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Démence sénile dans les hospices de vieillards de Lubumbashi : "étude épidémio-clinique".

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par Fabbrice LELE MUTOMBO
Université de Lubumbashi - Doctorat en médecine 2016
  

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4.3. Afrique

Concernant l'Afrique du Nord, une étude en 3 phases a été menée chez les personnes de 60 ans et plus résidant dans la province d'Assiut (zones rurales et urbaines) en Egypte (26). Deux mille personnes âgées ont été dépistées avec le MMSEmodifié. La prévalence brute des démences de tous types était de 6,0% et celle de la MA étaitde 2,9% chez les plus de 65 ans. La prévalence des démences et de la MA augmentait avec l'âge, cependant, le doublement de la prévalence des démences par tranche de 5 ans n'a été observé qu'après 75 ans. Aucune différence significative entre les hommes et les femmes n'a été observée pour les prévalences des démences et de la MA. Les estimations de la prévalence des démences en milieu rural n'étaient pas différentes de celles faites dans les zones urbaines.

Une seconde étude transversale, menée dans la région d'Al-Kharga, a montré une prévalence proche : 4,4% chez les habitants de plus de 60 ans (47). La prévalence augmentait également avec l'âge et était affectée par le milieu de résidence et le niveau d'éducation des sujets.

A l'autre extrémité du continent, les travaux menés en Afrique du Sud n'ont pas établi de prévalence de ces troubles en population générale (34). Des cas familiaux ont été rapportés et les démences liées au VIH font l'objet de la plupart des publications.

En Afrique de l'Est, seule une étude a recherché les facteurs de risque de la MA (48). L'examen histologique de cerveau de personnes âgées vivant en Afrique de l'Est a été effectué à la recherche de lésions typiques de la MA ou de dépôts de protéines Aâ. La distribution des dépôts de protéine Aâ et les changements neurofibrillaires au cours du vieillissement des africains de l'Est semblaient similaires à ceux observés chez des sujets âgés américains. Les fréquences de l'allèle å4 du gène de l'APOE étaient relativement élevées chez les Kenyans, en comparaison avec les sujets occidentaux. Cette étude supportait le fait que la possession de l'allèle å4 de l'Apolipoprotéine E n'était pas nécessairement un facteur de risque de la MA dans certaines populations africaines.

Les études menées en Afrique de l'Ouest sont plus nombreuses, mais peu concernent la population générale. Au Mali, la prévalence de la MA a été estimée à 1,2% dans une population de plus de 65 ans (49) vivant dans le district de Bamako et elle était de 1,8% pour la MA possible et 6,6% pour la MA probable dans une zone rurale de la région de Koulikoro (50). Cependant, ces deux études ont été réalisées avec l'ECAQ, instrument de dépistage peu utilisé, et n'assurent pas la représentativité de la population âgée malienne.

Au Sénégal, des travaux récents ont été effectués afin d'estimer la prévalence des démences (51) et de rechercher les facteurs de risque (52). Le test du Sénégal (53) a été utilisé auprès de 872 sujets âgés de plus de 55 ans venus en consultation dans un centre médico-social de Dakar. La prévalence de démences dans cette population était de 6,6%, elle augmentait avec l'âge et n'était pasinfluencée par le sexe ni le statut matrimonial. Les facteurs de risque identifiés étaient l'âge, le peu de contacts hebdomadaires avec les proches, les AVC, l'épilepsie et l'histoire familiale de démence, alors que la maladie de Parkinson et les troubles digestifs avaient un effet protecteur. Ces résultats sont les seuls dont on dispose sur la population sénégalaise, mais ne reflètent probablement pas la situation réelle pour ce pays. L'échantillon étudié a été recruté dans une consultation médicale concernant les personnes bénéficiant d'une protection sociale, donc appartenant à un milieu favorisé, et n'était pas représentatif de la population âgée sénégalaise.

Le seul pays d'Afrique de l'Ouest où sont disponibles des études robustes concernant les démences est le Nigéria. Lors du projet multicentrique Ibadan-Indianapolis Dementia Project, une étude comparative a été conduite chez 2494 Yorubas de plus de 65 ans vivant à Ibadan (Nigeria) et 2212 Afro-américains vivant à Indianapolis (Etats-Unis), dont 106 en institution.

Elle comportait 2 phases : un dépistage avec le Community Screening Interview for Dementia, puis une confirmation clinique par un neurologue suivant les critères du DSM-III-R, du NINCDS-ADRDA et de la CIM-10. La prévalence des démences ajustée à l'âge a été estimée pour chaque ville (tableau 3) (10).

Tableau III : Prévalence des démences et de la maladie d'Alzheimer, Ibadan-Indianapolis Dementia Project, 1995

Ces prévalences augmentaient avec l'âge dans les deux villes, elles étaient significativement plus faibles à Ibadan qu'à Indianapolis.

Un suivi de ces patients a été effectué 2 et 5 ans après l'inclusion (13). L'incidence annuelle standardisée à l'âge des démences et de la MA a été estimée pour chaque population (tableau 4).

Tableau IV : Incidence annuelle des démences et de la maladie d'Alzheimer, Ibadan-Indianapolis Dementia Project, 2001

L'incidence des démences comme de la MA était significativement plus faible à Ibadan. L'association entre l'âge et l'incidence était similaire dans les deux populations.

Durant ce suivi, la mortalité des Yorubas était plus élevée que chez les Afro-américains, pour toutes les classes d'âge, même chez les sujets non déments à l'inclusion. Dans les deux populations, la mortalité était significativement plus élevée chez les sujets déments que chez les sujets non-déments (p=0,05 pour les Yorubas et p=0,001 chez les Afro-américains).

A Ibadan, les facteurs de risque significatifs de démences étaient l'âge et le sexe féminin alors que vivre avec d'autres personnes semblait protecteur, mais la force de l'association était faible (54 ; 17). A Indianapolis, les facteurs de risque étaient différents : l'âge, la vie en milieu rural avant 19 ans, les antécédents familiaux de démence et un faible niveau d'éducation. Les Afro-américains étaient plus exposés aux facteurs de risque cardio-vasculaires et l'existence de 2 copies de l'allèle å4 de l'APOE était significativement associée à la MA dans cette population. Tandis que la fréquence de cet allèle n'était pas significativement différente chez les sujets déments, Alzheimer et non-déments d'Ibadan, l'allèle å4 n'était pas associé avec la MA ni avec les démences dans un petit échantillon (n=56) de cette population Yoruba (55). L'analyse conduite sur un échantillon plus important de sujets inclus dans cette étude (n=599) confirma ces premiers résultats chez les Yorubas d'Ibadan : aucun des allèles de l'APOE n'augmentait significativement le risque de MA ou de démence (56). De plus, l'allèle å2 ne conférait aucune protection contre le risque de démence ou de MA.

Les facteurs de risque de MA incidente ont également pu être déterminés grâce au suivi deces deux populations âgées (17). Chez les Yorubas, les facteurs de risque pour la MA incidente étaient l'âge et le sexe féminin, alors que le fait de rapporter des antécédents médicaux d'hypertension semblait protecteur. L'âge était également un facteur de risque de MA incidente chez les Afro-américains ainsi que la vie en milieu rural avant 19 ans mais la consommation régulière d'alcool semblait protectrice. L'éducation, le statut marital, la vie seule, les antécédents de traumatisme crânien, la dépression, les maladies cardiaques, les AVC, les fractures et antécédents familiaux de démence n'étaient pas associés avec la MA incidente dans ces deux populations.

A Ibadan, les déments probables avaient une qualité de vie moindre que les autres sujets, dans tous les domaines de la vie quotidienne. Cependant, les personnes âgées affectéesconservaient un bon fonctionnement, malgré quelques difficultés, principalement pour la toilette, la marche et les achats (56).

Les facteurs de risque de démences ont également été étudiés dans une autre population nigériane, à Jos, au centre du pays (57), où 280 personnes de plus de 65 ans ont été dépistées avec le CSI-D. La prévalence des démences dans cette population était de 6,4% (IC 95% [3,8-9,9]) et les facteurs de risque indépendants de démences étaient : le sexe féminin, un indice de masse corporelle inférieur à 18,5 kg/m², et l'âge. L'utilisation d'antiinflammatoires non stéroïdiens était associée à un risque réduit de démence lors de l'analyse multivariée.

Le taux de mortalité des déments a été estimé chez les Yorubas lors de la cohorte IIDP (58). Les Yorubas déments avaient un taux de mortalité 5 fois plus élevé que les non-déments. Des performances décroissantes au CSI-D étaient significativement associées à une augmentation de la mortalité pour les Yorubas. De plus, l'âge croissant, le sexe masculin, le tabagisme, vivre seul et les AVC étaient associés avec une augmentation de la mortalité alors que la consommation d'alcool diminuait la mortalité en comparaison avec les non-consommateurs d'alcool.

En comparaison, les sujets non-déments d'Ibadan et d'Indianapolis avaient des courbes de survie assez similaires, et significativement meilleures que les sujets déments. Pour les sujets déments, les Afro-américains semblaient avoir une meilleure survie (durée de survie médiane = 60 mois) que les Yorubas (durée de survie médiane = 42 mois), mais la différence n'était pas significative (p=0,7).

Après ajustement sur d'autres variables, les démences étaient significativement associées àune mortalité élevée chez les Yorubas comme chez les Afro-américains. Ces résultatssuggèrent que l'impact des démences sur la mortalité n'est probablement pas différent dans lespays développés et en développement.

Tableau V : Etudes sur la prévalence des démences en population générale en Afrique.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard