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Le microcrédit au Maroc. Tensions entre performance commerciale et finalité sociale.

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par Brahim NAHI
Université Mohamed 5 _Faculté de droit Agdal Rabat  - Master spécialisé en Management de développement social  2012
  

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CONCLUSION DE LA PARTIE N°1 :

Le Maroc est reconnu comme leader de microcrédit dans sa région. Il dispose du plus grand nombre de bénéficiaires avec 40% des personnes servies dans le monde arabe, et compte des AMC parmi les plus performantes au monde. Le secteur a connu l'une des plus formidables croissances en matière de microcrédit. En moins de quatre ans (2003-2007), le portefeuille de prêts des AMC a été multiplié par onze, et la clientèle par quatre, selon les données du MIX (Plateforme mondiale sur le web relative à la microfinance). Cette croissance exceptionnelle a été portée par quatre AMC leaders : Zakoura150, Al Amana, Fondation des Banques Populaires et Fondep. Ces institutions affichent des résultats remarquables selon les critères de performance appliqués en microcrédit, notamment l'échelle, le degré de pauvreté de la clientèle, la qualité des actifs et la rentabilité. Ces résultats impressionnants ne sont pas passés inaperçus : Al Amana et Zakoura ont reçu plusieurs prix internationaux (le prix du MIX récompensant les IMF les plus performantes et le Prix Européen de la Microfinance). En 2007, le secteur de microcrédit au Maroc était l'un des plus actifs et des plus performants au monde.

Ce succès n'aurait pas été possible sans l'appui continu de l'Etat. La loi 18-97 sur le microcrédit a fourni un cadre clair pour le développement du secteur, et l'Etat a apporté un soutien financier important par le biais d'un fonds public (Fonds Hassan II) qui a permis aux premières AMC du pays de se doter en capital. Le ministère des Finances a exercé un suivi rapproché et la banque Centrale (BAM) a pris en charge la supervision des AMC à partir de 2007.

Le secteur a également bénéficié de l'appui de la communauté internationale des bailleurs de fonds, principalement de l'USAID et de la Commission européenne, la SFI151 et la KfW152. Une grande spécificité du secteur marocain du microcrédit réside dans l'engagement des banques locales qui sont des bailleurs importants du secteur, elles ont créé deux des principales AMC et finançaient 85 % des actifs du secteur en 2008.

150 Absorbée par la FBPMC fin 2009.

151 Société Financière Internationale (SFI) est une structure créée en 1956 dont l'objet est d'accorder des prêts à des investisseurs privés s'ils sont garantis par l'État.

152 Groupe bancaire KfW qui appartient à l'Etat Fédéral Allemand.

Etudiant Chercheur : Brahim NAIII PFE _Master Spécialisé Management du Développement Social 74

Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)

Cependant, vers la fin de 2007, le secteur a été frappé par une crise. Ses signes ont commencé à se manifester, notamment une hausse des taux d'impayés et une progression de l'endettement croisé. En 2006, une étude réalisée pour le compte de Planet-Finance153 a mis en lumière la concentration des microcrédits dans les grandes villes, comme Casablanca, Fès et Marrakech, et le développement de l'endettement croisé dans les centres urbains. Les portefeuilles à risque ont commencé à augmenter de manière significative, de 0,42 % en 2003 (l'un des niveaux les plus bas au monde) à 1,9 %154 en 2007. En décembre 2007, la crise des impayés avait déjà débuté, mais son ampleur était encore dissimulée par la croissance exceptionnelle du portefeuille de prêts.

Les impayés étaient déjà importants pour les prêts accordés au début de l'année 2007, mais l'essentiel du portefeuille datait des six derniers mois et n'était pas encore exposé aux arriérés. Le portefeuille à risque à plus de 30 jours était de 1,9 %, soit encore bien en deçà de la moyenne mondiale de 2,7155 % rapportée par le MIX. Les dirigeants et les bailleurs de fonds des AMC, et même les agences de notation, se déclaraient satisfaits et ne voyaient pas la crise due aux impayés se profiler. La hausse brutale des portefeuilles à risque a eu lieu en 2008 et a affecté toutes les IMF. En décembre 2008, le PAR156 30 jours était de 5 %, et il atteignait le niveau alarmant de 10 % en juin 2009. Les abandons de créance ont eux aussi considérablement augmenté avec un impact négatif sur la rentabilité et la solvabilité des IMF. En mai 2009, Zakoura, l'une des IMF marocaines leaders, annonçait un PAR 30 jours de plus de 30 % et décidait de fusionner avec une autre institution, la Fondation des Banques Populaires.

Dans une étude157 qui date de 2008 on trouve que 40 % des impayés pouvaient être attribués à des changements de méthodologie de crédit (une évolution vers les prêts individuels, une augmentation du montant des prêts et le passage d'échéances de remboursement hebdomadaires à des échéances mensuelles). L'endettement croisé constitue également un autre facteur aggravant, même s'il n'est pas à l'origine de la crise. Cette même étude158 estimait que 40 % des bénéficiaires de microcrédits disposaient de plus d'un prêt. Ce problème est particulièrement marqué dans les centres urbains.

153 « Étude sur les endettements croisés au Maroc », Juin 2006, Étude réalisée par Planet-Finance Maroc.

154 D'après les données du MIXMARKET et rapports d'audit des IMF site web : www.mixmarket.org

155 Bulletin MicroBanking du 17 août 2008, site web : www.microbanking.org

156 Portefeuille à risque.

157 « Enquête sur les impayés du secteur de MC au Maroc », Étude réalisée par Bank Al Maghreb en 2008.

158 Idem.

Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)

Etudiant Chercheur : Brahim NAIII PFE _Master Spécialisé Management du Développement Social 75

Le secteur marocain de MC a promptement réagi ; l'Etat a organisé l'acquisition, en un temps record, de Zakoura par la Fondation des Banques Populaires une grande AMC soutenue par une banque d'État solide, de façon à restaurer la confiance et à éviter tout effet de contagion au niveau des impayés. Les prêteurs se sont également montrés coopératifs. Les banques commerciales locales ont maintenu leurs lignes de crédit, et les institutions financières de développement n'ont pas exigé le remboursement de leurs prêts. Dans le même temps, les AMC ont considérablement freiné leur croissance et ont réduit la taille de leur bilan.

En conclusion, les domaines d'intervention sont très diversifiés pour les AMC. Il s'agit des créneaux actuels (Activités Génératrices de Revenus «AGR», Micro-entreprises «ME»), de l'approfondissement vers le bas (rural), du relèvement vers la petite entreprise marginalisée (PE) et du traitement des besoins non satisfaits des ménages (logement, équipement, urgences...). Par ailleurs, les AMC pourraient investir dans de nouvelles activités telles que : l'épargne, les comptes courants, les cartes automatiques, les transferts, les retraites et les services non financiers de développement.

Le Microcrédit au Maroc : Tensions entre Performance Commerciale et Finalité Sociale (Cas : Al Amana Microfinance)

Etudiant Chercheur : Brahim NAIII PFE _Master Spécialisé Management du Développement Social 76

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe