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Les enjeux d'une évaluation préalable d'un projet culturel. Cas de l'appel à  propositions du programme ACP cultures+ (Afrique, CaraàŻbes, Pacifique).

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par Eric LOEMBET
Université Lille 3 - Charles de Gaule - Master 2 - Recherche 2015
  

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3. Chapitre troisième : L'état de l'art

3.1. La mobilisation de la notion d'évaluation dans la recherche scientifique et professionnelle

L'évaluation est un jugement de valeur basé sur une démarche cognitive (Martucceli, 2010, p. 33) qui mobilise des connaissances, des savoirs, des savoir-faire et des expériences. Porter un jugement sur une action n'est pas toujours chose facile dans la mesure où on recherche des résultats d'un travail qui doit se faire ou qui est en train de se réaliser, avec la finalité d'apporter des modifications et des aménagements possibles. Un jugement résulte toujours des objectifs fixés en amont de la conduite d'une action, évitant erreurs et ambiguïtés. Quand juger s'invite dans le travail ou le raisonnement scientifique, l'évaluation devient un moyen incontournable de justifier les attentes et la vision des résultats.

Convoquée dans plusieurs discours et raisonnements scientifiques, voire plusieurs champs disciplinaires, la notion d'évaluation est de nos jours un instrument à juger, mesurer, auditer, contrôler et évaluer une action qui se veut cohérente et positive dans l'obtention des résultats fixés en amont. Mobilisée par plusieurs auteurs dans la recherche scientifique, les chercheurs se sont prêtés à l'exercice de définir la notion d'évaluation en tenant compte des champs des actions et en portant un jugement dans leurs raisonnements, au fur et à mesure de l'évolution du concept, sachant que l'évaluation n'est pas une discipline avec ses approches et ses méthodes formatées : elle a pour visée essentielle d'être un outil d'aide à la décision (Damon, 2009), à la compréhension, à l'appréciation, voire à la revalorisation des indicateurs.

Ce chapitre nous permettra de saisir l'intérêt d'un concept et de comprendre l'ancrage de la notion d'évaluation dans les discours selon les champs disciplinaires et professionnels, de voir son évolution dans les raisonnements et d'étudier les défis qu'elle pose à la recherche scientifique.

3.2. La question de l'évaluation dans le discours des auteurs

L'évaluation est une pratique mise en place dans plusieurs domaines et disciplines de manière discursive, à travers un recueil de données et l'analyse des objectifs fixés en amont. Dans le cadre de l'évaluation d'un projet ou d'une action, évaluer préalablement son action revient à définir la démarche à emprunter pour l'aboutissement du projet. L'objectif de l'évaluation préalable, comme l'avait signifié Griggs (1984) dans ses travaux, est de permettre d'éviter les erreurs avant qu'elles ne soient commises. Le discours de l'évaluation raisonne

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comme un outil de prévention. Plus une étude est effectuée précocement, plus le projet a de chance d'aboutir dans ses objectifs. Les propos de Griggs sont appuyés et soutenus par Joëlle Le Marec (1996) dans sa thèse : une enquête menée au stade de l'évaluation préalable présente des analogies avec une étude de marché. La question est de vérifier la faisabilité et la mise en route d'une action selon ses attentes.

Jean-Christophe Vilatte (1993), dans ses cours sur l'évaluation en muséologie, définit l'évaluation comme un jugement par lequel on se prononce sur une réalité donnée, en articulant une certaine idée ou représentation de ce qui devrait être, et un ensemble de données factuelles concernant cette réalité. Juger son action en amont de la conception permet de mieux poser les indicateurs de réussite qui doivent être en accord avec les résultats prononcés sur une réalité de l'action. Le psychologue Jean-Christophe Vilatte, spécialiste-formateur en évaluation présente ce que doit être un travail d'évaluation visant à collecter des données suivant des procédures respectant les normes et les règles d'une enquête, une forme de dispositif méthodiquement établie dans une requête d'informations.

Jacques Ardoino et Guy Berger (1989), dans leur ouvrage sur l'évaluation dans le secteur de l'université, présentent la notion d'évaluation comme un contrôle, du fait que celui-ci est tout à la fois un système, un dispositif et une méthodologie constitués par un ensemble de procédures ayant pour objet (et visée) d'établir la conformité (ou la non-conformité). Évaluer, juger et contrôler consolident une étude en amont et forgent une réflexion de réussite sans incertitude ni préoccupation vis-à-vis des résultats.

Les travaux de ces auteurs véhiculent des contenus pragmatiques et normés, déterminant la manière dont l'évaluation doit être conduite et observer dans un environnement de justification des résultats par objectivité. Élisabeth Chatel (2001), dans son ouvrage, poursuit le débat sur le jugement dans l'évaluation en affirmant qu'évaluer est réellement porter un jugement de valeur sur le produit d'une action. Une action qui, au préalable, est passée par la case enquête pour se prêter à un jugement au terme d'une étude du fait des résultats porteurs de valeurs, du fait que l'évaluation est par nature normative, ajoute Chatel. Une action ou un projet culturel, dans sa mise en route ou dans son étude de faisabilité, doit respecter des normes et des valeurs indicatives qui nécessitent le contrôle et l'évaluation sans limite des résultats.

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Certes, tous les auteurs n'ont pas la même vision ou le même regard sur l'évaluation suivant les domaines et les disciplines. La finalité d'une évaluation est d'améliorer une situation ou de lier les objectifs définis en amont avec les résultats attendus.

Mesurer c'est juger, juger c'est contrôler et contrôler c'est évaluer l'action ou le projet qui doit être mis en route. Selon la sociologue de travail, Marie-Anne Dujarier (2001), la mesure des résultats sur chaque critère est liée à une sentence sur les hommes et leur travail. Les systèmes d'évaluation contemporains réalisent donc avant tout une mesure associée à un jugement. Dans tous les domaines de la vie, de la société, on retrouve l'évaluation comme socle ou support des résultats et des objectifs à réaliser.

Le travail des hommes doit être mesuré dans l'obtention des résultats afin de juger les performances de ces résultats, du rendu et des objectifs préalablement établis. Une évaluation suppose des règles (Dénis, 2009) d'après Jérôme Denis qui sont saisies en tant qu'inscriptions : elles sont incarnées dans des documents de nature variée qui sont eux-mêmes le résultat d'un travail de production. Une règle résulte d'une évaluation qui vise le respect de normes préalablement établies dans la conception des documents cognitifs et de valeurs normées.

Plusieurs auteurs ont évoqué la question de l'évaluation en mettant en avant dans leurs discours la qualité de l'évaluation dans la production des données, dans l'amélioration des conditions de vie ou des changements de situation. Dans une perspective socio-psychologique, Valérie Boussard (2009), dans ses écrits sur l'évaluation des performances individuelles affirme que c'est à partir de la qualité d'un individu, de son état, que ce dernier est défini, saisi et classé. On mesure ainsi la performance et la qualité des résultats de l'individu. Dans la perspective des sciences de l'information et de la communication, Stéphane Chaudiron et Madjid Ihadjadene (2002) se posent la question de la place de l'usager dans l'évaluation des Systèmes de recherche d'information (SRI), ils justifient l'efficacité de l'usager à la quête des contenus ou des connaissances à pouvoir mesurer la capitalisation d'une acquisition des données dans les SIC. Si à chaque étape de la recherche, l'usager évolue de l'incertitude à la satisfaction ou l'insatisfaction, il doit être capable dévaluer son travail tout en mesurant les résultats de sa recherche. Danilo Martucceli (2010) propose une lecture analytique globale de l'évaluation dans sa critique de la philosophie de l'évaluation. Michel Vial (1999), pense que l'évaluation est avant tout une attitude, un processus de sujet évaluant

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qui construit le sujet. Charles Hadji (1997) attend de l'évaluation qu'elle devienne un puissant levier pour une amplification de la réussite. Jean Cardinet (1989) souligne que la mesure de l'écart au seuil de la réussite demande un nombre excessif d'observations. Il faut donc se résigner à ne pas pouvoir situer exactement la position de chaque élève, ce qui d'ailleurs évite le danger d'une catégorisation déshumanisante.

Ces auteurs qui chacun dans son domaine de prédilection, débat de la question d'évaluation suivant leurs discours et leurs sensibilités de recherche, présente l'évaluation comme un outil d'appréciation, de mesure et jugement susceptible d'apporter un plus dans l'enseignement supérieur et de recherche. La question en commun dans les discours de ces auteurs, c'est la manière dont la notion d'évaluation est convoquée et utilisée pour présenter leurs études. D'aucun l'utilise comme un instrument de jugement de valeurs pour l'usager des sciences de l'information et de la communication, d'autres se l'approprient comme un outil de mesure sur la qualité des données observables dans la recherche ainsi que des résultats pouvant apporter de la nouvelle matière de réflexion.

De l'analyse analytique globale de la question de l'évaluation de Danilo Martucceli à la question de l'évaluation qui est avant une attitude, un processus dont le sujet évalue son travail de Michel Vial, la distance dans le raisonnement et la compréhension s'explique dans la manière chacun d'eux s'approprie la notion d'évaluation. Pour Charles Hadji et Jean Cardinet, l'évaluation un instrument de mesure de performances pour ceux qui la pratique et l'utilise comme outil de travail.

La littérature autour de la question et de la notion d'évaluation est riche en discours et travaux scientifiques. Dans le cadre de notre étude sur l'évaluation préalable en amont de la conception d'un projet culturel, nous allons faire appel à d'autres auteurs ayant travaillé sur ce sujet. L'évaluateur n'est ni un simple observateur (disant comment sont les choses), ni un simple prescripteur (disant comment elles devraient être), il est un médiateur faisant le lien entre l'un et l'autre (Vilatte, 1993). En qualité de médiateur, l'évaluateur qui à pour mission d'évaluer la proposition d'un porteur de projet dans la cadre d'une recherche de subvention, il se présente comme la croie de transmission entre le projet soumissionné et l'organisme de subvention. Le médiateur à pour rôle d'accompagner et de conseiller le porteur de projet dans

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sa démarche culturelle, sachant que lui-même (le médiateur) subit les ordres venant d'en haut question de respecter les recommandations d'une bonne évaluation préalable. La relation qui doit exister entre le médiateur et le porteur de projet se situe au niveau de la méthodologie de travail, des outils empruntés pour évaluer le projet et de la présentation des ressources disponibles pour conduire le projet. Selon le dictionnaire, la médiation consiste à « servir d'intermédiaire entre une ou plusieurs choses, c'est la relation entre deux renchérit le théologien catholique français impliqué dans le domaine de la médiation, Jean François Six (1990) que c'est l'espace vide autour duquel on se rencontre, la table qui sépare et réduit, le troisième terme qui fait le lien, qui permet aux deux de trouver sens, l'un par l'autre. Le médiateur c'est l'intermédiaire à qui le porteur de projet s'appui pour en savoir plus sur le dispositif, c'est l'évaluateur qui donne son point de vue selon les normes établies, c'est l'acteur qui valide le processus du projet proposé.

Le lien dont parle Vilatte (1993), n'est pas un lien virtuel ou superficiel mais physique et pratique pour le porteur de projet. Dans le cadre de notre étude, le dispositif à mit en place un planning d'échange (Cf. Annexe) entre les porteurs de projets et les évaluateurs qui ne sont autres que les médiateurs sur la compréhension du dispositif, sur les questions fréquemment posées (FAQ) par les porteurs de projets. Le projet culturel qui est soumissionné devient alors le vide entre le porteur de projet et le médiateur pour discuter, échanger et apporter des éléments nouveaux dans la proposition faite. Un médiateur c'est aussi un communiquant car il est chargé de sensibiliser, d'éduquer ou de faire émerger des projets culturels (Dufrene, Gellereau, 2003) en relation avec les porteurs de projets qui répondent à l'appel à proposition des organismes d'octroi de subventions.

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