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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

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par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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II.III.2. « Existence » ou possibilité de la responsabilité.

Comment peut-on dire qu'une responsabilité existe? N'est-ce pas en phénomène, c'est-à-dire selon un aspect, un effet que l'on perçoit « là-bas ».Puisque la responsabilité n'est pas en situation mais en conscience-libre, et que la situation qui est une occasion perpétuelle et sérielle de l'existence n'est certes qu'excuse : Il faut prendre le dessus, sinon on souffrira, en avares. Formulation assez responsable. Sur quoi prendre le dessus ? Sartre étudiant Monsieur Rollebon pense que la vérité se trouve dans « la fermeté et la consistance ». Et il s'ensuit que l'homme qui m'intéresse pourrait bien plus m'ennuyer. Certes, parce que je ne me sens plus libre du tout à force de m'intéresser... Cette liberté que chacun aime, chérit, et nécessite tant, dont l'absence empêche d'être et empêche d'agir. Finalement, ma responsabilité est mon compte, mais est aussi par cette conscience-libre, au compte des autres hommes2. La Responsabilité n'est-ce donc pas une « obligation » plutôt qu'une personne ?

A un objet qui apparaît, en bon existentialiste on constate une interaction perçoit-percevoir-perçu. L'objet peut atteindre chacun d'une façon ou d'une autre selon l'affectivité. Par une haine, une indifférence, une fascination...pour les uns, et par le plaisir, l'excitation, la

1 SARTRE, La Nausée, Op.cit., p.26, §2. 2/bid., p.28.

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douleur...pour les autres. Mais une telle connexion se limite-t-elle à une simple existence physique ou matérielle ?a Un jour parfait pour faire un retour sur soi.. »1 disait Sartre,...pour se concevoir. C'est à partir de cette capacité de prendre conscience de sa conscience, ce qui semble rare de nos jours, que la Responsabilité prend forme pour exister et apparaître via nos actes. Soulignons encore que l'homme n'est rien d'autre que l'ensemble de ses actes. Et la Responsabilité est un acte gratuit comme chez Gide, non pas comme caprice, mais situé par des situations précises et exigeantes. « (...) pour l'existentialiste, il n'y a pas d'amour autre que celui qui se construit ; (...) le génie de Proust c'est la totalité des oeuvres de Proust ; le génie de Racine c'est la série de ses tragédies (...) »2 :c'est pour dire que «un homme est une série d'entreprises »3. En effet, «Un lâche (...) est responsable de sa lâcheté (...) Le lâche est défini à partir de l'acte qu'il a fait : il est coupable d'être lâche »4. Tous, on est coupable de tant de chose ou d'inaction si l'on se mettait à se définir : tous. Une vie, désoeuvrée ou active, engage toujours la Responsabilité.

La responsabilité n'existe ainsi donc que dans l'acte : soit un acte positif lorsque c'est humain, sommaire, organisé et entrepris ; soit négatif lorsque c'est humain, fantastique, passif, profondément héréditaire et social. Alors la responsabilité est une réalité et non pas une pensée. Mais celle individuelle ne suffit pas pour définir une responsabilité aussi grande que la responsabilité humaine. D'où, elle se définit à partir de la subjectivité humaine : elle engage les gens, les lâches, les hommes,... ; non selon leur naissance mais plutôt dans l'ensemble de leurs actes et décisions. Et de même, non seulement pour ces personnes mais surtout pour l'humanité entière, comptant les possibilités ontologiques ou existentielles. Il n'y a plus d'espoir que dans « l'action » : c'est-à-dire que la responsabilité n'existe que dans l'acte humain, non dans l'attente, dans l'espoir ou le désespoir,...puisqu'il n'y a donc pas d'espoir sans responsabilité.

Avec un simple constat, nous pourrions surement dire alors avec le désespoir du monde, exprimé par la passion festive et sexuelle, que cette responsabilité manque d'existence. Notons d'abord que Mounier avait écrit pour Sartre et quelques autres athées L'espoir des désespérés. Cette note est pour susciter l'amer espoir que portent les ouvrages sartriens : un espoir qu'il trouve lui-même impensable si bien qu'il le pense constamment. C'est à cet objet que Sartre consacre la plus grande part de son travail à élaborer la

'Ibid. p.30, §2.

2 SARTRE, L'existentialisme, Op.cit., p.57. 3/bid. p. 58.

4/bid. p.59.

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responsabilité comme fondement de l'humanisme. Et ce n'est en fait qu'une réalité oubliée, détruite de la modernité qui prend son aise en brisant toute antériorité pour construire une rupture globale entre tout et tous. Le passé rompu du futur, ni l'un ni l'autre ne répond plus à rien puisque le présent ne répond qu'à l'absence : un vide qui tend vers l'avenir et qui se repose sur le passé. C'est-à-dire, une liberté totale, un pour-soi (un rien, le « je », contingence et transcendance) qui comble son en-soi (son être, son « moi », plénitude sans faille et choséité).

L'absurde, l'injuste, la nausée, la mort, le trop, la futilité, l'invention, l'exigence, l'ignorance, l'incompréhensible, l'inconsistance, la fatalité, l'enfer,... sont les réalités humaines du monde qui poussent chacun à chercher ou abandonner espoir. Mais si ses chaos s'installent, c'est qu'alors rien ne correspond à rien et personne ne répond à rien. Puisque toute chose est conséquente de quelque chose. Et lorsque l'origine est rien, alors la conséquence sera également néant et absurde. Un mort enfante un mort, un malaise enfante un malaise, et l'irresponsabilité enfante l'inconsistance. Car en effet,

"Au moment de la mort nous sommes, c'est-à-dire nous sommes sans défense devant les jugements d'autrui; on peut décider en vérité de ce que nous sommes" ; et "nous n'avons plus aucune chance" d'échapper à cet enfer, à ce jugement emprisonnant et définitif Dans Saint Genet, comédien et martyr, Sartre, convaincu de l'importance de la rencontre d'autrui et de l'amour pour se construire soi-même, parle même de "salut par l'amour" en affirmant alors "l'amour désire la réciprocité", "le véritable amour est salut et sauvegarde de tout l'homme" (...) S'il est vrai que l'homme est « de trop » sur cette terre, cela ne l'empêche pas de donner, et non pas de trouver tout fait, un sens à sa vie. Il lui appartient de le forger et non pas de le recevoir comme si cela allait de soi, et comme si ma place ici-bas allait de soi. Telle est la pensée de Sartre.'

On peut soustraire de cela que la responsabilité naît par la conversationnalité du « je » et du « moi » avec autrui, humble, enquête d'un « amour véritable » qui jusque là se rogne de plus en plus. Que la responsabilité n'existe, alors, est un fait et non pas tout à fait une vérité. La Responsabilité ne consiste pas fermement à ne pas exister : elle n'est pas intrinsèquement malgré elle un néant inopérant. Bref, cela suppose que les fins ne sont pas à négliger. Il faut les connaître et les réfléchir.

1 SARTRE, E&N, Op.cit., p. 159 ; et SARTRE, Saint Genet, comédien et martyr, pp. 112, 486, 491 ; cité dans Laurent Gagnebin, « Sartre et l'espoir» (extrait), In Persée, http://www.persee.fr/doc/chris 0753-2776 2...

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius