4. Discussion
Cette discussion est basée sur une
interprétation des discours pour essayer de bien comprendre le contexte
dans lequel ils ont été produits. Ensuite, elle nous permet de
juger les retrouvailles par rapport au cadre théorique que nous avons
considéré dans cette étude.
4.1 Par rapport aux participants
En Haïti, il n'y a pas beaucoup de médecins encore
moins de spécialistes ou de femmes spécialistes. Au Plateau
Central, les ressources dans presque tous les domaines sont rares et ceux qui y
vivent, viennent généralement de la capitale pour travailler.
Normalement, dans le système de santé en Haïti, les
médecins spécialistes sont au niveau des hôpitaux
universitaires, alors qu'à Hinche, chef-lieu du département du
Centre, il y a un hôpital départemental (HD) et dans les zones
avoisinantes, il y a des centres de santé (CDS).
Les spécialistes passent, après six ans plus une
année de service social, 3 à 4 ans pour faire une
spécialité. Au cours de la résidence, ils sont un peu
exposés à des présentations et au cours de leur
expérience, ils trouvent des opportunités à suivre des
séminaires qui leur servent de modèle pédagogique.
4.2.Expérience dans l'enseignement
Les étudiants en médecine, les résidents
en service social et les généralistes sont nombreux dans
l'enseignement dans les écoles d'infirmières à Hinche. Le
plus souvent, les directeurs des écoles les recrutent informellement
sous recommandation d'amis sans généralement aucune
expérience antérieure dans l'enseignement sinon que copier le
modèle de leurs anciens enseignants à la faculté de
médecine qui, nous l'avons vu, ne sont pas toujours de médecins
enseignants avec une compétence pédagogique. Ils croient que la
maitrise de la matière suffit pour pouvoir enseigner.
4.3.Les approches d'enseignement
Nous avons compris que le plan décrit par les
médecins enseignants est basé sur le programme de l'école
et ne prend en compte le besoin ni le niveau des étudiants. Au
contraire, ils voient les étudiants comme incapables, avec un niveau
intellectuel critique. Les cours dispensés généralement de
façon traditionnelle, sont basés sur le contenu car c'est la
matière qui dirige les
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enseignants sur lesquels est centré l'enseignement. La
préparation du cours est centrée sur l'enseignant car, il le fait
surtout pour approfondir son propre savoir et réviser ce qu'il savait
déjà.
L'apprentissage par problème n'a pas été
vraiment exprimé et l'andragogie n'est pas appliquée dans ses
principes fondamentaux comme pertinence, simultanéité,
participation active, confort et sécurité, encouragement et
feedback constructif. La motivation des enseignants est portée sur
l'enseignement et le développement professionnel dans la mesure
où ils enseignent pour apprendre. L'enseignement-apprentissage n'est pas
basé sur la résolution de problème ni sur la pensée
critique et réflexive.
Dans le plan de cours, les éléments comme
objectifs, méthode d'enseignement, justification, évaluation
diagnostique, travaux en petit groupe, remue-méninges, simulation,
brise-glace et surtout les taches qui devraient permettre de consolider
l'apprentissage, ne sont pas pris en compte généralement. Ils
s'orientent tout droit vers le contenu négligeant l'artifice
pédagogique. Ce qui diminue les interactions multiples entre
étudiants et étudiants.
La correction des erreurs ne suit pas le principe de la
rétroaction constructive. Pour certains, le savoir qu'ils
détiennent leur confère un statue de domination et un pouvoir
à infliger des punitions qui vont dans le sens contraire au respect de
l'apprenant adulte. Même si, cependant, dans la plupart des cas, ils
disent s'être comportés en égal avec ces étudiants
adultes.
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