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Les stratégies politico-économiques du football professionnel dépassent-elles celles des terrains ?

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par Victor PORCHER
Université Pantheon Assas Paris II - Master 2 Commerce et Management International 2016
  

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2.3 Les différentes stratégies de recrutement des clubs.

Au préalable, il est important de noter que les stratégies de recrutement des joueurs sont différentes d'un club à un autre. Comme le montre Kuper et Szymanski49 en 2009, chaque club exerce sa propre politique de transfert à l'image du club londonien d'Arsenal, dont la stratégie est de parier sur des jeunes encore peu connus sur la scène internationale pour les faire grandir, les conserver ou les revendre à prix d'or. Dans le cas contraire, si le jeune joueur

48 http://www.football-observatory.com/Rapport-mensuel-no13-L-utilisation-de-jeunes

49 KUPER S. et SZYNANSKI S. Why England Lose & Other Curious Football Phenomena Explained, HarperCollins Publishers, 2009, Londres.

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ne se révèle pas, les pertes du club seront minimes. Cette politique de recrutement est très proche des stratégies optionnelles sur les marchés financiers50.

L'objectif de chaque club est de réaliser une plus-value : acheter un joueur sous-évalué et le revendre avec une valeur surcotée.

C'est le cas de nombreuses superstars du football professionnel. Franck et Nüesch51 ont simultanément montré en 2008 que la spéculation de la valeur d'un joueur est monnaie courante sur le marché des transferts. Le jeune joueur prometteur, Anthony Martial, récemment transféré de l' AS Monaco en direction de Manchester United pour 100 millions d'euros alors que ce dernier ne totalisait qu'une seule sélection en équipe de France ne manquera pas de faire débat sur sa valeur réelle...En dehors de ces clubs exploitant les inefficiences du marché, d'autres clubs ont une politique totalement différente. Ces clubs achètent les meilleurs joueurs au monde à prix fort. L'exemple du Real de Madrid confirme ces propos. En observant le tableau « les vingt-cinq transferts de joueurs les plus coûteux après le mercato d'hiver 2014 »52 ci-dessous, l'institution madrilène a opéré quatre des cinq plus gros transferts européens.

50 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel, collection repères, 2014 P.86

51 FRANCK E. et NÜESCH S. Mechanisms of superstar formation in German soccer: empirical evidence, European Sport management Quartely, 2008, vol. 8, n°2, p. 145-164

52 DRUT BASTIEN, Economie du football professionnel, collection repères, 2014 P.88

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Il est évident que seuls les clubs dont la renommée est internationale, peuvent se permettre ce genre d'acquisition. On peut rappeler à titre d'exemple la nouvelle politique de recrutement du milliardaire russe Roman Abramovitch53, qui après avoir retiré Chelsea de la bourse, a investi aux alentours de 700 millions d'euros en politique de transfert. L'objectif était de faire du club londonien, l'un des plus grands d'Europe. Bien évidemment, l'homme d'affaire peut aujourd'hui se vanter de son succès.

Toutefois, la vente d'un joueur peut être aussi un motif d'assainissement des comptes du club dans le cas d'une dégradation financière. Bien que l'arrêt Bosman ait permis la mobilité des joueurs à travers toute l'Europe, il n'existe que deux périodes de transfert en hiver et en été, ce qui en toute somme est assez court. A contrario, les procédures de négociation entre le joueur, le club et l'agent sportif sont souvent longues. Or, une situation financière instable pousse souvent les clubs à vendre à un prix décoté, tant l'exposition est forte. Le club peut donc perdre un joueur efficace et régulier à prix dérisoire. Cette perte est synonyme d'échec . il est donc nécessaire que le club revoit tout son système managérial.

En définitive, le football n'est que le reflet d'une mondialisation où la spéculation est le nouveau métronome financier qui poussent les clubs à adopter de nouvelles stratégies de recrutement. L'intérêt de ce premier chapitre était donc de comprendre les nouveaux mécanismes économiques du football moderne et des enjeux auxquels il faisait face. A cela beaucoup de questions sont relatives à la nouvelle interprétation des enjeux réels du football professionnel. En effet, il est tout à fait légitime de se demander si le fonctionnement d'un club de football est similaire à une entreprise classique. Le football est-il encore un sport à part entière ou au contraire un business ? Le football est-il « le » sport, voué à la perversion économique ?

En réponse à notre développement, tout laisse à penser que le jeu du ballon rond évolue en ce sens. « L'argent est le nerf de la guerre » : cette expression est la définition même de ce qu'il est devenu. Réussir dans le football c'est avoir de l'argent, beaucoup d'argent. Le passage du football amateur au football professionnel et l'évolution du statut juridique des clubs nous conforte dans notre idée que les clubs cherchent à se rapprocher des plus grandes sociétés

53 Propriétaire du Chelsea Football Club depuis juin 2003

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commerciales. Il en va de même pour ces grands clubs qui ont opté pour l'introduction en bourse afin de garantir des profits financiers. De surcroît, les activités annexes des clubs de football vont également en ce sens. La guerre des droits de retransmission TV, le branle-bas de combat des contrats de sponsoring, l'émergence du « naming » et la « gentrification » des stades, les stratégies recrutement des joueurs sur le marché des transferts nous prouve que les stratégies des clubs sont aussi en dehors des terrains de football.

Pour autant, conclure de cette manière serait une maladresse. Le football est une histoire d'argent, mais c'est avant tout un véhiculeur d'émotion, de valeur et de joie. Echappatoire pour certains ou simple divertissement pour d'autres, ce sport, qui en fait l'un des plus populaires au monde, à la faculté de réunir les peuples. Chaque acteur du football professionnel est avant tout un passionné. Propriétaires, dirigeants, staffs ou joueurs sont mû par le même rêve : celui de soulever des trophées, d'être reconnu et respecté sur la scène internationale, de procurer des sensations aux supporters et pour tout une population. Le critère sportif est subséquemment un moteur de motivation pour chaque club.

En revanche, force est de constater que le football relève également d'autres aspects qu'il semble pertinent d'étudier. En effet, le critère économique étant une partie importante de la « footballisation » dans laquelle nous évoluons, le football est également un enjeu géopolitique irrécusable. Le football est un moyen de mettre au-devant de la scène sa puissance politique et économique. Tout est bon pour se montrer et diffuser son propre modèle. C'est le cas notamment du Qatar et de la Chine, qui ont décidé de faire du football un outil efficace pour répandre une forme de domination aux quatre coins du monde. Depuis quelques années, le Qatar investi sans compter dans le football professionnel dans l'unique but d'exister sur la scène internationale. L'enjeu est plus ou moins similaire pour la Chine, qui cherche à assouvir un peu plus sa domination mondiale. Le football, c'est aussi le reflet des enjeux mondiaux dans lequel l'homme se développe. Comme dans beaucoup de domaines, le continent africain souffre d'un retard de développement global. Malheureusement, le football africain n'échappe pas à la règle. L'Afrique, mère de nombreux jeunes talents, où le football occupe une place importante dans la vie des populations, est encore tiraillée par de d'innombrables difficultés, tant sur le plan économique que social. Toutefois l'Afrique est une terre qui pourrait accueillir un football moderne, attractif, avec des infrastructures adaptées. C'est la raison pour laquelle il s'agit d'un enjeu géostratégique important qu'il semble nécessaire d'aborder dans ce nouveau chapitre. Pour ce faire, nous analyserons dans un

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premier temps, la nouvelle stratégie d'influence du Qatar dans le milieu du football. Puis nous verrons dans une seconde sous-partie le nouvel amour de la Chine pour le football afin d'en faire une nation compétitive. Enfin, notre chapitre se terminera par l'un des enjeux géostratégiques les plus importants du 21ème siècle : l'avenir du football africain.

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