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Exposition aux risques morpho-hydrologiques dans deux secteurs périurbains de la ville de Yaoundé. Cas des monts Akok-Ndoué et Mvog-betsi au sud-ouest de la ville.

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par Georges Ghislain FOFACK MUJIA
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ  - Master 2016
  

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I.3.2. LES CAUSES PHYSIQUES ET ANTHROPIQUES RESPONSABLES DES GLISSEMENTS DE TERRAIN

Les glissements de terrain sont causés par deux catégories de facteurs : les facteurs naturels qui sont exacerbés par l'empreinte humaine.

I.3.2.1. LES FACTEURS LIÉS AU MILIEU PHYSIQUE

I.3.2.1.1. La gravité et la pente

Selon la théorie de la gravitation universelle de Newton (formulée par Isaac Newton en 1687), à tous les corps massifs, dont les corps célestes et la Terre, est associé un champ de gravitation (ou gravité) responsable d'une force attractive sur les autres corps massiques. L'essentiel de la pesanteur est d'origine gravitationnelle, c'est-à-dire qu'elle est due à l'attraction mutuelle entre corps massifs. Autrement dit un corps attire un autre avec une force dont l'intensité est proportionnelle au produit de leurs masses et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare.

Cette force permet de définir la notion de verticalité : on observe qu'en un lieu donné tous les corps libres tombent en direction du sol suivant la même direction appelée verticale du lieu.

C'est ce qui explique que les matériaux se trouvant sur des reliefs à forte pente ont généralement tendance à suivre une trajectoire descendante vers les zones à faible pente.

La pente topographique est la tangente de l'inclinaison d'un terrain donc de son angle vis-à-vis de l'horizontale (figure 11). Le terme pente est parfois directement assimilé à l'inclinaison, pour ce qui est du cas de figure à l'inclinaison du versant.

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Figure 11: Détermination de la pente topographique Source : Brunet (1993)

C'est un facteur essentiel des glissements de terrain. Celle-ci détermine la susceptibilité d'un terrain à glisser si les autres conditions sont réunies. Cela signifie théoriquement les zones à fortes pentes sont potentiellement plus susceptibles aux glissements et inversement

I.3.2.1.2. La nature des sols

Le relief de la zone d'étude est accidenté et s'étend plusieurs collines hautes de 25-50 m au dessus du plateau (Bachelier 1959). Sur le plan géologique, le sol dérive d'un matériau quartzo-feldspathique plus ou moins micacé. (Pelletier, 1969). De nature rouge latéritique et forestier classique, le sol de la zone présente un horizon rouge plus ou moins superficiellement lessivé qui peut atteindre dans les conditions favorables une profondeur de 4 à 10 m ; puis un horizon gravillonaire, un horizon tacheté et un horizon d'altération de la roche-mère. (Bachelier 1985). La structure du sol présente cependant une répartition inégale de profondeur de la base des versants vers le sommet des collines. Les versants pentus portent une couche superficielle de matériaux non complètement consolidés et fragilisée par la double influence de l'érosion et de la déforestation. Cette couche superficielle majoritairement constituée de lithosols sont peu profonds et par conséquent sensibles aux interventions humaines qui combinés aux autres facteurs entraineraient leur rupture.

Mt. Mvog-Betsi, 902 m

Mt. Akok-Ndoué, 957 m

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Figure 12: Localisation des Monts Akok-Ndoué et Mvog-Betsi

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I.3.2.1.2. La pluviométrie

La survenance des glissements de terrain est dans la majeure partie des cas corrélée à la présence de l'eau.

L'eau, associée à un épisode pluvieux important est le principal facteur aggravant, en raison des pressions interstitielles qu'elle développe dans le sol et le sous-sol.

Le tableau 7 montre la répartition annuelle de la hauteur d'eau dans la ville entre 20062010. L'analyse qui découle est que l'apport en eau sur les versants est important durant les 2 saisons de pluies. Toutefois, il faut préciser que les mois d'octobre, septembre et mars enregistrent les plus grandes quantités de précipitations. Cela traduit en théorie les mois les plus vulnérables car l'apport en eau est conséquent.

Cependant, suivant l'approche historique, les glissements de terrain dans la ville de Yaoundé sont survenus lors des épisodes orageux d'une rare intensité.

Tableau 7: Répartition mensuelle des précipitations et des températures de Yaoundé

MOIS

J

F

M

A

M

J

Jt

A

S

O

N

D

TOTAL

Moy.

P
(mm)

24,2

45,2

139,9

181,1

208

156,7

66,5

110,1

228,4

292,3

113,7

20,8

1586,9

132,2

T
(°c°)

25,4

26,5

25,3

25,1

24,8

24,5

23,3

23,8

23,6

23,3

24,1

25,7

295,4

24,6

Source: Station de Nkolbisson et de l'aéroport militaire de Mvan 2006-2010

I.3.2.2. LES FACTEURS ANTHROPIQUES

À côté du milieu physique, les facteurs humains précipitent, aggravent ou exacerbent les glissements de terrain

I.3.2.2.1. L'urbanisation accélérée : un facteur aggravant

L'exposition aux glissements de terrain dans la zone s'explique également par la forte anthropisation du milieu dans ce front d'urbanisation. La croissance spatiale de la ville entraine l'occupation et la mise en place d'une multiplicité d'activités humaines qui contribuent à accroître la susceptibilité de la zone à subir des glissements de terrain.

Cette croissance urbaine vertigineuse se traduit par l'installation des populations sur les flancs des montagnes.

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Notre zone d'étude présente en effet presque les mêmes caractéristiques démographiques et socio-économiques que l'ensemble des quartiers des zones à risques de la ville de Yaoundé à savoir: population nombreuse et hétérogène, croissance démographique élevée, etc. La population de ces trois quartiers est estimée à 51 761 habitants en 2007 sur une superficie totale d'environ 6,006 Km2 soit environ 600,6 ha.

Ce constat est d'autant plus vrai que lorsqu'on observe la figure 14 qui met en évidence l'évolution du tissu urbain de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001, la superficie urbaine de cette ville au cours de ladite période aurait été multipliée par plus de 4, passant ainsi de 3 807 ha en 1980 à environ 15 919 ha en 2001 (CUY, 2010). La zone d'étude tout comme la ville a subit un rythme d'urbanisation quasi-similaire. Presqu'inhabitée au début des années 80, celle-ci est quasi occupée aujourd'hui. Les flancs des montagnes, les bas-fonds marécageux et inondables ne sont guère épargnés par les constructions et les aménagements humains. Or la ville de Yaoundé qualifiée de « ville aux sept collines » a un relief parsemé de collines (jusqu'à plus de 1 200 m d'altitude) avec des pentes parfois abruptes (Sietchiping, 2003), sur lesquelles prédominent des habitats informels. Ainsi, les espaces « inconstructibles », pentus (plus de 30 %) et marécageux sont densément bâtis (Assako Assako, 1998 b).

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Figure 13: Classification supervisée par méthode « Maximum Likelihood » de 2 images de la zone : 2002 (A) et 2013(B)

De l'illustration qui suit où la classification orientée a été réalisée sur deux images multi dates (3 février 2002 (A) et 3 mars 2013(B)) à partir de la méthode « Maximum Likelihood » ou de « Maximum de vraisemblance », la progression de l'habitat (couleur magenta) et des sols nus (couleur marronne) sont observables. Le recul de la végétation (couleur verte), d'autre part observée et l'augmentation des surfaces nues, est un marqueur de l'explosion démographique dans ce secteur, qui par ailleurs est un front d'urbanisation.

Aussi, il découle de cette analyse diachronique que, la croissance démographique est telle que les versants abrupts de l'Akok-Ndoué et du Mvog-Betsi ne sont guère épargnés par les expansions humaines.

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Figure 14: Évolution spatiale de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001 Source : CUY, 2010

La figure 14 analyse l'évolution de la surface humanisée de la ville de Yaoundé entre 1980 et 2001. On s'aperçoit que la zone d'étude qui est située au sud-ouest de la ville, était inhabitée au début des années 1980. Mais cette zone en 2001, avait déjà été presque consumée par les installations humaines. Reliefs pentus des flancs des montagnes, bas-fonds inondables sont occupés par les habitations.

I.3.2.2.2. Déforestation et exposition des sols aux glissements de terrain

Corollaire de la croissance démographique que connait la ville en général et la zone d'étude en particulier, la déforestation est effectuée pour plusieurs raisons (cultures, constructions des carrières de pierres, espaces pour habitat, etc.) Cf. fig. 13 et planche photo 3. C'est le facteur précipitant la survenance des glissements de terrain. Cette activité menée

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sans contrôle, favorise le ruissèlement. L'absence de couverture végétale, en particulier arborescente, expose les sols à la possibilité d'un drainage plus ou moins important d'un volume de matériaux vers l'aval des versants sous l'influence de la pente et de la gravité.

I.3.2.2.3. L'homme et ses aménagements

D'autres actions anthropiques sont également à l'origine des glissements : travaux de terrassement, tels que : surcharge en tête d'un talus ou d'un versant ou décharge en pied supprimant une butée stabilisatrice. Ces travaux sont habituellement réalisés sans respect préalable des règles de génie civil. Ils ont pour conséquence de faciliter la survenance de ce type de risque naturel.

Planche photo 2: Aménagements inappropriés sur des versants (clichés Fofack Georges, Août 2012)

Sur la planche photographique 2, on observe des aménagements inappropriés en l'occurrence des travaux de nivellement, de remblai sur des versants pentus sans respect des règles. Ces travaux réalisés sans études préalables, ont le mérite de fragiliser les talus et les versants. Cela influence par effet de causalité, la stabilité de ces derniers et accroit de fait la susceptibilité d'occurrence spatiale des mouvements de terrain.

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A

D

E

B

C

F

Planche photo 3: Recul de la végétation sous l'influence des activités humaines (Clichés Fofack Mujia Georges, Août 2012 et Juillet 2013)

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Sur la planche photographique 3, on observe une kyrielle d'activités humaines qui entraine le recul de la couverture végétale. Sur les photos A ; B ; C ; D, on s'aperçoit de l'intensification des constructions d'habitations sur différents versants de la zone d'étude. Cet essor de l'habitat sur les versants dû à la forte poussée démographique que connait la ville de Yaoundé dans l'ensemble, entraine une diminution significative de la couverture végétale de ces secteurs. À cause donc des multiples terrassements, remblai, déblai et du recul de la végétation, les couches pédologiques sont fragilisées par l'infiltration et potentiellement sujets à des glissements à court, moyen ou long terme.

Sur la photo E, on aperçoit des activités de terrassements pour l'extraction des pierres qui seront par la suite vendus en blocs, soit concassées en gravier.

Sur la photo F, on observe le recul de la végétation naturelle au profit des activités agricoles (Pour ce cas de figure, on observe des champs de maïs sur un versant à forte pente).

En somme, on peut affirmer à juste valeur que dans la zone d'étude, la couverture végétale, au fil des années subie les affres des actions humaines. Celle-ci est détruite par l'homme pour de multiples fins qui peuvent aller des constructions aux carrières de pierres en passant par l'agriculture.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo