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Le microcrédit au Maroc. Tensions entre performance commerciale et finalité sociale.

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par Brahim NAHI
Université Mohamed 5 _Faculté de droit Agdal Rabat  - Master spécialisé en Management de développement social  2012
  

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§ 2 : Le MC lutte contre l'exclusion sociale (Accès aux services de base)

La notion d'exclusion fait référence à l'ensemble des mécanismes de rupture133 aussi bien sur le plan symbolique que sur le plan des liens sociaux. Elle est à la fois un processus et un état consacrant un défaut d'intégration. Bourdieu distingue le capital économique134

132 ATTALI, Jacques. Voyage au coeur d'une révolution. op. cit. p.255

133 GLOUKOVIEZOFF, Georges. « De la bancarisation de masse à l'exclusion bancaire puis sociale » La Documentation Française. Revue Française des Affaires sociales 2004/3. N° 3. pp.9-38. Url : http://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales

134 FERRARY, Michel. « Microfinance et lutte contre l'exclusion. Du contrat formel de financement au contrat implicite de socialisation », Sociologies Pratiques. 2006/2 n° 13, pp. 61-76. Url : http://www.cairn.info/revue-sociologies-pratiques

Etudiant Chercheur : Brahim NAIII PFE _Master Spécialisé Management du Développement Social 67

Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)

(patrimoine matériel et revenus d'un individu) du capital social (réseau des relations personnelles d'un individu). Dans cette perspective, un exclu se caractérise par une absence des deux types de capitaux. Ainsi, l'isolement social s'accompagne d'un faible niveau de revenu et inversement.

Solène Morvant-Roux affirme que « La microfinance seule ne peut lutter contre la pauvreté et les inégalités135 » sans nier la légitimité de services financiers destinés aux pauvres et adaptés à leurs nécessités. Gloukoviezoff parle de l'exclusion sociale comme conséquence de l'exclusion bancaire qui reste « le processus par lequel une personne rencontre de telles difficultés d'accès et/ou d'usage dans ses pratiques bancaires, qu'elle ne peut pas ou plus mener une vie sociale normale dans la société qui est la sienne. Une situation d'exclusion bancaire n'est donc définissable que par rapport aux conséquences sociales des difficultés d'accès et d'usage qui la composent136 ». De plus M. Yunus décrit la situation comme « un apartheid bancaire et financier 137» et « les banques avaient en quelque sorte construit une muraille que les pauvres ne pouvaient pas franchir », en constatant que « ce sont près de trois quarts de la planète qui n'ont pas accès aux services financiers et ne peuvent par conséquent rien entreprendre. Pour mettre fin à ce système financier d'exclusion déshumanisant, il a fallu lui adjoindre un système plus favorable aux pauvres : le microcrédit138 ».

Exclusion financière, effet et cause de l'exclusion sociale

La problématique du crédit s'inscrit dans le cadre plus large de l'exclusion bancaire et financière telle qu'elle est définie par le centre Walras « Une personne est en situation d'exclusion bancaire et financière, lorsqu'elle subit un degré d'entrave dans ses pratiques bancaires et financières, qui ne lui permet plus de mener une vie sociale normale dans la société qui est la sienne139 ». Partant du principe que « l'argent appelle l'argent (comme) dit un proverbe,... Si vous en avez un peu, vous pouvez en avoir beaucoup. Le plus difficile, c'est d'avoir ce peu là (...) comme dit Adam Smith) 140». Malgré cela, le microcrédit peut

135 MORVANT-ROUX, Solène. « Microfinance et réduction de la pauvreté : la fin d'un mythe ? ». Magazine

Grain de Sel. N° 38, Mars/Mai 2007.

136 CORNEE, Simon. (2006). Microfinance : entre marché et solidarité. IGR-IAE, Université de Rennes 1

Centre de recherche en Economie et Management. Master Recherche en Sciences de Gestion 2006.

137 YOMBO ISSA, Ahmed. « La gestion du risque sur l'activité de microcrédit dans un organisme de service

public: le cas du FNE » Université Catholique d'Afrique Centrale, Mémoire de Master en Comptabilité Finance

138 Idem.

139 NOVAK, Maria. « On ne prête (pas) qu'aux riches : la révolution du MC », p.56, op. cit.

140 BWANGA M'VUANDA. Kim, op. cit.

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Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)

produire « des effets rentables pour leurs bénéficiaires qui arrivent à nourrir, scolariser et soigner leurs familles141 ».

Point 1 : Accès aux services urbains ou lutte contre la vulnérabilité dans le monde urbain

Beaucoup de gens estiment que les personnes victimes d'exclusion sociale n'ont pas suffisamment accès aux services financiers. Une telle exclusion constitue un désavantage pour les personnes désireuses de créer une activité autonome. C'est à ce type de désavantage que le microcrédit se propose de rétablir. D'autres obstacles liées à l'exercice d'une libre activité, comme une participation sociale insuffisante et/ou des problèmes d'accès aux services publics ou encore une intégration sociale imparfaite peuvent être surmontés par l'offre de services associés en l'occurrence à la sensibilisation, l'accompagnement, l'aide pour les procédures administratives, l'assistance pour l'accès aux institutions publiques, etc.

Point 2 : Le MC au coeur des objectifs du millénaire de développement (OMD)

Pour Mark Malloch Brown administrateur du Pnud, le MC est devenu un des mécanismes clés pour l'atteinte des OMD et en particulier la « réduction de moitié de l'extrême pauvreté et de la faim à l'horizon 2015142 ». En fait, il est reconnu, dans les cercles du développement, que les pauvres ont besoin de quelque chose de plus que le MC seul, s'ils veulent trouver des issues aux origines et états de leur pauvreté. Leurs problèmes vont bien plus loin que le manque d'argent ou de biens. En réalité, ils sont plongés dans une situation de désavantage. L'accès aux services financiers est important vu qu'il offre une opportunité d'agir sur le quotidien. Dans l'idéal, ils peuvent accéder à une combinaison étendue de services de développement y compris le MC. Chose qui leur permet d'améliorer l'ensemble : affaires, revenus et patrimoines, santé, nutrition, éducation, réseaux de soutien social, etc. Il s'agit de savoir comment peut-on assurer une telle combinaison de services appropriés, notamment là où ces services de base sont absents ?

Mohammed Yunus à écrit : « En 2000, toutes les nations du monde se sont rassemblés au siège des NU à New York et ont proclamé leur détermination à atteindre 8 objectifs

141 BWANGA M'VUANDA. Kim, op. cit.

142 LHERIAU Laurent, op. cit. p.38

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importants en 2015, dont la réduction de moitié de la pauvreté » 143 une telle situation représente d'après le fondateur de la Gramen, une réelle « menace pour la paix144» mondiale.

Dans ce cadre, la diversité des besoins chez les pauvres «se retrouve» ciblée, au moins, partiellement dans les huit objectifs établis par les accords et les résolutions adoptés par les Nations Unies dans les années 1990 (appelés OMD). Ces objectifs visent la réduction de moitié le pourcentage de personnes vivant en état d'extrême pauvreté ; la scolarisation de tous les enfants du primaire; l'émancipation des femmes par l'élimination des disparités de genre ; la réduction des taux de mortalité infantile de 2/3 ; la réduction des taux de mortalité maternelle de 3/4 ; l'accès aux services de santé génésique et la mise en place de stratégies nationales en faveur du développement durable. Ce sont là les objectifs dont les termes sont fixés pour l'année 2015.

Idéalement, l'atteinte de ces objectifs contribue à la création d'un «monde débarrassé de la pauvreté et de la misère» selon M. Yunus comme tout le monde s'entend sur la nécessité de soutenir davantage les pauvres, d'abord en tant que bénéficiaires privilégiées des services de développement et notamment comme vrais acteurs de développement.

Parfois, les opérateurs de MC sont motivés par l'idée de fournir des services non financiers à leurs clients lorsqu'ils en constatent l'utilité. Pourtant, le souci de viabilité financière les a rendus prudents quant à l'offre de ces prestations non-financières, et fait qu'ils pensent que celles-ci peuvent constituer un frein à leur pérennité.

Mais le crédit, même s'il est combiné avec d'autres services financiers, ne s'adresse qu'à un facteur parmi plusieurs engorgeant les pauvres : celui du manque de liquidités. Brisés par le désengagement de l'Etat et l'application du PAS, les pauvres ont peu ou pas d'accès à l'éducation, la santé et d'autres services qui les aident à retrouver leur «humanité» ; de la même manière qu'ils ont été délaissés par le secteur financier traditionnel.

143 YUNUS Muhammad, « Vers un monde sans pauvreté », op. cit. p.335

144 Idem. p. 356

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe