F- La violence religieuse
La religion joue et occupe une grande place dans toute
société; donc la violence religieuse n'est pas à
négliger. Habituellement, la profession de la foi n'empêche pas
à un couple de s'unir, mais le plus souvent après s'être
marié, un conflit de religion survient dans le couple. L'un oblige
l'autre de professer sa religion et voilà le conflit, ainsi que
l'agresseur peut empêcher la femme d'aller à l'église et
inversement. Il peut dénigrer ses convictions religieuses ou même
exiger une pratique religieuse autre que la sienne.
? Pratique sur la violence religieuse
Reportons les propos d'une victime de la violence
religieuse: Je suis marié d'une manière traditionnelle depuis
quelques temps, je suis aussi éduqué dans la foi protestante et
mon épouse est baptisée selon l'église catholique. Je
n'empêche jamais ma femme d'aller à son culte d'origine, pourtant
elle emmène mes enfants priés dans d'autre église que les
nôtres. Ma fille ainée a été baptisée selon
la foi protestante F.L.M ; actuellement elle a porté au niveau des
nombreuses églises comme:«FAKRI, RHEMA, FMX5 et FJ
Besakoa»19. Ensuite, elle l'a fait encore baptisée
à chaque église, cependant, je refusai qu'elle ait prié
dans une église de secte20. Pourtant, à chaque fois
qu'elle sort prier je vérifiais dans quelle église elle se
rendait, et j'ai remarqué qu'elle allait toujours dans les
églises de secte, pour ainsi dire, elle contestait mes propos sur sa
pratique. Aujourd'hui nous sommes séparé totalement parce qu'elle
ne respecte plus mes conditions».21
Certes, dans notre travail, la violence religieuse vise
à briser la liberté de choix à la foi religieuse de
l'autre partenaire.
18 Source: Cas
reçus au niveau du DRPAS/Sud-Ouest, 14 Décembre 2012, Dossier
orienté à la TAZ et CECJ/Toliara 19Diverses
églises qui sont s'installent dans la ville de Toliara, on peut nommer
en générale des sectes.
20Secte: Groupement religieux clos sur
lui-même et crée en opposition à des idées et
à des pratiques religieuses dominantes.
21 Source: Enquête
par audition d'une personne subir de la violence religieuse, c'était
à Mahavatse I/Toliara, 04 Juin 2013 à 16h 00m, visite à
domicile en accompagnement psychosociale du cas conclu au CECJ.
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
G- La violence coutumière
La situation prévalent à Madagascar en
matière du respect des droits de la femme est loin d'être
satisfaisante. Généralement, le non-respect de ces droits se
concrétise sous forme de violence ou de pratiques socioculturelles
discriminatoires qui sont très fréquentes dans le sud de
l'île à cause du fort attachement des populations de leurs
«FOKO»22à la tradition qui est accentué par
une paupérisation généralisée de leurs
ménages.
1- La pratique socioculturelle discriminatoire
La violence coutumière a été
basée sur la violence et la pratique socioculturelle discriminatoire.
C'est pourquoi, la définition de la violence présentée
ci-dessous qui a été tirée d'une publication du centre de
recherche Innocenti d'UNICEF,23Ont été extraites de la
catégorie des sévices physiques, sexuels, psychologiques et
économiques, «Les pratiques traditionnelles nuisibles comme
mutilations sexuelles féminines et le legs de l'épouse (la
coutume selon laquelle le frère du défunt reçoit en
héritage la veuve et ses biens)». Ainsi, le concept de pratique
socioculturelle discriminatoire à l'égard des femmes comprend les
croyances et les normes qui sont établies au sein d'un groupe familial,
villageois ou lignager, liées à sa vie sociale et culturelle et
qui s'appliquent seulement à la totalité ou à une partie
de ses femmes.
2- Les violences perçues sur la pratique
traditionnelles
La vérité pratique suivante a été
confirmée par les informations recueillies : en général,
les auteurs sont les plus forts, c'est-à-dire les femmes sont les
victimes les plus vulnérables que les hommes. Dans le cadre de notre
étude, la typologie des figures de violence identifiées fournit
les trois catégories suivantes :
2-1 Les violences familiales
La violence familiale consiste surtout à maltraiter le
partenaire ou l'enfant, à manquer à ses devoir envers eux, voire
à les abandonner. Elle fait partie de la vie quotidienne des
mères ou des filles dans certains pays émergents et la plupart
des pays en voie de développement. Ainsi le plus grand danger demeure
dans le fait où la violence engendre la
22«FOKO»: C'est une
structuration sociale et culturelle proche du groupe lignager pour les uns et
de l'ethnie pour les autres.
23Centre de recherche innocenti, UNICEF,
La violence domestique à l'égard des femmes et des filles,
Digest
Innocenti, no6- Juin 2005
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
violence, c'est-à-dire que la femme où la fille
deviendrait à son tour violente vis-à-vis des plus faibles
qu'elle.
2-2 Les violences psychologiques
De la part de leur entourage surtout de leur partenaire, les
femmes subissent des menaces et du chantage par la violence verbale, assistent
à la destruction d'objets, et souffrent de la restriction voire de la
suppression de leur liberté d'expression et d'action. Elles sont
causées par consommation de stupéfiants comme l'alcool et les
drogues. La pratique quotidienne Malagasy, est marquée par l'instinct
dominateur et l'égoïsme de l'homme.
2-3 Les violences culturelles
L'abus de la domination de l'homme sur son partenaire et du
pouvoir dans la vie conjugale est le fait d'obliger le partenaire à
respecter les normes, les croyances et les valeurs traditionnelles qui sont
contraires à leurs droits. La violence culturelle est une forme de
manifestation de l'emprise masculine sur les épouses.
Malgré une apparente cohésion entre les genres dans la
société Malagasy, la violence, dans l'espace privé, est
une forme d'expression du pouvoir masculin.
3- La succession et la tradition Malagasy
Dans la pratique socioculturelles discriminatoires se
manifeste à la succession, les enfants généralement
masculins héritent de père à la place de l'épouse.
Dans la prédominance des mariages traditionnels et
l'institutionnalisation de la polygamie, c'est le phénomène de
«vily rafy»24. L'homme est partagé entre les
épouses sur tous les plans avec toutefois certains privilèges
pour le «vady be», 25dans la vie conjugale l'homme est
servi et mange en premier et à part, leur repas doit être servi
par sa femme qui s'agenouille et avec un éventail, refroidit le repas et
repousse les insectes. L'homme doit être nourri même si les autres
membres de la famille sont affamés.
4- La situation de la femme à Madagascar
Dans les croyances, sur la coutume Malagasy, la femme
stérile est répudiée automatiquement ou obligée
d'accepter d'être mise en statut de polygamie par ses parents, l'homme
n'est jamais stérile c'est toujours la femme qui l'est. En
général, dans des
24 «vilyrafy»: On achète une rivale
et on fait venir une rivale si elle est de la famille.
25«vadybe»: L'épouse principale qui est en
générale la première
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
cérémonies, les «ampela» (femmes)
n'ont pas le droit de se mettre ni devant les hommes ni sur la même ligne
qu'eux et encore moins de se trouver face à face avec le «Mpita
Hazomanga» (chef lignager). Et pire encore, les jeunes hommes se mettent
devant les femmes. Car dans le sud de Madagascar, elle n'a pas le droit de
prendre la parole pendant une cérémonie officielle ou à
une quelconque manifestation, c'est le phénomène de
«Akohovavy tsy magneno» la poule ne produit pas de son. Voilà
quelques exemple de FOKO existant dans la ville de Toliara qui pratiquent et
gardent toujours les us et coutumes de leurs ancêtres, ainsi que ses
coutumes ou sa vie quotidienne concrétise la violence
coutumière.
Primo chez les Vezo: «en général
gardent toujours leur tradition, vu que l'épouse ne garde jamais
l'argent, c'est le mari ou le chef de la famille qui gère tout et
distribue le revenu à ses épouses dans la vie conjugale; la
coutume juge que l'homme est mieux placé pour garder l'argent et en
assurer la gestion, plus particulièrement, la femme est jugée
trop dépensière que leur mari».26
Secundo dans la vie Masikoro: «A la pratique, au
niveau de la vie conjugal, la femme ne doit jamais parler à un autre
homme qu'elle ne connait pas à l'absence de son mari, elle ne doit pas
manger avant que son mari ne soit repu, mais elle doit s'asseoir à ses
côtés pendant ses repas, soit pour lui donner de la fraicheur en
l'éventant, soit pour éloigner les mouches ainsi que soit pour
pouvoir aux quelques besoins de son mari pendant son repas. La femme ne doit
pas parler à son mari en premier sans que celui-ci ait fini de manger,
sauf s'il le lui a demandé ou bien a commencé à lui
parler».27
Tertio la coutume chez les Mahafaly à propos de la
séparation du couple : «Traditionnellement, les fautes de
l'homme dans la vie conjugale arrivent vite chez les parents de la femme qui le
plus souvent y accourt et y reste en attendant que tous s'arrange. À
vrai dire, si le mari commet une faute que sa femme ne peut pas accepter et ne
peut pas supporter, alors ses parents ont obligé leur fille à se
réconcilier auprès de son époux. Ainsi, qu'ils exigent
à son gendre pour faire payer un dommage et intérêt
à sa femme, et un autre à ses beaux-parents pour obtenir le
pardon ».28
D'après notre analyse envers la violence
coutumière à Madagascar, notamment dans la ville de Toliara, ont
distingue des formes multiple de violence.
26Source: Rapport sur la
«Recherche et étude dans le Sud et le Sud-Est sur la violence et
les pratiques discriminatoires envers les femmes et les enfants»
no12, Vie conjugale et familiale chez les Vezo, p 52
27Source: Rapport sur la «Recherche et
étude dans le Sud et le Sud-Est sur la violence et les pratiques
discriminatoires envers les femmes et les enfants» no12, Vie
conjugale et familiale chez les Masikoro, p 46 28 Source :
Rapport sur la « Recherche et étude dans le Sud et le Sud-Est sur
la violence et les pratiques discriminatoires envers les femmes et les enfants
» no13, Séparation chez les Mahafaly, p 40
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
Tableau 1: TYPE DES VIOLENCES
SUBIES PAR LES VICTIMES FEMININES
TYPES
|
QUANTITE/ÉCHANTILLON
|
POURCENTAGE
|
|
|
|
Violence Verbale
|
250/300
|
83%
|
Violence Psychologique
|
235/300
|
78%
|
Violence Physique
|
180/300
|
60%
|
Violence Sexuelle
|
150/300
|
50%
|
Violence Economique
|
275/300
|
92%
|
Violence Religieuse
|
100/300
|
33%
|
Violence Coutumière
|
200/300
|
67%
|
(Source: Résultat de
l'enquête communautaire en 2011dans la ville de Toliara
réalisé par RAZAFINDRADIA, données tirées par le
rapport technique annuel de la TAZ et CECJ/Toliara 2012, 2013).
Tableau2 : TYPE DES VIOLENCES
SUBIES PAR LES VICTIMES MASCULINES
TYPES
|
QUANTITE/ÉCHANTILLON
|
POURCENTAGE
|
|
|
|
Violence Verbale
|
77/90
|
86%
|
Violence Psychologique
|
38/90
|
42%
|
Violence Physique
|
25/90
|
27%
|
Violence Sexuelle
|
30/90
|
33%
|
Violence Economique
|
20/90
|
22%
|
Violence Religieuse
|
10/90
|
11%
|
Violence Coutumière
|
05/90
|
06%
|
(Source:
Résultat de l'enquête communautaire en 2011dans la ville Toliara
réalisé par RAZAFINDRADIA, données tirées par le
rapport technique annuel de la CECJ/Toliara 2012, 2013 et la résultat de
l'enquête par audition effectué par RAZAFINDRADIA auprès
des responsables des associations: CAFED/FAFED, YMCA, CONGOPDH, ainsi
qu'auprès des personnels de la DRPAS région Sud-Ouest).
Martino Herbert RAZAFINDRADIA
Tableau 3: POURCENTAGE DES
FEMMES ET DES HOMMES VICTIMES DES DIFFERENTS TYPES DE VIOLENCE CONJUGALE DANS
LA VILLE DE TOLIARA À PARTIR DE 2011 - 2013
LIBELLÉ
|
QUANTITE/ÉCHANTILLON
|
POURCENTAGE
|
|
|
|
FEMMES
|
310/390
|
79%
|
HOMMES
|
80/390
|
21%
|
(Source : Résultat de cumul
des données, réalisé par RAZAFINDRADIA en novembre
2013)
|