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Sculpture et vidéo, modes de fabrication et présentation : le processus d'une coalescence des formes.

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par Kevin Fouasson
Université Rennes 2 - Master 2 Arts Plastiques 2012
  

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Artefacts et artifices : pour une image palimpseste.

Avant d'observer les interactions, et leurs effets tant plastiques que sémantiques entre les différents éléments présents dans l'installation, il est important de noter que ces objets sont tous fabriqués. On ne trouvera donc aucun objet naturel ou adhérent au lieu d'exposition. On se trouve en présence d'objets et de matériaux artificiels qui, lorsqu'ils sont assemblés et qu'ils fonctionnent ensemble, se présentent en tant qu'artefacts.

C'est donc d'abord, par l'analyse des processus de leur fabrication qu'il convient d'apprécier les liens formels et plastiques qui se tissent entre eux. Qu'il s'agisse de la vidéo ou des sculptures, on retrouve des opérations formelles identiques; travail de retour, de recouvrement, de superposition et d'altéra-tion.

La sculpture: processus de stratification.

Pour la réalisation des sculptures, sont utilisées différentes sortes d'argiles, ce qui permet de bénéficier de plusieurs teintes, du tissu, du bois, et divers éléments métalliques (fil de fer, clous).

Le squelette de la sculpture se présente sous la forme d'un morceau de bois, le plus souvent une branche ou un tronc (de 100 cm à 150 cm de hauteur pour une circonférence ne dépassant pas 20 cm). C'est cette pièce de bois qui donnera l'orientation corporelle de la sculpture, massive, droite et rigide, ou frêle et penchée vers l'avant. Si la surface de cette pièce de bois n'est pas suffisamment irrégulière, elle sera travaillée dans le but de créer des fissures, des creux et des entailles. Cette démarche d'altéra-tion du bois permet à l'argile une meilleure adhérence sur le support. Ensuite, viennent les phases de recouvrement du bois, des pièces de tissu imbibées de terre et d'eau ainsi que des morceaux d'argiles sont appliqués. Ces éléments tiennent soit par adhérence au bois, ou bien sont noués et cloués.

Entre chaque phase de recouvrement, il faut un certain temps de séchage, d'une ou de plusieurs heures à quelques jours, le but étant de laisser l'argile sécher intégralement; ainsi des fissures se forment, des craquelures fragilisent certains endroits, et les tissus imbibés sont devenus solides. S'ensuit alors un nouvel ajout d'argile qui tiendra compte des divers incidents de matière provoqués par le séchage. Ces différentes phases de travail impliquent donc un rapport à la sculpture qui s'inscrit dans la durée et dans une certaine forme du « laisser agir ».

Laisser agir le temps, le séchage, la matière qui s'affaisse, le liquide qui s'écoule, le tissu qui se fige. Entre chaque retour sur la sculpture, sont effectuées des actions de grattage, de gravure, d'altération, de coulure d'encre ou de terre diluée et d'application de pigment. Par un processus d'ajout, de détérioration, de recouvrement, de coulure, la forme mouvante, instable tend vers la figure. Au grès des accidents, des craquelures de la terre qui sèche, des drapés du tissu, quelque chose d'humain semble se manifester, comme arraché à la matière.

Mais c'est véritablement cette action spécifique de recouvrement qui est à l'origine de l'effet plastique final. Chaque ajout, chaque couche de matière vient amplifier une forme première, ou vient l'effacer,

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mais cette accumulation relève bien d'une action de retour sur la sculpture. Et si l'on ne peut constater visuellement, et avec précision, la hiérarchisation chronologique de chaque strate, le rendu final permet néanmoins de juger de ce processus de recouvrement.

Il faut également noter que cette stratification des couches de matières donne aux sculptures un aspect usé, comme s'il s'agissait d'objets anciens. Les formes sont accidentées et incertaines, le drapé du tissu peut tout aussi bien évoquer un vêtement qu'un pli de chairs, les effets de matières, les coulures, les déchirures, nous révèlent l'action du sculpteur, mais nous évoquent également les outrages d'un corps martyrisé ou flétri par le temps.

Dans ces sculptures, c'est donc bien le processus de stratification qui, établissant une figure aux formes abîmées et parfois inquiétantes, instaure chez le spectateur qui les contemple, un trouble, une incertitude sémantique.

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