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Le développement local participatif dans le contexte de la décentralisation en Côte d'Ivoire: le cas du chef-lieu de la région du Nà¢ézi (Dimbokro).

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par BAH ISAAC KOUAKOU
Université Felix Houphouet Boigny de Cocody - DOCTORAT UNIQUE 2014
  

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I.2.1.2- Rapports sociaux

L'expression "rapports sociaux" désigne les relations, les interactions ou les liens d'interdépendance qui s'établissent entre les individus et les groupes en fonction des positions respectives de chacun dans l'organisation sociale, en particulier sur le plan économique.

Les rapports sociaux représentent la dimension qui détermine l'interaction entre les individus et entre les groupes.

Les rapports sociaux interpersonnels, entre individus et groupes et entre les groupes sont l'une des caractéristiques de la vie sociale.

Ils peuvent être permanents, ponctuels, standardisés, précaires.

La sociologie des rapports sociaux a pour objet l'étude des rapports au sein d'une société entre les individus, entre les groupes et entre les individus et les groupes.

Il y a rapport social dès qu'un individu ou un groupe exerce une influence sur les actes ou l'état psychologique de l'autre partie, individu ou groupe (Eugène DUPREEL, 1948 : 5).

Les rapports sociaux d'imitation (Gabriel TARDE), les rapports sociaux modelés par la pression de la collectivité (Emile DURKHEIM) et les rapports sociaux définis par la convergence des états d'esprit (GIDDINGS) sont des catégories particulières de rapports sociaux.

34 Grigori LAZAREV et Mouloud ARAB (2002), op.cit., page 40.

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L'influence qui s'exerce dans le rapport social peut se manifester de trois façons : par la force ou la contrainte, par la persuasion au sens le plus large ou encore par l'échange d'avantages.

Ces trois modes d'influence qui sont également des catégories formelles sont à la base d'une typologie des groupes sociaux qui sert de base à des propositions théoriques formelles, selon qu'on s'en tient à la logique d'enchaînement des rapports élémentaires ou qu'on y introduit des contenus spécifiques.

Mais, qu'on s'inscrive dans une logique de contrainte, de persuasion ou d'échange, il existe « des lois formelles en dehors desquelles aucune vie sociale n'est possible» (Eugène DUPREEL, 1949 : 154-155).

Ces « lois formelles» sont en fait des principes de compatibilité ou d'incompatibilité.

Les rapports sociaux en ce qui concerne la présente étude doivent être horizontaux, (c'est-à-dire des rapports établis entre les populations dans leurs diversités).

Ces rapports doivent être aussi verticaux. Il s'agit des rapports entre les structures décentralisées et la population locale dans la perspective de l'amélioration des conditions de vie de la communauté.

I.2.1.3- Participation

La participation est un concept d'actualité. Sa définition rencontre des difficultés liées à la pluralité des approches et à la diversité des contextes, qui font que chaque processus participatif a une signification particulière.

Dans le Dictionnaire économique et financier, la participation est définie comme « le fait de prendre part au capital, aux bénéfices et à la gestion d'une société ou d'une entreprise. Elle peut revêtir une forme consultative comme dans le comité d'entreprise ou comporter un caractère délibératif, et une portée décisionnelle comme dans la cogestion et à fortiori, dans

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l'autogestion qui peut en apparaître comme la formule limite »35.

Ainsi définie, la participation semble désigner toutes les fois qu'un agent est présent dans une entité économique et que cette présence lui vaut un rôle.

Pour le sociologue Philippe BERNOUX, « participer, c'est prendre une part active et s'impliquer; ce peut être aussi, en retour, avoir de l'influence et du pouvoir»36. Cette définition a l'avantage de lier la participation au problème du pouvoir, qui est déterminant dans tout processus participatif. Aussi, la participation nécessite-t-elle la création de normes et de procédures juridiques permettant aux individus de mettre en action une volonté autonome dans les actions collectives auxquelles ils doivent prendre part.

Dans la mesure où la participation n'est pas l'apanage d'un courant théorique, son hétérogénéité nous conduit à procéder à une synthèse définitionnelle.

Pour nous, la participation désigne l'ensemble des mécanismes d'implication volontariste et de mise à contribution des populations locales, à travers des cadres contractuels, dans les opérations de développement les concernant. Il s'agit donc d'une action à la fois sociale et organisationnelle permettant aux populations locales de prendre part aux actions collectives de développement.

La participation apparaît ainsi comme une option stratégique en faveur du développement local.

En Côte d'Ivoire, dans le cadre de la décentralisation, des mécanismes de participation des populations sont encouragés et organisés par les collectivités locales.

Ce qui apparaît ici, c'est une typologie des formes de participation, qui peuvent être aussi comprises comme des dimensions de celle-ci.

Il est possible de classer en catégories distinctes les nombreuses façons différentes d'interpréter et d'utiliser le concept de « participation », allant de

35 Yves BERNARD et Claude COLLI (dir) (1996), Dictionnaire économique et financier, Paris, Seuil, page 1055.

36 Philippe BERNOUX (1985), La sociologie des organisations, Paris, Seuil, Page 291.

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la participation manipulée et passive, où les gens sont informés de ce qui va se passer et réalisent des tâches prédéterminées, jusqu'à la prise d'initiatives par les communautés elles-mêmes.

Jules PRETTY (1995)37, énumère sept (07) types de participation au développement local:

1. la participation passive (les gens participent dans la mesure où on leur dit ce qui a été décidé ou s'est déjà passé. L'information diffusée n'appartient qu'aux professionnels extérieurs);

2. la participation par la consultation (les gens participent par la consultation ou en répondant à des questions. Il ne leur est pas permis de prendre part à la prise de décisions et les professionnels ne sont pas obligés de prendre en compte les opinions des gens);

3. la participation contre la récompense matérielle (les gens participent contre la fourniture de vivres, d'argent ou d'autres récompenses matérielles. Les populations locales ne sont pas intéressées à la poursuite des pratiques après la suppression des récompenses);

4. la participation fonctionnelle (la participation est considérée par les intervenants extérieurs comme moyen de réaliser les objectifs des projets, notamment une réduction des coûts.

Les gens peuvent participer en créant des groupes pour atteindre des objectifs prédéterminés);

5. la participation interactive (les gens participent à l'analyse commune, qui débouche sur des plans d'action et la création ou le renforcement des groupes ou institutions locaux qui déterminent l'utilisation des ressources disponibles. Des méthodes d'apprentissage servent à découvrir les différents points de vue) ;

6. l'auto-mobilisation (les gens participent en lançant des initiatives indépendamment des institutions extérieures. Les contacts qu'ils établissent

37Jules PRETTY (1995), A Trainer's Guide for participatory and Actions, London, IIED, page 60.

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avec les institutions extérieures leur permettent d'obtenir des ressources et des conseils techniques, mais ils continuent d'être maîtres de l'utilisation des ressources);

7. la participation manipulée (la participation n'est qu'un leurre, une illusion). La participation va de pair avec la responsabilisation. Il est utile de cerner les rôles et les responsabilités des intervenants engagés dans tout projet de développement et de clarifier la contribution physique, financière ou matérielle de chacun d'eux dans le processus. Ces contributions peuvent être très variées : donner de leur temps, fournir des services, du matériel utilitaire, du financement.

Ces contributions, mêmes modestes, procureront un sentiment d'appropriation des activités. Sans cette appropriation, l'effort sera toujours perçu comme «l'initiative des autres ».

La consultation aide à recueillir des informations pour une stratégie, mais n'élargit pas la base décisionnelle.

A la suite de Jules PRETTY, deux autres auteurs ont leur manière de percevoir la participation au travers des formes qu'ils développent.

En effet, Albert MEISTER (1974) et Silvain FORTIN (1969), ont pour leur part, dégagé cinq (05) formes de participation qui sont synthétisées dans les tableaux ci- dessous.

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Tableau n°1 : Participation selon Albert MEISTER38

Types de
Participation

Origine et création

Intérêts, activités,
fonctions

1. Participation
de fait

Origine dans la vie

traditionnelle : groupe familial, religieux, métiers...

Conservation du patrimoine

2. Participation
spontanée

Création par les participants, elle

reste fluide, sans organisation
formelle, exemple des groupes de voisinage.

Satisfaction des besoins vitaux

3. Participation
imposée

Création par des animateurs

extérieurs, mobilisation de la
main-d'oeuvre pour des travaux collectifs.

Groupement indispensable pour le fonctionnement du programme

4. Participation
provoquée

Groupe provoqué et suscité dans le cadre de projet ou programme : coopérative...

Adoption d'un comportement collectif et normes promues par l'institution intervenante

5. Participation
volontaire

Création du groupe suite à une

prise de conscience, initiative
propre au groupe.

Satisfaction des besoins, défense d'intérêts communs, promotion sociale

 

Source : Albert MEISTER, 1974 : 164.

38 Albert MEISTER (1974), La participation dans les associations, Paris, Editions ouvrières, page 164.

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Tableau n°2 : Participation selon Silvain FORTIN39

Types de
Participation

Caractéristiques

1. Participation activiste

Les comportements d'un individu le placent en état de solidarité avec d'autres individus.

2. Participation intégrative

C'est un ajustement des comportements d'un groupe aux normes préétablies.

3. Participation mobilisatrice

Les participants suivent les directives émises par un ou plusieurs leaders.

4. Participation consultative

Les membres sont consultés pour la réalisation du projet de développement.

5. Participation décisionnelle

Les participants décident de leur propre développement.

 

Source: Silvain FORTIN, 1969 : 307-335.

Au regard des deux tableaux ci-dessus et dans le cas de la présente étude, la participation volontaire et décisionnelle est celle qui est recherchée, car, elle est l'aboutissement d'une prise de conscience et donne la preuve de la capacité des acteurs locaux à initier, à conduire et à évaluer de manière objective les actions de développement. On peut donc en conclure qu'un premier niveau de participation de la population au développement est le fait qu'elle assume des responsabilités au niveau de l'exécution du projet de développement.

On atteint un deuxième niveau de participation lorsque les populations participent à la prise de décision initiale (formulation de projet) et à l'exécution du projet.

39 Silvain FORTIN (1969), «la participation et le pouvoir » in revue Recherches sociologiques, volume 1-2, Québec, les Presses de l'Université de Laval, pp. 307 à 335.

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Lorsqu'en plus de tout cela, elles participent au suivi et à l'évaluation de l'action et que le processus n'est pas mis en oeuvre par quelqu'un de l'extérieur, on peut dire que la participation atteint encore un autre niveau, celui de l'appropriation de l'ensemble de la démarche.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle