Le théà¢tre : une voie pour l'enseignement des faits religieux en Haà¯ti.

1.3.3 2010, UNE ANNEE TRAGIQUE POUR HAÏTI

Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre a ravagé Haïti : plus de 222.000 personnes sont mortes et près de 2,3 millions de personnes sont laissées sans abri²⁴. Dans la même année, en octobre, le choléra a frappé Haïti, qui n'avait aucune expérience antérieure de cette maladie et donc aucune immunité naturelle. En novembre, un ouragan a contourné Haïti, mais a balayé malgré tout certaines régions du pays avec des pluies torrentielles et des vents forts. De par ses sources d'eau non-protégées, ses pratiques d'assainissement et d'hygiène médiocres, les inondations, la peur et la mobilité de la population, le nombre de cas de choléra a rapidement augmenté et a fait plus de 3.500 morts et 150.000 malades à la fin de l'année 2010²⁵. Tout au long de l'année, le peuple haïtien a connu une vie brisée et bouleversante, se battant quotidiennement pour ses besoins en eau, en logement, en emplois, en éducation afin de survive. Les habitants ont eu non seulement à faire face à des épidémies majeures, mais aussi à des montées de violence, les femmes et les jeunes filles ont été victimes d'abus sexuels et de viols qui ont nécessité des mesures importantes à plusieurs niveaux. La population vivant dans des camps demeure vulnérable aux maladies mentales qui découlent du séisme, des maladies à transmission vectorielle et contagieuses²⁶. Dans la peur, les familles se regroupaient afin de se soutenir et de se protéger d'éventuelles agressions surtout à l'approche de la nuit.

Une profonde souffrance morale, psychologie et spirituelle est venue s'ajouter à l'épreuve physique de beaucoup d'Haïtiens, à la suite de la perte de leur maison, de leur commerce, de membres de leurs familles... des pertes physiques comme un bras, parfois les deux jambes, restant aussi le sentiment d'avoir perdu une part de soi-même. Un sentiment de peur se traduit parfois par de terribles cauchemars lors du repos de la nuit. Les scènes

24 Duval Frantz (2010). « 35 secondes fatales.... plus de 220 000 morts », LE NOUVELLISTE, édition spéciale, 12 janvier-12 février.

25 Evens Jabouin, « Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale », ÉTUDES CARIBEENNES [En ligne], 17 | Décembre 2010, mis en ligne le 10 janvier 2012, consulté le 29 mai 2015. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/4842 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.4842

26 RAPPORT DES NATIONS UNIES EN HAÏTI 2010-SITUATION, DÉFIS ET PERSPECTIVES

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de ce jour noir sont revues comme si elles étaient dans la réalité. De très nombreuses personnes sont sorties traumatisées.

Dans les camps des sinistrés, le manque d'eau et de nourriture, l'insalubrité et la violence ont rendu amer le quotidien. Après le séisme, près d'un million de personnes vivait dans des conditions inhumaines. La dignité humaine s'affaiblit dans ce cadre de lutte pour la survie qui ressemble parfois à un genre de vie animal plutôt qu'humain.²⁷

Sur le plan sanitaire, d'autres faits sont à signaler. La qualité de vie dans les camps de déplacés était de plus en plus précaire surtout quand il n'existait à proximité des camps ni toilettes, ni eau courante. Dans certains camps, laissés à l'abandon, la canalisation, qui devrait permettre l'écoulement des eaux usées, n'existait pas. Dans quasiment tous les camps, les notions d'hygiène et de propreté étaient à redéfinir. De plus, l'absence de canalisation a provoqué la stagnation des eaux usées, produisant des moustiques, d'où le risque considérable de dengue et de malaria pendant toute la saison des pluies.²⁸

Le séisme a rendu encore plus fragile une grande partie de la population déjà vulnérable. Pour avoir de quoi subvenir à leurs besoins quotidiens et à ceux de leurs proches, les gens se laissent souvent guider par les stratégies de survie. Les femmes et les enfants se trouvent encore plus en proie aux agressions et aux violences.

Dans la ville de Port-au-Prince, bon nombre d'édifices publics ou à caractère patrimonial historique ont été sévèrement touchés ou simplement détruits notamment le palais national (1922), les casernes Jean-Jacques Dessalines (1912), le palais des finances (1880), le palais de justice (1927), le palais des ministères (1881), l'hôtel de ville (19251928) et plusieurs lieux de culte témoins de l'implantation de l'Église catholique en Haïti après la signature du Concordat de 1860: la cathédrale Notre-Dame (1912), l'église du

27 D'après un article écrit par le frère. Manuel Rivero o.p. « Vivre et croire en Haïti après le séisme du 12 janvier 2010 »

29 mai 2011 sur le Site Internet des Frères prêcheurs en Haïti : http://haiti.dominicains.com

28 Evens Jabouin, « Haïti, en situation post-séisme : quelques effets de la catastrophe du 12 janvier 2010 sur la population locale », ÉTUDES CARIBEENNES [En ligne], 17 | Décembre 2010, mis en ligne le 10 janvier 2012, consulté le 29 mai 2015. URL : http://etudescaribeennes.revues.org/4842 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.4842 28 Rencontres en Haïti, mission Groupe URD, septembre 2010. Hellen Mwangouya, Rendre moins vulnérable en faisant preuve d'humanité, Face à la crise n°3, IFRC, 2010.

28 L'enseignement du fait religieux - BU ESPE Lille Nord de France - mars 2014.

Jean Marc Voltaire

Sacré-Coeur de Turgeau (1908), l'église Sainte-Anne du Morne à-Tuf, ainsi que la cathédrale de la Sainte-Trinité, dont la collection unique de peintures murales, réalisée par de grands artistes haïtiens dans les années 1950... 29

Il existait en Haïti, bien avant le passage de ce séisme, un écart important entre les besoins éducatifs, spécialement à la citoyenneté, aux valeurs, à la démocratie et aux droits humains et les aides apportées à la population.

Il était urgent que l'État s'engage sur la voie de l'action cohérente afin de remédier à l'écart majeur qui existe entre les aides et les besoins réels des Haïtiens, ce qui a été depuis six (6) ans et reste encore un grand défi. Car, la reconstruction ou de refondation du pays, doit s'appuyer sur non seulement : l'aménagement du territoire, l'environnement, le développement économique, la création d'emplois, les infrastructures nationales, la reconstruction de l'État et la gouvernance, la santé publique et la population, la solidarité et le développement social, le patrimoine et la culture, les interventions urgentes et post urgentes, la planification globale et le financement, mais surtout, le système éducatif haïtien, d'où venant tous les malheurs du pays à cause l'absence des notions de civisme dans son curriculum.

C'est dans ce sens que je propose d'insérer à la place de l'« éducation civique », qui est en voie de disparition dans le système éducatif haïtien, l'enseignement des faits religieux, avec le théâtre comme voie de transmission, en vue de donner à la jeunesse des repères culturels indispensables, incluant l'apprentissage des droits, des devoirs, du respect des valeurs démocratiques et des droits humains.

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29 http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/283418/le-patrimoine-haitien-sous-perfusion

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