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Prise de décision intuitive dans un environnement virtuel.

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par Mickael ESKINAZI
Université Catholique de Paris - Psychologie 2016
  

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2.1.2 Le cerveau bayésien

Parce que notre perception de l'environnement est incertaine (Helmotz, 1866), le cerveau inférerait la perception à partir de nos expériences antérieures. Selon le modèle bayésien probabiliste, le cerveau effectuerait une série de calculs dans le but d'interpréter de façon optimale l'environnement et vérifierait ainsi des hypothèses à partir de données antérieurs, selon la règle de Bayes suivante :

P(donn'ees|hypoth`ese)P(hypoth`ese)

P(hypoth`ese|donn'ees) = P(donn'ees)

L'équation P(hypothèse|données) mesure la compatibilitédes données recueillies avec l'hypothèse proposée. P(hypothèse) correspond à la probabilitéque l'hypothèse soit vérifiée à priori, elle est appelée distribution de probabilitéà priori. Le terme P(données) est normatif, il correspond à la probabilitéque les données se réalisent et permet que P(hypothèse | données) soit compris entre 0 et 1.

Si nous imaginons un conducteur sur une route de campagne, qui face à un obstacle doit freiner d'urgence, il pourrait être possible d'utiliser le modèle bayésien avec des données multimodales. Simplifions les données environnementales à la perception visuelle de l'obstacle (V) et à la perception auditive du cri du passager (A). L'hypothèse serait qu'un accident se produise (W) et la décision serait alors de freiner rapidement.

P (V, A|W )P (W )

P (W |V, A) = P(V,A)

Dans ce cas précis P(W|V,A) correspond à la distribution de probabilitéà postériori qu'un accident survienne lorsqu'un obstacle se trouve sur la route et que mon passager hurle de peur. La fonction de vraisemblance P(V,A|W)

indique quelle serait la probabilitéque V et A se produisent si un accident survenait. Tandis que P(W) correspond àla distribution à priori, qu'un accident survienne sur notre route de campagne. Elle se base donc sur nos expériences

antérieures.

D'autre part notre cerveau pourrait aussi évaluer la probabilitéqu'un obstacle soit sur la route, et qu'un cri se produise au même moment, pour inférer un accident ou au moins un danger imminent, même si ces deux éléments sont indépendants.

2.1 Une fonction d'anticipation 35

C'est à dire que :

P(V,A|W) = P(V |W)P(A|W)

Ce modèle peut s'appliquer à la théorie prédictive pour qui le cerveau prédit constamment la réalité. Schultz (2000) montre que des populations de neurones à dopamine, norepinephrine, ainsi que des neurones des noyaux de la base sont sensibles aux erreurs de prédiction. C'est à dire que lorsqu'une récompense ou une punition est attendue et qu'elle ne survient pas, on constate un signal qui code pour cette erreur de prédiction (différence entre

ce qui est attendu et ce qui arrive). La Mismatch Negativity (MNN) correspondrait aussi à un signal en réponse àune erreur de prédiction. Un élément »déviant» (oddballs) qui est insérédans une série d'éléments répétés produit

une réponse qui peut être enregistrée comme un potentiel évoquénégatif survenant entre 100 et 200 ms après le changement au niveau des régions frontales (Garrido, Kilner, Kiebel et Friston, 2009). De même, le phénomène de répétition-suppression montre une diminution de l'activitécérébrale lorsqu'une image est répétée plusieurs fois (Naccache et Dehaene, 2001). Les signaux sensoriels reçus par le cortex seraient des signaux desquels on a soustrait ce qui pouvait être prédit, seule l'erreur de prédiction serait traitée. Cette façon de procéder, permettrait de gagner du temps, ainsi avant même que l'information ne survienne nous aurions déjàune construction de la réalitéen mémoire, ce qui permettrait de filtrer les entrées sensorielles et de restaurer les entrées manquantes (nous clignons des yeux plusieurs milliers de fois par jour, pourtant il est rare que notre image visuelle en soit perturbée), ceci aurait aussi un avantage en terme d'énergie : seul ce qui n'est pas prévisible est transmis. D'autre part, si le modèle prédictif tient compte de la plasticitédes connexions synaptiques, il serait probable qu'il se modifie sans cesse sous le poids des nouveaux signaux d'erreurs.

Dans le cas de notre conducteur, la probabilitéde voir un obstacle sur la route, et la probabilitéque le passager hurle de peur, sont assez faibles, par conséquent cela conduira à une augmentation de l'activitécérébrale. Ainsi pour éviter cet obstacle et donc obtenir la récompense de ne pas être blessé, le conducteur devra agir de façon rapide et précise. Nous pouvons imaginer que cette augmentation de l'activitécérébrale face à un évènement imprévu entraîne une augmentation des perceptions, de l'attention, et une promptitude à réagir. Il se peut comme le propose Friston (2005) que ce modèle puisse s'élargir à l'ensemble du vivant dans le but de maintenir un minimum d'entropie dans un environnement constamment changeant. Il est ainsi possible de parler de dissonance entre ce qui est attendu et ce qui est perçu. Cette différence ou erreur de prédiction est alors immédiatement traitée et entraînerait une augmentation de l'activitécérébrale.

Ce modèle pourrait s'appliquer à l'intuition dans le cas de la communication et plus largement dans le cas d'une dissonance quelconque. Ainsi lorsque deux interlocuteurs communiquent, des signaux verbaux et non-verbaux sont émis et reçus. Chacun de ces interlocuteurs attend de l'autre une réponse plus ou moins précise et tente ainsi d'inférer un comportement. Cela viendrait du fait que nous tentons de minimiser la surprise dans notre environnement (Brown and Br·un, 2012) et ainsi maximiser nos chances d'adaptation, de décisions et plus largement de survie (Friston,

2005). D'une certaine façon, nous pouvons dire que nous tentons à chaque moment de la conversation de prédire àl'avance le dialogue que nous allons avoir et les répliques que nous allons donner car chaque type de conversation

correspondrait à un modèle que nous avons en mémoire. De la même façon, l'intuition nous permettrait d'agir dans un environnement constamment changeant sur la base de nos expériences passées et de nos connaissances. La

36 2 L'intuition : une fonction essentielle à l'Homme?

présence d'indices perçus consciemment ou non-consciemment dans l'environnement, nous permettrait d'anticiper de façon probabiliste, les différentes scènes de l'environnement selon des scénarii déjàengrammés dans la mémoire àlong terme. L'anticipation serait une fonction du vivant liée à l'adaptation et à la volontéde vivre. Une espèce capable

de prévoir le comportement d'un prédateur pourra plus facilement lui échapper. De la même façon, les humains mobilisent toute leur intelligence pour prévoir les catastrophes naturelles, les maladies, ou encore les guerres ou

crises économiques afin d'y faire face et de se sauvegarder en tant qu'espèce. L'intuition permettrait donc face àune série d'indices provenant de l'environnement de créer du lien dans le but de minimiser la surprise et maximiser

la prédiction. De la même façon et à la lumière des éléments précédents, nous pourrions supposer que le mécanisme de l'anticipation entraîne une suractivation de l'attention pour les représentations activées en interne, dans le but de créer du sens dans l'environnement réel. Je cherche dans le monde externe, ce que je crois qu'il devrait arriver. Ainsi ce qui se joue sur la scène psychique (la croyance) doit trouver écho sur la scène externe (familiarisation) afin d'être validéet accepté.

Nous retrouvons dans la théorie de Friston (2015) qui sera présentéci-après, une référence à la mathématique du chaos que nous introduirons avant la présentation de sa théorie.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote