils justifient la pertinence et la nécessité d'une analyse à différentes dates lorsque les données sont disponibles. En outre

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ces résultats révèlent le changement de comportement chez les femmes en âges de procréer en matière d'allaitement et en matière de pratique de la santé infantile. Il faut aussi ajouter que le succès des programmes élargie de vaccination, des projets d'adduction, les campagnes de mise en oeuvre de la stratégie de promotion de l'hygiène et de l'assainissement qui sont assurée par les structures déconcentrées de la Direction de l'Hygiène et l'Assainissement de Base (DHAB).

Remarquons que l'effet de la religion sur la malnutrition observé en 1996 a disparu aussi bien en 2001 qu'en 2006. En effet, les enfants issus des mères qui pratiquent la religion traditionnelle sont plus enclins d'être malnutris et cela, à cause des interdits alimentaires privant ainsi le jeune enfant de certains aliments riches en protéines tels que le poisson ou la viande, les oeufs. En effet, dans les régions comme le Borgou, l'Atacora, par exemple, la viande est souvent consommée pendant les périodes de fête. Ce constat est confirmé par les résultats de cette étude qui indique en 1996 que l'Atacora était la région où le risque de malnutrition était très élevé et qu'en 2006, ce sont les régions Borgou et Zou qui prennent la relève. À cela s'ajoute le manque de personnel qualité en matière de santé et du suivie de la croissance des enfants. De plus les quelques services de santé maternelle et infantile sont distant des populations. En effet, 61% (en 1996), 64% (en 2001) et 47% (en 2006) des femmes respectivement parcourent une distance de moins 5km pour accéder à un établissement offrant les services dans le domaine de l'accouchement, suivi des enfants, vaccinations, éducation en matière de santé et de nutrition (EDS 1,2 et 3).

Le risque de malnutrition est plus élevé parmi les enfants qui ont un intervalle inter génésique court en 2001. Cette influence devient importante lorsque les ressources familiales et l'attention de la mère sont partagées entre au moins deux enfants. En effet, cette situation contraint les parents à sevrer plus précocement l'enfant qui est allaité. Or un sevrage précipité est plus souvent mal géré surtout quand le ménage n'a pas une situation économique confortable et quand la taille de la famille est si élevée qu'il exige la compétition des enfants autour de la nourriture familiale. Ainsi le plus jeune est souvent affecté car ne bénéficiant plus de tout l'attention nécessaire pour son bien-être. Cela peut être dû également à l'épuisement de la mère dans la mesure où elle n'avait pas encore totalement récupéré après la naissance de l'enfant précédent. Mais l'absence de ce facteur parmi les facteurs discriminant en 2006 prouve que des efforts sont faits et continue d'être fait surtout en matière de planning familial.

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CONCLUSION GENERALE ET RECOMMANDATION L'objectif général de l'étude est élucider l'impact des facteurs socio-économiques sur l'augmentation de la malnutrition chronique des enfants de moins de cinq ans au Bénin afin de mettre en évidence les principaux leviers susceptibles d'inverser la tendance actuelle de la malnutrition chronique au Bénin. Ainsi de façon spécifique, il s'agissait de : Déterminer les niveaux et tendances de la malnutrition infanto-juvénile au Bénin entre 1996 et 2006,

Mettre en évidence les catégories sociales ayant les plus contribué à l'augmentation de cette malnutrition,

Déterminer, au niveau contextuel, l'impact des facteurs socio-économiques sur l'évolution observée de la malnutrition,

Déterminer, au niveau individuel, le poids des facteurs sociaux économiques sur le risque de malnutrition et son évolution temporelle

Pour atteindre les objectifs poursuivis dans cette étude, le contexte de cette étude a été décrit un premier temps suivi de la revue de la littérature qui a permis d'identifier les facteurs influençant la malnutrition. Dans cette logique, les données utilisées dans cette étude ont été examiné et la qualité de ces dernières est jugée acceptable dans l'ensemble. Compte tenu des données disponibles, les schémas d'analyse ont été conçu en s'inspirant principalement du cadre conceptuel de l'Unicef (1990) (au niveau de la régression) et celui de Eloundou et Groux (2010) pour de la décomposition. Les schémas d'analyse (décomposition et régression) ont permis de mettre en relation entre les facteurs socio-économiques et le retard de croissance conformément aux hypothèses émises dans ce travail. Les données qui ont servi à tester ces hypothèses sont celles issues des EDS I de 1996 ; EDS II de 2001 et EDS III de 2006 du Bénin.

Ainsi, l'analyse bi-variée a permis de montrer que les facteurs socio-économiques sont tous significativement associés à la malnutrition des enfants et qu'il une tendance monotone croissante se dessine clairement dans le temps. Cette analyse a permis également d'identifier les groupes cibles constitués des enfants issus des mères agricultrices, sans aucun niveau d'instruction et vivant dans des ménages pauvres ou de niveau de vie moyen.

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L'analyse des sources du changement révèle que la hausse de la malnutrition sur la période 1996-2006 provient essentiellement de l'effet de performance. Autrement dit un changement de comportement des différentes catégories sociales selon les variables de classification (le niveau de vie du ménage et le niveau d'instruction de la mère).

L'extension de cet effet comportement révèle que les conditions de vie de plus en plus dégradante et la baisse du niveau d'instruction des mères des enfants malnutri sont principalement les sources de la hausse de la malnutrition observée de 1996 à 2001. Mais sur la période 2001-2006, en outre la performance de base prépondérant, la performance différentielle, c'est-à-dire la différence de malnutrition dans les groupes sociaux de la population béninoise féminine en âge de procréer (par rapport aux conditions de vie des ménages et niveau d'instruction) a aussi contribué de façon moins importante à la hausse de ce phénomène. Ce qui montre que ces deux facteurs interviennent dans la hausse de la malnutrition à partir des années 2000. Ces résultats mettent en exergue les effets du système éducatif et du système économique (la croissance économique n'est pas soutenue pour améliorer les conditions de vie de la population, persistance de la pauvreté malgré les politiques de réduction de la pauvreté) sur la malnutrition. En effet, les politiques d'éducation notamment des femmes en âges de procréer et celles relatives à la réduction de la pauvreté (DSRP par exemple) n'ont pas permis d'améliorer le niveau de vie ni d'hausser le niveau d'instruction de la population.

La régression logistique a permis de mettre en lumière les facteurs socio-économiques qui expliquent la malnutrition des enfants béninois pour la période de 19962006. La plupart des résultats obtenus confirment ceux obtenus pour d'autres pays, ou dans la revue de littérature. En effet, nous avons montré qu'aucun facteur socio-économique n'influence le risque de malnutrition et son évolution temporelle en 1996. Mais c'est en 2001 qu'on observe l'effet du niveau d'instruction. Cet effet est renforcé par celui du niveau de vie en 2006. Ainsi c'est surtout en 2006 que les effets facteurs socio-économiques notamment le niveau d'éducation et le niveau de vie ont montré leurs poids dans l'explication du phénomène puisqu'ils ont contribué eux seuls à hauteur de 40% à l'explication de la malnutrition. Ce qui montre la prépondérance de leurs effets sur la malnutrition

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En outre, la région de résidence, la religion, l'âge de l'enfant et puis le sexe de l'enfant constituent des facteurs importants qui conditionnent l'état nutritionnel des enfants en 1996 alors qu'en 2001 le milieu de résidence, le milieu de socialisation, l'âge de la mère, l'intervalle inter-génésique, l'âge enfant, l'état morbide ou les maladies contractées, la vaccination, l'allaitement et la qualité de l'eau de boisson se sont révélé très importants dans l'explication de la malnutrition. De même le milieu de résidence, la région de résidence, l'âge de la mère à l'accouchement, l'âge enfant, le sexe de l'enfant sont facteurs les plus discriminants en 2006. Notons que l'influence des facteurs comme l'âge de l'enfant ont été permanente sur la période 1996-2006.

Bien que les résultats intéressants évoqués précédemment corroborent ceux trouvé

dans d'autres pays, cette étude présente quelques limites qu'il convient de souligner : L'effet de sélection : la non prise en compte des enfants malnutris décédés avant la date de l'enquête pourrait sous-estimer le niveau de la malnutrition chronique ;

Les valeurs des courbes ROC des différents modèles montrent que les facteurs évoqués pour expliquer le phénomène ne sont pas les seuls et par conséquent il existe certainement d'autres facteurs que notre étude n'a pas pris en compte : le moment d'introduction des aliments de complément ;

La non prise en compte des variables du genre pour appréhender l'impact de la prise de décision en cernant la santé et l'alimentation de l'enfant et appréhender l'action du conjoint de la mère dans la prévalence de ce phénomène ,

La vétusté des données utilisées dans cette étude peut constituer une limite

Problème d'antériorité : par exemple le niveau d'instruction des mères ou leur niveau de vie observé au moment de l'enquête n'est pas forcément celui qu'elles avaient un ou deux ans avant l'enquête, ce qui constitue un biais

Malgré les limites de ce travail, nous pouvons suggérer un certain nombre de mesures qui pourront permettre aux décideurs d'inverser les tendances actuelles de la malnutrition et améliorer l'état nutritionnel des enfants au Bénin :

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Sur le plan politique

Il est important de renforcer des stratégies visant à améliorer les conditions de vie des ménages. Dans cette optique, nous pensons qu'il serait bon de renforcer l'accès des populations pauvres aux microcrédits notamment en faveur des femmes des milieu ruraux qui supportent en grande partie les charge des enfants dans les ménages pauvres.

Les résultats de ce travail renforcent la conviction que la pauvreté est un véritable fléau, surtout dans les pays comme le Bénin où l'accès aux services de santé de qualité en particulier les services de santé maternelle et infantile n'est pas généralisé. Plus le niveau de vie du ménage s'améliore, plus les parents sont incités à investir dans leur propre bien-être et la qualité des enfants ('éducation, santé et nutrition, etc). Ainsi des efforts supplémentaires doivent être faits pour réduire significativement la pauvreté surtout dans les départements du Borgou et du Zou où la prévalence de la malnutrition est très élevée.

L'instruction de la mère contribue en grande partie à l'adoption des comportements ou des pratiques alimentaires favorables à la santé de l'enfant. Ainsi l'instruction maternelle devient le principal facteur qui favorise la création d'un environnement propice à l'alimentation des enfants de moins de cinq car elle prédispose les mères à abandonner les tabous alimentaires contenues dans les normes sociales. Il est donc important de promouvoir de l'alphabétisation des femmes en âge de procréer et en particulier dans le domaine de l'éducation nutritionnelle et de l'hygiène.

Renforcer la scolarisation des filles et les maintenir jusqu'à la fin des cycles secondaires. Du fait des moyens financiers insuffisamment disponibles, l'instruction formelle est aussi une bonne munition dans l'arsenal des stratégies de réduction de la pauvreté au Bénin, car les mécanismes qu'elle sous-tend contribuent largement à l'amélioration du niveau de vie et au succès des programmes de planification familiale (espacement des naissances).

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Adapter l'alimentation de l'enfant à son âge tout en tenant compte des différences de prévalence de la malnutrition entre les sexes. Dans ce sens, le contrôle du contenu de la publicité alimentaire, en particulier celle qui s'adresse aux enfants doit être renforcé ;

Généraliser les programmes de prise en charge des enfants malnutris mise en place le département du Borgou à aux autres départements comme le Zou, le Mono, le Couffo. Dans cette optique, les centres de santé de référence (service de santé maternelle et infantile par exemple) et des centres d'éducation nutritionnelle à l'image du centre nutritionnel ambulatoire de TASSO au Nord-est du Bénin doivent être construits dans les départements où ils sont absents. Les centres existant doivent renforcer en équipement mais aussi être doté des ressources humaines ayant la compétence en matière d'alimentation et de nutrition ;

Recycler et former le personnel des services de santé de tous les départements du Bénin en matière de dépistage précoce de la malnutrition et du protocole de prise en charge des enfants malnutris. Il est aussi important de constituer des équipes pluridisciplinaires capables de mettre en place une approche globale et intégrée en basant sur l'ensemble des facteurs identifiés dans cette étude ;

Conscient que le Programme National d'Alimentation et de Nutrition axé sur les résultats est un programme multisectoriels, fédérateur d'énergies et garant de synergies entre politiques sectorielles pour la lutte contre le double fardeau de la malnutrition au Bénin, la mise en oeuvre de ce dernier constituera un avancée important dans la lutte contre la malnutrition au Bénin.

Sur le plan scientifique :

Envisager une étude multi niveau dans le but d'identifier les effets des facteurs socio-économiques au niveau communautaire, au niveau de la famille et au niveau individuel ;

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus