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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

( Télécharger le fichier original )
par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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II.III.3. Finalité de la Responsabilité.

Perçu par la conscience, la responsabilité elle-même est sa propre limite, elle est antérieur à sa propre existence. Ce n'est donc ni un devoir, ni une « genèse », mais un acte à la place de la conscience qui ne peut être qu'un effet. Il n'y a pas de conscience sans responsabilité, et il n'y a pas de responsabilité sans une conscience.

La Responsabilité est un acte, fruit d'un effet, et produisant un effet ; toujours en vue d'une réalisation nécessaire à l'existence réelle d'exister-conscient. Sans oublier que la conscience est par cause, mais existe par soi. D'où, être responsable est toujours responsable envers autrui, alors que « la conscience est cause de sa propre manière d'être »l. Puisqu'il n'y a que les existences, la responsabilité est un « absolu » de l'expérience concrète, c'est l'ensemble du « vivre » et des « vécus » qui en sont à la mesure, comptant de référence principal la « Situation ». C'est la seule mesure de la conscience existentielle, « un vide total, absolu » qui a besoin d'une activité pour afin apparaître. Finalement, c'est une subjectivité ontologique : un effet vers un autre, une conscience vers une autre, un homme vers un autre,... antérieur ou postérieur à son existence et durant même son existence. Ce n'est donc pas seulement une valeur morale, mais aussi et surtout un évènement réel souvent oublié.

Enfin, la responsabilité n'est pas en situation, mais en conscience-libre. C'est-à-dire qu'elle se fonde sur une liberté de conscience, avant toute chose : il faut être conscient de moi, d'autrui et de l'existence phénoménologique de chacun ; et surtout faut-il être conscient d'être conscient et exister pour prendre conscience du « nous ». En effet, lorsque Sartre cite « Le pour-soie est l'absence de l'en-soi3 », c'est en cela que le « nous pour moi » est la capitale fm de la responsabilité sartrienne si bien que le « pour-autrui » est l'acte ou le choix cheminant vers cette fin. C'est-à-dire que si je me dois d'exister, je ne pourrais jamais me suffire, et donc il me faut me référer à un « moi-homme »4 où je pourrais m'épanouir sur le visage d'autrui5 auquel je reconnais que j'existe. C'est-à-dire que parmi les hommes, je suis un homme qui est « plongé » dans un « enfer » que je ne demande pas ; dans mes sentiments, dans mes passions,... je m'abandonne à ma personne et à mes jouissances.Mais si « le monde » qui

1 SARTRE, E&N, p. 22, §2.

2 C'est le mode d'être de la conscience, des existants conscients ; conscient.

3C'est le mode d'être de ce qui, étant privé de conscience, n'est que ce devenir autre. D'autres appelleront l'en-soi « essence » ou « nature », encore, à savoir.

a C'est-à-dire, à un alter ego.

5Cf. Emmanuel Levinas : « 1'11 y a », « la jouissance », « le visage ».

ou bien l'être conscient, en tant que

qu'il est et ne peut (intentionnellement) mais l'exactitude de cela reste parait-il,

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m'entoure et dans lequel je suis situé est vide de ressources, vide de bonheur, vide d'hommes, vide de sourire,..., vide de sens, alors comment un homme sans existence saura-t-il se réjouir de quoi que ce soit puisque tout ne serait plus donc qu'une illusion ? La responsabilité, ainsi, s'impose au pour-soi : je dois répondre au moi et aussi à l'autre, et ma position dans le monde en est « le commandant investi de l'imperium »1 ou bien « l'empereur ». La contingence transcendantale est alors effectivement l'absence de la plénitude sans faille.

Ainsi, la « situation »2 n'est qu'ex-cuse pour ceux qui en abusent en attribuant leurs malheurs à leur situation, puisque ce n'est qu'une occasionperpétuelle3, dans le cours et dans les instants de l'existence humaine. Par la responsabilité, l'homme est maître de son existence, cause de ce qu'il estet de ce qu'il n'est pas, et ce nécessairement.4Sartre dessine l'existence comme une infmie série de situations, mais chaque situation étant un objet de conscience : l'homme est situé devant une situation, il en prend une conscience, il effectue un choix ; mais seul un homme responsable, un être humain, assume ses choix lorsqu'il « ne peut ne pas choisir ». C'est cela tout ce dont à quoi « consiste » l'homme qui est alors un « être-pour-tous »set qui agit pour faire6.

En d'autres termes, on peut parler de la conscience comme « praxis »7. Brièvement, cette contradiction est de cet aspect que la joie se trouve dans le plaisir faute de trouver le bonheur trop loin de sa porté : le bonheur est effectivement une grande joie, mais le plaisir et le bonheur sont néanmoins contradictoires ; ce, à l'instar du monde actuel, tellement en joie, négligeant l'insécurité naturelle du monde, dans la foi de l'insécurité du monde naturel. En effet, le problème sartrien concerne les consciences particulières à partir du monde et non la conscience absolue purifié du « je », qui selon lui, n'est que condition première et source absolue d'existence, et qui, ne peut fonder ni politique, ni morale.8 C'est de cela que naît la

llmperium signifie « pouvoir suprême ».

2 Comme l'un des dix catégories aristotéliciennes, la situation se réfère à la position d'un corps dans un lieu. Mais dans l'existentialisme, elle est l'ensemble des rapports que l'homme (un pour-soi) conscient de son existence, entretien à un moment donné avec les réalités (objets, êtres) qui l'entourent, relativement à son projet (...).

a Chaque instant qui se perpétue sans référence temporel devient occasion du moment où il reçoit un contenu. Perpétuer ce contenu revient alors à perpétuer l'occasion : c'est alors la pure objectivité d'existence.

4 D'où le fameux « L'existence précède l'essence ».

6 SARTRE, L'existentialisme, Op.cit., p. 26.

6 « "Le faire est révélateur de l'être." (Sartre) », In http://evene.lefisaro.fr/citation/faire-revelateur-etre-16531.php

« Praxis », In Wikipedia Encyclopedia 2009, Homonymie, Concept philosophique grec.

8Cf. « Jean-Paul Sartre », In Auteur, http://www.puf.com ; et « Sartre, La Transcendance de l'Ego », In Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, tome 2, 4e éd., Paris, P.U.F, coll. « Quadrige/Dicos poche », 2014.

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«praxis », à l'opposé de l'hexis (pratique rigidifiée), comme champ de l'activité pratique.l L'aboutissement en est que, de la délinquance au crime et toute forme d'insécurité, la solitude est la seule coupable, mais les responsabilités ne retombent alors que sur nous et de façon totale. De l'origine à la fin, la responsabilité concerne la conscience humaine.

En outre, cette praxis de la responsabilité vise certaines choses qui lui sont essentielles : une morale de l'engagement, l'espoir de vivre, une construction bien fondée, la réalisation humaine de l'homme, un chemin vers une fin valeureuse, et tout ce qui est fondement du bon homme malgré ses imperfectibles défauts. Cet état seul peut offrir la possibilité d'un « eu dzèn », d'un vivre ensemble pacifique, matériellement riche ou pauvre, riche de valeur, de culture, de vie,...riche d'existence. C'est ce « vivre bien » que Hannah Arendt entreprend dans sa pensée. Elle distingue, d'une certaine manière le faire de la praxis2 pour penser un peu plus d'individualité dans la vie sociopolitique3. La praxis peut toujours revenir à une fragilité selon elle pour une simple raison que construire ne suffit pas, mais qu'il faut se construire surtout. Les deux points de vue se divergent alors, focalisé sur le model grec. Sartre reproche à cette idéale grecque l'anti-praxis de la prédétermination de l'ordre. Un ordre préétabli prédétermine l'action, empêche d'agir librement, et fait ainsi de l'individu un acteur sans ouvrage : Sartre appelle ceci action ou « pratico-inerte », plutôt que « praxis » ou agir. L'agir sartrien est libre, tout comme le faire arendtien. L'ampleur de ces différences n'est pas ici notre intérêt, puisque c'est cette liberté qui est d'abord ici notre visé, lorsqu'on parle de responsabilité. La liberté est l'être de tout acte humain, importe peu sa nomination.

Cette responsabilité n'a donc pas de quantité, c'est qualitatif ou réflexif, poïétique dirait Arendt, conscient ou subjectif dirait Sartre : elle est plein de « quel ». La seule norme initiale est que je pense donc je suis, c'est absolue, puis accompagné de quelques probabilités. Alors pour sa « fin », il faut exposer ce qui est au moins, au début et à la fin. Et si une fin séquence les séries de valeurs, et que l'action doit se servir du faire pour produire ce qui serait le construit (afin qu'elle ne produise pas plus que ce qu'elle est de loin), il faut donc en saisir la Responsabilité sans intermédiaire. Cette responsabilité ne considère, pour ainsi dire, aucune fm descriptible ; c'est chaque fin visée qui considère une responsabilité correspondante mais à priori l'acte considéré.

'SARTRE, Jean-Paul, Critique de la raison dialectique, précédé de Questions de méthode, Tome I - Théorie des ensembles pratiques, Bibliothèque des Idées, nrf, Éditions Gallimard, 1960, p. 179.

2 ARENDT, Condition, Op.cit., p. 282.

3Cf. JESUHA, Thomas, L'agir et le faire chez Hannah Arendt, http://www.academia.edu(En ligne). Consulté le 10/08/2015 à 15 : 12: 08.

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