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Stratégie d'élimination du trachome comme problème de santé publique dans une zone d'incertitude: cas du district de santé de Kolofata au Cameroun


par Patrick Gérard TOUKO SIANI
Université Catholique d'Afrique Centrale - Executive MBA Management Stratégique 2021
  

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CHAPITRE 2 : LE TRACHOME, UN PROBLÈME DE SANTÉ PUBLIQUE À KOLOFATA

I- ÉTUDE DE CAS : LE TRACHOME DANS LE DS DE KOLOFATA 1- Présentation du DS de Kolofata

Le DS de Kolofata est situé dans l'arrondissement de Kolofafa, département du Mayo Sava, région de l'Extrême- Nord. L'arrondissement de Kolofata est limité :

- Au Nord et à l'Ouest par la République Fédérale du Nigeria et la Commune de Mora ; - Au Sud par la Commune de Mozogo dans le Mayo Tsanaga ;

- A l'Est par la Commune de Mora.

La population totale du DS de Kolofata est de 77.857 habitants, suivant les résultats du 3ème Recensement Général de la Population et de l'Habitat au Cameroun (2005). Elle est composée de 39.414 hommes (soit 50,62%) contre 38.443 femmes (soit 49,38%).

La population de Kolofata essentiellement rurale, vit de l'agriculture, l'élevage, le commerce et l'artisanat. Le climat y est de type soudano sahélien avec une longue saison sèche de 7 à 9 mois, et une courte saison de pluies de 3 à 4 mois allant de mai à juin, et de septembre à octobre.

Situation géographique de Kolofata

Démographiquement, le DS est caractérisé par un niveau économique bas. Environ 95% de la population adulte est illettrée. Trois quarts de la population adhèrent à l'Islam, le reste au christianisme et à l'animisme. Il y a plusieurs langues et traditions ethniques indigènes. Les groupes prédominants sont les Kanuris, les Mandaras, les Gemergous, les Potokos, les Mafas, les Mukteles, les Arabes Choas, et les Fulbes.

Géographiquement, le DS comprend une pleine sableuse avec un bord montagneux au sud. Une minorité des villages est approvisionnée en eau courante ; la plupart dépend des puits à ciel ouvert, des forages, des cours d'eau qui sèchent rapidement à la fin de la saison pluvieuse.

Le DS compte sept formations sanitaires, dont un hôpital de district, deux centres de santé intégrés confessionnels, et quatre centres de santé publics.

Le DS se définit comme l'unité géographique opérationnelle pour l'offre des services de santé de base aux populations. En théorie des organisations, la notion de DS correspond à une forme d'organisation du travail appelée départementalisation par output. Laquelle organisation est basée sur le type de produit ou de service fournit par l'organisation. Dans le cas du DS, le produit ou le service fournit est constitué par les soins proposés.

2- Épidémiologie du trachome dans le DS de Kolofata

Depuis la fin des années 90, le trachome apparait comme un problème de santé et de développement social dans le DS de Kolofata. La conjonctivite trachomateuse, et le trichiasis sont des motifs fréquents de consultation. La pauvreté, le manque d'eau, l'abondance des mouches, l'insuffisance d'hygiène et d'assainissement, l'analphabétisation, et le climat chaud et sec ont été identifiés comme des facteurs contribuant à l'hyper endémicité de cette maladie.

Le Ministère de la Santé Publique à travers le Service de Santé de District de Kolofata, et en collaboration avec l'ONG Ophtalmo Sans Frontières, le Laboratoire Théa en France, et l'Hôpital Quinze-Vingt à Paris, a défini un plan de lutte contre le trachome dans ce DS. La stratégie CHANCE définie par l'OMS a été adoptée pour la lutte. Après les préparatifs aboutis en 2005, un programme intensif de sensibilisation des populations a démarré en 2006 dans les villages et auprès des autorités. Des affiches, des dépliants et d'autres matériels éducatifs ont été créés et mis à la disposition des différents acteurs. Des séances d'information et de sensibilisation ont été tenues avec les directeurs et les maitres des écoles publiques, et ensuite avec les élèves de toutes les écoles publiques de la zone. La formation du personnel médical, infirmier et communautaire a commencé et a continué en cascade.

L'étude épidémiologique menée dans le DS de Kolofata dans la Province de l'Extrême- Nord en décembre 2006 visait à estimer les prévalences du trachome folliculaire et du trachome inflammatoire chez les enfants de 1 à 9 ans, de l'entropion trichiasis et des opacités

cornéennes imputables au trachome chez les femmes de plus de 14 ans. Le codage simplifié du trachome proposé par l'OMS a été utilisé pour recueillir les données.

Il s'est agi de la première enquête de prévalence sur le trachome réalisée au Cameroun. Il ressort de celle ci que chez les enfants de 1 à 9 ans la prévalence du TF était estimée à 21%, et celle du trachome inflammatoire intense (TF/TI) à 5,2%. Chez les femmes de plus de 14 ans, la prévalence du TT était estimée à 3,4%, et celle des opacités cornéennes imputables au trachome à 1,4%. La prévalence de la cécité imputable au trachome était alors de 0,9%.

Une revue de la littérature relative à cette étude montrait que le trachome était aussi prévalent dans certains DS des pays voisins. Le faciès épidémiologique mis en évidence dans cette enquête était celui d'une endémie trachomateuse à fort potentiel cécitant ; les prévalences du TT et celle des opacités cornéennes imputables au trachome étaient élevées.

Des campagnes de traitement de masse ont été menées à 3 reprises, en 2008, 2009 et 2010. La population entière du DS a été ciblée, et la stratégie d'administration avec des gouttes d'Azyter (azithromycine) matin et soir pendant 3 jours a été adoptée. Des études de prévalence réalisées avant chaque campagne de distribution ont montré que la prévalence a chuté de 31,5% en 2008 à 6,3% en 2009 et à 3,1% en 2010. Chaque personne dans le ménage a reçu 2 doses d'Azyter 1,5% dans chaque oeil, 2 fois par jour pendant 3 jours, pendant 3 années consécutives. Après les trois campagnes de traitement, les activités de sensibilisation se sont poursuivies, l'approvisionnement en points d'eau dans les villages a été renforcé.

Évolution de la prévalence du trachome actif
dans le DS de Kolofata

35,00%

31,50%

26,00%

6,30%

30,00%

25,00%

20,00%

15,00%

10,00%

5,00%

0,00%

3,10%

janv.-06 janv.-07 janv.-08 janv.-09 janv.-10

En janvier 2013, une enquête de prévalence du trachome a été menée dans 41 villages du DS. Une légère augmentation de la prévalence à 5,2% a été trouvée, par rapport au taux de 3,1% en 2010, et 4 villages avaient un taux au-delà de 10%. Au vu de ces résultats, il a été décidé de mener une quatrième campagne de traitement de masse dans les zones les plus touchées, c'est-à-dire celles qui avaient une prévalence de TF supérieure ou égale à 5%.

L'objectif de cette campagne de traitement antibiotique de masse était de traiter 19.555 personnes (15,3% de la population) dans 18 villages, matin et soir pendant 3 jours. Les résultats rapportaient que sur 19.555 personnes attendues, 19.112 (98%) avaient été traitées.

Au vu de ce qui précède, lors de la campagne de 2013, il ressort que seule une minorité de la population du DS (14,93%) a bénéficié du traitement antibiotique de masse. Il s'agissait uniquement des populations résidentes dans les villages qui avaient un taux de prévalence supérieure ou égale à 5%. Tout le DS n'a pas été traité lors de cette activité.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery