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Impact de l'introduction de l'ETP sur les transformations des systèmes d'activités et les transformations identitaires des infirmières devenant aussi "éducatrices".

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par Malika Salhi-Bouyagoub
Paul-Valéry Montpellier II - Master 2 2015
  

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Annexe n°4 : Questionnaire adressé aux infirmières éducatrices

Sexe

Age

type de diplôme

Ancienneté globale?

Ancienneté dans le service?

Quel est votre parcours professionnel ?

L'activité ETP représente-elle un choix pour vous ?

Que représente pour vous l'ETP ?

Quelle distinction faites-vous entre les termes : Information, Éducation et persuasion ?

Comment percevez-vous le rôle éducatif dans votre activité ?

Percevez-une différence entre le rôle éducatif et le rôle infirmier ?

Pouvez-vous me décrire la réalisation d'une activité éducative ?

Dans votre exercice quotidien, mettez-vous en pratique ces mesures éducatives de l'ETP ? Si oui, de quelle manière et quel intérêt y trouvez-vous ?

Avez-vous suivi une formation spécifique concernant l'ETP ?

Quels sont les éléments qui vous paraissent favorables et défavorables à sa réalisation ?

La pratique d'ETP influence-elle la relation infirmière/patient ?

Si vous serez contraint de pratiquer l'ETP :

Pensez-vous que cette pratique transformerait votre système d'activité actuel ?

Si vous pratiquez l'ETP :

Quelle est la place de l'ETP dans les soins quotidiens ? Quelle est la place et le rôle de l'infirmier dans une équipe pluridisciplinaire ? Le rôle propre légitime à l'infirmière ne sera t- il pas dissous dans cette équipe ?

A votre avis quelles sont les qualités professionnelles à adopter pour avoir une posture éducative ?

Les soignants ont -ils besoin d'une formation pour être éducateurs ?

Avez-vous des observations à apporter sur le thème évoqué lors de cet entretien ?

132

Annexe n°5 :

Script de l'entretien avec Infirmière à l'Hôpital de Jour
Hôpital de Blois

Entretien réalisé le 29/05/2015

Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes, si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous influencer.

0'00

Malika

C'est quand vous voulez!

0'01

Marie

Ça enregistre?

0'02

Malika

Oui.

0'03

Marie

Ben, je suis infirmière depuis 8 ans et référente en éducation thérapeutique depuis 3 ans à l'HDJ. Euh...on dit HDG. C'est l'hôpital de jour...Avant j'étais en médecine interne puis en cancérologie, je suis resté 5 ans.

0'08

Malika

Le poste d'éducatrice thérapeutique est-il un choix pour vous ?

0'10

Marie

Oui, oui c'est un choix. En fait, j'avais une collègue qui occupait ce poste. En fait ce n'est pas vraiment de l'éducation thérapeutique, mais elle éduquait les patients aux soins. Et quand elle est partie, j'ai demandé d'occuper son poste de référente...et voilà 3 ans déjà. Donc, suite au départ de ma collègue... alors, qu'il n'avait pas encore était fait...euh...donc, en 2011, j'ai en fait repris le premier atelier qui n'avait pas encore était fait.

0'34

Malika

Comment vous avez commencé la pratique d'ETP dans votre service ?

0'37

Marie

Alors, en fait en 2011, on a commencé comme ça. On a eu une réunion de travail avec la coordinatrice de l'ETP, médecins, diète, kiné, cadre. Donc, on a bien sûr fait une fiche pédagogique avec les déroulements de tous les thèmes. On nous a installé un logiciel pour entrer les infos des patients et créer le dossier éducatif. Euh...donc, il y a déjà toute la partie administrative à faire, ensuite le patient est recruté.

0'58

Malika

Comment se déroule le recrutement du patient ?

0'60

Marie

A l'HDJ on fait le recrutement sur l'ordi...on a dossier patient éducatif, on fait l'admission et on propose les ateliers après l'entretien éducatif.

1'05

Malika

A qui proposez-vous le recrutement ?

1'07

Marie

En fait au début ça a commencé comme ça. Donc, le recrutement des patients se fait directement à l'hôpital de jour. On recevait les patients qui venaient pour avoir leur injection, ou bien pour avoir une éducation sur les sous cutanés, et qui repartaient. On leur proposait de participer aux ateliers.

1'25

Malika

D'accord, donc ils ne peuvent participer que s'ils sont recrutés ?

1'27

Marie

A oui, il faut faire le dossier éducatif d'abord, le diagnostic éducatif.

1'30

Malika

Le recrutement des patients relève-il d'une prescription médicale ?

1'33

Marie

Au début c'était la rhumatologue de l'HDJ. Maintenant on n'est plus à ce niveau. C'est à dire que la rhumato nous les adressait et nous on faisait le diagnostic, on leur présentait les ateliers...euh...mais maintenant on propose aussi l'éducation...voilà.

1'46

Malika

Et ça se passe comment ?

1'48

Marie

Maintenant...d'ailleurs récemment, j'ai fait un p'tit flayer pour représenter un p'tit peu ce que l'éducation thérapeutique et présenter un p'tit peu tout...euh...les ateliers. Donc, on leur présente en fait à quoi sert un atelier, comment améliorer la qualité de vie, devenir acteur, mieux gérer sa pathologie chronique ... euh ... éviter les complications et les hospitalisations...En gros, c'est ça...créer un lien aussi, de rencontrer d'autres patients atteints de la même pathologie...voila ...mais qui ont des objectifs différents.

2'17

Malika

La participation aux ateliers thérapeutiques est - elle obligatoire ?

133

2'20

 

Marie

Non, non. Ils valident ou pas. On ne peut obliger les patients à participer. En gros...c'est comme ils veulent...

2'25

Malika

Dans ces conditions. Vous les attirez comment ?

2'28

Marie

En fait, durant la première rencontre du diagnostic éducatif qui dure à peu près entre une demi-heure et une heure même...euh...ça dépend. Et ensuite, on propose les trois ateliers.

2'42

Malika

Comment se fait le déroulement de ces trois ateliers ?

2'45

Marie

Donc, le premier atelier intitulé « parlons-on » c'est avec moi-même et le rhumatologue...euh...et un pharmacien. Donc, à chaque fois, soit polyarthrite, soit spondyno-arthrite.

2'56

Malika

D'accord.

2'57

Marie

Le deuxième atelier avec une diététicienne. C'est sur comment adapter l'alimentation. Et le troisième atelier avec un kiné et un ergo...euh...un ergothérapeute. C'est sur les outils...enfin, les appareils, le matériel utilisé par les patients...son nom c'est pour votre quotidien.

3'14

Malika

Vous proposez les ateliers qu'aux patients de l'hôpital ?

3'17

Marie

Dans un premier temps le recrutement se passait qu'à l'hôpital de jour avec les patients du suivi. Ensuite on a essayé de s'ouvrir euh... on a présenté notre programme aux rhumatologues de ville. Pour qu'eux même puissent nous adresser des patients. Euh...on a aussi présenté le programme aux médecins traitants. Et en fait, on s'est retrouvé avec...voir des gens qui nous appellent. Voilà, on s'est retrouvé avec des gens qui sont suivi déjà même à Tours. Qui n'sont pas du tout suivi ici et qui ont leurs rhumatologues à Tours, et qui ont entendu parler de nos ateliers et qui prennent contact avec nous.

3'56

Malika

Et vous les recrutez ces gens ?

3'58

Marie

Oui, oui, moi je fais un premier contact...je fais un diagnostic éducatif et ils participent aux ateliers. Voilà...là c'est varié que depuis des années...et maintenant, on s'est vraiment ouvert.

4'12

Malika

Comment procédez-vous pour la réalisation d'un atelier éducatif ?

4'48

Marie

En fait le premier atelier...euh...en fait, moi j'ai déjà rencontré les patients lors d'un diagnostic éducatif. On fixe des dates. Je fais un planning sur l'année avec des dates pour les ateliers. Ben...et on bloque les dates et on convoque les patients. Généralement moi, la semaine d'avant je les rappelle deux mois avant pour confirmer les dates. Et je réserve la salle. Ah...je n'arrête pas de demander une collègue qui m'aide à faire l'éduc avec moi...euh...à deux c'est mieux.

4'45

Malika

Combien d'atelier réalisez-vous par an ?

4'48

Marie

Euh...ça nous fait 10 à 12 ateliers à peu près dans l'année.

4'51

Malika

Le nombre de patient est-il limité par rapport aux ateliers ?

4'55

Marie

Euh...alors...par exemple l'année dernière, j'ai fait 31 diagnostics éducatifs...et...on a fait si ma mémoire est bonne 12 ateliers. Alors...les ateliers...Enfin le premier atelier c'est toujours un choix de notre part qu'il y ait 5-6 patients pas plus. Parce que c'est vraiment ...euh...déjà la découverte et il faut vraiment un temps de parole...euh...c'est le premier...le fait d'accorder un temps de parole c'est vraiment important à chacun.

5'22

Malika

Et pour les autres ateliers ?

5'24

Marie

Et ben...le deuxième atelier et le troisième...enfin l'atelier diététique jusqu'à 8 personnes et le kiné on peut aller à 10. Parce que les kinés on a deux. Il y a des moments où on se sépare en deux groupes...voilà. Donc, le nombre euh...c'est un p'tit peu ...c'est aléatoire. Par contre des fois les gens ils n'viennent pas...euh voilà.

5'45

Malika

Procédez-vous de l'éducation en individuel ?

5'47

Marie

Alors...euh...je propose toujours les éducations à l'auto injection en individuel. Après...euh...les ateliers sont collectifs. Oui des fois ça nous arrive de faire un...En fait, moi je participe aux trois ateliers depuis maintenant 3 ans. C'est vrai que je commence un p'tit peu à maîtriser le sujet. Et par exemple au fait, on est arrivé à condenser les trois pour une dame qui est en fait assistante maternelle et qui ne pouvait pas du tout se libérer. Et l'atelier a duré à peu près deux heures. On s'est vu que toute les deux voilà. Elle avait le diagnostic éducatif, mais elle ne pouvait pas venir aux ateliers...

134

6'32

 

Malika

Avez-vous un jour programmé pour les ateliers ?

6'34

Marie

Oui, c'est tous les jeudis. Voilà, et cette dame ne pouvait pas venir en semaine. Aussi, pour les jeunes qui ont des polyarthrites et qui travaillent. Ce n'est pas du tout pris en charge sur leur temps de travail. C'est sur leur temps personnel...Et pareil les bons de transport ne sont pas pris en charge. Donc...notamment pour ces gens qui ont des polyarthrites, c'est difficile pour eux par fois de pouvoir venir par leurs propres moyens. Et ça crée malheureusement des difficultés à les suivre et les patients ne viennent pas...

7'11

Malika

Comment vous gérez dans ces conditions ?

7'13

Marie

Et ben...on ne fait rien, on propose d'autres dates et on attend...En fait c'est pour ça qu'on pense...euh...qu'à l'avenir de sortir carrément de l'hôpital et d'aller vers les gens. Par exemple, il y a des gens qui habitent à plusieurs kilomètres, ils ne peuvent pas se déplacer... Nous, on aimerait trouver un lieu...euh...au hasard...un lieu, un local, une pièce, où on pourrait prendre en charge les patients.

7'42

Malika

Et c'est réalisable ?

7'43

Marie

Non pour l'instant ce n'est pas réalisable... non c'est juste un souhait... ou un projet on va dire. Il n'y a pas le budget pour.

7'47

Malika

Comment vous vous organisez pendant l'atelier ?

7'50

Marie

En fait, maintenant... Je disais que l'éducation thérapeutique c'est le jeudi. Normalement c'est tous les jeudis. Ce qui n'est pas forcément réalisable. Notamment au niveau des vacances, des disponibilités du médecin...euh...kiné...et tout ça. On s'organise...en fait les ateliers sont toujours les jeudis matin de 9h30 à 12h30, ou l'après-midi de 14h à 16h30.

8'18

Malika

Pratiquez-vous la même organisation pour les autres ateliers ?

8'21

Marie

Oui, les trois ateliers c'est les programmes. On fait un atelier en 4h enfin 3h et demi... C'est vrai que ça déborde parfois. On fait l'atelier de traitement. Le deuxième atelier, c'est de deux mois plus tard et le troisième aussi.

8'33

Malika

C'est votre propre organisation ?

8'35

Marie

Oui, oui ....à Tours par exemple il fonctionne différemment. Ils font tout sur la matinée. Par contre le moment est restreint. Nous...on a choisi de prendre 3h pour chaque thème...euh...voilà. Alors, il y a certains endroits qui font tout sur la journée. Les gens mangent sur place...euh...voilà. Nous...on a choisi ça parce qu'on a trouvé...déjà qu'une dense comme même car c'est beaucoup d'informations, en plus ce n'est pas tout le monde qui peut payer le manger sur place.

9'02

Malika

Assez dense par rapport à quoi ?

9'04

Marie

C'est trop d'information pour les patients voilà. Trop d'info tue l'info. C'est un moment ...aussi un temps sur beaucoup d'émotions, beaucoup d'échanges...voilà.

9'17

Malika

Sollicitez-vous des outils spécifiques pour réaliser un atelier ?

9'20

Marie

Le premier atelier c'est sur les maladies et les traitements. On fait on utilise des cartes symptomatiques comme cela. Par exemple cette carte représente assez bien...euh...donc, c'est mes santés, vie affective, santé physique, vie sociale, vie sexuelle, équilibre psychologique. Ça c'est un p'tit peu pour la définition.

9'46

Malika

Et comment se déroule un atelier éducatif ?

9'48

Marie

En fait le premier atelier...euh...comment ça se déroule ? En fait moi, j'ai rencontré les patients lors d'un diagnostic éducatif. On fixe des dates. Je fais un planning sur l'année avec des dates pour les ateliers. Ça fait 10 à 12 ateliers à peu près dans l'année.

10'09

Malika

Vous arrivez à réaliser un atelier par mois ?

10'11

Marie

A peu près. On essaie de rester dans les normes à 1 par mois. Dès fois on fait deux ateliers par mois. Et puis après...euh...il n'y n'en a pas, voilà.

10'20

Malika

Cette programmation est-elle liée à des contraintes ?

10'22

Marie

En fait, la réalisation d'un atelier, c'est en fonction des disponibilités de chacun. Il y a des pharmaciens, des médecins, des rhumatologues, des kinés. Il faut que tout le monde soit disponible...euh... voilà.

135

10'33

 

Malika

Que tout le monde soit disponible c'est ça ?

10'35

Marie

Oui, par exemple les kinés eux ils n'ont pas de temps ....eux c'est sur leur temps.

10'40

Malika

De quel temps s'agit-il ?

10'42

Marie

En fait les kinés n'ont pas de temps dédié à l'éducation. Autant moi, j'ai le jeudi à 20% dédié à l'éducation. Eux, ce n'est pas le cas. C'est sur leur temps de travail. C'est vrai qu'on fonctionne selon l'emploi du temps de chacun voilà.

10'56

Malika

Pouvez-vous me décrire une journée d'atelier ?

10'58

Marie

Ben...on bloque les dates, on convoque les patients. Généralement moi, la semaine d'avant je les rappelle pour les dates qu'on a pris deux mois avant. On se donne rendez-vous à 9h30 dans le hall de l'hôpital. Donc, moi avant....j'ai réservé la salle....on prépare un p'tit café, un p'tit peu d'accueil...euh....pour que ce soit plus convivial.

11'22

Malika

Vous faites l'accueil en tenue de travail ?

11'24

Marie

Justement là on est en civile. Nos badges avec nos noms c'est tout.

11'27

Malika

C'est un choix ou une obligation ?

11'29

Marie

Oui, oui c'est un choix. Ça me semble logique. C'est important...

11'32

Malika

Qu'est ce qui est important ?

11'34

Marie

Ben, oui c'est important pour le patient, on n'est pas dans un cours...dans un ...euh... En fait la blouse met la barrière. Oui, oui, exactement ça crée tout de suite une différence ...euh...le soignant...le soigné. Et on n'est pas trop dans le mode soignant soigné. On est plutôt éducateur et pas soignant.

11'51

Malika

Et les autres professionnels sont-ils de même avis que vous ?

11'53

Marie

A oui. Le médecin déjà vient sans. Le kiné...euh...tout le monde. Aucun souci. Au contraire tout le monde est content et tout le monde est bien conscient...euh...de ce que ça représente pour le patient. Et tout le monde et bien content de l'ôter. On en a discuté d'ailleurs et tout le monde est d'accord.

12'14

Malika

Et après l'accueil vous faites quoi ?

12'16

Marie

Euh...j'ouvre la salle, je fais des photocopies, je prépare la paperasse. Ensuite je vais chercher les patients dans le hall de l'hôpital... on se retrouve...on discute 5 mn dans le hall en attendant les autres. Ensuite on va s'installer dans la salle. On fait une présentation...de...en fait je...on est le fil rouge, on fait tous les ateliers avec les patients d'a à z, voilà. En fait les autres sont là en épisode. En fait c'est vrai qu'on est les référentes. Donc, c'est nous qui sommes un peu...le...comment dire? ...les régulateurs...voilà. Après les présentations, on instaure un peu les règles pour qu'on s'écoute et que ça ne déborde pas. Après ...c'est vrai qu'en groupe...voilà.

12'54

Malika

Vous utilisez les mêmes outils pour les trois ateliers ?

12'57

Marie

Pour le premier atelier avec les rhumatologues et moi-même, on dispose les cartes sur la table.

12'60

Malika

Qui choisit les thèmes?

13'02

Marie

A oui, oui, on leur demande de choisir deux cartes : soit parce que ça les interpelle, soit parce qu'ils connaissent et ils veulent en parler. Soit par ce qu'ils ne connaissent pas du tout, et ils aimeraient s'avoir. Voilà...par exemple le thème de la douleur, tout le monde est intéressé...euh... et tout le monde peut intervenir pas que la personne qui a choisi cette carte.

13'27

Malika

Et ensuite?

13'28

Marie

Ensuite, une fois chaque patient a choisi deux cartes, on essaye d'aborder ces thèmes un p'tit peu dans la logique comme même. On essaie de commencer par les définitions, qu'est-ce que l'inflammation, tout de suite on va partir sur la douleur, tout de suite on va partir sur la fatigue, tout de suite on va partir sur ce qui est d'ordre psychologique...voilà.

13'52

Malika

Vous préparez les thèmes avant la séance ?

13'54

Marie

Ça suit naturellement en fait. Nous on essaie de suivre un acheminement. Quand on connaît bien le sujet, en fait...je ne dis pas que la première fois c'était aussi bien présenté...mais...là quand on connaît le sujet...en fait naturellement les patients nous guident. Nous...on est comment dire...on est régulateurs de

136

 
 

l'atelier...le fond de l'atelier c'est les patients qui parlent 90% du temps.

14'18

Malika

Vous intervenez comment?

14'20

Marie

Donc la personne qui a choisi une carte. Nous, on lui demande pourquoi ce choix. De nous parler un peu plus du choix. Donc pour la douleur le patient dit...moi ça se passe comme si...comme ça...euh...et voilà. Très bien...et ensuite on demande...et qu'est-ce que vous faites pour la douleur, des trucs, des techniques...euh...Et pour vous madame untel... ça se passe comment. En fait on fait un tour de table pour chaque carte. Ça se passe comme ça.

14'46

Malika

D'accord?

14'47

Marie

On arrive en dernier...euh...alors avec le médecin, soit le médecin qui intervient, soit moi ça dépend...donc le syndrome sexe, c'est moi qui anime et le médecin qui note. Et ...la douleur ça peut être...euh...voilà. On a des rôles interchangeables. Donc, pendant que les patients parlent, on note les mots clés. Bien sûr on arrive un p'tit peu en fin de parcours sur ce thème. Et on va dire...euh...ben...par exemple madame untel nous a dit...ceci cela...qu'est-ce que vous en pensez. Et si quelque chose n'a pas été dit en rajoute.

15'18

Malika

Et vous passez toutes les cartes ?

15'20

Marie

On a fait le deuil au début. C'est vrai qu'il y a certaines cartes importantes pour les patients que d'autres et qu'il faut passer ce jour. Et on laisse les autres cartes et on fait le deuil. Parce qu'il faut prendre plus de temps pour certaines et ben et les autres...

15'34

Malika

Le deuil par rapport à quoi ?

15'36

Marie

Le deuil de ne pas faire ce qu'on a envie de faire. On a toujours envie de faire le maximum. Quand on sait qu'on a des objectifs à atteindre. Et euh...parfois...en atelier on a pas le temps de parler de tout, mais on a compris rapidement ...ben parfois on ne peut pas et il faut s'adapter. Il faut s'adapter aux patients qu'on a en face de nous. Ils n'ont pas tous les mêmes besoins et souvent on va plus accès sur la douleur. Un autre jour ça va être autre chose et puis on va moins parler de certaines choses. Ce n'est pas grave, par contre on n'a quand même un temps donné, on ne peut pas passer 6h ...voilà. On essaie de répondre au besoin du groupe, du patient qu'on a en face de nous, de s'adapter. Et ben...c'est tout n'est pas dit...tout n'est pas dit. Au moins ce qui est important ce jour là pour les patients est dit.

16'32

Malika

Comment procédez-vous pour finir l'atelier ?

16'34

Marie

Euh...on finit par un quiz...donc, c'est des p'tites questions vrai ou faux... en fin bref...vite...voilà. Et ensuite un quiz, un questionnaire de satisfaction...la séance...l'ambiance...voilà. Aussi s'ils ont des remarques.

16'49

Malika

Les patients vous proposent des améliorations ?

16'51

Marie

Oui...oui...oui, les patients proposent des idées, notamment...d'autres sujets...ou parfois des idées. Pour l'atelier diététique on a souvent. Oh...ça serait bien qu'on mange ensemble, qu'on fasse un repas ensemble, notamment... dans ce genre voilà. Ensuite on fait une pose...euh...pose café...pose toilette pour ce qui ont besoin. Ça permet aussi...euh...là c'est des patients qui ont des rhumatismes inflammatoires et la position statique aurait prolongé leur déficit...ça permet aux gens de...de bouger un p'tit peu voilà. Donc on prend un p'tit café, on se pose quoi...

17'22

Malika

L'après-midi se passe comment ?

17'24

Marie

En fait c'est là que le pharmacien arrive. Donc, l'après-midi le pharmacien arrive avec une grande valise pleine de médicaments. On met tous les médicaments au milieu et on leur demande de choisir pareil deux des médicaments. Alors un des thèmes important de cette deuxième partie c'est de faire la différence entre le traitement de fond et le traitement de symptomatique. On leur demande déjà s'ils savent prendre un traitement de fond. Ce qu'ils considèrent par traitement de fond et un traitement symptomatique et puis on parle là-dessus. On fait pareil...on fait un tour de table, donc il y a des traitements qui sont commun.

17'57

Malika

Quel est votre rôle en ce moment ?

17'59

Marie

Ben...là quand je suis avec le pharmacien, c'est plus son rôle d'intervenir, moi je note le script, les connaissances...euh...bien sûr des fois j'interviens mais...et...à force de connaître le sujet, quand je vois qu'il y a quelque chose qui ressort pas ou qui est oublié...up... je... j'interviens.

18'15

Malika

Vous éduquez aux traitements?

137

18'17

 

Marie

Tout à fait c'est mon rôle aussi d'éduquer aux traitements, mais par exemple tout ce qui est injection notamment des traitements c'est moi qui...plus...enfin... le pharmacien apporte sa partie, moi j'apporte ma partie plus pratico pratique...euh...il y a certains médicaments...euh...et puis voilà c'est aussi le rôle qu'on s'est donné. En fait on est complémentaire. Par exemple moi je dis à un patient : Quand vous prenez le traitement et euh...est ce que vous connaissez les effets secondaires, qu'est-ce que vous faites. Pourquoi vous regardez votre prise de sang, est ce que vous regardez... là je dis ça comme ça. Ça paraît euh...des questions...mais en fait les patients ils parlent seuls. On s'adapte aussi au type de patient. Il y en a qui ne parle pas forcément beaucoup. Ils sont là, ils écoutent, il faut s'adapter à ça. On n'est pas non plus ...euh...on n'est pas là pour forcer les gens...euh...voilà, c'est une participation volontaire. Là on est dans l'éducation, je n'impose pas le soin, ni la méthode.

19'15

Malika

Ils maîtrisent tous la gestion de leur traitement ?

19'18

Marie

Pas du tout. La majorité des patients ne maîtrise pas leurs traitements. Heureusement qu'il y a ces ateliers. Il y a des gens qui apprennent des choses...énormément...Et donc après, on finit par un quiz aussi et un questionnaire de satisfaction. Et généralement sont tous ravis parce que c'est aussi un temps pour eux, ils parlent de leurs difficultés, ils parlent beaucoup des aidons, parfois les conjoints, les familles... voilà. Il y en a qui pleure. Ce n'est pas très souvent mais ça arrive. Il y a des moments où on se lâche.

19'44

Malika

Les familles assistent aux ateliers ?

19'46

Marie

Oui. Il y a des accompagnons des patients. Ces derniers temps ça arrive de plus en plus d'ailleurs. C'est souvent les maris ou les femmes. Euh...et c'est intéressant. Notamment je pense à un atelier qu'on a fait il n'y a pas très longtemps ou il y avait un monsieur qui avait accompagné sa femme qui a une polyarthrite et une dame qui a accompagné son mari. Donc c'était vraiment super intéressant, ils intervenaient beaucoup. Voilà...et...l'atelier se termine en leur proposant de participer à d'autres ateliers avec la diététicienne et avec le kiné et l'ergo.

20'15

Malika

Tous les patients acceptent de revenir ?

20'17

Marie

Il y en a qui ont déjà un suivi diététique donc qui ne souhaitent pas participer. Enfin, dès qu'ils font le premier atelier ils adhèrent. C'est très rare que quelqu'un fasse un atelier et qui ne fasse pas le deuxième. C'est un vrai moment de partage, d'échange, sans jugement...sans...voilà. Ils rencontrent d'autres patients qui ont les mêmes problèmes. Mais, tout ça sans aide. Moi, une dame m'a dit je n'ai pas envie de pleurer sur mon sort entre guillemets. Et on n'est pas là pour ça pas du tout. Le but n'est pas du tout...ah...c'est dur...ben...oui c'est dur. On essaie d'être à leur place pour les comprendre. Et les patients se rendent compte rapidement que ce n'est pas ça du tout. On ne fait pas du tout de choix dans nos patients.

20'59

Malika

Comment vous vous voyez dans ce rôle ?

21'01

Marie

Je me considère plus comment dire dans...dans l'aide, dans l'accompagnement que dans le soin. C'est plutôt un accompagnement là. On soutient, on

propose, on a un rôle d'écoute. Je dirai qu'on passe énormément de temps à écouter...écouter... reformuler. Et souvent on se rend compte que les
solutions viennent des patients eux-mêmes.

21'21

Malika

Comment vous vous définissez pendant le moment éducatif ?

21'24

Marie

A partir du moment où les patients participent aux ateliers...même au diagnostic éducatif...moi...je change de casquette...je passe vraiment plutôt à un autre style, au rôle d'éducateur ...euh... d'éducatrice voilà.

21'36

Malika

Comment vous différenciez l'éducation au soin de l'éducation thérapeutique ?

21'39

Marie

Quand on fait les éducations pour les auto injections, on reste plus dans le soin...Déjà on n'a pas de technique. Quand on fait l'éducation à l'auto injection. Je vais parler du...de...la technique d'injection, du matériel voilà. Et quand on fait une éducation dans l'atelier on se regarde dans les yeux. Ben...dans le soin...je suis plus concentré sur l'acte. c'est hyper prônant même au niveau fatigue et tout. Moi quand je fais un atelier je sens bien que c'est...vraiment...on est à cent pour cent quoi. Et quand on fait une éducation thérapeutique dans l'atelier c'est des séances qui demandent des techniques, des préparations...En ETP, l'approche du patient n'est pas la même, on se regarde dans les yeux. Ben...dans le soin...je suis plus concentré sur l'acte. Quand je fais le diagnostic éducatif c'est un choix, on a un support informatique. Le choix ce n'est pas de prendre l'ordinateur et de taper en même temps. Non...je me mets face à la personne, j'écoute, je reformule...si j'ai besoin je prends des notes... En soin, je fais par exemple la prise de sang, je ne discute

138

 
 

pas avec le patient sur sa vie, je le réassure, je fais mon soin, il y a d'autres tâches qui m'attendent...

22'26

Malika

Dans quelle posture vous êtes au moment de l'ETP ?

22'29

Marie

Au niveau de l'écoute, au niveau de ...voilà...on est vraiment dans une posture ouverte au moment de l'éduc. On est...c'est différent...beaucoup d'attention, il faut vraiment être-là quoi. Il ne faut pas passer à côté de quelque chose. Du fait d'avoir le diagnostic éducatif, d'avoir rencontré le patient à deux. Souvent les gens se confient, on se retrouve avec des histoires de famille jusqu'au grand père parfois. Et c'est hyper intense...

22'54

Malika

Quelle distinction faites-vous entre l'information, la persuasion et l'éducation ?

22'56

Marie

On se rend compte que les gens...en fin...on parle de la pathologie et ça ouvre des portes énormes. Donc on a aussi...ben...le débat reste ouvert. C'est la base pour qu'on parle de tout ça. Il ne faut pas oublier qu'on est quand même là pour ça. Parfois au moment des ateliers. On est obligé de recentrer un p'tit peu voilà. Il ne faut pas non plus trop s'écarter du sujet. On n'est pas là...non plus...pour faire une thérapie de groupe...et ce n'est pas juste des infos qu'on donne. Alors que l'information, c'est sur la maladie, ou des réponses à des questions précises, par rapport aux traitements, prises en charges...voilà. Je dirai que l'éduc commence par l'information d'abord à mon. Par contre la persuasion, pour moi ce n'est plus d'actualité, je ne pense pas que ça marche pour la maladie chronique, c'est dure pour le patient d'obéir à la lettre en plus il a le droit de refuser le soin... Je peux lui proposer le soin ou l'éduc mais s'il n'est pas convaincu ça ne sert à rien de le forcer. Il vaut mieux de lui expliquer, discuter, connaître ses appréhensions pour trouver la bonne méthode et ça ça peut se faire avec l'éducation.

23'27

Malika

Comment percevez-vous la relation soignant/soigné par rapport aux deux activités ?

23'30

Marie

Et ben...déjà au niveau du dialogue, au niveau du temps ça change. Un patient qui vient faire une injection notamment ici en traitement IV. C'est sûr. Comment ça va. Je prends la température, je prends la tension. Au niveau douleur, est ce que ça va...machin. Enfin ça reste très...euh...pratico pratique quoi...Je dirais je veux savoir s'il a eu une infection ou pas. Pour pouvoir lui faire son traitement, s'il a eu des problèmes...par exemple il ne va pas me confier ...ben...tiens, l'autre jour je suis allé à Auchan, j'ai pas pu...et puis on voit que je suis une personne handicapée, on me dit...euh...et ben dit donc...vous marchez bien. On ne va pas loin. On ne va pas jusqu'au là. On n'a pas le temps. Le lieu n'est pas propice. Il y a d'autres patients qui attendent...voilà...c'est complètement différent.

24'15

Malika

Qu'est ce qui est différent ?

24'17

Marie

C'est là la différence...euh...en hospitalisation je n'vais pas dire qu'ils subissent. Ce n'est pas le bon terme je pense. Ils ne sont pas du tout acteurs. C'est moi qui perfuse, c'est moi qui leur prend la tension, je leur pose des questions...c'est vraiment...on essaie que ce ne soit pas un interrogatoire...voilà...ils nous donnent des renseignements que nous transmettons aux médecins et tout ça. Mais la participation on va dire c'est de notre côté.

24'44

Malika

Et pendant l'atelier?

24'45

Marie

Et pendant l'atelier on va dire même un diagnostic éducatif c'est un échange. Ce n'est pas la même chose. Le patient est acteur. Nous on a le second rôle. Moi je trouve qu'on a un rôle d'accompagnement, de guide un p'tit peu. Même je dis souvent c'est passer un cours...voilà. En essaie de guider pour qu'ils trouvent des solutions...des solutions eux-mêmes.

25'03

Malika

Avez-vous suivi une formation d'ETP ?

25'05

Marie

Oui, de 40 heures, proposée par l'Hôpital.

25'07

Malika

Recommanderiez-vous cette formation à vos pairs ?

25'10

Marie

Oui, il y a quand même des clés qui nous sont données, qui sont vraiment important. Des compétences comme la posture...la posture éducative n'est pas du tout la même que ...par exemple ben...déjà l'écoute, la reformulation, la valorisation. Savoir que des fois ce n'est pas évident dans notre profession. On va dire...infirmière classique...ben...des fois il y a des temps de pose, des temps de silence à respecter aussi voilà...c'est nous quand même on fait de la chimiothérapie, on fait déjà l'accueil, il y a des clés qui sont déjà là. Mais quand on fait la formation, on fait beaucoup de jeux de rôle et c'est hyper intéressant moi je trouve.

25'48

Malika

Comment percevez-vous votre activité avant et après la formation d'ETP ?

139

25'51

 

Marie

Quand on fait la formation, on se rend vite compte qu'il y a quand même...que tout le monde ne peut pas faire de l'éducation et j'ai insisté là-dessus. J'ai présenté il n'y a pas longtemps...j'ai présenté un peu ce que je fais à l'IFSI. Et à la fin j'ai posé comme question : est-ce vous...vous voyez comme éducateur. Est-ce que s'est donné à tout le monde. Je ne suis pas convaincu, et d'ailleurs quand j'ai posé la question c'était des 2ème années...et voilà...j'ai dit : est-ce que ça vous intéresse, est ce que vous vous voyez faire ce genre de chose. Et plus d'un quart qui a répondu...ben...pas du tout. Et je...euh...ça ne m'étonne pas. Il faut quand même un côté relationnel, une approche...je pense que ceux qui travaillent en psychiatrie ont déjà ça encore plus naturellement.

26'36

Malika

Pour vous le soignant peut-il choisir de faire ou pas l'ETP ?

26'39

Marie

Ben...on est tous différent moi je pense. J'ai travaillé dans d'autres services avec plusieurs collègues, on a tous comme même des capacités différentes...des...je ne dirai pas de don...mais si...un p'tit peu quand même. On a des choses sur lesquelles on accède plus que d'autres. Par exemple, il y a des patients qui ont une capacité d'écoute plus que d'autres. Donc, certains soignants peuvent être en difficultés par rapport à ça...et...ça...ça veut pour les médecins, ça veut pour...en tant que personne...euh...c'est personnel...après c'est mal se connaître...je serai étonné que des personnes s'orientent à faire la formation si déjà d'emblée n'ont pas ces capacités d'écoute.

27'16

Malika

Pour vous. La pratique d'ETP relève d'un choix ?

27'18

Marie

On choisi ce métier au début. Les études puis on plonge dedans les premières années. Après on prend du recule. Je serai étonné si on s'oriente à faire de l'éducation et on s'aperçoit qu'on n'a pas cette capacité d'écoute...euh...mais après c'est personnel la vision des choses. Je ne sais pas si j'ai raison d'ailleurs. Après, moi ce que j'ai pu observé c'est...c'est une impression. Moi je vois bien qu'il y a des collègues qui ne seraient pas à l'aise de faire l'éducation thérapeutique. Et je trouve que c'est dommage de les mettre en difficultés et de ne pas apporter au patient l'écoute. Donc...ben...quand on fait le soin, parfois on est dans l'action...c'est vrai...euh...on est vraiment dans l'action. Et je trouve quand on est dans l'éducation...et ben...des fois ce n'est pas facile en fait. C'est un peu exagérer mais c'est vraiment laisser parler le patient...voila...se mettre un peu en arrière quoi...prendre le second rôle...vraiment. Le rôle soignant c'est autre chose, on travail avec les collègues, on prend pas les decisions seul, vis-à-vis du patient on est dans une position de soigneur, d'acteur voila.

28'03

Malika

Et quand avez-vous perçu ce second rôle ?

28'05

Marie

C'est vrai que le fait de faire la formation, je pratiquais déjà...euh...j'ai observé...mais on voit bien que ce n'est pas du tout la même chose. On voit bien qu'on n'est pas du tout dans la même posture. On voit bien que c'est complètement différent de faire de l'éducation au soin et l'éducation thérapeutique. Ce n'est pas du tout pareil.

28'23

Malika

Qu'est ce qui est différent pour vous ?

28'25

Marie

On fait parfois je discute avec d'autres collègues qui font de l'ETP, je vois bien qu'ils ne sont pas au second rôle...enfin je ne peux pas leur dire...ce n'est pas mon rôle à moi...mais...euh...il y a des gens qui font tout en 4 h. ce qu'on fait nous en 3 matinées...eux en 4 h. faire de l'éducation avec 10 patients en 4 h moi j'ai du mal. Je n'arrive pas. Déjà nous...par exemple on est obligé de couper de ceci et que des fois on pourrait y passer la journée quoi. Donc...euh...

28'55

Malika

Par rapport à quoi cette différence ?

28'57

Marie

Il y a une notion de temps qui est importante quand on fait de l'éducation...en fait quand on est dans le soin... on est toujours pressé. Des temps de passage des traitements, des temps de faire ceci cela. On n'a pas...il faut finir à telle heure et on commence à telle heure. Alors...dans l'éducation, cette notion du temps n'est pas gérée pareil.... Il faut prendre du temps, ...il faut laisser le temps aux patients, le temps de parler, ...on n'est pas pressé, il n'y a pas d'autres taches, on fait que ça sur la journée...sinon ce n'est pas de l'éducation... En soins, le temps est partagé entre les patients et les autres taches, déjà, il faut consacrer du temps à chaque patient, il y en a qui te prennent une demi-heure, d'autres un quart d'heure, d'autre voir une heure et si ce n'est pas prévu, ça déborde et on sera obligé de rester plus dans le service, ce qui peut engendrer le stress et tout ça...

29'32

Malika

Comment définissez-vous le moment de l'ETP ?

140

29'34

 

Marie

Les trois quarts du temps c'est les patients qui...qui interviennent et c'est ça l'éducation. On intervient après...pour rajouter des choses importantes voilà. En fait c'est les patients qui parlent à leur niveau bien sûr...euh...ils en ressortent des problèmes, ils en ressortent des solutions. Et c'est là...aussi que l'effet groupe est important. C'est à dire c'est souvent quand un patient est en train d'exposer un problème et un autre intervient... : Et ben...tient vous devriez faire si...vous devriez faire ça. Bien sûr nous on l'avait vu...on l'avait pensé évidement. Mais ce n'est même pas venu de nous quoi. C'est aussi important que ça vienne d'un autre patient. C'est vraiment un moment d'échange au sommet...quoi...

30'08

Malika

Et avant c'était comment pour vous ?

30'10

Marie

Euh...ben...je pensais comme certains soignants qui pensent faire de l'éducation thérapeutique. Et... en faite ils font de l'information...ils font tout...euh...très bien...euh...je n'ai pas aucun jugement là-dessus. Mais je me demande toujours si le temps de parole accordé au patient est suffisant.

30'27

Malika

Comment vous gériez votre activité avant ?

30'29

Marie

Ah...oui oui. Je donnais des documents et écrire au tableau et dire il faut faire si...faire ça. Je réalise que ce n'est pas ça de l'éducation. De toute façon quand on a fait la formation ce n'est pas ça qu'il faut faire.

30'42

Malika

Et qu'est ce qu'on vous a appris à la formation ?

30'44

Marie

Ben...déjà l'écoute. Et entre guillemets l'état des lieux, c'est-à-dire déjà avant de mettre le moindre truc, il faut faire un état des lieux. Qu'est ce qu'on va faire avec ce patient, où sont les besoins. C'est pour ça qu'on fait le diagnostic éducatif. Situer les besoins, les objectifs. C'est des patients différents qui ont des objectifs différents. C'est déjà à partir de là, si déjà on ne sait pas de quoi le patient a besoin, on ne peut pas apporter des choses. Si on prend un groupe de 10 et on dit ben voilà on va parler nanana et ben on sort tout ce qu'on veut dire. Il y a des gens qui savent déjà, ou bien, ils ne savent même pas ce qu'on veut dire. Il faut qu'ils y trouvent un intérêt pour qu'ils adhèrent.

31'24

Malika

Et après l'atelier vous faites quoi ?

31'26

Marie

Après l'atelier ETP, je...je viens ici, je dépose mon matériel, je classe mes documents et après je retourne me changer. Et c'est vrai que...à ce moment-là...c'est vrai...c'est complètement différent.

31'37

Malika

Qu'est ce qui est différent ?

31'39

Marie

Par ce que là...euh...allez up...j'enfile ma blouse et je change de casquette. Malgré que le jeudi après-midi je reste encore dans l'éducation thérapeutique...je vais faire de l'éducation des auto injections.

31'52

Malika

Vous restez dans la continuité ?

31'54

Marie

Oui oui je reste quand même dans la continuité. C'est sur la journée de l'éducation thérapeutique. Après je téléphone...je fait du recrutement...les dossiers...les rendez vous ...tout ça.

32'06

Malika

Vous n'avez pas de secrétaire ?

32'08

Marie

Non non on n'a pas de secrétaire, on fait nous même la partie administrative. Ce n'est pas la partie la plus désirée, ça nous prend beaucoup de temps, mais voilà il faut passer par là. Ce n'est pas non plus...mais...passer des coups de fil, faire de l'administratif... Voilà il faut le faire tout simplement ça...ça permet aussi une vue globale de la chose.

32'25

Malika

Et le suivi c'est comment ?

32'27

Marie

Alors justement. Déjà il y a le questionnaire de satisfaction. Et euh...en fait cette année ce qu'on veut initier...on s'est inspirer en fait de... j'ai rencontré...j'ai fait un échange avec une patiente ressource qui fait des ateliers sur Paris. Cette dame charmante en journée d'échange...moi j'adore les journées d'échanges avec les autres hôpitaux parce qu'en fait...je...je vais à la pèche aux idées...aux. Moi ça m'apporte à chaque fois et notamment...elle utilise en fait une fiche...elle rappelle les patients à distance. Elle pose quelques questions et voilà...elle fait de l'évaluation. Donc elle m'a gentiment donné sa fiche et je vais la retravailler puis la mettre en pratique.

32'59

Malika

Elle fait son propre suivi ?

33'00

Marie

En fait pour le suivi...euh...normalement on devrait refaire un diagnostic. Au niveau timing c'est un peu difficile. Ça prend du temps...euh...moi je passerai

141

 
 

trois quarts d'heure sur...mine de rien...et j'essaie de ne pas dépasser une heure avec chaque patient. Et après on a les retranscriptions. Je ne veux pas utiliser l'informatique devant les patients. Donc ça prend 1/4 d'heure 20mn. C'est vrai que...faire revenir les gens pour discuter ce n'est pas évident. Les gens ne sont pas forcément disponibles c'est vrai. Il y a des gens qui viennent de loin. Donc j'ai trouvé que c'est assez pratique le suivi au téléphone pour tout le monde en fait.

33'42

Malika

Avez-vous un modèle de diagnostic éducatif ?

33'44

Marie

Une base de diagnostic pour tous les programmes ETP sur l'hôpital et le reste chaque service à fait son programme d'éducation.

33'49

Malika

Comment abordez-vous les patients en dehors de l'éducation ?

33'51

Marie

En fait en dehors de l'éduc, la relation diffère, le patient reçoit les soins, on n'a pas vraiment d'échange. Je n'ai pas le temps pour les patients, oui surtout quand je suis en chimio et quand on vient me poser une question. Je me rappelle un mercredi je faisais des dépistages et tout...et un patient m'a interpellé. C'est vrai qu'on n'a pas la même casquette à ce moment là. Et le changement tout de suite machin...ce n'est pas toujours évident...c'est difficile, il faut bien être au claire.

34'08

Malika

Par rapport à qui?

34'09

Marie

Et ben par rapport à moi déjà puis aux patients.

34'11

Malika

Vous dites quoi à ce moment ?

34'13

Marie

Je dis au patient, ce n'est pas le moment de répondre et qu'ils m'appellent le jeudi je suis là pour ça et c'est plus facile pour moi.

34'18

Malika

Dès que les patients vous voient ils s'adressent à vous ?

34'20

Marie

A oui oui bien sûr dès qu'ils me voient en dehors de l'éduc, ils ne se disent pas là...elle est en soin. Et ils ne savent pas forcément...euh...quand ils me croisent dans le couloir, ils ne savent pas forcément que je suis en train de passer une chimio juste à côté. Si je ne suis pas disponible. Je leur dis voilà. Donc...euh...il y a des fois où il faut se rendre disponible aussi c'est selon la demande. Si c'est quelque chose quand même on ne va pas laisser les gens. Je renvois vers mes collègues...vers le médecin.

34'47

Malika

Vous êtes la seule référente dans le service ?

34'50

Marie

Oui parmi les 7 infirmières à l'HDJ, je suis la référente principale et maintenant j'ai une collègue...elle a commencé quand...oui...depuis décembre on va dire qu'elle m'a rejoint.

35'00

Malika

Vous avez géré toute seule les années d'avant ?

35'02

Marie

Oui oui avant, j'ai géré toute seule. C'est aussi c'est pour ça qu'on a choisi d'être à deux à cause des vacances. L'année dernière...ah...oui...j'ai dû me faire opéré...voilà...un truc pas grave et tout...mais ben...en fait quand j'étais en arrêt...voila...euh...c'est un peu le feu artistique quoi. C'est rare mais ça arrive.

35'19

Malika

Comment vous vous organisez si tous les soignants de votre service sont formés à l'éducation ?

35'24

Marie

Je suis lucide que ce n'est pas possible. C'est surtout un budget...euh...au jour d'aujourd'hui...euh...on est à l'hôpital quand même. Je suis quand même assez lucide que ce n'est pas possible. Il y en a aussi ceux qui ne vont pas aimer. Après il y a des collègues qui n'aiment pas faire ça. Puis on ne peut pas être trop à faire ça déjà. Si on était 5 ou 6 à faire ça...ce n'est pas possible on perd le fil. Pas au niveau des patients parce que la posture une fois qu'on l'a on l'a. Mais au niveau de la gestion administrative ... paperasse...voilà.

35'55

Malika

C'est le changement d'activité qui fait peur ?

35'57

Marie

Oui il faut remettre à jour son...ses connaissances aussi...et...c'est que les jeudis. Quand même ce n'est pas rien il faut suivre quand même.

36'07

Malika

Un temps de 20% d'ETP est-il suffisant pour la gestion de l'ETP ?

36'10

Marie

Ça dépend des périodes il y a des moments où il faudrait plus d'une journée d'ETP par semaine. C'est un peu juste et puis il y a d'autre moment...voilà.

36'15

Malika

Pourriez-vous me parler de votre activité de soignante ?

36'17

Marie

A l'hôpital du jour...euh... la matinée cancérologie...en fait...il y a des gens qui viennent pour la chimio...les gens qui ont des scléroses en plaques pour un traitement en IV, des gens qui souffrent de polyarthrites, des maladies de crohn, et certains examens qui doivent se faire dans la journée...voilà. Ensuite on

142

 
 

fait la chimiothérapie des cancers gastro, ORL, hématologie qui viennent faire leur chimio...en fin le suivi de tout ça. on fait le suivi de tout ça. On prend les constantes, donne les traitements sous perfusion, on surveille si complication, on appelle le médecin, on répond au téléphone, on gère le dossier du patient, on fait les transmissions écrites...

36'41

Malika

Si on vous propose d'être à 100% en éducation ?

36'43

Marie

Là...je ne sais pas si je voudrai faire que de l'ETP. Parce que j'aime aussi ce que je fais en...en cancérologie. En fait se sont deux activités différentes que j'aime ...euh...mais si je devais faire un choix entre les deux. Je serais bien embêtée.

36'58

Malika

C'est comment par rapport à votre identité ?

37'00

Marie

Une identité de soignante ...avant tout...avant tout oui, de base oui, c'est sur. Bien sûr. Après j'ai développé des qualités d'éducatrice qui étaient déjà présentes le fait d'être soignante. Ça c'est sûr. Et il y a une partie dans ma pratique qui s'est améliorée...euh...l'écoute, l'organisation...C'est vrai que c'est deux choses différentes. J'aime les deux. L'éducation...c'est peu être un complément.

37'23

Malika

Au niveau identitaire que représente les deux activités pour vous ?

37'26

Marie

L'éducation pour moi c'est valorisant en tant que soignante. Parce que soignante on va dire dans un service classique euh...on n'a pas toujours le retour. Quand on fait de l'éducation moi je trouve qu'on a beaucoup de retour. De part la part administrative, on demande aux patients s'ils sont contents. Si je fais une chimio à un patient, au moment ou il part... je lui demande pas...alors ça vous a plu cette journée avec moi, est ce que vous êtes satisfait,...je ne parle pas de l'ambiance, est ce que ça vous a plu machin. Je vois bien que la journée c'est bien passée. Moi je suis contente parce que le patient n'a pas souffert, je me suis bien organisé, il ne part pas tard, c'est très bien. C'est valorisant...c'est hyper valorisant...on n'a pas forcément le même retour c'est dommage...moi je trouve.

38'04

Malika

Le patient perçoit-il le changement dans votre rôle ?

38'07

Marie

En fait, le patient voit en moi l'éducatrice, pas la soignante, et du coup je le sens plus proche. Parce qu'il y a le lien qui s'est crée de part sa participation aux ateliers. De part le diagnostic éducatif aussi. C'est intense. Donc il y a une complicité, le patient se sent plus proche de moi et c'est réceptive du fait...ben...il m'a vu dans cette posture d'écoute...de...voilà. C'est peu être à tord par rapport à d'autres collègues parce que c'est dommage. C'est vrai je le sens des fois, ils viennent me solliciter plus par rapport à mes collègues. Mais je comprends aussi. C'est aussi mon rôle...je suis bien référente en éducation thérapeutique. Ça les concerne et ça fait partie de mon rôle. Ils le savent aussi et quand je me présente je me présente comme ça.

38'43

Malika

Je reviens à votre identité actuelle ?

38'45

Marie

J'ai...j'ai acquis des choses de part cette formation d'éducatrice, de part aussi de mettre en pratique. C'est bien jolie qu'on a cette formation c'est chouette. Mais il faut pouvoir mettre tout ça en pratique...voila. Moi j'ai de la chance de pouvoir mettre tout ça en pratique. C'est souvent...c'est sûr que ça modifie certains domaines dans ma pratique. Je dirais de l'influence...ça questionne quand même mon identité. Quand on fait cette formation et quand on la met en pratique on développe vraiment cette capacité d'écoute.

39'13

Malika

Il y a eu un changement dans vos pratiques ?

39'16

Marie

Un p'tit peu oui... forcément, il y a eu un changement dans ma pratique en tant qu'infirmière. Après...euh...il y a quelque chose que je mets en pratique tout le temps même dans ma vie personnelle.

39'25

Malika

Ce changement par rapport à quoi vis à vis du patient ?

39'28

Marie

J'essaie de le rendre plus actif. Il participe plus. Il communique plus. Il parle de sa maladie. Moi je mets plus d'écoute. En fait c'est un peu compliqué parce que moi tout s'est fait en même temps. Je suis arrivé en cancérologie après j'ai commencé l'éducation. Tout s'est un peu imbriquer mais ce qu'on fait à l'hôpital de jour c'est des maladies chroniques. Avant de faire des chimio on prévient des effets secondaires. On donne des conseils à suivre...En fait c'est une forme d'éducation...c'est une éducation au soin. On évalue, on éduque à la cure. C'est ce qu'on fait maintenant en faite c'est les mêmes pratiques...en gros.

39'58

Malika

Et au niveau de l'organisation c'est comment ?

143

40'00

 

Marie

On est toute seule en ETP. Autonome. Responsable quoi...On se débrouille comme on peut...Aussi au moment du soin...mettre à plat les prescriptions ça fait partie aussi de mon travail. Je suis infirmière...ce n'est pas frustrant...après c'est agréable d'être autonome aussi et ne pas avoir de pression. Après je suis contente de faire toute seule mon travail comme à l'ETP mais je connais mes limites.

40'22

Malika

Qu'est ce qui a changé pour vous ?

40'25

Marie

C'est différent maintenant à l'hôpital de jour on est assez autonome avec les patients du début à la fin. Le rôle propre est bien développé moi je trouve. On prend des initiatives...la réflexion...l'organisation surtout. C'est pareil... dans ma vie privée je suis devenu plus qu'avant...euh...on passe notre temps à organiser, à savoir ce qu'on doit faire en premier, en second...donc c'est surtout ça...ça...ça.

40'45

Malika

Vous voulez dire ça se développe ?

40'47

Marie

A oui oui ça se développe. C'est des capacités qui se développent... qui évoluent.

40'51

Malika

Comment voyez-vous votre approche actuelle pour le soin, pour le patient après la pratique d'ETP ?

40'55

Marie

Les éducations pour les auto- injections forcément sont influencées par ma posture d'éducatrice. Après je ne peux pas faire que ça. C'est quand même un planning et forcément...comment dire...je m'inspire...je m'inspire sur ce que je fais en éducation... c'est de la formation quand même. On n'est pas au même niveau. Je dirais qu'on s'inspire. On n'a pas la même posture quand même.

41'18

Malika

Pouvez-vous me retracer un peu votre organisation à l'HDJ ?

41'21

Marie

Depuis qu'on pratique l'éducation on a changé d'organisation, maintenant, sur la journée on est échelonné. On est 5 à 6 infirmières dont une infirmière en programmation qui gère que la paperasse...euh...les coups de fil...reprogramme les patients des collègues, prépare les dossiers pour le lendemain voilà...Ce n'est pas évident...euh...on est au top de l'organisation ici.

41'38

Malika

Qu'entendez-vous par au top de l'organisation ?

41'41

Marie

Ça tourne...et puis après dans la journée on arrive à des heures un peu différentes. Il y en a qui arrivent à....à 9h. Une à 9h et demie. Une à 10h et une à 10h et demie. Et puis on prend en charge nos patients du début jusqu'à la fin. On fait toutes les pathologies. Tous les jours il y a quelqu'un qui reste jusqu'à 19 h.... et...Mais en éducation on est seul. Là par exemple ce matin je suis arrivé à 9h...il n'y a pas de relève... je travaille toute seule du début à la fin.

42'03

Malika

Et avant?

42'04

Marie

Avant...quand ont été à l'étage il y avait un coté médecine un coté cancéreux. Et on a toujours fait les deux. Mais il y ceux qui faisaient que coté médecine voilà...elles sont moins à l'aise avec les prises en charge hors médecine parce qu'elles ne connaissent pas. On ne travaille pas en équipe forcément...mais si on travaille quand même en équipe. On se relaye pour des patients. On est là les unes pour les autres en cas de besoin. Mais ce n'était pas aussi organisé.

42'31

Malika

Et c'est comment l'organisation avec votre collègue ?

42'34

Marie

Euh...ben...il y a des moments on se laisse des p'tits mots. On s'appelle. Moi j'ai un agenda... on essaie de faire un agenda un peu plus général pour écrire des choses.

42'45

Malika

Que représentent pour vous les mesures éducatives ?

42'47

Marie

Euh...déjà c'est les programmes d'éducation...euh...aussi la technique qu'on apprend en formation de 40h comme l'écoute la reformulation, laisser le patient parler, découverte des compétences, aussi rendre le patient acteur. Avant le patient il subissait le soin on va dire maintenant, il a son mot à dire, en fait ce n'est pas la même prise en charge...euh...avant on l'éduqué aux médicaments, au soin sans plus. On lui ne demande pas son avis, s'il a des questions on répond, mais sans un vrai échange...aussi là on fait le diagnostic éducatif, il y avait pas ça pour les maladies chroniques...c'est tout un parcours éducatif de l'accueil jusqu'au suivi et stabilisation on va dire.

43'22

Malika

Comment procédez-vous à l'évaluation de l'activité éducative ?

43'25

Marie

En fait, on n'a pas d'outil d'évaluation de l'activité je pense...euh...l'évaluation de l'atelier je le fait avec le questionnaire, mais notre travail, je ne sais pas on n'a jamais évalué.

43'44

Malika

Vous avez des choses à rajouter ?

144

43'46

 

Marie

C'est une activité dans laquelle je m'épanouie. ...Je me considère plus ...dans l'aide, dans l'accompagnement que dans le soin. C'est plutôt un accompagnement là. On soutient, on propose, on a un rôle d'écoute. Je dirai qu'on passe énormément de temps à écouter...écouter... reformuler. Et souvent on se rend compte que les solutions viennent des patients eux-mêmes. Aussi, le fait de changer un peu de casquette...euh...parce que le fait d'être soignante notamment je dis c'est quand même assez puissant. La maladie chronique ce n'est pas quelque chose de simple n'en plus. Mais voilà c'est quelque chose qui me plait. Je trouve que c'est assez...assez...formateur. Faire un atelier c'est un rôle formateur.... C'est un bon moment rien que de voir les patients partir avec le sourire...je suis ravie. ...c'est un retour. En soin on a les deux rôles, le prescrit et le propre...euh...en éducation, c'est le rôle propre, on est autonome. Finalement c'est bien de mettre en pratique ce qu'on connaît par rapport à l'autre activité...En fait elles se complètent assez bien. Faire un atelier c'est vraiment un moment que j'adore quoi. C'est un bon moment rien que de voir les patients partir avec le sourire...je suis ravie. C'est super égoïste...oh lala...ce que je dis. Mais c'est un retour. On est quand même dans une profession ou on donne beaucoup de nous et on n'a pas toujours...euh...ce retour un p'tit peu...un peu de considération voilà. On sent quand même...que voilà...une valorisation et c'est vrai que dans l'éducation thérapeutique on a beaucoup ça plus qu'en soins. C'est complètement différent la relation.

45'52

Malika

Merci pour cet entretien et bonne continuation.

145

Script de l'entretien avec Infirmière en unité de Diabétologie
Hôpital de Blois

Entretien réalisé le 08/06/2015

Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes, si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous influencer.

0'00

Malika

C'est quand vous voulez!

0'01

Laura

D'accord...j'ai 36 ans, je suis infirmière. Ça fait 12 ans que je suis déjà en diabéto...et référente en éducation depuis 2011.

0'05

Malika

Avez-vous travaillé dans d'autres services ?

0'07

Laura

Oui, en médecine interne. En fait, cette unité relève du service de médecine et on prenait en charge les patients diabétiques, il n'y avait pas cette unité de diabète avant. Tous étaient ensemble. Donc, j'ai fait trois ans en service de médecine ensuite au moment où on s'est dit : on passe à l'aide médicale, il y a douze ans, j'ai voulu être dans cette unité de diabétologie.

0'22

Malika

Le travail D'ETP représente-t-il un choix pour vous ?

0'24

Laura

Oui. En fait, on n'avait pas vraiment le choix. Au départ, on était l'aide médicale. Donc c'est déjà ça et puis on a changé, on a parlé de l'éducation thérapeutique dans tout l'hôpital en 2011, et, on a changé de contenu. Et on a établi des programmes d'éducation et on a crée l'unité de diabétologie, avant les patients diabétiques c'était pour la médecine.

0'33

Malika

La pratique d'ETP relève-elle d'une prescription médicale dans votre service ?

0'35

Laura

Oui, forcément, c'est le médecin qui voit le patient d'abord, ensuite il le dirige vers nous pour commencer l'éducation...euh, mais nous on peut proposer l'éduc, si on voit que le médecin n'a pas encore eu le patient. En diabéto, le patient vient pour un séjour. Donc, nous on commence l'éduc même si le médecin ne l'a pas prescrit, il est au courant bien sûr.

0'48

Malika

Par quoi est représenté ce changement de l'aide médicale à l'éducation thérapeutique ?

0'51

Laura

En fait, avant on faisait le questionnaire. Je sais faire. Je ne sais pas faire. Donc après, on a changé un peu la méthode. Tout ça...ça a évalué. Au fil des années, on s'est plus adapté aux besoins du patient... on a changé un peu de méthode tout ça...ça..., on s'est plus adapté aux besoins du patient qu'on lui impose à faire. Avant, c'est vraiment : faites 3 glycémies..., faites 6 glycémies par jour...Maintenant, on a dit : qu'est-ce que vous êtes en mesure de faire... On a changé de formulation des questions. Ce n'est pas des questions fermées : oui, non, machin... Ce sont plutôt des questions ouvertes. Enfin, mais ça...on l'a travaillé avec la formation en éducation qui a pris plus de place à l'hôpital et dans...dans partout, je n'pense pas qu'à l'hôpital.

1'26

Malika

Comment définissez-vous l'information de l'éducation et de la persuasion ?

1'29

Laura

C'est vrai qu'il a un apport d'information dans le but ensuite de pouvoir réfléchir à quelque chose et pouvoir prendre conscience de ce qu'on fait...euh...pourquoi on le fait et qu'est ce qu'on peut en tirer. Parce que pouvoir faire des glycémies ce n'est pas facile...et si on ne fait rien derrière...ça ne sert pas à grand-chose. Le conseil, on peut le faire sans éducation, à moins qu'il réponde à un besoin éducatif, oui, donner...donner...ce n'est pas faire de l'éducation. Donc automatiquement l'éducation vient après l'information. C'est beaucoup de l'apprentissage à réfléchir. Si tu donnes toutes les informations au DG...oui je veux dire le Diabète Gestationnel. Et elles font ce qu'elles veulent...après c'est à elles aussi...l'éducation ça se commence dans un deuxième temps. Elle ne se fait pas comme ça. Mais la persuasion, je ne pense pas que ça marche si un patient refuse de s'injecter, quoi qu'on fasse on ne peut pas le convaincre, il vaut mieux discuter ensemble et trouver une méthode d'aide qui le conviendra le plus à mon avis.

2'25

Malika

Que représente pour vous l'éducation thérapeutique ?

2'27

Laura

Pour moi c'est la seule méthode qui aide le patient à prendre en charge sa maladie et vivre avec on va dire. En éducation on passe vraiment par cette phase de conseil. Parce que nous en tant qu'infirmière déjà, pouvoir éduquer et pouvoir réfléchir sur ce qu'on fait ou sur ce qu'on va obtenir comme résultat, il y a

146

 
 

quand même des incontournables en éducation thérapeutique. C'est-à-dire que s'il y a un traitement sous insuline, il faut bien apprendre à se le faire. Si c'est une glycémie...de toute façon il faut savoir lire la glycémie ou en tout cas...devant un lecteur, ils vont comprendre le chiffre.

2'56

Malika

Avez-vous suivi une formation pour la pratique ETP ?

2'59

Laura

Oui, oui une formation de 40h. c'est programmé par l'hôpital. En fait dans cette unité de diabéto, on est que 6 infirmières formées en éducation parmi 24 infirmières entre médecine et diabéto. Donc on est les seules référentes.

3'08

Malika

Avez-vous des journées spécifiques à la pratique ETP ?

3'10

Laura

Le groupe c'est le mercredi matin, il y a le psychologue qui est là. Le jeudi matin, il y a l'atelier diète. On redonne les bonnes bases. C'est pareil ça dépend du public. C'est des généralités sur les aliments, sur les associations. Sachant que ces gens on les voit d'abord individuellement pour personnaliser. Tout le monde ne mange pas trois fois par jour. Il y des gens qui travaillent en équipe...voila. Ensuite on les voit en groupe. Ensuite jeudi...il y a l'atelier pieds. Le médecin note les patients qui ont besoins...enfin qui semblent. Après il va y avoir une demande pour le psychologue...il y a le groupe...il y a l'individuel. Aussi là...c'est le psy qui voit en fonction du passé...un p'tit peu de ce qui est noté dans le dossier médical. Le kiné est demandé ponctuellement pour des gens qui ont des problèmes de la réadaptation...à...à la marche... quelque chose comme ça. Pour l'activité physique pure, il n'y a pas de kiné. Parce que malheureusement dans certains jours on n'est pas prioritaire. Nous...on leur propose les plaquettes...on peut prendre contact pour eux. Libre à eux après de s'y rendre ou pas voilà. On leur donne des informations...ils n'ont pas de prise en charge au niveau du transport...donc ce qui fait que...voilà.

4'29

Malika

Comment procédez-vous à la réalisation de l'ETP ?

4'31

 

Moi je suis là en consultation. On a le temps de recevoir les patients. On ne fait pas d'autres soins effectivement qui nous rappellent en timing on va dire. Mais après...ça commence dans les chambres...le but c'est quand même c'est que ce soit en continu dans la chambre ou débuter en chambre. C'est vraiment un lien avec le diabétologue ...avec le psychologue...ça peu etre le kiné. L'éducation thérapeutique sur l'activité physique par exemple. Le fait qu'il est dans la chambre, ma collègue ne va pas lui dire enfin...qu'il est bien au lit en fait...euh...c'est vraiment un travail de groupe...c'est dans la continuité. On ira les voir dans les chambres, on parle du diabète, de leur vie de tout les jours, de leur entourage, de leur famille, s'ils connaissent le diabète ou pas. Ensuite une fois le patient mieux, on commence le l'entretien éducatif. Danc moi j'interviens là, je commence le diagnostic, donc mon rôle en second plan, on ne va pas lui proposer l'éduc le premier jour.

5'12

Malika

Comment gériez-vous avant d'introduire de l'ETP dans le service ?

5'15

Laura

En fait, avant on n'était pas à l'éducation thérapeutique. Le médecin voyait le patient en consulte. Nous, nous, on le voyait une demi-heure avant. On faisait une glycémie, on lui demande de faire pipi dans un...dans un p'tit pot pour l'albuminurie, une prise de sang... En fait, tout ce qui est lié potentiellement avec les complications du diabète. On faisait l'électrocardiogramme...En fait, c'était un peu speed. C'est le bazar, on va dire. Dans la consulte, il fallait...ben...on dépatouillait, la consultation médecin en gros...on va dire ça. Ensuite, il y a eu une amélioration sur les lecteurs de glycémie. Avant, on faisait les moyennes tout seul, on faisait les tests...voilà. Tout ça, on n'avait pas besoin de le faire. Maintenant c'est la machine, et, même le patient peut le faire, c'est pour ça que l'on fait recours à l'éducation pour que le patient devienne autonome et tout ça.

5'57

Malika

Comment se passe l'organisation de l'ETP dans le service ?

5'59

Laura

En fait, on ne travaille pas en même temps. C'est un planning. Par exemple moi là je fais l'éducation pendant 2 mois consécutifs, après c'est le tour d'une autre collègue et moi je ferai que les soins. En fait en gros je suis éducatrice que deux mois dans l'année on va dire.

6'11

Malika

Et vous arrivez facilement à basculer entre les deux activités ?

6'13

Laura

Ben, non au début c'est dur après on s'habitue forcément.

6'15

Malika

C'est dur par rapport à quoi ?

6'16

Laura

Par rapport aux taches. Les soins et l'éducation ce n'est pas pareil déjà. En soins je commence à 6h30, les trans, les médoc, les pansements, la tournée avec les médecins, le stress, la gestion du temps, des fois ça déborde sur des heures sup voila. Euh...mais en éduc, déjà j'arrive à 9h et je fini à 17h. je ne suis pas lié au timing. Si un peu mais pas de stress comme en soin.

147

6'35

 

Malika

Comment se déroule une activité ETP ?

6'37

Laura

En fait c'est les patients qui parlent la majorité du temps. C'est le patient qui emmène les informations et nous on répond sans ce coté pouvoir ou savoir. Logiquement sur l'éducation, nous, on amorce. Mais c'est quand même lui qui nous donne les éléments. Après on réajuste en fonction de ce qu'il nous dit et de ce qu'il a envie. Est ce qu'il n'a pas envie, est ce qu'il a besoin. On ne va pas lui emmener. Enfin moi, en éduc, on n'a même pas toutes les informations. Je veux dire que des fois par barrière de compréhension ou de langue, on ne rentre pas dans les mêmes détails que certaines personnes. Il y a des patients qui ne veulent pas savoir comment marche le pancréas par exemple. Il y en a qui me disent non...D'accord, moi je leur dis pourquoi je suis là... pourquoi je les prends...et je leur demande de ce qu'ils attendent de moi...de ce qu'ils connaissent. Je ne veux pas leur donner...D'ailleurs, il y a qui ont du diabète depuis 40 ans, je ne vais pas leur demander s'ils savent faire une glycémie. Je me doute a priori qu'ils font des glycémies. Donc je ne vais pas leur réapprendre s'ils le font bien. Mais...ça, on se rend compte au fur et à mesure au cours de l'entretien. Je me dis : tiens s'il procède comme ça, c'est normal que ça ne donne pas les bons résultats. Mais je ne vais pas lui expliquer la surveillance glycémie. Il y en a qui ont du diabète avant que je sois née d'accord. Toutes ces compétences là je ne les revois pas, je les mets sur le diagnostic éducatif. Mais je vais travailler d'autres compétences. Je sais qu'il a un appareil et qu'il sait faire et tout ça.

7'48

Malika

Comment définissez-vous votre rôle éducatif ?

7'50

Laura

...On l'oriente, on répand à ses soucis, on l'accompagne dans sa maladie, pour qu'il retrouve on va dire sa nouvelle vie. ...pour lui ça ne va être comme avant, forcement. Et toutes ces infos qu'on donne doivent être adaptées à la personne diabétique. Les conseils sur les apports en général qu'il faut... Pour lui c'est nouveau, c'est de l'apprentissage. Et c'est de notre rôle de lui apprendre à gérer sa maladie. C'est lui l'acteur. C'est un rôle éducatif. Nous on est au second rôle. L'activité infirmière c'est différent. C'est curatif, c'est un rôle prescrit, nous on est acteur, on décortique les prescriptions en gros...c'est du concret.... Euh... il n'y a pas d'échange, pas d'apprentissage pour le patient...euh... le rôle éducatif, c'est une activité ou on a plus d'autonomie sans pression, ...ça complète l'activité soignante, c'est valorisant, ça rend pédagogue, il faut aimer...en fait c'est un tout, ça apporte beaucoup pour notre activité, ça guide notre façon de voir le patient, on n'est plus dans le jugement s'il ne s'est pas faire, ça nous rend plus compréhensif...voila.

8'16

Malika

Tous les patients atteints de diabète gestationnel participent au groupe ETP ?

8'19

Laura

En groupe les patients participent d'emblé...euh ...on a des groupes ou très mal ou très bien ou un peu...du coup on adapte.

8'24

Malika

Quelle est la durée des séances éducatives ?

8'25

Laura

Les séances individuelles c'est lundi, mardi et vendredi ça dure...euh... de 45mn à 1h. En groupe...on a deux programmes, le DG et les autres...les ateliers durent à peu près trois heures et demi. Les DG c'est 2h 30... Euh...il y en a...je ne prends pas de p'tit déjeuner, il y en a ...que des boissons sucrées. On a une dame qui mange en continu...en continu...elle va au supermarché, elle ne pouvait même pas ramener ses courses jusqu'à la maison, elle fait que manger. En fait... quand on a ce genre de situation...on n'va pas détaillé... l'acide pas essentiel...voila. On s'adapte. En fait l'éducation thérapeutique c'est aussi avoir la capacité de s'adapter...voila.

8'57

Malika

A quel moment vous intervenez pendant l'activité ETP ?

8'60

Laura

En individuel, ...je lui apporte les connaissances, je l'accompagne dans son apprentissage...c'est moi qui gère... moi je travaille sur pourquoi le diabète est perturbé. Après, il m'explique qu'il fait son insuline toujours au même endroit et quand il se souvient de la faire. Là, moi je peux rebondir sur ça et je travaille là-dessus. Mais spontanément, je ne vais pas prendre le catalogue dès le début. C'est quand même quelqu'un qui connaît sa maladie. Qui sait à peu près faire ses dextros...son insuline...voilà. Il vit ça au quotidien. En groupe, si avec la diète, elle apporte sa partie, moi je note si besoin, j'interviens si ça à un lien avec la physiologie...si avec le médecin, pareil...après moi je rajoute des explications si besoins...c'est vrai que je n'interviens pas beaucoup, mais chacun son rôle. On peut apporter des conseils ou des réponses supplémentaires si a besoin à un moment donné. Parce que s'il est là c'est qu'il a quelque chose qui cloche. Au niveau de la prise des trois mois ou en est-il. Il va vous dire que ça a augmenté. Donc, on essaie de creuser pourquoi...voilà. Ça peut être lier à je ne sais pas moi. On peut partir sur plein de pistes. Ça peut être le stress...euh...à ce moment on essaie de savoir qu'est ce qui se passe...voilà. Des fois, il en a mare...euh...il en peut plus en ce moment, il a un peu lâcher prise sur l'alimentation...sur l'activité sportive. On s'aperçoit qu'il n'y a pas

148

 
 

de contrôle. Qu'est ce qui fait qu'il n'y a plus de contrôle..,voilà. C'est souvent quand même un contexte général.

9'58

Malika

Pouvez-vous me décrire votre activité pendant une journée d'ETP ?

10'01

Malika

J'écoute les transmissions pour voir un peu..,je ne peux pas commencer sans savoir..,souvent on se parle un p'tit peu..,et puis ma collègue me dit..,il faudra le voir parce qu'il connaît rien..,ni à la physiopathologie ni au diabète..,ça ça va être des infos. Ensuite on va apporter un peu les outils pour savoir un peu ce qui se passe. Ensuite on fera de l'éducation..,voilà.

10'22

Malika

De quels outils s'agit-il ?

10'23

Laura

Sur une découverte je le vois en chambre..,les représentations qu'il a..,est ce qu'il a un grand père qui a un diabète. Je dessine sur le tableau. J'explique c'est quoi le rôle du pancréas..,comment se fait l'absorption du sucre en gros..,tout ça. Et après seulement on fait de l'éducation parce qu'il faut d'abord faire le point..,puis après..,forcément..,ce que je dis c'est un peu speed. Il va retourner dans sa chambre, il va encore avoir des infos..,c'est une façon de dire mais c'est quand même c'est des choses qui vont être répétés. La glycémie..,les mots déjà..,parce que rien que les mots..,glycémie..,glycémie capillaire..,je ne sais pas moi..,l'hémoglobine..,et il va entendre des choses comme ça. Il n'va pas tout retenir d'emblé. Ça va être répété..,répété. Et puis tout ce qu'on fait..,on transmet sur le dossier patient.

11'05

Malika

Comment procédez-vous au choix des thèmes en ETP ?

11'08

Laura

Le choix des thèmes en séance individuelle, ça diffère d'un patient à un autre. Par exemple hier, j'avais un patient qui est arrivé..,je lui dit..,c'est bon alors la surveillance glycémie..,mais alors ce patient sans insuline retard rien du tout..,il mange des repas complètement farfelus, l'activité physique néant. Enfin rien..,il ne bouge pas..,donc lui d'emblé..,il va rien faire. Donc..,lui..,on se dit : est ce qu'on peut en tirer un peu de positif. Qu'est ce que vous seriez près à faire en négociation un peu voilà. Là où il peut nous aider. Nous..,on peut faire le traitement. Mais après..,lui à domicile..,il faut que les choses se poursuivent. Il a dit par exemple..,moi l'activité physique c'est hors de question voilà. Donc ce n'est pas la peine de proposer d'emblé..,euh..,lui.., il l'a dit c'est ça..,donc ce n'est pas ça qu'on va travailler..,s'il n'est pas près..,il n'est pas près voilà. Quand même on peut entendre ça. Il y a des gens qui ont des activités..,ce n'est pas évident même s'il faudrait faire 3 injections d'insulines. Pour l'instant à défaut de tout lâcher ou de ne rien faire c'est mieux. Si on l'oblige ça va le faire un mois deux mois et après on voit que ça décroche. Par contre le DG..,là c'est vrai que c'est un peu urgent. Je vois que le DG..,elle..,elle réalise qu'il y a un bébé..,ils sont deux..,

12'08

Malika

Proposez-vous l'ETP à tous les patients atteints du diabète ?

12'11

Laura

Sur la chronicité..,on a le temps de travailler l'ETP. Je veux dire qu'on n'est pas à 15 jours. Ce n'est pas en 15 jours qu'il va mettre sa vie en péril. Il y en a qui n'font jamais tout seul. Ça va être une infirmière à domicile. Ce n'est pas grave c'est à nous de s'adapter en fonction d'eux..,Il y en a qui ont des troubles..,à nous de s'adapter à..,à ceux qui ont des troubles cognitifs..,ou une incapacité de faire une injection tout seul..,ou parce qu'ils ne veulent pas..,ou parce qu'ils ont peur. Moi..,je vois..,il y a un monsieur qui a été hospitalisé plusieurs fois. Je lui ai expliqué.., ré expliquer en plus de l'éducation..,mais rien à faire..,là..,il faut juste mieux trouver quelque chose pour que le diabète reste équilibré..,qu'il soit bien traité. C'est l'horreur..,qu'il dit. Là..,c'est plutôt que l'information..,c'est ce qu'on peut faire pour lui. Il y a une dame qui dit qu'elle a peur de l'aiguille..,donc on lui montre..,on lui explique..,on lui montre sur un autre patient..,on essaie de trouver autre chose. C'est-à-dire dans la chambre..,c'est elle qui le fait. On reste à côté et une fois que ça se passe bien..,voilà. C'est difficile pour les gens d'emblé comme ça d'adhérer à tout. Et puis des fois ça marche deux à trois semaines et puis à la maison..,ben..,c'est différent..,euh. En fait c'est il y a tellement de choses qui rentrent en jeu qu'il ne faut pas passer à côté.

13'22

Malika

Que représentent ces choses?

13'23

Laura

Et ben. En ETP, ça peu être émotionnel, le coté familier, le coté de rythme de vie, il y a tout plein de choses. Il y aussi le coté financier pour l'alimentation. Nous on est bien attentif à tout ça, on travaille sur ça en ETP. En soin on n'a pas le temps d'aborder ses choses, on est plutôt centré sur l'acte médical, pas sur le patient. Le temps n'est pas géré pareil, je dirai on est plus relaxe en éducation. On va essayer de trouver avec le patient quelque technique qui nous aide pour que ça évolue favorablement. Il faut qu'on ait une alimentation standardisée, une hygiène de vie, un peu d'exercice physique ça peu être la marche par exemple pas forcement en club. Voila. Et tout ça pour avoir un diabète un peu équilibré on va dire parce que sur la chronicité ce n'est pas évident de

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rester sage on va dire. Et tout ça pour nous ce n'est pas juste des orientations simples. Ce sont des orientations qui pèsent dans la balance. Ce qui apporte finalement un impact réel sur et sur l'équilibre glycémique et sur...pour la personne.

13'58

Malika

Comment vous recrutez ces patients ?

13'60

Laura

Le patient quand il vient ici il est adressé par le médecin diabéto encore souvent par un médecin traitant...ou des urgences. Et puis nous, on démarre l'entretien, on leur dit qu'est ce que vous attendez de l'hospitalisation. Qu'est ce que j'attends : là déjà ils ne sont pas encore acteur. On lui dit de venir, il obéit, puis, ils finissent par le dire...ben oui je m'étais quand même aperçu que ce n'était pas terrible les résultats ou voilà. On a la barrière le patient ne veut entendre que le médecin. Mais il faut qu'on règle tout. Comment on va retourner...Finalement le patient il se met comme même dans le mouvement. C'est-à-dire on se dit quand même qu'il va pouvoir être acteur de ce qui se passe quand même. Et puis, il y en a qui disent d'emblé, moi je ne suis pas médecin, moi je veux régler le problème. Il faut mettre les choses à plat et tout voilà. Mais ça c'est tout au début. Ça dépend du début s'il passe en urgence et, de l'urgence il vient, ou c'est la nuit qu'il arrive, ou par l'intermédiaire d'une consultation programmé, pas programmé, envoyé par...enfin...ça c'est à nous justement dévaluer au tout début de l'entretien. A nous de savoir, qu'est ce qui fait qu'il soit arrivé ici. Est-ce que c'est vous qui aviez tiré la sonnette d'alarme. Est-ce que c'est votre femme, votre médecin. Il faut savoir, qu'est ce qu'il sait faire. Souvent on donne un carnet de suivi...c'est quoi un carnet voilà.

14'12

Malika

Quelle est la durée d'un entretien thérapeutique ?

14'14

Laura

C'est aléatoire...le diagnostic et les séances individuelles durent une heure si on fait vraiment un projet avec des...des objectifs bien précises. Avec une éducation initiale, un suivi et tout ça.

14'24

Malika

Quelles compétences sollicitez-vous pendant l'activité d'ETP ?

14'27

Laura

En formation il nous donne une situation. Un...fait le patient... l'autre fait le soignant. On laisse faire le sketch entre guillemets. Après, selon l'analyse et le niveau de chacun...on se rend compte qu'il ne fallait pas faire comme ça...ou...on est peu être passé par une autre voie. L'attitude aussi...euh...il ne faut pas se tenir comme ça par exemple de face...alors qu'on devait se mettre sur le côté. C'est ces petites choses simples juste sur l'attitude. Déjà le patient quand il se sent écouté...ça change le contact. Le premier contact est primordial.

14'54

Malika

Faut-il passer par la formation pour avoir ces compétences ?

14'57

Laura

On va dire que la formation nous aide à prendre conscience de ces compétences. Euh...pour moi un soignant qui va exercer par exemple dans un service où il va rencontrer des gens d'une manière ponctuelle, je dis pour des pathologies aiguës dans un service de chir...par exemple, il ne va pas avoir développé au cours de son expérience une expertise en éducation thérapeutique. Par contre, un soignant qui travaille dans un service où il rencontre des pathologies chroniques depuis une vingtaine d'années, intuitivement, même sans avoir conscience, elle va pouvoir développer des compétences qui la dirigent vers les compétences nécessaires à l'éducation comme l'écoute, la reformulation, l'attitude et tout ça...

15'32

Malika

Même sans formation?

15'33

Laura

Même sans formation. Après, ça sera des compétences comment dirais-je, plus personnel...euh...intuitives. Et ça ne veut pas dire que la formation n'est pas...euh...ne rajoutera pas une plu value bien évidement. Mais je pense que naturellement, quand on travaille dans certains services, en pneumologie ou en...euh...en diabétologie, et puis quand on a aussi...une grande expérience dans ces services, je pense que ça dépend aussi du caractère du soignant et de sa personnalité. C'est un ensemble on va dire. Et ça joue beaucoup sur le comportement du soignant.

16'06

Malika

Pour vous les soignants qui travaillent en chir ne peuvent pas éduquer ?

16'09

Laura

En fait, ils peuvent éduquer à l'auto sondage par exemple. Mais ça passe au second plan. Dans les services où il y a une pathologie chronique, on se rend compte en fait qu'on n'est pas dans l'urgence. On est dans la qualité et dans une prise en charge à longue durée et du coup l'éducation thérapeutique est mieux adaptée. Mais en chir c'est de l'aigu, on développe beaucoup plus des compétences de soins d'urgences on va dire, le relationnel et l'écoute du patient sont un peu négligés. On ne peut pas il y a beaucoup de soins à faire dans ces services. Donc, je ne sais pas si ces soignants veulent vraiment intégrer l'ETP ou pas, en plus c'est une question de personne, de caractère, et...et... de savoir faire et être avec le patient et ce n'est pas tout le monde qui l'a même

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en étant soignant...voila.

16'44

Malika

Percevez-vous une différence entre l'éducation au soin de l'éducation thérapeutique ?

16'48

Laura

Mais c'est un soin qu'on va mettre au même niveau qu'un autre. Oui oui pour moi c'est évident. Moi je suis sensibilisé déjà, vu que je fais ça depuis 12 ans, on va dire. Ensuite, j'ai fait une formation de 40 h. Donc pour moi l'éducation ça aller de soi. Pour moi c'est comme ça que je vois mon métier. Je ne le vois pas sans. Sinon c'est un métier qui est dénué de sens. Donc, pour moi c'est inclus dans la prise en charge et après le fait de faire la formation ça a renforcé. Je ne peux pas travailler sans éducation, les deux se complètent. Ça me donne des outils, ça ouvre les yeux sur certaines choses. Ça améliore les prises en charges. Ça renforce les convictions personnelles. Je ne peux pas choisir entre les deux. L'éducation au soin, est différente de l'ETP, déjà l'organisation, le temps, la posture, sont pas pareil. On fait l'acte médical, on informe le patient, mais sans plus. Je ne vais dire au patient qu'est ce que tu penses du soin je sais que c'est désagréable...voila. En plus je suis concentrée sur le soi, pas sur la personne...voila. En plus je suis concentrée sur le soin, pas sur la personne, il n'y a pas ce face à face qu'on a en séance éducative...on ne regarde pas le patient, on observe pas ses réactions, on se centre sur le pansement, sur la perf si elle passe, mais pas sur le patient...

17'21

Malika

Procédez-vous à une organisation spécifique pour la réalisation d'ETP ?

17'24

Laura

Des soignants qui se sentent moins à l'aise à faire de l'ETP, il y en a quand même qui sont un peu durs. C'est vrai que c'est comme une classe. Si tout le monde pointe à 14h et c'est bien le bazar, et, qu'il n'y a pas l'accueil de programmer. Déjà le service complètement désorganisé avec des chariots par tout. C'est sûr que ça n'donne pas une image très positive pour la prise en charge. C'est déjà même si la chambre n'est pas prête et que voilà on arrive à leur dire... euh...bonjour on vous attend. Déjà on vous attend...ça change tout...même si ce n'est pas prêt...c'est important de leur expliquer qu'on les attendait et que la chambre va bientôt être prête. C'est important de les laisser attendre sur un siège tout seul. Il se dit il n'y a personne qui vient me voir...il voit que les soignants passent tous devant sans savoir qui est qui. C'est important d'expliquer. On ne se dit pas par exemple il n'a pas besoin de savoir si on est près ou pas. Non...on lui explique qu'il y a eu du retard et qu'on ne l'a pas oublié. Moi...je trouve que c'est rassurant pour le patient de savoir. Sinon le patient risque de renter chez lui le fait que personne ne s'occupe de lui. Et comme il est stressé, et qu'il ne souffre pas, il n'a pas mal, rien ne le retient, il rentre chez lui, ceci dit il risque de revenir par le biais des urgences mais pour l'instant il ne réalise pas il n'a pas la conscience de la maladie. Donc, pour moi l'accueil c'est très important et surtout l'attitude qu'on a avec ces patients.

18'36

Malika

Adoptez-vous les mêmes attitudes avec les patients en ETP qu'au soin ?

18'39

Laura

Moi je dis l'accueil dans l'éducation même pour notre métier en général c'est très important, même des fois certains soignants semblent dépassés par l'urgence et passe sans voir le patient qui attend dans le couloir. Moi, avec du recul je trouve qu'il faut revoir nos habitudes de travail. Prendre du temps, je ne sais pas s'organiser autrement peut-être et ça...ça se discute. Enfin je reviens sur l'attitude c'est important déjà. L'autre jour je me suis retrouver avec un patient qui a une prescription médicale pour un diagnostic éducatif, il arrive, il est déjà venu, ce n'est pas mal pour un chauffeur routier, alors il est tout le temps assis dans son camion et pour l'alimentation, alors il n'a rien mais rien mais rien à faire mais alors la qui n'a rien à faire de l'alimentation. C'est...et quand il m'a vu, je l'observe, il doit se dire : mais qu'est- ce qu'elle va me dire cella. Moi j'arrive, bonjour je suis la référente éducatrice, il me regarde, il essaye de faire demi-tour. Mais si je n'ai pas un peu d'expérience on va dire et je l'aborde pas avec une attitude d'humour. Alors là c'est mort. Donc le contact c'est un peu compliquer ce n'est pas comme le soin. Au soin on s'impose, mais en ETP on s'adapte voilà c'est un peu ça.

19'45

Malika

Faites-vous l'ETP en blouse ?

19'47

Laura

J'aimerai mais ce n'est pas possible. Ben non. Ici dans le service on est tous en tenu de travail. C'est le règlement, ça reste un service de soins on va dire.

19'55

Malika

Que représente pour vous l'apport de la blouse en ETP ?

19'57

Laura

Et ben...pour moi c'est l'image de la verticalité de la relation ça représente la notion du savoir détenir le savoir c'est moi qui sais. Et on veut partir dans l'idéal je pense que pour l'éducation c'est quand même important d'oter la blouse du moment que c'est le patient qui emmène les informations, c'est lui l'acteur je veux dire. Et nous normalement on doit se positionner au second plan, second rôle. Et ça...ça ce n'est pas évident, si on est pas préparé et conscient de ça.

151

20'21

 

Malika

Et vous, êtes-vous au second rôle en ETP ?

20'23

Laura

Ah, oui. J'en ai pris conscience, ça ne sert à rien de se braquer, et n'aboutir à rien en fin de compte du moment qu'il s'agit d'un accompagnement pour le patient et que c'est lui qui nous apporte l'info, déjà ce qu'il connaît pour pouvoir l'aider et lui apporter ce qui est nécessaire, s'il est là c'est qu'il y a un déséquilibre quelque part. Et nous on a le rôle de la béquille pour que ce patient revoit ses habitudes de vie et détecte l'événement déclencheur qui fait que ce patient soit là. Pour moi c'est ça l'éducation. Déjà dès l'éducation initiale c'est lui qui parle.

20'58

Malika

Avez-vous des patients qui rechutent malgré l'éducation ?

21'00

Laura

A oui souvent. Soit parce que le traitement ne marche pas tout simplement et les résultats ne sont pas bons. Et finalement, ils disent : ça sert à rien de se soigner. Et finalement, je fais bien mais ça ne marche pas. Donc l'éducation...on leur explique que le traitement ce n'est pas la cause. Et là le rôle de l'éducation c'est de les aider à se rebooster...les coachés voilà. On ne veut pas que ce soit top au niveau des résultats, mais sur la chronicité on essaie de rester sur les normes. C'est ça l'éducation.

21'29

Malika

C'est quoi une éducation initiale ?

21'31

Laura

En fait, on commence par l'éducation initiale, c'est le diagnostic éducatif qu'on fait sur l'ordi en gros. Puis on détermine les objectifs avec le patient, on fixe des rendez-vous pour le suivi. Par exemple ce matin, il y a des personnes qui sont revenues deux mois après l'hôspi. Ils avaient des objectifs à atteindre et là on va voir ensemble comment ils ont géré tout ça.

21'50

Malika

Faites-vous l'initial pour tous les patients ?

21'52

Laura

Nous on fait l'initial pour tous les patients hospitalisés pour un diabète. On commence l'éduc dans les chambres, ou dans le bureau, c'est personnalisé, bien sûr. Et puis on propose le suivi et le renforcement et les ateliers.

22'03

Malika

C'est quoi le renforcement?

22'04

Laura

En fait, le renforcement ce n'est pas pour tous les patients. C'est que pour les patients qui ont du mal à gérer, ou qui ont besoin de plus de séance éducative, donc nous, on donne des rendez-vous pour des entretiens de renforcement.

22'16

Malika

Le suivi se passe comment ?

22'18

Laura

On organise le suivi, en gros, pour les objectifs qui ont été fixé, les gens reviennent, pour voir s'ils ont atteint leur objectif ou pas encore. Et le suivi peut se faire aussi au niveau du réseau, donc ils ont le choix.

22'30

Malika

Tous les patients doivent passer par ces stades éducatifs ?

22'33

Laura

Alors...euh...en fait, ce n'est pas tous les patients qui passent par ces stades éducatifs, c'est là, la question. Nous on démarre un diagnostic éducatif, il y en a qui passe par les trois stade et d'autre non, il y en a qu'on ne voit qu'une fois, et qui ne reviennent plus, d'autre font que deux stades, et d'autre viennent régulièrement. Voila.

22'48

Malika

Vous les rappelez ces patients ?

22'50

Laura

Ben, c'est la question, nous on fixe des rendez vous, le jour même si la personne n'est pas venue, nous on appelle, on laisse un message, et puis voila.

22'58

Malika

Faites-vous le suivi téléphonique ?

22'60

Laura

Ah, non, non, on ne fait pas le suivi téléphonique, on n'a pas le temps. En plus on n'a pas discuté de cette organisation, je sais que ça existe, peut être que c'est mieux pour les patients, le fait que le déplacement n'est pas prix en charge et tout ça...mais, il faut tout une organisation.

23'16

Malika

Ça perturbe votre organisation?

23'18

Laura

Je ne dis pas que ça perturbe. Mais si. Du moment où je commence à donner des coups de fil, on va dire si j'en donne 3. On va dire 20 minutes pour chaque patient. Alors que je suis en consulte, j'ai des patients dans les chambres à voir, sans oublier les nouvelles consultes. Sans oublier ceux qui se présentent sans rendez-vous qu'on prend aussi parce qu'ils viennent c'est que ça ne va pas. Donc, il faut toute une organisation à mon avis.

23'45

Malika

Avez-vous perçu un changement dans vos habitudes de travail ?

23'48

Laura

Le changement c'est dans la conscience de l'écoute peut être. Peut être que je faisais naturellement. Mais, je n'en avais pas forcement conscience...la

152

 
 

conscience de l'écoute et d'autres outils...

23'59

Malika

De quels outils s'agit-il ?

24'01

Laura

Il y a quelques outils par exemple utilisés en entretien motivationnel, donc réemployés, que je ne faisais pas...euh...pas couramment. L'importance du diagnostic éducatif. Euh...le...le...ça je le faisais déjà. Ça m'a renforcé, le fait de ne pas multiplier les objectifs thérapeutiques et les rendre vraiment adapter au besoin du patient. Et puis bien explorer tous les domaines du patient. En fait ne pas chercher une solution qui euh...qui pour lui ne correspond pas à un problème. Nous ça correspond à un problème, quand on voit la situation. Mais si pour lui ce n'est pas un problème, ça ne sert à rien de chercher des solutions. En fait c'est vraiment se coller à sa vie en fait. C'est un accompagnement. Donc, ces mesures nous orientent, ... nous cadrent à prendre en charge le patient dans sa globalité, on ne se centre pas que sur le soin comme avant les traitements, l'insuline, le régime...on imposait des choses, là ce n'est pas pareil, on a un programme à suivre, on fait le diagnostic éducatif, les séances et tout ça.

24'42

Malika

Pourriez-vous me parler de vos outils éducatifs ?

24'44

Laura

Les instruments éducatifs...Il faut bien débuter par un diagnostic éducatif. Utiliser justement des techniques de communication, prévoir, planifier un programme...évaluer, suivi... Et puis, il y a nous, les patients, ce qui accompagne, les ateliers, l'ordinateur, le diagnostic, ... c'est les moyens, et puis il y a les outils... visuels comme les cartes, les schémas. C'est la méthode et puis il y a les outils...euh...et bien il peut en exister autant qu'il n'existe de personne...euh...je pense. Je ne pense pas qu'il y a un outil...euh...qui...soit valable pour tous le monde voilà.

25'21

Malika

A quoi est liée cette diversification d'outil ?

25'23

Laura

Etant donné que la population...euh...la majorité de la population diabétique par exemple pour le DG, c'est des femmes que j'ai vu jusqu'à présent sont d'origine Centre Africaine ou Nord Africaine, il y eu des origines...euh...Indou...enfin. Et bien je voudrai...en fait je viens d'en discuter avec l'externe la dernière fois et j'ai appelé l'Hôpital de Bobigny, j'ai appelé à...je voudrai trouver des outils justement qui me... qui me permettent de mieux m'adapter à cette population. Donc, là je ne veux pas forcément créer d'outil. Mais, je souhaite reprendre des outils qui ont été déjà utilisés dans...dans certaines régions quoi. Donc, là pour l'instant je suis en recherche...euh...on ne m'a pas donné de suite, j'attends. Sinon je vais essayer de le créer moi-même, ce n'est pas grave.

26'10

Malika

Et vos outils actuels?

26'11

Laura

Là pour l'instant...euh... les outils qu'on a, ils ne sont pas suffisamment adaptés, oui.

26'14

Malika

Par exemple?

26'15

Laura

Par exemple pour l'alimentation, il y a tout le monde comment dirais-je. L'identité alimentaire est vraiment différente en fonction de...des origines et du coup...elle...euh...toutes les préconisations, tous les outils sont adaptés...euh...à...euh...à des plats traditionnels...français et euh...je souhaiterai que se soit aussi adapter à des plats traditionnels euh...d'Afrique Centrale, d'Afrique du Nord. Donc, je pense que c'est tout à fait faisable. Le tout c'est que je sois suffisamment documentée. Et puis...et puis je m'appuie sur d'autres expériences quoi. Il faut savoir que la majorité de la population diabétique on va dire est étrangère je pense. Donc il faut s'adapter. Au niveau de la maternité ça représente plus de la moitié de la population, donc à ne pas négliger je pense.

26'57

Malika

Quel rapport avec la maternité ?

26'59

Laura

En fait la difficulté avec le DG...euh...étant donné qu'il y en a beaucoup en mater...donc, la mater nous envoie ces patients et nous, on fait des consultations individuelles après le premier entretien. Et là, on doit procéder en groupe pour une première approche. En fait c'est en maternité qui qu'ils nous inscrivent les femmes qui ont une glycémie à jeun perturbée. Et après, on a un groupe d'emblé. Ça commence par 2h d'information pour être le plus personnalisé possible alors qu'on est en groupe. En donnant un maximum d'info au groupe, il faut s'adapter, je dirai voila. En rentre plus au moins dans les détails selon l'intérêt de chacun et puis selon les priorités définies pour chacun.

27'42

Malika

Puisque le premier entretien se fait en groupe. Comment procédez-vous à la personnalisation ?

27'46

Laura

En fait c'est ça la difficulté par ce que c'est ça toute la difficulté. Et bien c'est que c'est qu'on les fait parler comme même.

27'52

Malika

Et tous les patients participent ?

153

27'54

 

Laura

En groupe, les patients finissent par participer. Au debout c'est difficile. Mais ils participent d'emblée. Ils nous expliquent leur situation. Donc, ce qu'elles ont...donc le diabète gestationnel, si elles ont déjà vécu ça etc. Ensuite, on fait le lien avec l'insuline, on explique un peu la physiologie, le pancréas. Ensuite, on reprend chaque situation sachant que le fait d'entendre l'autre par exemple on effectue presque des entretiens alimentaires pour chacune. On pose des questions comme : que prenez-vous au p'tit déjeuner mesdames, et vous madame... Alors voilà, et tout le monde discute sur le p'tit déjeuner. Ensuite...qu'est-ce que vous prenez comme boisson. En fait on essaie de faire quelque chose de très personnalisé en étant en groupe. Moi je prends note pour chacune d'entre-elles. Aussi en même temps, on est en groupe, du coup elles se lâchent un p'tit plus que si elles étaient toutes seules. Et donc, du coup on est plus proche de la réalité. Finalement, même si on a moins de temps c'est plus dur pour nous euh...ce n'est pas plus mal. Si vraiment je me rends compte que nous avons abordé que quelques petites choses, et que nous n'avons pas beaucoup de temps, et que le chemin va être long. Contrairement aux autres pathologies le DG...le temps est bien déterminé. Donc, alors je vais les revoir la semaine suivante, alors que normalement je ne les revoie pas, c'est le médecin qui revoit chaque patient avec son carnet. Et bien moi, si je vois que c'est l'anarchie...et que ça nécessite d'approfondir je les revoie bien sûr en individuel.

29'16

Malika

Avez-vous choisi cette méthode d'entretien en groupe avant l'individuel ?

29'19

Laura

Non...Pour le GD, on n'a pas choisi de méthode, mais on est obligé de procéder ainsi, si en maternité, ils détectent 4 ou 5 patientes qui ont besoins d'être éduquer. Nous on ne peut pas procédez en individuel, on n'a pas le temps. Le mieux c'est le groupe et puis on personnalise si besoin. Mais si les patients comprennent, et si nous, on a compris leur représentation et on les écoute un petit peu. Ils adhèrent à cette méthode d'ETP au début puis ils lâchent forcément après l'accouchement. C'est comme dans tout. D'autant plus que ce n'est pas évident de respecter un régime alimentaire français et qu'on a d'autres habitudes alimentaires je pense.

29'55

Malika

L'introduction de l'activité d'éducation dans le service a-t-il transformé vos habitudes de travail ?

29'59

Laura

Si forcement obligatoirement dans le sens où on n'impose pas. On ne va pas dire : on va vous mettre sous insuline. On en discute, c'est-à-dire...euh...ça prend plus de temps. Il faut discuter. Il faut négocier et parfois on revient en arrière. Et puis les gens négocient aussi sur les maladies chroniques, c'est comme ça. Pourquoi c'est obligatoirement l'insuline et pas les médicaments.

30'22

Malika

Avant?

30'23

Laura

Avant ça marché avec ce qu'on savait je trouve. On ne savait pas faire autrement j'ai envie de dire. Donc c'est un peu comme tout les outils qu'on nous met. Vous voyez maintenant il y a des outils qui vont nous aider à pouvoir évaluer l'apprentissage de quelqu'un. Avant on n'était pas ici, il n'y avait pas l'éducation thérapeutique on était en médecine...tout ça ça n'existait pas. Vous voyez ce n'est que des outils ça ne s'adapte pas à tout le monde.

30'42

Malika

Avez-vous perçu un changement par rapport à votre comportement ?

30'45

Laura

Oui forcément, on change de comportement personnel, même dans la vie quotidienne on change, on est plus attentif, on change de méthode on est plus dans la dictée on va dire faites ceci faites cela. On écoute, on essaie de comprendre les habitudes de chaque patient, on analyse, on discute avec lui comment il compte s'organiser, est ce qu'il est prêt de modifier un peu ses habitudes ou pas. Comme pour l'alimentation. Avant on leur disait de ne pas manger de féculant...ne manger pas de ceci de cela...le même régime pour tout le monde, tous pareil. Maintenant on adapte. Tout le monde n'a pas le même travail. Il y a douze ans de cela. Mais on voit encore des patients qui nous disent qui pensent encore qu'il ne faut pas du tout manger de sucre...ça arrive de moins en moins mais ça arrive encore. Ils ont des représentations du diabète un peu sévère, donc le diabète ça fait peur, ça représente beaucoup d'interdit...et on ne change pas comme ça des représentations d'emblé.

31'42

Malika

Comment percevez-vous la relation soignant/soigné en ETP ?

31'45

Laura

En fait, ce n'est pas du tout pareil qu'en soin. Alors...heu..., en ETP, on est au second rôle comme je l'ai déjà dit. Déjà ça change tout. Donc, c'est le patient qui est acteur de sa situation. Nous on a plus le rôle d'accompagnement et de réajustement on va dire. Donc le patient est plus alaise, il raconte son vécu, il apporte beaucoup de choses. Nous on est en position d'écoute, plus d'écoute pour pouvoir interpréter ce qu'il dit. Ce n'est pas juste une discussion et voila. Non il faut beaucoup d'attention, de reformulation, s'il n'arrive pas à voir les choses et tout ça. Donc la relation c'est une sorte d'entretien, de

154

 
 

dialogue, c'est plein d'émotion aussi.

32'23

Malika

Et la relation en soin ?

32'24

Laura

Ben...en soin, c'est nous qui sommes acteurs déjà. Lui il consent le soin on dire sans trop de questions. On plus on n'a pas le temps de discuter sur tout, sur tout pas sur son vécu. Mais le patient quand il voit que le soignant est centré sur le soin, il ne dérange pas trop on va dire comme si qu'il connaît son rôle à ce moment. Ça parait bizarre mais c'est comme ça.

32'47

Malika

Dans vos pratiques par rapport aux soins avez-vous perçu un changement par rapport à la relation soigné/soigné ?

32'53

Laura

Moi, oui forcement, je fais attention, je regarde le patient quand je fais le soin, je prête plus d'attention, plus d'écoute. Et tout ça en lien avec mon statut d'éducatrice je trouve.

33'03

Malika

Et c'est comment par rapport à votre identité professionnelle ?

33'06

Laura

Ça perturbe forcément mon identité de soignante à chaque fois qu'il y a quelque chose de nouveau. Je pense que l'adaptation, elle est aussi pour nous. Ce n'est pas si facile de faire l'entretien éducatif...je veux dire. Ça nécessite des compétences...euh...plein de choses voilà. Déjà les gens attendent plus de réponses derrière. C'est quand même l'expérience qui fait parfois les choses. Si on n'a pas le regard incarné et on n'a pas l'expérience sur l'insuline, sur les délais, sur l'alimentation, sur les petites choses. Je pense que parfois que c'est l'expérience oui l'expérience de toute situation vécue, on disant on s'était mal pris...euh...et on revoit nos façons de travailler c'est important.

33'50

Malika

Et par rapport à la nouvelle organisation ?

33'52

Laura

La nouvelle organisation s'est faite au fur et à mesure. Après, il y a le côté personnel...euh...et ce qu'on a envie et ce qu'on n'a pas envie. C'est difficile...euh...il y a des jours ou c'est difficile d'être à l'entretien. De se dire comment on va amorcer avec certains patients. Ou parce qu'on ne peut être aussi découragé parce qu'on voit ce qu'on fait. On n'a jamais évalué l'éducation thérapeutique, dès fois, on a quand même l'impression de s'y prendre mal parce que ça suit pas. Aussi parce que l'équipe ne suis pas, c'est ce que je dis...euh...le problème c'est qu'on fait l'éduc...mais qui regarde derrière ce qu'on fait. Qui analyse les pratiques qu'on fait. Moi, ça fait deux moi que je fais l'éducation, peut etre je m'y prend à l'envers, peut etre c'est pas du tout ça ce que je fais. Mais qui nous dit ça...personne.

34'44

Malika

Il n'y a pas de suivi ?

34'45

Laura

Il y a le suivi des patients mais c'est nous qui le faisons. C'est le questionnaire de satisfaction pour le groupe et le pour le suivi, je revoie le diagnostic ...pour le suivi ils ont le choix. Soit ici soit au réseau Pour le suivi ils ont le choix. Soit ici soit au réseau. Et c'est là que le réseau a son intérêt. Par exemple pour l'activité sportive, il n'y pas des séances de kiné. Ils ont tous un programme d'éducation...il y a des activités diverses...ça peut être la marche...voilà.

35'03

Malika

Et le suivi professionnel?

35'04

Laura

Il n'y a pas le suivi d'un professionnel. Qui nous dirait si c'est ça ce qu'on fait. L'analyse des pratiques qu'est ce qui la fait. C'est ce qu'on disait à la réunion du service...l'analyse de l'activité...il faut justifier de nos formations d'éducation thérapeutique. Il faut justifier de tout ça. Mais qui vient nous évaluer sur le terrain pour nous dire que finalement on ne fait pas juste ce qu'on fait...on prend pas juste un thé avec le patient...et ben personne...on remplit des dossiers sur l'ordi...qui regarde et remarque ce que je marque en compte rendu...qui...pas du tout.

35'39

Malika

Et qui regarde ce que vous faites ?

35'41

Laura

Personne, il n'y a personne qui regarde ce qu'on fait... je pense.

35'44

Malika

Et la continuité du suivi ?

35'45

Laura

Il n'y a pas de continuité pour le suivi, rien pour l'instant.

35'46

Malika

Où se situe le problème à votre avis ?

35'48

Laura

En fait, le problème c'est l'outil de recueil de données qui n'est pas assez polyvalent pour que chacun puisse allez chercher l'information qu'il a besoin.

35'55

Malika

S'agit-t-il de la compatibilité de l'outil ?

35'57

Laura

Non...non je ne suis pas sûr. Mais au-delà de dire que l'outil n'est pas adapté moi je ne suis pas forcement d'accord. Quand je vois pour les transversaux en

155

 
 

tout cas et puis même pour les autres services le fait que le compte rendu apparaisse dans les trans. Elles lisent toujours les trans derrière.

36'16

Malika

A quel niveau se situe le problème à votre avis ?

36'18

Laura

En fait nous on n'est pas dans le dossier patient. Le dossier éducation thérapeutique est un dossier dissocié du dossier patient. Il faut ouvrir une autre

session pour que moi, je remets au point, je lui demande s'il est marié, s'il a des enfants, sinon ça ne me valide pas mon dossier.

36'34

Malika

Vos patients ont combien de dossiers ?

36'36

Laura

C'est que chaque patient a 2 dossiers, oui mais il faut inclure le diagnostic éducation au dossier patient. C'est là où je dis cela veut dire que les filles en hôspi n'ouvrent jamais quasiment le dossier éducatif. Ce dossier...donc on peut partir sur deux pistes différentes. C'est là où je me questionne quand le patient nous dit : C'est hors de question, je ne me piquerai pas. Et qu'on s'aperçoit qu'au moment de son retour à domicile et qu'on me dit...euh...et ben...il ne s'est pas s'éduquer...il n'est pas éduqué. Il ne s'est pas se piquer...euh...Et ben...non. Le patient ne veut pas se piquer. Il faut lui mettre une infirmière à domicile...c'est ce que j'avais mis sur son dossier éducatif. C'est là où je me dis il y a quand même un problème. Ça fait trois jours que je le vois...euh...je le mentionne sur son dossier informatisé...mais personne n'a accès aux infos sur l'ordi c'est la galère de communication entre collègues.

37'22

Malika

Une galère de communication?

37'24

Laura

Oui, forcement. Il y a deux outils différents.

37'26

Malika

Et vous le transmettez verbalement aussi ?

37'28

Laura

Ben...euh...normalement si on l'écrit on n'est pas censé faire des transmissions à la longueur de la journée alors. On le fait parce qu'on sait que ce n'est pas lu. Mais c'est difficile à être derrière tout ça. Là...là...c'est plus facile parce que c'est nous et...euh...sur deux moi. Et avant on changeait tous les deux trois jours. C'était la galère pour l'info.

37'48

Malika

La galère comment?

37'49

Laura

Et ben à chaque fois on fait entrer les données de nouveau, parce que notre dossier d'éducation thérapeutique n'est pas relié au dossier de l'hôspi c'est tout...voilà.

37'54

Malika

D'accord. Et vous faites comment ?

37'56

Laura

En fait, il y a toute une partie administrative qu'il faut valider à chaque fois. En plus on ne peut jamais rajouter sur une trans ou revoir ce qui est fait avant. Donc si on n'a pas une bonne mémoire on repose les mêmes questions à chaque fois, style s'il est marié ou pas, si ceci si cela. Et tout ça c'est une perte de temps en plus c'est gênant vis-à-vis du patient.

38'17

Malika

Et comment vous gérez alors ?

38'19

Laura

Et ben...quand le patient revient en entretien...hier par exemple j'ai eu la chance de prendre monsieur dès l'entrée, donc j'ai marqué tout et tout. Mais ma collègue pour faire son entrée administrative elle a du reposer les mêmes questions que j'avais déjà posé donc...c'est...c'est...enfin...ça.

38'36

Malika

C'est comment pour le patient ?

38'38

Laura

C'est hyper désagréable. Et quand il revient pour une autre éducation et répond à chaque fois aux mêmes questions...lui...tu vois...tu vois...l faut à chaque fois redire...redire...enfin...tu vois pour lui ce n'est pas pris au sérieux.

38'49

Malika

Et c'est quoi votre ressenti ?

38'51

Laura

On perd du temps...on perd du temps alors. Maintenant pour moi comme je connais bien ce logiciel et les trucs intérieurs...c'est facile d'aborder l'entretien.

38'59

Malika

Et pour vos collègues?

39'01

Laura

Et ben...chacun fait comme il peut, on va dire ça comme ça.

39'04

Malika

Discutez-vous entre collègues sur ces problèmes de gestion ?

39'07

Laura

Euh...ben...non. En on parle comme ça sans plus. Mais il n'y a pas eu de réunion disant on va parler des problèmes de la gestion de l'éducation. Pour l'outil chacun fait comme il sait on va dire et galère sûrement. Mais pas de suivi comme j'ai déjà dit. Après en travaille avec les moyens qu'on a. mais dommage par ce qu'on perd énormément de temps à transcrire et retranscrire, alors qu'on pouvait avoir un seul dossier et tout le monde peut le consulter au lieu de

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séparer les deux dossiers alors qu'il s'agit du même patient. C'est dingue, mais voila...

39'39

Malika

Pensez-vous que l'ETP doit être pratiquez par toutes les infirmières ?

39'42

Laura

Ici, en diabéto je dirai oui, c'est très important du moment qu'on traite une pathologie chronique, aussi tout le monde sera sur le même fil pour la continuité, pour l'organisation, c'est important, en plus si tout le monde pratique l'éduc, on aura les mêmes visions, regard, euh. Les mêmes compétences, le même langage quoi. Peut être là moi je procède autrement, j'ai plus d'écoute, enfin ce n'est pas la même prise en charge pour le même patient...oui ça serai bien si tout le monde est formé...Mais, il parait que c'est une question de budget.

40'22

Malika

Travaillez-vous en équipe pluridisciplinaire en ETP ?

40'25

Laura

Oui, les ateliers de groupe c'est avec la diète, le médecin s'il est disponible, il y a aussi le psychologue mais c'est lui qui décide s'il voit les patients en groupe ou en individuel...euh...l'atelier pied c'est avec une aide soignante formée et moi-même. En fait, c'est un peu dur de travailler vraiment en équipe pluri...euh, dès fois, les gens n'sont pas disponible, ou ils ont des réunions, ou ils sont pris ailleurs...euh...donc c'est vraiment dure de se connecter ensemble on va dire.

40'59

Malika

Pourriez-vous me décrire votre activité de soignante ?

41'02

Laura

Oui oui, pendant dix mois consécutifs je travaille avec mes collègues comme infirmière simple médecine et en diabéto on va dire...donc, je commence à 6h30 jusqu'à 14h30...dès fois ça déborde..., le matin dès l'arrivée, je fais les trans, je prépare mon tour du matin, donc mon chariot de soins, les traitements en perf ou en peros, je fais les toilettes avec l'aide soignante si besoin, les réfections des lits et tout ça voila. On donne les petits déj, on vérifie les glycémies, on éduc à l'auto-injection, je fais les pansements si besoin...euh...le tour avec le médecin, je réponds aux communications, je fais les entrées des urges, les sortie...voila. Ensuite je distribue les médocs du midi, je fais ou je vérifie les dextros...euh...je vérifie si les patients ont mangé ou pas, donc, j'oriente, je conseil...Et en fin de matinée, je fais mes trans écrites sur le dossier patient et sur l'ordi...euh...on fait les trans orales avec l'équipe d'après-midi ...voila...euh... Et si je suis du soir, c'est de 14h15 à 91h15. En gros c'est pareil, sauf qu'on fait en plus les sorties et les entrées des patients et on ne propose pas les toilettes, sinon on fait énormément de paperasse, on prépare les dossiers des entrées programmées, des staffs, on fait aussi les réunions...

43'35

Malika

Avez-vous des choses à rajouter ?

 

Laura

L'éducation ça nécessite d'être plus compétent et avoir plus de connaissance je trouve. Ils veulent des réponses plus précises plus adaptées. Le fait de généralisé les choses par rapport au groupe, moi je trouve que c'est bien aussi. On n'est pas obligé d'être pointilleux dans tous les domaines. Alors vraiment si on veut personnaliser la chose il faut être pointilleux et faire des diplômes dans tout. Ce n'est pas le but. Les patients, si nous on arrive à expliquer bien les choses et s'ils connaissent et s'ils imaginent. Le moment privilégié avec le patient va être transmit aux collègues. Et du coup ces collègues doivent être dans la même démarche. Si la personne se sente écouté, se sente respecté et autonome dans ses choix et ses prises de décisions. Ça ne se déroulera pas forcement mieux si on l'oblige ça ne va le faire. Du coup ça nous oblige à nous comporter un peu différemment malgré tout. Mais pour arriver à faire tout ça il faut qu'il y ait plus de communication entre nous et que le logiciel ne beugue pas. Et tout ça il faut du temps, et le temps c'est le problème de tout le monde je trouve. Voila.

45'23

Malika

Merci pour cet entretien et bonne continuation.

157

Script de l'entretien avec Infirmière en service de Cardiologie
Hôpital de Blois

Entretien réalisé le 18/06/2015

Nous allons faire un entretien d'une quarantaine de minutes, si vous êtes d'accord, cet entretien concerne votre activité d'éducatrice. Je vais donc vous poser quelques questions pour orienter le discours. Notre objectif n'est pas de juger votre façon de travailler. La majorité des questions sont ouvertes volontairement pour vous laisser répondre le plus spontanément possible, sans vous influencer.

0'00

Malika

Vous pouvez commencé.

0'01

Sophie

J'ai la trentaine infirmière à l'hôpital depuis 13 ans.

0'03

Malika

Depuis quand dans ce service ?

0'05

Sophie

Depuis 9 ans.

0'06

Malika

Vous étiez dans quel service avant ?

0'08

Sophie

Avant j'ai commencé en médecine polyvalente. J'ai fait 3 ou 4 mois. Donc j'allais dans les services. En fait on est titulaire dans l'hôpital mais pas dans le service. Ensuite j'ai fait une structure d'EPAD une structure de gériatrie pendant 6 mois. A l'époque on faisait 2 mois de nuit. Ensuite j'ai intégré le service des urgences, je suis resté 2 ans et demi enfin presque 3. Et après j'ai intégré la cardiologie en remplacement et puis j'ai postulé et j'y suis resté.

0'32

Malika

Le travail d'ETP représente-t-il un choix pour vous ?

0'34

Sophie

On m'a proposé le poste d'éducatrice. Et j'ai accepté. En fait on avait les deux programmes qui étaient en cours en 2011. Le cadre qui est parti m'a proposé le poste. On avait 50% dédié à l'urgence cardiologique, on faisait le déchocage lundi mardi mercredi de la semaine, et le jeudi vendredi de l'autre semaine... on recevait tous les patients qui venaient pour un motif cardiologique. L'idée c'était de désengorger un p'tit peu les urgences et puis prendre ce qui était spécifique à la cardiologie.

0'55

Malika

Dans quel cadre l'ETP a été instauré dans votre service ?

0'59

Sophie

En fait il y a eu le changement et on fait de l'ETP depuis 2011 parce que l'effectif médical s'est retrouvé réduit. Les internes sont passés de 4 internes à 1. Donc si vous voulez...au niveau des urgences de 9h30 à 17h30 il fallait qu'il y ait toujours quelqu'un et le médecin ne pouvait pas faire les visites le matin pour se détacher aux urges l'après midi. Depuis 4 ans on n'en a qu'un interne par semestre. Donc depuis, le cadre a dispatché 20% sur l'ETP et 30% sur les consultes externes. Ensuite on a augmenté l'ETP à 50% et là...euh...on est depuis cette année à 20% ce qui correspond à une journée parce que la file active n'est pas suffisante il n'y a pas assez de patients.

1'34

Malika

Vous êtes la seule éducatrice dans le service ?

1'36

Sophie

Dans le service sur 15 infirmières, il y avait une collègue qui a fait le DU en éducation, qui est parti et là il y a moi. Et là...je vais changer de poste et il va y avoir une qui me remplacera j'espère.

1'47

Malika

Avez-vous suivi une formation pour la pratique d'ETP ?

1'50

Sophie

Moi j'ai suivi la formation continue de 40 h d'ETP. Le jeudi on fait de l'ETP et les autres journées on est dans le service. Je suis sur les deux programmes.

1'58

Malika

Avez-vous un temps dédié à l'ETP ?

1'60

Sophie

Oui j'ai 20% de mon temps sur mon planning du mois. Donc tous les jeudis. Ce jour là... je suis de journée de 9h à 17h. Je suis sur les deux programmes en fait.

2'11

Malika

De quels programmes s'agit-il ?

2'13

Sophie

Le programme pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque...et...euh...le programme pour les patients atteints de troubles du rythme ou de thromboemboliques.

2'24

Malika

Là, je viens d'assister pendant 40 mn à un entretien entre vous et une patiente. S'agit-il d'un entretien éducatif?

158

2'29

 

Sophie

On fait non...là...la dame est venue en consulte externe non programmée. Le médecin a diagnostiqué une arythmie, il l'a mis sous traitement anticoagulant, il m'a demandé de la voir. Donc elle est là... sans vraiment comprendre. C'est...que sur l'information.

2'41

Malika

Comment vous définissez l'information de l'éducation et de la persuasion ?

2'44

Sophie

L'information on donne des infos...des indices...je dirais des explications sur la maladie. On répond aux questions...voilà. Mais l'éducation on parle sur la qualité de vie. La dame je lui pose pleines de questions, j'ai l'impression que je suis un extra terrestre...elle me dit vous avez peur que je me blesse. Et ben...euh...avec la vie de tous les jours visiblement...il n'y a pas eu de changement au niveau des habitudes de vie chez cette dame... alors qu'elle souffre d'une insuffisance cardiaque. Ce n'est pas rien quoi. Vous faites toujours votre jardin. Lorsqu'on a une insuffisance cardiaque chronique la personne ne peut pas faire tout ça...Voilà. L'éducation c'est sur les maladies chroniques. Par contre, si cette dame n'est pas convaincue et ne réalise pas, moi je ne peux pas être persuasif. En éducation ce n'est pas le but, déjà on ne peut pas imposer une éducation, en plus, si le patient n'est pas d'accord pour un suivi thérapeutique ça ne va pas se faire, on ne peut pas le convaincre, il faut discuter et trouver une solution. Donc nous on l'aide, on l'accompagne dans sa maladie à trouver des issues pour se rétablir. Elle... ça reste de l'aiguë et ce n'est pas encore chronique. Elle parlait d'elle-même, mais elle ne détaillait pas trop. J'ai un peu l'impression qu'elle est un peu surprise de ce qui lui arrive. Elle a déjà fait un infarctus il y a 6 ans... mais après...euh...l'arythmie c'est quelque chose qui arrive après. Pour eux c'est passé, la crise est passée. Il y a eu un traitement, il n'y a pas d'incidence pour la suite. Après elle fait de l'hypertension depuis l'âge de 33 ans. Après l'alcool...ce qu'elle a pu prendre...on pourrait le prendre en famille. Effectivement pour certaines personnes ça peut se développer. Il y en a qui vont sentir le palpitant. Mais après il y a une différence entre le coeur qui va palpiter d'une façon régulière et l'arythmie.

4'06

Malika

Vous définissez comment cet entretien ?

4'08

Sophie

Là pour elle la fonction est déstructurée. C'est beaucoup plus éducatif mais moins thérapeutique. Ma dame si je la verrai, on aurait fait le point sur le comment elle vie, comment elle prend le traitement, est ce qu'il y a une incidence par rapport à sa vie de tout les jours. Et je lui propose un diagnostic éducatif. Là elle est venue en consulte, le médecin lui annonce une arythmie et me demande si je peux la voir. Moi je ne peux pas lui proposer d'emblé l'éducation, elle ne comprend pas ce qui lui arrive.

4'32

Malika

Pourriez-vous me décrire le déroulement d'une séance éducative ?

4'35

Sophie

Après les transmissions, je vais voir en individuel les patients dans les chambres, c'est le jeudi...la personne je lui explique un peu la pathologie, je lui présente un peu les planches pour voir si elle a compris comment fonctionne son coeur. ...pour détecter ces compétences... la personne va faire le lien. ...le jeudi en séance sur rendez-vous, je lui pose des questions sur les facteurs déclencheurs...je rebondis pour plus de détail...Elle sais que l'alcool peut déclencher certaines choses, je ne vais pas travailler sur ça. Elle a compris que c'est un des facteurs. Euh...l'hypertension je demande comment elle gère...voilà. Après je lui demande si elle voit quelque chose qui va rester dans le temps. L'arythmie c'est à vie. Et les traitements...je ne sais pas si elle sait le rôle de chaque traitement...donc je lui demande. Ce qu'elle a...c'est des crises qui peuvent revenir. Je lui demande si elle se pose des questions, elle m'a dit...qu'elle veut faire son jardin comme avant, je sais qu'elle n'aura plus les mêmes capacités, donc on va travailler sur ce sujet, sur le risque de se couper, si c'est le cas comment elle va réagir, qu'est ce qu'elle en pense de tout ça voilà...euh ...à chaque séance, on revoit les compétences et on réajuste...ensuite je trans sur l'ordi...

5'36

Malika

A qui proposez-vous le programme d'ETP ?

5'38

Sophie

Le programme c'est le médecin et puis l'équipe car ils sont éduqués sur le temps d'hospitalisation. Si on voit bien que la personne a des ressources et peut développer des compétences, on lui propose le programme. Ce n'est pas proposé d'une manière directe, on ne fait pas remplir un consentement. Ce n'est pas présenté par le médecin disant...vous aurez une infirmière qui va vous faire de l'éducation.

5'58

Malika

Ça se passe comment?

5'60

Sophie

L'infirmière qui a le patient en charge sur son secteur. C'est elle qui lui donne le traitement et évalue un peu ses compétences. Elle l'éduque au traitement, la conduite à tenir. Pour les patients qui sont sous anti-coagulant...l'infirmière va prendre un temps donné dans sa journée et va prendre le patient un p'tit temps pour lui expliquer qu'est ce que c'est le traitement et voir un peu les compétences à développer s'il peut les acquérir.

159

6'28

 

Malika

Pensez-vous que l'ETP doit être pratiqué par toutes les infirmières ?

6'31

Sophie

Je pense que oui mais je ne sais pas si elles veulent pratiquer l'ETP et changer d'habitude de travail...euh...déjà, ...elles ne sont pas formés pour, je ne sais pas si elles peuvent, car c'est l'hôpital qui forme...euh...j'ai entendu que c'est une question de moyens. Mais elles ont à leur disposition l'outil informatique farma pour expliquer les médocs et pourquoi on les donne. Donc, elles proposent l'ETP, sauf après, qu'elles ne gèrent pas. Mais pour faire de l'éducation il faut plus de temps pour chaque patient, après au moment des soins on ne peut pas faire l'éduc, je ne sais pas, il faudrait une autre organisation peut être.

6'44

Malika

C'est qui forma?

6'45

Sophie

Elles sont formées à farma, c'est un logiciel...un support qui présente les traitements qu'ils ont en cours. En fait l'infirmière éduque à la conduite à tenir en fait c'est pratico-pratique.

6'54

Malika

Et vous quel est votre rôle dans cette organisation ?

6'57

Sophie

Moi...à ceux qui on propose un diagnostic éducation. Je retourne la conversation. Est-ce que vous connaissez ce traitement ? IL va me dire ah ...j'ai un parent...un copain...un voisin...un collègue par exemple qui le prend. A ce moment je commence à lui poser des questions ouvertes sur comment son voisin vie...qu'est-ce qu'il fait comme travail etc. Et là si ça l'intéresse je lui propose un rendez-vous pour revenir et faire le diagnostic éducatif à tête reposée.

7'32

Malika

La pratique d'ETP relève-t-elle d'une prescription médicale ?

7'35

Sophie

En fait, le patient va rentrer dans un lit de cardiologie. Le médecin va prescrire a traitement. Moi, si je vois que c'est un traitement anticoagulant. En fait, on a deux programmes à proposer dès la prescription du médicament sur pharma. Donc, le médecin laisse un mémo sur l'ordi comme quoi le patient doit être éduqué. Des fois on propose l'éducation sans prescription du médecin. Mais on voit la posture du patient. Si c'est un épisode d'une première arythmie le pauvre c'est compliqué. Donc on attend 3 ou 4 jours pour commencer le parcours éducatif. Je fais le diagnostic éducatif avec le patient sur l'ordi, je le recrute pour le parcours éducatif et faire le suivi. Et là le suivi c'est que les jeudis en individuel.

8'12

Malika

C'est quoi le parcours éducatif ?

8'14

Sophie

En fait le parcours éducatif...euh...pour rentrer le patient dans le programme rarement on le fait avec le médecin. Il y a un diagnostic éducatif initial qui doit être fait pour l'inclure dedans. Nous... on propose d'emblée dès l'instauration du traitement. Donc le programme est sur le temps d'hospitalisation. En général on l'étale sur 3 jours à peu près. Le diagnostic éducatif dure on va dire une heure. Les séances éducatives aussi. Ensuite, je propose une date pour ça...pour revoir les compétences. Par contre les 3/4 du temps les patients sont hospitalisés. Donc...quand ils font leur séjour dans le service... on les éduque pendant 3 jours. Puis... on leur propose un rendez-vous de consultation. Une convocation à peu près 1 mois après leur sortie de l'hospitalisation. Pour revoir les competences.

9'28

Malika

Vous avez un jour précis pour recevoir ces patients en externe ?

9'31

Sophie

Oui c'est ce qu'on appelle la journée ETP et c'est tous les jeudis. En fait l'éducation thérapeutique commence dans les chambres avec mes collègues et moi je fais le suivi programmé les jeudis en externe.

9'42

Malika

Comment procédez-vous pendant cette journée d'ETP ?

9'44

Sophie

Je reçois les patients en externe chaque jeudi qui est consacré à l'éducation. Ils ont mis sur le marché depuis 2 ans d'autres médicaments qui sont plus confortables. Les patients n'ont pas besoin de faire des prises de sang pour voir si le traitement est efficace et puis on leur demande plus d'avoir un régime alimentaire particulier. Donc, j'explique c'est quoi le coeur en présentant des cartes représentatives avec des schémas, on parle des conséquences des efforts physiques, ce qu'on peut faire ou pas, si problèmes je lui demande comment il va réagir, ce qu'il en pense et tout ça, il faut que le patient parle et moi je le guide, et je l'oriente, j'explique si besoin...Donc, on a réactualisé le temps d'ETP.

10'14

Malika

Comment avez-vous réactualisé ce temps d'ETP, et en faveur de qui ?

10'17

Sophie

En fait la séance pour le cognitif... il y a deux temps éducatif... Chaque séance éducative dure environ 3heures...avant il y a avait 3 temps éducatifs pour les anciens traitements. Parce que la compétence pratique de la prise de sang...appeler le médecin.... Appeler l'infirmière pour expliquer les résultats du sang...savoir lire un bilan sang. Ça on leur demande plus de les acquérir parce que ça n'existe plus à partir du moment où ils prennent leurs traitements. On

160

 
 

sait que c'est efficace. Donc pour nous c'est un temps d'éducation en moins.

10'53

Malika

Quel genre de séance éducative pratiquez-vous ?

10'55

Sophie

Les séances c'est individuel, on ne fait pas de séances collectives. On a fait l'année dernière une séance collective. Ce n'était pas sur le temps d'hospi. Ça demande du temps à mes collègues. Ça je ne peux pas faire toute seule des séances de groupe. Les ateliers cognitifs c'est impossible à faire sur le temps d'hospi parce qu'il faut faire toutes les activités éducatives. On mise beaucoup de temps et souvent le temps qui va être imparti. C'est souvent l'après midi et on a des entrées et des sorties et des retours de bloc...etc. On ne peut même pas dégager une heure pour ce genre de chose. Si on avait du temps dédié pour faire du collective...oui.

11'42

Malika

Comment c'était la séance de groupe que vous avez réalisé ?

11'45

Sophie

Ben...on l'a fait l'année dernière. Donc ce n'est pas les collègues qui...euh...donc je l'ai faite. Souvent les patients ne viennent pas. Sur les 8 patients convoqués, il y a que 4 qui sont venus. Bon...ça été fait avec un jeu de rôle si vous voulez et des discutions entre les patients. Ça partait un p'tit peu dans tous les sens mais on recentrait un p'tit peu. Il y a des attentes. Après le collectif il faut bien organiser. Il faut être sûr que tout le monde vienne au bon moment et avoir une salle qui soit bien adaptée. Là ici dans ce bureau si on est deux ça va à peu près...euh...cette table je ne peux pas la retirer.

12'32

Malika

Où se passe l'accueil des patients en groupe ?

12'34

Sophie

En fait on n'a pas de salle. Avant ce bureau c'était un bureau médical si vous voulez. Il y en a eu des départs. Ce bureau...si toutefois il y a un nouveau médecin qui l'occupe. Déjà cette table... n'est pas déjà très confortable. On a d'autres salles à l'hôpital qu'on peut réserver. Mais souvent le jeudi...peut être vous avez déjà vu une de mes collègues à l'hôpital de jour que souvent le jeudi matin prend cette salle. En fin je ne connais pas trop son programme d'ETP. Il faut essayer de trouver une salle libre disponible en sachant qu'il y a plusieurs intervenants à travailler ce jour-là. Donc ce n'est pas évident. Avant c'était une autre salle. C'était la salle des internes sur notre zone. Maintenant on met tout le matériel médical du service dedans. Si toutefois il y un autre médecin qui est recruté, il va demander un bureau et je pense qu'il aura ce bureau. Je ne sais pas si le médecin m'autorise à prendre son bureau pour l'activité ETP...ah...ça c'est une de mes questions de cette après midi en réunion de service sachant que la cadre va partir en septembre à l'école des cadres et le nouveau médecin arrive en novembre. Moi je ne serai pas là mais je m'inquiète pour mes collègues.

14'02

Malika

Comment vous concevez votre rôle par rapport aux deux activités ?

14'05

Sophie

Quand on est dans l'éducation on n'est pas dans nos attentes. On est plus sur les attentes des patients. Quand on est dans le service on a des attentes médicales. On a les choses prescrites. On a de la surveillance et effectivement on est sur notre activité de travail...on est dans les deux rôles. Le rôle propre et le rôle prescrit. L'ETP est intégrée au rôle propre elle complète le soin. bien sûr.

14'38

Malika

Comment vous percevez votre comportement avec le patient avant et après la pratique d'ETP ?

14'42

Sophie

Quand on fait la formation de 40 h...on vous parle de votre positionnement en tant que soignante. Et vous vous rendez compte que même au niveau de la vie de tous les jours pas que sur la vie professionnelle. On est souvent dans...on va faire beaucoup de reproches auprès des patients. On fait juste comme il faut...on va leur reprocher d'apprendre leurs médicaments correctement, on ne supporte plus de leur expliquer des choses. Et puis...on pense qu'ils ne comprennent rien...euh...Donc souvent le soignant va se retrouver en train de dire...mais je perds du temps...On les juge en fait...euh...oui oui on les juge sans le vouloir en fait. Peut être parce qu'on a essayé de faire en sorte à tout bien faire. Moi j'ai eu l'information qu'on materne les patients. On les dirige au lieu de vouloir savoir qu'est ce qu'ils attendaient de nous. On les laisse dans une position passive plutôt qu'attractive. Eux aussi ils se laissent conditionner.

16'03

Malika

Comment vous vous positionnez actuellement par rapport au patient ?

16'07

Sophie

Depuis la formation on fait ça été une évidence. Ils nous disent...il faut se mettre à la place du patient. Là on ne voit que de l'extérieur. Mais on n'a pas été voir ce qu'ils ont à l'intérieur. Et si on ne pose pas beaucoup de questions ouvertes et on ne donne pas le temps aux patients de s'exprimer et ben c'est que des questions par oui ou non. Ils vont répondre par oui ou non. Il faut demander comment ils voient le retour à domicile et tout ça. Il faut les valoriser et mettre ce qui est bien en avant.

16'40

Malika

Comment définissez-vous votre posture actuelle ?

161

16'43

 

Sophie

Ça arrive une période où je me suis posé beaucoup de questions. Mais aussi dans ma vie personnelle avec mes enfants. La formation a répondu un p'tit peu à des questions comme l'autonomie. Je m'aperçois que ma façon d'aborder mes enfants et là même qu'avec mes patients. Je ne les rendais pas autonome. Alors je ne fais pas pareil par rapport aux patients. Mais au niveau de l'autonomie, j'ai réalisé que ma posture elle était la même à la maison qu'au travail. Cette prise de conscience...voilà...je me suis posé plein de questions. La formation m'a apportée une lumière, elle est tombée au bon moment.

17'33

Malika

Ce changement de comportement vous le constatez où ?

17'36

Sophie

En fait j'ai perçu un changement par rapport à mes collègues. Je suis plus dans l'écoute que dans l'attente. Ce n'est pas pour toi que le patient doit faire ça...c'est plutôt pour lui. Il n'est pas là pour vous faire plaisir et prendre son médicament. Mais s'il ne veut pas le prendre c'est qu'il a une crainte. A chaque fois que vous rentrez dans la chambre vous voulez le convaincre. Moi je ne suis plus dans cette posture de convaincre... Je ne suis plus dans qu'est ce qui vous empêche... Mais j'essaie de comprendre. Nous...on sait certaines choses sur le traitement...lui non...Nous on est convaincu...lui non.

18'12

Malika

Ce changement. C'est que par rapport à l'écoute ?

18'15

Sophie

Le changement par rapport à l'écoute...la reformulation des questions...toujours la reformulation. L'écoute quand on est fatigué du boulot on ne l'a pas forcément. Avant on ne le faisait pas. On cherchait à convaincre le patient. Ça j'étais forte. C'est une prise de conscience. Je me suis rendu compte que... ce que je faisais ce n'est pas du tout ça. Je dis que la formation est arrivée au bon moment. Il faut aussi retirer certaines barrières.

18'41

Malika

De quelles barrières s'agit-il ?

18'43

Sophie

Comme la blouse, là je porte une blouse...ça peut être une barrière. Ici c'est compliquer de retirer la blouse au moment de l'ETP...parce qu'on est dans le même service. Je veux dire en service de soins.

18'56

Malika

Etes-vous informé de l'introduction de la pratique d'ETP aux programmes de formation des infirmières depuis 2009 ?

19'02

Sophie

Par rapport à l'ETP les étudiants nous en parlent. Ils ne sont pas trop en pratique quand ils sont en stage. Le programme de 2009...je ne le connais pas assez. Justement je sais que l'ETP ça fait partie des compétences qu'on doit valider. Après...ce qui est dispensé à l'école ne rend pas compte. Les 40h par rapport au DE c'est la mise en pratique qu'on fait.

19'21

Malika

Comment vous percevez le rôle du patient en ETP ?

19'24

Sophie

Le rôle du patient je veux dire c'est moi qui change. Les changements, c'est dans mon organisation. Je ne suis plus dans le rôle curatif...mes actions curatives. Le patient c'est moi qui lui dit, qui lui laisse la parole ou pas pendant le soin. En éducation il est acteur c'est lui qui parle.

19'40

Malika

Comment vous vous organisez dans le service par rapport aux deux activités ?

19'44

Sophie

Ce n'est pas facile de basculer du soin curatif au soin éducatif. Il faut se poser. Les soins curatifs...on est dans l'action, il faut toujours faire les choses vite...vite. Toujours très vite. On a un timing et si on déborde et bien on sait qu'on va déborder sur notre fin de journée. Donc on va finir plus tard. Si on ne finit pas le soin ça engendre le stress. Quand je ne fais pas l'ETP les autres jours j'arrive dans le service à 6h30 et je finis à 14h30. Il y a des moments de transmissions. Le temps passé dans les chambres, les traitements, les prises de sang, faire les pansements, faire le tour avec le médecin...enfin c'est de l'aigu...donc forcément ils n'sont pas bien. Il est déjà midi et il faut donner de nouveau les traitements, il faut expliquer. L'après midi, je travaille de 14h15 à 21h15, généralement c'est la même chose au niveau des traitements, des soins, sauf qu'on fait en plus les retours de bloc, les surveillances...les préparations des dossiers.... Les imprévus, les entrées, les sorties, les staffs, les réunions du service, les trans écrites... L'éducation passe au second plan. Ce n'est pas une priorité. Le curatif est prioritaire dans le service.

20'34

Malika

Et pendant l'activité ETP?

20'36

Sophie

En éducation je suis hors maîtrise du temps. Un temps de 3/4 h est accordé à chaque patient. Je gère le temps. Ça n'engendre pas le stress...Mais psychologiquement il faut être très dans l'écoute et c'est très fatiguant moralement. Il faut retenir ce que dit le patient pour pouvoir reformuler. On essaie de comprendre tout ce qu'il dit. Il faut être beaucoup dans l'échange.

20'59

Malika

Avez-vous aperçu des changements par rapport à votre identité professionnelle ?

21'03

Sophie

L'éducation a renforcé...oui ça a changé mon identité. Ça bouscule dans mes habitudes. Mais c'est bien. On a tous des choses cachées. Certaines ne veulent

162

 
 

pas être éducatrices. Moi j'ai pris le risque. Je ressens une transformation identitaire. Elle s'est faite déjà sur le plan personnel on va dire. Elle continue sur l'axe professionnel. Je sais ça me permet de grandir...grandir dans mon comportement, dans ma façon d'être avec l'autre, de mon regard envers l'autre. Je change de regard...euh...je maîtrise mieux. Maintenant je me questionne plus sur mon comportement. Pourquoi je dis ça. Pourquoi je fais ça. Je ne suis plus dans la même posture qu'avant. Je suis vraiment dans une posture d'écoute. Ça fait 9 ans que je suis dans le service. On ne remet pas forcément en question ses pratiques. Mais maintenant je remets en question mes pratiques. Je ne me positionne plus de la même façon. Il faut se remettre en question par rapport à la relation soignant soigné. J'aimerai dire à mes collègues maintenant je comprends pourquoi le patient ne se sent pas écouter par ce qu'on est centré sur le soin inconsciemment sinon on ne fait pas ce métier.

24'38

Malika

Vous communiquez entre vous les soignants par rapport à vos comportements ?

24'42

Sophie

Non non on ne discute pas de façon intime sur nos habitudes de travail. Sur la prise de conscience, sur l'écoute. Par exemple je vois ma collègue, il lui parle, elle fait autre chose en même temps. Elle répond à côté...euh...c'est normal, elle est centrée sur le soin. Elle n'a pas du tout la posture d'écoute à ce moment. Après il y en a qui vont se remettre en question peu être plus tard...euh...forcément. Bon...moi j'observe ça reste moi. Mais je ne peux pas dire...euh...que c'est comme ça qu'on doit faire...euh...c'est un peu...moi...j'ai fait la formation en plus, j'ai plus de connaissance ça reste là. Ce n'est pas évident de pouvoir écouter l'autre.

24'31

Malika

Travaillez-vous en équipe pluridisciplinaire pendant l'activité ETP ?

24'34

Sophie

Non, je suis toute seule pendant la séance éducative, autonome, responsable j'organise et je réalise la séance... j'accompagne le patient dans son apprentissage...La diète intervient dans le service pour les patients diabétiques, pour les régimes en sel. Elle participe aux programmes d'ETP. Normalement on travaille ensemble le diagnostic éducatif mais faute d'aménagement du temps en commun on ne peut faire ensemble. Ben...chacun fait de son côté quoi. Les kinés doivent intervenir à un moment mais ils n'étaient pas près à collaborer avec nous. Par contre on travaille avec une association santé, on envoie les patients.

25'04

Malika

D'après vous. Il y a -t-il une relation entre les deux activités ?

25'07

Sophie

Se sont deux activités complètement différentes. Je dis...euh...une purement technique et l'autre beaucoup plus relationnelle. La pédagogie ça me plaisait. L'éducation a renforcé mon côté éducatif. J'aime les deux...j'aime bien le curatif mais l'éducation c'est un autre moment. Mais je commence à me lasser du curatif parce que c'est superficiel. « ...Il n'y a pas de communication véritable en soin mise à part le geste technique...en éducation on est formateur, le patient apprend pleins de choses c'est lui qui apporte l'information, moi je réajuste... » On n'va pas connaître les patients, on est satisfait de bien faire le soin, on n'a pas de retour du patient. La communication ne va pas s'approfondir. On essaie de connaître la maladie mais pour le malade s'il n'y a pas d'éducation derrière...pas d'échange. En 'éducation, il y a l'échange, il apporte l'information, il apprend.... Les deux se complètent...J'ai l'impression qu'on apporte peu normalement on doit pratiquer les deux.

25'14

Malika

Comment voyez-vous la bascule entre vos activités ?

25'16

Sophie

Euh...en termes de casquette...ça tourne. Je fais les soins intensifs. Je fais les soins de médecine. Je fais l'ETP et les consultations externes aussi. Et quand il y les étudiants, il faut les encadrer. Ça fait beaucoup de casquettes je veux dire...vous êtes obligé de vous y adapter. Il y a des jours où on n'est pas dedans, dans la casquette qu'il faut. Il faut alors...moi je me pose pour faire le point et revoir les attentes de chaque activité. C'est une charge de travail énorme. Mais après c'est bien de ne pas faire la routine. Quand on est dans la routine on ne se remet pas en question. On ne prend pas du recul sur ce qu'on fait. Je pense qu'il y a des gens qui ont peur du changement. Même moi je pense que j'ai peur. C'est une charge de travail en plus. E plus on n'a pas beaucoup de moyens pour bien réaliser l'ETP. C'est la formation qui m'a aidé à changer...

26'18

Malika

Que représente pour vous l'activité ETP ?

26'20

Sophie

L'éducation pour moi, c'est un moment d'échange, où le patient puisse exprimer ce qu'il ressent, comment il gère sa maladie. Il parle de son entourage, comment il se voit avec cette maladie...euh...C'est aussi, un moment d'écoute de notre part, d'attention, d'orientation, de...de reformulation aussi. Euh...je dirai c'est à ce moment quand connaît mieux notre patient, du coup, c'est un autre regard envers le patient, c'est aussi une autre prise en charge de la maladie

163

 
 

dans sa globalité. C'est la meilleure façon d'aborder le patient, c'est une chance pour lui de s'exprimer, de réaliser, d'en prendre conscience, surtout quand il entend les autres qui vivent les mêmes choses que lui. Du coup il ne se sent pas seul, donc, ...euh... c'est un temps de partage pour moi. Euh ...Ce n'est pas un moment de compassion, ...euh...mais d'apprentissage, beaucoup d'apprentissage, que ce soit pour nous ou pour les patients, voilà.

28'01

Malika

Sollicitez-vous d'autres professionnels pour la réalisation de la séance ETP ?

28'04

Sophie

Non, moi je fais seule l'éducation le jeudi. Dès fois j'assiste à l'entretien avec le médecin. Mais on ne fait pas les séances de groupe, donc on ne travaille pas ensemble. Par contre je peux contacter la diète pour un patient, lui prendre un rendez-vous. Mais pour le kiné ou le psy, on peut orienter les patients vers eux si le médecin voit que le patient en a besoin. Aussi, on peut contacter le réseau pour recommander des patients.

28'41

Malika

Quelle distinction faites-vous entre le temps du soin et le temps ETP ?

28'44

Sophie

La gestion du temps ce n'est pas du tout la même chose, au moment du soin, on est pris par le temps, notre temps est partagé entre le soin curatif et les autres taches. Il faut tout faire et finir à temps, c'est super stressant, il faut être très concentré dans le soin à faire et dans ce qui reste à faire, et ça c'est très fatigant physiquement et moralement, on court tout le temps après le temps...ah oui oui c'est ça. On n'a pas le temps pour le patient...le soin prime le relationnel. En ETP, on a moins cette notion du temps. On laisse le temps aux patients, bien sûr nous on gère.

29'21

Malika

Pourriez-vous me parler de vos outils en ETP.

29'23

Sophie

D'abord, c'est l'informatique pour le diagnostic éducatif, les entretiens du parcourt éducatif. Aussi pharma pour l'éducation sur les médocs. On utilise la communication sur les représentations qu'il a par rapport à la maladie, s'il connaît. Euh...On explique c'est quoi le rôle du coeur, on utilise des cartes des schémas, des prospectus ...tout ça. Donc, c'est le patient qui parle la majorité des temps, nous on est dans l'écoute, la reformulation si besoin...voila. Le choix des thèmes c'est avec le patient...ça diffère d'un patient à un autre. Donc, on prévoit, on planifie un programme éducatif...on évalue on transmet... et tout ça. C'est la méthode et puis donc les outils...on n'a pas vraiment le choix à part les cartes...pour les moyens aussi on n'a pas vraiment les moyens, mes collègues sont pas disponibles, moi je ne peux pas toute seuls, pas de salle voile, en plus l'éduc n'est pas prioritaire dans le service et c'est dommage.

30'32

Malika

Que pensez-vous des mesures éducatives ?

30'34

Sophie

C'est vrai qu'avec ces mesures éducatives tout est claire, on gère mieux l'éducation, les patients sont mieux pris en charge...euh...il y a les deux programmes déjà...avec un support éducatif comme le dossier éducatif du patient sur l'ordi. Euh...avant on n'avait pas le dossier éducatif c'était que le dossier de soin. Euh...on ne faisait pas l'éducation, si mais pas thérapeutique, c'est vraiment que sur les traitements, mais actuellement c'est le patient qui devient acteur de sa maladie. Euh...nous on détecte ses compétences d'apprentissage après on l'accompagne dans l'acquisition de cet apprentissage, soit la connaissance de la maladie, comment la gérer, qu'est- ce qu'il en pense, s'il a des connaissances et là on intervient. Euh...donc, il y a les séances éducatives pour ça, c'est vraiment un moment de partage avec le patient sur son vécu, sa pathologie son entourage, son travail sur comment il gère, avant il n'y avait pas ça. On n'était pas formé pour ce genre de prise en charge. En plus il y a le réseau de santé s'il ne veut pas revenir à l'hôpital, donc c'est un accompagnement dans sa globalité pédagogique et curatif avant c'était que le curatif.

32'02

Malika

Comment procédez-vous à l'évaluation de l'ETP ?

32'04

Sophie

Alors, l'évaluation de l'éducation pour les patients c'est au moment de revoir les objectifs avec le patient...euh...on voit s'il a acquis les objectifs visés, si ça nécessite un renforcement ou bien il faut tout revoir, pour quoi ça ne marche pas qu'est ce qui fait que le patient rechute, on discute avec le médecin et tout ça. Euh...sinon évaluer l'activité thérapeutique en tant que tel, je dirai qu'on n'a pas d'outil pour ça, pas de suivi pas de réunion pour exprimer nos difficultés ou parler des problèmes de son application pour l'instant rien, en fait j'ai l'impression que l'éducation ne passe pas en priorité c'est l'urgence qui prime, en plus c'est tout nouveau l'ETP à l'hôpital, ce n'est pas encore dans la culture des soignants. Euh...et moi la seule référente je ne sais pas comment je vais parler de l'éducation en réunion de service alors que personne ne la pratique à part moi et ma collègue donc, voilà.

33'36

Malika

Je reviens à votre attitude. Adoptez-vous la même attitude par rapport au deux activités ?

33'40

Sophie

Non, non, peut-être avant oui, mais après la formation, j'ai compris qu'il s'agit de deux activités différentes. En soin j'ai une attitude de soignante on va dire...euh concentré sur le soin, les questions son strict pour avoir l'info que je veux voilà. Mais en ETP, j'ai une attitude d'écoute, plus d'écoute pour

164

 
 

pouvoir reformuler. Euh...et pour mettre le patient en position d'échange...euh... En soin je ne suis pas dans l'écoute je suis dans l'action, dans le geste...euh, même le patient il me laisse faire...euh... donc il m'aide à être dans une attitude de... je dirai... c'est moi qui commande peut-être j'exagère...mais c'est ça en gros... Alors qu'on éducation mon attitude change, ...euh...je ne suis pas dans c'est moi qui fait, qui sais...voilà. Mais je suis dans le partage, dans la communication...euh...quoi que mon attitude à changer un peu j'essaie d'être à l'écoute même en soin, je ne fais plus à la place du patient pour ce qu'il peut faire et tout ça...euh...ça... ça s'apprend, forcément.

35'02

Malika

Sollicitez-vous des qualités spécifiques pour être dans cette attitude éducative ?

35'05

Sophie

Oui, forcément...euh...des qualités comme l'écoute, savoir se mettre face au patient, lui donner le temps de s'exprimer. ...Je dirai le savoir d'échange et de communication ce n'est pas tout le monde qui l'a...euh...aussi se mettre au second rôle...euh...ne pas être dans le jugement par rapport au patient.... Avoir de la patience...euh...c'est difficile tout ça quand on est pris dans le tourbillon des soins...euh...dès fois on est dépassé et on remarque pas ou on ne fait pas attention au propos du patient. ...euh...et si on n'a pas ces qualités on ne peut pas pratiquer l'éducation et ça même si on l'a un peu dans notre métier on l'apprend plus et on le renforce en formation.

35'56

Malika

Pensez-vous que l'ETP doit être pratiqué par toutes les infirmières ?

35'59

Sophie

Pour les prises en charges des chroniques je dirai que oui, la formation est nécessaire à tous les soignants... euh...ça donne beaucoup d'outil de travail, le comportement avec le patient...notre façon de faire, l'attitude et tout ça. Euh...au mois tout le monde aura le même regard, les mêmes habitudes de travail.... Les mêmes compétences. Aussi si on discute sur un patient ça sera le même discours.... Mais je crois que l'éducation dans notre service n'est pas assez prioritaire, on est toujours centré sur le curatif, il y a beaucoup d'urgence, c'est la pathologie du coeur et ça fait peur, c'est aussi une question d'organisation je trouve... Mais si les soignants ne sont pas formés à l'ETP ils n'seront jamais de ses pratiques et ne pourront pas l'intégrée à leurs pratiques quotidiennes. Euh...en fait c'est une question de formation pour les gens, mais comme je l'ai mentionné c'est aussi une question de budget et de priorité je pense...voilà.

37'28

Malika

Avez-vous des choses à rajouter ?

 

Sophie

C'est-à-dire que les patients qu'on a...la majorité c'est des personnes âgées. Ils ne reviennent pas forcément pour l'éducation. Venir à l'hôpital ce n'est pas toujours agréable, en plus le transport n'est pas pris en charge par la sécu. Je pense qu'on doit être une équipe mobile qui va chez les gens...euh...pas forcément... peut-être il faut juste un local à l'extérieur de l'hôpital. Une salle de la mairie par exemple. On pourrait accueillir des patients qui soient à proximité de leur domicile. Vous imaginez la représentation. Ce n'est pas la même. Si ça revient à nous, la consultation est gratuite. Donc ils ne payent pas le transport ou le taxi. En plus l'hôpital est loin des habitants. Mais c'est une idée. J'aimerai bien mais ce n'est pas réalisable aujourd'hui...non. Déjà ce temps d'éducation est accordé, aménagé. Mais...si l'équipe médicale était en nombre, ce temps serait forcément octroyé aux urgences comme avant. Je trouve qu'on en fait de moins en moins l'éducation à cause des priorités. En plus ce n'est pas rentable. Ça ne rapporte pas de sou à l'hôpital...ils veulent des lits. C'est l'hôpital quoi.

39'25

Malika

Merci pour ce temps d'échange.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon