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Problématiques de l'occupation et de la gestion de l'espace public dans les communes de Ouakam et de Mermoz sacré-cÅ“ur.

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par MOUSSA MAHAMAT MOUSSA DICKER
Ecole Supérieure dà¢â‚¬â„¢Economie Appliquée (ESEA_ex-ENEA / UCAD) - Ingénieur de Travaux en Aménagement et Gestion Urbaine 2016
  

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Chapitre II : Revue critique de la littérature

« Dans la ville, les espaces publics reflètent les enjeux de la vie en société ». Il représente un espace de rencontre qui met en relation ou pas des usagers très différents. L'espace public (rue, places, parcs, etc..) est un terme polysémique utilisé dans plusieurs disciplines. Mais il a été longtemps l'objet des urbanistes, architectes ou ingénieurs qui s'intéressent plutôt à son aspect matériel et/ou esthétique. L'usage du concept dans le champ des sciences sociales a permis de prendre en compte les interactions et représentations des usagers et « contribue à la compréhension et l'explication de cet aspect de la réalité urbaine » (Michel BASSAND et al. 2001, p.1). Dans ses différentes significations, l'espace public représente aussi la voie publique qui est un espace dédié à la circulation des biens et personnes.

Dans ce cadre, pour traiter la voie publique à travers la littérature, l'analyse portera sur celle-ci en tant qu'espace public6 intégrant en même temps les deux dimensions d'un espace public : l'une, un espace immatériel du débat public (J. Habermas, 1962) et l'autre dimension, matérielle ou physique sur laquelle pourrait se manifester ou non la sphère immatérielle 7. Cette approche prend en compte les dynamiques socio-urbaines en évitant une lecture simple de l'espace, qui se limite à son caractère architectural (le bâti). Car même si la voie publique a une fonction particulière qui lui est attribuée - la circulation des biens et personnes - elle peut être aussi un espace avec ses « qualités, une valeur d'usage et un sens »8.

II.1. L'espace public : du métaphorique au matériel, une complémentarité ou une expansion ?

Quand J. Habermas évoquait pour la première fois le concept de l'espace public9, son étude se limitait à l'espace communicationnel, l'espace de publicité (la Öffentlichkeit ou La publicité critique dont parlait Kant). A l'image de l'Agora

6Dans le but de ne pas dissocier les deux dimensions, le terme espace public sera utilisé et aura la même connotation que la voie publique. Il sera manié avec prudence afin d'éviter les ambiguïtés. 7Antoine Fleury, Espace public in. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482 consulté le 09.05.16 8Ibid.

9Habermas, L'espace public : archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, 1962. (Titre original : Strukturwandel der Öffentlichkeit)

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Première partie : cadre de référence

grecque, il était considéré comme l'espace « [...] pour discuter des questions d'intérêt commun » (Patrick J. Brunet, 2001, p. 49.)10, mais aussi des décisions politiques de l'État. Même si la conceptualisation du terme rimait au début avec cette sphère immatérielle, l'idée d'un espace physique destiné à l'usage de tous préexistait dans le langage urbanistique. Mais surtout dans son approche juridique définie à travers le domaine public.

Le parallélisme - plus ou moins - des deux espaces dans la littérature est le résultat de l'évolution du concept dans différents domaines tels que la géographie, l'architecture ou la sociologie urbaine. Le terme générique est utilisé dans chaque domaine à des fins différentes et dans des contextes particuliers. L'évolution du concept suit les dynamiques des sociétés et de la ville. Néanmoins, son usage se limite aux dimensions suivantes quel qu'en soit le domaine : celle spatiale purement physique (le bâti), de ses fonctions et la dimension liée à la communication et le débat public.

Au-delà de la conception de la voie publique entretenue par l'urbanisme fonctionnaliste de la Charte d'Athènes (espace de circulation et de stationnement), l'espace public est un lieu d'interactions et d'échanges. C'est l'ensemble des « lieux que le public fréquente, indépendamment de leur statut »11. De cette logique, sort l'idée d'une extension de l'espace qui se construit lui-même. Cela permet d'éviter une comparaison conceptuelle basée sur les différents usages de l'espace public comme dans L'espace public de Thierry Paquot « l'espace public est un singulier dont le pluriel - les espaces publics - ne lui correspond pas » (p. 3)12. Il est recherché plutôt une articulation entre les deux dimensions. Puisque plus loin dans ses arguments, T. Paquot, même s'il trace une frontière entre le singulier et le pluriel, « il lui arrive d'employer le singulier pour désigner un lieu urbain de circulation ouvert au

'0Patrick J. Brunet, L'éthique dans la société de l'information, Québec et Paris, Presses de l'Université Laval et L'Harmattan, 2001, p. 49. In http://agora.qc.ca/dossiers/Espace_public.

''Antoine Fleury, Espace public in. http://www.hypergeo.eu/spip.php?article482 consulté le 09.05.16.

'2En effet, il utilise l'espace public au singulier comme le concept défini par Jürgen Habermas, qui est un lieu symbolique où se forme l'opinion publique, issue du débat politique et de l'usage public de la raison. Au pluriel, les espaces publics désignent les lieux physiques dans lesquels le public peut circuler ou stationner. Loïc Ballarini, « Thierry Paquot, L'espace public », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2010, mis en ligne le 05 avril 2010, consulté le 23 septembre 2016. URL : http://lectures.revues.org/970

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Première partie : cadre de référence

public »13. Cela montre l'ambiguïté du terme dans la littérature, utilisé fréquemment mais défini rarement par ceux qui l'emploient (Loïc Ballarin, 2010).

La problématique de l'espace public ne se limite pas à une confrontation entre deux sphères, mais « la rencontre des formes spatiales et sociales » (Véronique Bordes, 2006). Pour interpréter les dynamiques de l'espace public cette confrontation entre ces deux formes est essentielle. Le social ne peut être étudié sans un contexte spatial ; et le spatial sans le social serait un espace vide de sens. « Les formes sociales f...] ne sont pas préinscrites dans l'espace existant, mais produites à partir des relations spatiales engendrées par l'espace »14. La complémentarité et/ou l'expansion d'un espace vers l'autre (c'est-à-dire l'espace physique vers la sphère publique) est relative aux conditions dans lesquelles sont apparues ces deux dimensions. L'espace (physique) crée des conditions favorables aux interactions sociales. Ces dernières façonnent l'espace à travers leur dynamisme.

Deux courants se distinguent sur l'interaction de ces deux espaces : d'un côté le courant du « spatialisme », défendu par les urbanistes, considère que le spatial dicte le social et d'un autre, l'approche sociologique marquée par la philosophie durkheimien selon lequel « le social s'explique par le social ». Il s'agirait plutôt de deux « caractéristiques antagoniques d'une même réalité », à l'image de la théorie du perspectivisme de José Ortega y Gasse15. Alors entre ces deux courants, Eric Charmes « considère que si le spatial ne dicte pas le social, il est cependant en mesure de proscrire certains comportements ou, au contraire, de constituer des conditions favorables au développement de certains comportements sociaux » 16 . Les manifestations de la sphère communicationnelle ou immatérielle s'inscrivent donc dans un cadre spatial qui est un élément essentiel pour leur interprétation.

13Ibid.

14Véronique Bordes. Espaces publics, espaces pour tous ? Espaces de la jeunesse, espaces publics : organisation locale, Nov 2006, Rennes, France.

15Évoquée pour la première fois en 1916 dans Verdad y Perspective, le tome 1 ï El Espectador, la théorie du perspectivisme a été développée par le philosophe José Ortega y Gasset. C'est une philosophie qui prône une approche plurielle de la vérité.

16Thierry Rogel, « Eric Charmes, La rue, village ou décor ? Parcours dans deux rues de Belleville », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2007, mis en ligne le 04 septembre 2007, consulté le 12 octobre 2016.

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Première partie : cadre de référence

Dans le milieu urbain, les phénomènes sociaux peuvent être perçus et analysés en les délimitant dans l'espace public. Les deux dimensions de l'espace, somme toute, sont indispensables pour comprendre la ville. Les différentes théories de l'espace public (J. Habermas 1962 - 1978, Hannah Arendt 1983, Lussault 2003) rapportent une distinction entre l'espace public et la sphère publique qui néanmoins, semble être une analogie conceptuelle. Car elles se résument toutes à des interactions sociales entre différents acteurs qui se manifestent dans un espace (au sens physique) défini. « Tout phénomène social - et donc tout objet spatial - procède d'une dialogique complexe entre la sphère idéelle dans son infini variété [...] et la sphère matérielle dans sa diversité de substances, d'objets et d'agencements » (J. Levy et M. Lussault, 2013 p.331). Les interactions spatiales pour ne pas dire socio-spatiales varient selon l'échelle (la rue, un quartier ou la ville), le temps, les acteurs et le contexte (économique, social).

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