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Hamlet et Freud, de la psychanalyse appliquée à  sa critique philosophique.

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par Layla Dargaud
Paris Ouest Nanterre La Défense - Master 2 Philosophie  2015
  

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2) Ouverture à de nouveaux degrés de lecture de l'oeuvre littéraire.

Sur le plan de la critique littéraire, l'utilisation de la psychana-

lyse permet de comprendre mieux l'÷uvre, de l'enrichir de sens nou-

veaux, sans la dévaloriser pour autant. 317.

La méthode freudienne permet, au-delà de la psychanalyse du personnage littéraire (dont Freud avoue qu'elle est un leurre, malgré le fait qu'elle n'est pas dénuée d'intérêt), de son auteur (dimension biographique que Freud n'abandonnera jamais complètement) et du texte (une entreprise à laquelle Freud a ouvert la voie), différents degrés de lecture, moins immédiats mais non moins essentiels.

Si la psychanalyse appliquée à l'÷uvre littéraire est enrichissante pour la critique littéraire, qu'en est-il de son apport proprement philosophique?

Nous reprenons ici des aspects mis en exergue par Jean Bellemin-Noël dans

Psychanalyse et littérature318.

a) Lire de la production d'inconscient à même Hamlet.

Lire la fiction avec le regard de la psychanalyse permet à la fois d'offrir aux textes une autre dimension et d'observer l'écriture dans sa genèse et dans son fonctionnement. L'activité littéraire y gagne un régime de sens supplémentaire, et d'être reconnue subversive en tant que travail de l'Autre [l'Inconscient]. Les structures universelles et l'ineffable singularité du sujet humain s'en trouvent peut-être appréciées avec plus de justesse; donc plus de justice. 319.

Freud et l'Unheimliche. L'artiste tire les mêmes bénéfices de sa création artistique que l'analysant de sa cure analytique. Il produit, il libère de l'inconscient. La prime enfance comporte une masse d'émotions, de fantasmes et de pulsions demeurés inconscients (pulsion de destruction, jalousie, haine, pulsions meurtrières). Ce sont ces aspects de la psyché infantile qui sont pour Freud la source des grandes tragédies poétiques. D'après Jones, Hamlet aurait eu l'effet d'une réelle thérapie pour Shakespeare, en lui servant à apaiser ses tourments, le

préservant ainsi de la folie.

316. Jacques Derrida, ibid., p. 455.

317. Anne Clancier, Psychanalyse et critique littéraire, Editions Privat, Nouvelle Recherche, Toulouse, 1973.

318. Jean Bellemin-Noël, op. cit.

319. Jean Bellemin-Noël, op. cit.

320. Sigmund Freud, L'inquiétante étrangeté, Écrits philosophiques et littéraires, Opus seuil, p. 1204-1221.

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Par ailleurs, une autre manière de produire de l'inconscient pour l'écrivain consiste dans l'exploitation de ce que Freud nomme des sentiments d' inquiétante étrangeté (das Unheimliche). Dans l'essai de psychanalyse appliquée, L'inquiétante étrangeté (1919) 320, Freud dit la chose suivante :

L'écrivain suscite bien en nous, au début, une incertitude en ne nous laissant pas, sans doute délibérément, deviner tout d'abord s'il va nous faire entrer dans un monde réel ou dans un monde imaginaire à sa guise. Car enfin il a notoirement le droit de faire l'un ou l'autre, et si par exemple il a choisi pour théâtre de ce qu'il décrit un monde où interviennent des esprits, des démons et des fantômes, comme Shakespeare dans Hamlet, Macbeth, ou dans un autre sens, dans La Tempête et Le songe d'une nuit d'été, nous sommes bien obligés de lui céder là-dessus et, pendant le temps où nous nous y consacrons, de traiter comme une réalité le monde régi par ses présuppositions. [...] L'écrivain peut aussi s'être créé un monde qui, moins fantastique que celui du conte, s'écarte néanmoins du monde réel en faisant une place à des êtres spirituels surhumains, des démons, des esprits de défunts. Toute l'étrangeté qui pourrait s'attacher à ces personnages est alors exclue, dans la mesure où s'appliquent les présupposés de cette réalité poétique. Les âmes de l'enfer de Dante ou les esprits qui apparaissent chez Shakespeare, dans Hamlet, Macbeth, Jules César, peuvent être passablement lugubres et effrayants, mais au fond ils ont aussi peu d'inquiétante étrangeté que le monde lumineux des dieux d'Ho-mère. Nous adaptons notre jugement à cette réalité fictive due à l'écrivain, et nous traitons âmes, esprits et fantômes comme s'ils existaient de plein droit tout comme nous-mêmes dans la réalité matérielle. Cela aussi est un cas où l'étrangeté est épargnée. .

Que signifie l'expression inquiétante étrangeté pour Freud? Il s'agit d'un concept presque insaisissable. Tentons d'éclaircir ce à quoi Freud faisait référence lorsqu'il parlait de phénomènes d'inquiétante étrangeté dans la littérature et lorsqu'il proposait d'en faire l'objet d'analyse de la psychanalyse appliquée. Les rêves dans la littérature possèdent les mêmes caractéristiques que ceux de la vie réelle et procèdent au même travail du rêve. Freud prend l'exemple du spectre dans Hamlet comme type de symbole pouvant apparaître dans un récit, de telle sorte que nous sommes contraints d'accepter sa réalité dans le cadre du récit, de la même manière que nous acceptons comme vrais les symboles dans nos rêves. L'effet dramatique vient de l'ambiguïté entre réalité et imagination qui cause un déséquilibre momentané chez le lecteur-spectateur, déséquilibre semblable à celui du personnage dans la narration. La confusion réalité-imaginaire doit être exclue pour l'appréciation intellectuelle (seule véritable façon d'apprécier une oeuvre littéraire pour Freud) de l'oeuvre. Dans Hamlet, le roi et la reine ne sont pas capables d'assister à la représentation organisée par Hamlet (la souricière , scène qui introduit le théâtre dans le théâtre et qui met en scène, par un procédé de mise en abîme, le meurtre

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perpétré par le roi) car ils ne peuvent avoir le détachement nécessaire au spectateur. Le public d'une oeuvre théâtrale doit considérer les personnages scéniques comme réels et non simplement fictifs. La production de sentiments d'inquiétante étrangeté dans la littérature, ces facteurs de silence, de solitude et de noirceur », sont les éléments qui durant la prime enfance étaient générateurs d'angoisse et que le spectateur-lecteur n'est pas encore parvenu à dépasser.

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les démarches des critiques littéraires, à mi-chemin entre littérature et psychanalyse, on peut citer celle de Jean Bellemin-Noël, à laquelle nous avons déjà fait référence, qu'il intitule lui-même textanalyse ». Il s'agit, pour analyser un texte, d'étudier le travail inconscient qui s'y effectue. Dans ce cadre l'auteur est conçu à la fois comme personne réelle disposant de certaines structures de désir » et comme porteur d'un certain projet d'écriture». Il met en garde contre certaines tentations inhérentes à ce type de démarche :

Il ne s'agit pas pour autant de se laisser aller sur le discours de l'écrivain à tel délire interprétatif où se complairait le lecteur saisi par le freudisme. Tout écrit littéraire est le lieu d'une torsion, d'un forcement, d'un forcénement du sens. » 321.

L'inconscient du texte prime ici sur l'inconscient de son auteur, l'homme derrière l'oeuvre. Il s'agit par là de contrer toute tentative psychobiographique ou psychocritique, telle que le beuvisme 322.

Déjà la psychanalyse se distinguait de la psychobiographie dans sa démarche. Jean Bellemin-Noël revendique comme méthode de ne jamais imposer de principes figés à l'oeuvre, de ne jamais construire son analyse sur le même modèle, la même intention, le même angle d'approche, mettant ainsi en valeur le caractère absolument unique et singulier de chaque texte littéraire. Il ne s'agit pas d'unifier toute la création littéraire en cherchant un principe moteur ou un processus qui serait identique partout, mais il s'agit de procéder par touches successives dans l'analyse textuelle. Dans ce contexte, la psychanalyse doit servir de moyen d'investigation des mécanismes par où s'exprime le désir inconscient. Le rapport s'inverse car chez Freud la création littéraire était un moyen d'investigation, un outil pour la psychanalyse. Le texte littéraire n'est pas assignable à un je » qui serait une source continue car celui-ci subit des éclipses.

La fiction littéraire se raconte, elle ne raconte pas quelque chose ou quelqu'un.

A viser l'écrivain, autant vouloir psychanalyser la mère d'un patient et confondre fantasme et fantôme. » 323.

321. Jean Bellemin-Noël, Vers l'inconscient du texte, PUF, écriture, Paris, 1992.

322. On appelle beuvisme la démarche de l'écrivain et critique littéraire Charles-Augustin Sainte-Beuve, consistant à ramener l'oeuvre à son auteur, en estimant qu'elle reflète la vie de ce dernier et qu'on peut dès lors comprendre l'oeuvre en parallèle avec la vie de son auteur. C'est ce type de biographisme contre lequel s'insurgera Marcel Proust, dans Contre Sainte-Beuve.

323. ibid.

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Jean Bellemin-Noël propose le concept d' analecture pour qualifier l'opération qui consiste à remonter aux instances qui auraient fait pression sur l'agencement des mots, des phrases, des motifs, des figures inscrites dans le récit. Ce processus permettrait à terme de mettre au jour la présence de l'×dipe et celle de l'Autre scène où ça parle. L'écrit littéraire n'est pas soluble dans une topique, en ce sens qu'il serait un lieu simple, localisable, ponctuellement descriptible en termes de nature, de fixité ou de monosémie. Le texte est un espace topologique où se joue quelque chose. Comme tel, il est inassignable à un point d'ancrage particulier comme la figure de l'auteur.

La textanalyse propose de situer un espace de fonctionnement de cette parole conçue comme décentrée, irréductible à un système de pensée ou à une structure qui lui préexisterait. Le problème de la psychanalyse, lorsqu' elle s'attelle à la compréhension de la création littéraire, c'est qu'il y a derrière cela une démarche heuristique, l'analyste usant de procédures d'étude qui consistent à ruser sans cesse avec le matériau littéraire envisagé comme terrain de manoeuvre. Le logos psychanalytique devrait renoncer à ses prétentions à expliquer ce qu'elle croit être le système de l'oeuvre singulière, à éclairer le psychisme de l'écrivain ainsi qu'à rendre compte de la valeur esthétique et de l'effet de l'oeuvre littéraire.

Hamlet, comme révélateur des Hamlet . Alors qu'×dipe visait

l'inconscient universel et la théorie de la sexualité infantile, Hamlet permet de capter l'inconscient individuel, celui de l'échec du refoulement conduisant à la névrose individuelle. Hamlet est révélateur des Hamlet . Il n'a pas une portée universelle uniforme car il ne touche pas tous les individus de la même manière. Freud précise que cela dépend de leur équilibre psychopathologique, du degré de névrose présent chez chaque individu. Tout le monde peut être touché par ×dipe roi, mais Hamlet, au contraire, ne parlerait pas à tout un chacun!

Dans ses 7 leçons sur Hamlet 324, Lacan s'oppose à l'idée selon laquelle il s'agirait dans Hamlet d'on ne sait quelle fabulation moderne, et que, par rapport à la stature des Anciens, les Modernes seraient de pauvres dégénérés. .

Se pose alors la question : Pourquoi les Modernes seraient-ils plus névrosés que les Anciens? . Ce à quoi Lacan répond qu'il s'agit d'une pétition de principe .

La méthode prescrite par Lacan pour l'analyse d'Hamlet consiste dans l'articulation qui est consubstantielle au signifiant et sans laquelle il n'y a que continuité ou discontinuité . Ainsi Lacan explique le cheminement psychanalytique :

Nous procédons par une sorte de comparaison des fibres homologues dans l'une et l'autre phases, l'×dipe et l'Hamlet 325.

Il s'agit par là même de trouver la sorte de causalité dont il s'agit dans ces drames .

L'idée de départ, c'est donc que le plus instructif pour nous,

ce sont les modifications corrélatives. Les dégager et les noter de

324. Jacques Lacan, op. cit.

325. ibid., p. 289.

326. ibid.

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façon quasi algébrique nous permet de rassembler les ressorts du signifiant et de les rendre plus ou moins utilisables par nous. 326.

Lacan propose alors sa propre lecture des signifiants qui se dégageraient de la pièce de Shakespeare. Il tient, nous l'avons vu, à distinguer très clairement Hamlet d'×dipe. Il estime que le conflit oedipien est effectivement à l'oeuvre dans Hamlet, mais la différence avec ×dipe roi, c'est que ce conflit commence dès le début de l'action, alors que dans la pièce de Sophocle, il débutait à la fin de la tragédie. Lacan définit alors Hamlet, par contraste avec ×dipe roi, comme la tragédie du désir par excellence. Toutefois, nous l'avons vu, contrairement à l'idée freudienne, le désir en jeu ici est celui de la mère et non celui d'Hamlet. Lacan note par ailleurs que le problème psychanalytique d'Hamlet touche à la fois la partie la plus spéculative et la dimension clinique de la science de l'inconscient.

La question qui se pose est de savoir ce que signifie l'acte qui se propose à lui. [...1 l'acte qui se propose à Hamlet n'a rien à faire avec l'acte oedipien, la révolte contre le père, le conflit avec le père, au sens où il est, dans le psychisme, créateur. Ce n'est pas l'acte d'×dipe. L'acte d'×dipe soutient la vie d'×dipe. Il en fait le héros qu'il est avant sa chute, tant qu'il ne sait rien. Il donne son caractère dramatique à la conclusion de l'histoire. Lui, Hamlet, sait qu'il est coupable d'être. Il lui est insupportable d'être. Avant tout commencement du drame, il connaît le crime d'exister. C'est à partir de ce commencement qu'il est devant un choix à faire, où le problème d'exister se pose dans les termes qui sont les siens, à savoir, To be, or not to be, ce qui l'engage irrémédiablement dans l'être, comme il l'articule fort bien. C'est justement parce que, dans Hamlet, le drame oedipien est ouvert au commencement et non pas à la fin que le choix se propose au héros entre être et ne pas être. Et c'est justement parce qu'il y a cet ou bien, ou bien que s'avère qu'il est pris de toute façon dans la chaîne du signifiant, dans ce qui fait que, de ce choix, il est de toute façon la victime. [...1 Cette longue suite de variations s'étendant sur des siècles et des siècles n'est pas autre chose qu'une espèce de longue approximation qui fait que le mythe, à être serré au plus près de ses possibilités, finit par entrer à proprement parler dans la subjectivité et dans la psychologie. Je soutiens, et je soutiendrai sans ambiguïté et, ce faisant, je pense être dans la ligne de Freud que les créations poétiques engendrent, plus qu'elles ne reflètent, les créations psychologiques. [...1 ce qui distingue La tragédie d'Hamlet, prince de Danemark, j'espère vous le faire sentir, c'est essentiellement d'être la tragédie du désir. [...1 la question à résoudre ne concerne pas l'assassin, mais qu'il s'agit essentiellement, d'ores et déjà et tout de suite, de la mère. La consigne que donne le ghost n'est pas en elle-même une consigne. Ce qu'il énonce met d'ores et déjà au premier plan, et comme tel, le désir de la mère. [...1 Peut-être certains d'entre vous croient-ils [...1 que nous sommes loin de la clinique. Ce n'est pas vrai du tout, nous y sommes en plein. Ce dont il s'agit étant de situer le sens du désir, du désir humain, le mode de repérage auquel nous procédons

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sur ce qui est au reste un des grands thèmes de la pensée analytique depuis le début, ne saurait d'aucune façon nous détourner de ce qui est, de nous, requis comme le plus urgent. [...1 il y a dans le rapport d'Hamlet à celui qui l'appréhende, soit comme lecteur, soit comme spectateur, un phénomène qui est de l'ordre d'une illusion. [...1 Une illusion, ce n'est pas le vide. Pour produire sur la scène un effet fantomatique de l'ordre de ce que représente [...1 mon petit miroir concave avec l'image réelle qui surgit et qui ne peut se voir que d'un certain angle et d'un certain point, il faut toute une machinerie. Qu'Hamlet soit une illusion, l'organisation d'une illusion, voilà qui n'est pas du même ordre d'illusion que si tout le monde rêve à propos du vide. [...1 C'est l'une des fonctions d'Hamlet que de faire tout le temps des jeux de mots, des calembours, des doubles sens, de jouer sur l'équivoque. [...1 Le jeu de signifiants appartient à la texture même d'Hamlet. [...1 Le fait qu'Hamlet soit plus qu'un autre personnage angoissant ne doit pas nous dissimuler que, par un certain côté, cette tragédie porte au rang de héros quelqu'un qui est, au pied de la lettre, un fou, un clown, un faiseur de mots. [...1 Il ne s'agit donc pas seulement d'un jeu de dissimulation, mais d'un jeu d'esprit, qui s'établit au niveau des signifiants et dans la dimension du sens. Cette disposition ambiguë fait de tous les propos d'Hamlet, et, du même coup, de la réaction de ceux qui l'entourent, un problème où le spectateur lui-même s'égare en s'interrogeant sans cesse.» 327.

Lacan ajoute également que le deuil bien réel d'Ophélie fait sortir Hamlet de sa mélancolie. Il fait l'expérience insoutenable de la mort de l'autre, ce qui crée un trou dans le réel », trou qui se trouve offrir la place où se projette précisé-

ment le signifiant manquant. ».

Apparaît ici en filigrane l'idée d'Hamlet comme machine à illusions pour son lecteur. Lacan ramène malheureusement cela au jeu des signifiants ». Nous le verrons, il nous semble plus pertinent de considérer la machine Hamlet comme étant potentiellement machine à fantasmes, d'une part et machine réelle, d'autre part. Quoi qu'il en soit la machine Hamlet, que ce soit celle de Shakespeare, celle du lecteur ou celle du psychanalyste, se caractérise par le fait qu'elle produit quelque chose d'inédit, et non par quelque jeu entre des signifiants.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry