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Systemes d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad: cas du maraichage sur le site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'Guigmi (Niger)


par Hamissou Achahabou
Universite de Diffa - Master en Evaluation Environnementale et Developpement durable 2019
  

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Conclusion partielle

La partie nigérienne du lac Tchad, comme toute la région du bassin est confrontée au problème sécuritaire lié à la secte terroriste Boko Haram. Cette dernière est responsable de plusieurs atrocités commises sur la rive du lac, poussant ainsi les états à prendre des mesures draconiennes. Toutes les activités socio-économiques et agricoles se retrouvent en panne. Cette étude nous a permis de comprendre, les différentes activités maraichères qui sont pratiquées sur le site de Kimé Gana.

La composante ethnique des exploitants du périmètre est mosaïque et regroupe entre autre: les Kanouri, les Toubou, les Haoussa, les Peuls et les Touaregs.

Les exploitants du site sont majoritairement analphabètes, mais ont subi un enseignement non formel. Les femmes exploitantes sont nettement majoritaires par rapport aux hommes. Elles participent vaillamment à toutes les activités culturales.

La gestion foncière est conférée à la coopérative des producteurs maraichers dont le responsable principal est la Présidente de la dite coopérative.

La majeure partie des semences proviennent des marchés frontaliers du Nigeria et les différentes spéculations produites sont vendues sur le marché de la ville de N'guigmi et dans les villages environnants.

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3.11 LES TECHNIQUES CULTURALES ET LE FACTEUR FONCIER

DES CULTURES MARAICHERES A KIME GANA

Dans cette partie nous parlerons de la production maraichère du site de Kimé Gana, les récoltes et les différents circuits de commercialisation. L'utilisation des fertilisants accroit la production maraichère ; nous allons identifier les engrais chimiques autorisés par l'état nigérien et leur provenance. Le conflit actuel a reconfiguré tous les circuits économiques du bassin du lac Tchad en général et celui de la commune de N'guigmi en particulier. Toutes les activités sont en panne.

Le maraichage est activité qui permet de tirer profits et participe pleinement à la réduction de la vulnérabilité de la population.

3.11.1 Les techniques de production des cultures maraichères 3.11.1.1 Les outils de production

Les outils de production maraichère sont : La houe, les râteaux, la machette, la pelle, la marmite, le seau, l'arrosoir local et moderne, la brouette, la corde, les puits maraichers, les puits traditionnels, le forage, les pulvérisateurs.

Dans certain endroit du site, on trouve des puits creusés manuellement, servant de retenue pour les parcelles éloignées.

Tableau 7:Effectifs des maraîchers utilisant les équipements agricoles

Producteurs

Equipements agricoles

Pulvérisateurs

Motopompes

Forage

Puits

Matériels rudimentaires

Grands

46%

0

100%

100%

100%

Moyens

35%

0

100%

100%

100%

Petits

19%

0

100%

100%

100%

Total

100%

0

100%

100%

100%

3.11.1.2 La récolte

Dans le périmètre de Kimé Gana la récolte et la semi des produits s'effectuent à des périodes bien distinctes. En ce qui concerne le gombo le niébé et le maïs, les semis ont lieu lors du début de la saison des pluies avec les premières averses. Leur récolte s'observe pendant les mois de septembre et octobre. Quant aux autres spéculations(le chou, la tomate, la salade, la carotte, l'oignon, l'ail, la patate douce...) leurs repiquages s'effectuent pendant la saison

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froide, allant de mi-novembre jusqu'à la fin du mois de décembre. Ainsi la récolte de certains produits s'ensuit dans le mois de février et peut s'étendre jusqu'en Avril, à savoir : la salade, le chou, l'oignon, l'ail, la tomate, la carotte, et les plantes rampantes (courge, concombre, patate douce...).

Cette tâche requiert un travail physique important d'où alors l'appel à la main d'oeuvre salariale ; surtout avec la présence des jeunes désoeuvrés qui ont quitté leurs villages dans le bassin du lac Tchad à cause de l'instabilité sécuritaire. Mais c'est surtout la main d'oeuvre la main d'oeuvre familiale et l'entraide qui sont les plus sollicitées. Sur le périmètre aménagé de Kimé Gana les femmes ne se distinguent pas des hommes lors des différents travaux de semis ou de récoltes, car elles représentent plus de 55% d'exploitants. De même les enfants sont associés lors des récoltes et s'occupent des activités moins pénibles. Pour des travaux d'arrangement de canaux d'irrigation, la protection des champs contre les maraudeurs et certains ennemis des cultures (oiseaux granivores et les animaux) certains jeunes passent la nuit sur le site.

Notons que la récolte des feuilles du Moringa oleifera s'observe le long de l'année.

Le suivant graphique montre le mode de payement des contrats de travail sur le périmètre aménagé. Ainsi les exploitants procèdent au payement de contrat par le moyen d'une partie de la récolte, dans ce cas 42,85 % des producteurs utilisent une partie de leur récolte pour payer la main d'oeuvre. Ces travailleurs à leur tour vendent leur part aux marchands de la ville pour subvenir aux besoins de la famille. D'autres préfèrent négocier moyennant l'octroi de l'argent et une partie de la récolte, ils représentent 55,55% des producteurs maraichers. La frange partie (1,58%) paye avec du cash, ce moyen est le moins observé sur le site, parce que la main d'oeuvre salariale diffèrent en fonction des périodes. Les modes (récolte, argent et récolte) sont plus observés et permettent d'avoir du cash et une partie est utilisée dans l'alimentation et l'autre destinée à la vente.

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Figure 11: Mode de payement de la main d'oeuvre

Ainsi 57 % des exploitants prétendent ne pas utiliser de main d'oeuvre pour les différents travaux champêtres. Cela s'explique par l'entraide familiale qu'on observe sur le périmètre de Kimé Gana malgré la présence des jeunes désoeuvrés ayant fui les villages riverains du lac. Le manque des moyens financiers est l'un des facteurs qui poussent certains producteurs à travailler la terre par la force de leurs bras. Sur le site, des lopins de terres sont laissés sans culture faute de matériels, d'intrants agricoles et les problèmes liés au manque d'eau et à l'irrigation. De la préparation des parcelles à la récolte des différentes spéculations et afin de permettre une bonne production, les exploitants emploient une main d'oeuvre composée en général de jeunes et des déplacés provenant des villages riverains du lac Tchad. Les exploitants qui utilisent la main d'oeuvre représentent 43% des producteurs ; ces derniers ont des revenus nettement supérieurs à leurs pairs. Le mode de paiement de cette main d'oeuvre diffère (Figure 11).

Sans main d'oeuvre

57%

Main
d'oeuvre

43%

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Figure 12: Pourcentage des exploitants utilisant une main d'oeuvre salariale

3.11.1.3 La production

La quantification de la production sur notre site d'étude est difficile, on s'en tient aux estimations fournies par les chefs d'exploitants. Certains producteurs enregistrent 2 à 3 campagnes par an. Donc il est très difficile de déterminer avec précision la quantité des spéculations ainsi vendues et autoconsommées. Certains producteurs dont les plus vulnérables vendent tout où une partie de leur récolte au moment où les prix sont dérisoires.

Les unités de mesure les plus utilisées par les paysans pour quantifier la production sont : le bidon de 25 litres (fréquemment de couleur jaune) qui est coupé à son extrémité ou sur l'un des flancs et la mesure communément appelée la tia, considérée comme l'équivalent de 2,5 Kg de céréale. Les cultures de maïs et du niébé, sur ce site se font sur des petites surfaces bien aménagées vu l'étroitesse du périmètre ; d'où un faible rendement sur la production. Les spéculations produites à Kimé Gana sont destinées à la vente et à l'autoconsommation. Ainsi les cultures de maïs et du niébé constituent l'alimentation de base de la population, bien qu'une part soit mise sur le marché.

Sur le site, les magasins de stockage et les moyens efficaces de conservation des produits récoltés sont très limités. Les problèmes de conservation obligent les producteurs à sécher chez eux les récoltes au fur et à mesure. Cela évitera le maraudage et l'attaque des oiseaux granivores. Le problème majeur est celui de la quantification de la production sur ce site, on s'en tient à l'estimation des producteurs. Il est difficile d'évaluer avec précision la quantité des produits autoconsommés et celle vendue sur le site. Ainsi lors d'un entretien avec un producteur, il affirme que : « je rentre chez moi avant le crépuscule à cause des menaces de Varan malan (BH), donc le plus souvent je vends mes produits de la récolte ici sur le site de

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culture car des voleurs viennent la nuit pour récolter les fruits qui sont murs sur différents endroits de mes parcelles malgré l'état d'urgence instauré. Et aussi notre coopérative ne dispose pas de grand entrepôt pour stocker la production et à cela s'ajoute le problème récurrent de transport vu la distance et le coût».

En plus de la production maraichère sur le périmètre de Kimé Gana, on note une production fruitière non négligeable. Cette dernière procure des revenus saisonniers aux producteurs. Les differentes especes fruitières qu'on rencontre sur ce site sont : le papayer (Carica papaya), le citronnier (Citrus limon), le dattier (Phoenix dactylefera)....

Ce pendant la production de ces plantes fruitières se fait à des périodes distinctes, et la période de collecte des données de terrain pour la réalisation de cette étude n'a pas coïncidé avec la période des récoltes de ces espèces sur le périmètre irrigué.

3.11.2 Commercialisation des produits maraichers de Kimé Gana

Dans cette partie nous allons dans un premier temps parler de la commercialisation et secondairement du circuit et les différents acteurs de commercialisation.

3.11.2.1 Commercialisation

Les producteurs du site de Kimé Gana produisent pour assurer l'autoconsommation et la vente. Ils écoulent les produits pour faire face à des charges sociales et familiales vu le climat d'instabilité et de vulnérabilité dans cette zone. Le système de commercialisation des produits ici des cultures (irriguées et de décrues) est perturbé à cause des menaces du groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Beaucoup d'acteurs dans ce domaine de commercialisation des produits étaient obligés de se tourner vers d'autres activités pour subvenir aux charges familiales.

Faute des moyens efficaces et de techniques de conservations des produits alimentaires, la majeur partie des exploitants dont de nombreux vulnérables sont le plus souvent obligés de vendre tout ou une partie de la production au fur et à mesure de la disponibilité des produits récoltés. Ainsi les grands producteurs et les quelques rares moyens producteurs conservent certaines productions jusqu'à l'inflation de leur prix sur les marchés, ou bien jusqu'à leur rareté les différents marchés nationaux ou de la sous-région. Au moment où les marchés sont saturés et les prix dérisoires certains producteurs se trouvent dans l'obligation de vendre une partie de la production juste après les récoltes afin de pouvoir régler les dettes contractées auprès de plusieurs acteurs intervenant dans le secteur qui sont entre autre les commerçants de diverses produits agricoles, les prestataires pour la main d'oeuvre, les transporteurs...

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 55

Aujourd'hui dans le secteur de la commercialisation on remarque une réduction notoire d'acteurs à cause de la crise actuelle qui a conduit à la fermeture de certains marchés importants comme celui de Doro Léléwa et aussi à l'interdiction de l'activité de pêche qui représente les poumons économiques de la cuvette nord.

On rencontre des acheteurs qui sont de la commune de N'guigmi qui effectuent le déplacement sur le site. Ce sont notamment les revendeurs en général qui viennent acheter pour les revendre en détail sur le marché de N'guigmi, chez les boutiquiers et aussi sur les marchés des villages environnants. De même certains des légumiers du site acheminent leurs propres récoltes sur les différents marchés.

L'handicap majeur au développement de cette activité tient au manque de conditionnement et de transformation des produits. Les produits pourrissent suite à une mévente faute de technique adéquate de conservation (Awal, 2011).

3.11.2.2 Circuit et acteurs de la commercialisation

3.11.2.2.1 Le circuit court de commercialisation des produits maraîchers

La figure 13 présente les circuits courts de commercialisation des produits maraîchers à Kimé Gana. Les transactions ont lieu directement entre le producteur et le consommateur. Ce qui permet aux producteurs d'engranger plus de revenus par rapport au circuit long.

Producteurs

Consommateurs

Figure 13 : Circuit court de commerce de produits maraichers à Kimé Gana

Ces transactions sont le plus souvent assurées par les hommes (70%), du fait de la division du travail et aussi les hommes passent naturellement plus de temps dans les champs par rapport aux femmes. La majorité des femmes propriétaires de terre responsabilisent totalement les parcelles à leurs enfants ou leurs proches, du suivi des travaux en pépinières jusqu'à la commercialisation. Par contre d'autres femmes exploitantes (30%) généralement les petits et moyens producteurs acheminent leur propre production sur le marché.

Ce mode met directement en contact producteurs et consommateurs au marché, car il permet aux producteurs de réaliser une marge intéressante de bénéfices que de passer par les intermédiaires comme dans les circuits longs.

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3.11.2.2.2 Le circuit actuel de commercialisation des produits maraîchers

Suite à la perturbation occasionnée par la crise dans le bassin du lac Tchad, le secteur de La commercialisation de la production était fortement tombé en panne. Ainsi le souci majeur des paysans dans le contexte actuel est de satisfaire les besoins immédiats. La commercialisation se fait sans aucune planification et de façon incontrôlée par les exploitants car les plus souvent les produits sont vendus à compte-goutte comme nous l'avions remarqué lors de nos excursions sur le site. L'écoulement des produits s'effectue suivant un circuit local, à cause du faible rendement de la production sur ce site

Figure 14 : Circuit actuel de commercialisation des produits maraichers

Le circuit commercial des produits est canalisé sur les marchés locaux environnants et principalement dans le chef-lieu de la commune. Les intermédiaires que sont les revendeurs, effectuent le déplacement sur le site pour la collecte des produits auprès des producteurs maraichers. Les revendeurs ravitaillent les marchés de N'guigmi, de Kabléwa et ceux des villages. De fois ces mêmes producteurs acheminent leurs productions sur les marchés pour la vente. Ainsi en fonction des périodes les produits sont transportés jusqu'à la ville de Diffa.

3.11.2.2.3 Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers

Avant les attaques du groupe terroriste Boko Haram, les activités économiques dans la cuvette nord du lac s'effectuaient avec harmonie. Le circuit commercial était plus élargi et s'étendait

des frontières tchadiennes en passant par le marché de Doro Léléwa, Bilabrime et jusqu'aux marchés frontaliers du Nigeria. Les produits maraichers de Kimé Gana et les autres périmètres inondaient les marchés de Diffa en passant par les marchés de Kabléwa et environs.

Producteurs

Revendeurs

Commerçants

Détaillants

Consommateurs Marchés

frontaliers

Marchés locaux

Tchad Nigeria

Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 57

Figure 15 : Circuit d'avant crise de commercialisation des produits maraichers

3.12 Les revenus et leur utilisation

L'utilisation des revenus issus de la vente des produits maraichers varie en fonction des priorités et des besoins familiaux de chaque exploitant. Depuis l'avènement de l'insécurité qui a engendré une perturbation dans les activités quotidiennes, satisfaire les besoins familiaux constitue l'une des premières inquiétudes des chefs de ménages.

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Tableau 8:Revenus monétaires et types de producteurs

Revenus

Nombre

d'exploitants

Pourcentage %

Types de producteurs

< 50 000 FCFA

17

28.33

Petits producteurs

50 000 à 100 000 FCFA

16

26.67

100 000 à 200 000 FCFA

11

18.33

Producteurs moyens

200 000 à 300 000 FCFA

12

20.00

300 000 FCFA à Plus

4

6.67

Grands Producteurs

60 100

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Les modes d'utilisation des revenus monétaires diffèrent en fonction des exploitants du site de Kimé Gana. Les préoccupations sont entre autres : les achats de vivres, les besoins familiaux, les cérémonies, l'achat du bétail plus précisément les petits ruminants pour l'embouche, l'acquisition des matériels et intrants agricoles.

Les revenus de la production varient en fonction de types de producteurs. Ainsi 55% les petits exploitants ont un revenu dont le plafond est de 100 000 FCFA et consacrent essentiellement leurs revenus aux achats de vivres et à certains besoins primordiaux de la famille. Quant aux producteurs moyens ils représentent 38.33 % et le sommet de leur gain occasionné est de 300 000 FCFA. Seulement 6.67 % des producteurs arrivent à s'en sortir avec un revenu pouvant aller au-delà de 300 000 FCFA, ils sont les plus aisés.

26.67

20.00

18.33

28.33

6.67

< 50.000 50.000 à 100 000 à 200 200 000 à 300 300 000 à Plus

100000 000 000

Figure 16 : Fréquence des différents revenus des producteurs

Les revenus ainsi tirés par les producteurs sur le site de Kimé Gana sont minimes à cause de la dégradation provoquée de certaines structures comme les canalisations et la destruction du couvert végétal suite au feu de brousse. Cette installation anarchique et momentanée a accentué l'arrêt de l'activité maraichère d'où la chute conséquente de la production sur le site en particulier et la dans la cuvette nord en général.

Tableau 9:

Tableau 9:Quelques espèces produites et leurs prix en fonction des périodes: décembre 2017 et janvier 2018 (1000FCFA=600 Naira, période janvier 2018)

Speculations

Unité de mesure (Kg)

Prix à la récolte
(
FCFA)

Prix du sac de:

Oignon

Tia (2,5 kg)

500 FCFA

60 Kg 12 300 FCFA

Ail

Tia (2kg)

2500 FCFA

50 kg 62 300 FCFA

Pomme de terre

Tia (3kg)

700 FCFA

60 kg 13 000 FCFA

Moringa (séché)

Tia (0,5kg)

500 FCFA

20 kg 20 000 FCFA

Gombo

Tia (2kg)

600 FCFA

//

Tomate

Tia (2,5 kg)

1200 FCFA

Panier de 25 kg 11 200
FCFA

Chou

Sac de 65 kg

1 150 FCFA

//

Sur le site, les unités de mesure qui permettent de quantifier la production sont généralement la mesure ou Tia et le bidon d'huile de 25 kg. En plus les sacs de 50 et 60 kg sont utilisés. Les prix des spéculations varient en fonction de la période des récoltes. Par exemple sur le site, la mesure de la pomme de terre tourne autour de 400 N soit 700 FCFA à la récolte et lorsque le produit se raréfie son prix peut atteindre 1500 N soit 2 300 FCFA et le sac de 50 kg à 17 000 N soit 28 500 FCFA. Pour la tomate un bidon a une contenance de 3 Tia soit 7,5 kg du poids net se vend à 2000 Naira soit 3000 FCFA. La Tia se vend à 1 200 FCFA lors de la période des récoltes soit un prix approximatif de 480 FCFA /Kg. Lorsque le produit devient rare sur le marché, notamment en avril et mars, le même bidon peut atteindre un prix plafond de 3500 Naira soit 5 800 FCFA.

3.13 Les modes de conditionnement et de transport des produits maraichers

Il s'agit du matériel que les exploitants utilisent pour emballer les produits agricoles et les moyens utilisés pour le déplacement de ces produits d'un point à un autre. Comment se fait le conditionnement des produits maraîchers à Kimé Gana.

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3.13.1 Les modes de conditionnement

Les produits maraîchers sont transportés lorsqu'ils sont emballés. Plusieurs emballages sont utilisés pour conditionner les produits : les sacs de diverses natures sont utilisés, les caisses et les cartons, les récipients tels que les bassines et les plastiques sont aussi utilisés.

3.13.2 Les modes de transport

Les modes de transport varient selon les moyens et les distances qui séparent Kimé Gana des

marchés. Plusieurs modes de transport sont utilisés :

- le transport par portage des produits maraîchers à pieds

- le transport des produits maraîchers à dos d'âne

- le transport à moto avant son interdiction ;

- le transport à véhicule vers la ville de N'guigmi et les autres localités.

3.14 Impacts de l'occupation momentanée des déplacés du lac à Kimé Gana

3.14.1 Le choix du site

Le Niger a été l'objet d'attaques dans les villes de Bosso, de Diffa et de Karamga et plusieurs autres villages de la région qui ont été le théâtre de violences inouïes, de meurtres, de viol de femmes, d'enlèvement d'hommes, de femmes et d'enfants de tous âges.

Ces attaques perpétrées par la nébuleuse Boko Haram dans la partie nigérienne du bassin du lac Tchad a conduit les autorités nigériennes à prendre des mesures drastiques. En mai 2015 lors de l'évacuation des iles du lac Tchad, deux sites sont choisis pour accueillir les populations déplacés à savoir Yébi et Kimé Gana. Ce dernier était situé au nord du lac et proche de N'guimi, où l'on pratique des cultures maraichères. Les autorités communales en concertation avec le gouvernorat de Diffa, avaient décrété que ces deux sites resteraient ouverts de manière temporaire, le temps d'organiser le processus de relocalisation vers d'autres sites. Le site a été réoccupé progressivement à la date du 15 Mai 2016 et un appui de la mairie de N'guigmi a appuyé les exploitants par la réhabilitation du forage artésien et la réparation de certains chenaux à hauteur de 650 000 fcfa. En outre des semences ont été distribuées par la Direction départementale de l'agriculture aux exploitants dans le cadre de la reprise des travaux sur le périmètre. La coopérative des producteurs a collecté auprès des exploitants une somme forfaitaire de 1000N (1 500 FCFA) pour ses différents travaux annexes. Dans ses fonds propres la coopérative a conçu un abreuvoir des animaux à raison de

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400 000 N ( 666 660 FCFA) et a clôturé le bassin d'eau dont les travaux s'élèvent à 80 000 N (135 000 FCFA). Après le recasement de la population sur d'autres sites plusieurs organismes ont assisté la vaillante population. C'est le cas d'évoquer l'organisation non gouvernementale (ONG) KarKara qui avait distribuée des jeunes plants d'arbres fruitiers et a fourni aussi des tuyaux de canalisation.

3.14.2 Les dégâts occasionnés

Le séjour sur le site de Kimé Gana a occasionné d'importants dégâts dont entre autres : L'occupation anarchique des espaces, la coupe sauvage et abusive du bois, la destruction des parcelles de culture, la destruction des canalisations d'irrigation.

A leur arrivée sur le périmètre, la population déplacée s'est installée de façon anarchique en occupant les espaces destinés à la culture maraîchère; ce qui a eu pour conséquence directe la destruction des parcelles en exploitation. A cela on note aussi les feux de brousse et la coupe abusive du bois à l'intérieur comme à l'extérieur du périmètre ce qui a pour impact la destruction des ligneux et l'appauvrissement des sols.

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Découpage sauvage

Destruction
des parcelles

Occupation anarchique

Autres Impacts

Frequence

Figure 17: Fréquence des différents revenus des producteurs

A certains endroits la clôture les grillages sont emportés, ce qui favorise l'accès aux animaux d'où le soulèvement d'un autre conflit entre les exploitants et les éleveurs.

Le système d'irrigation des eaux peu performant s'est retrouvé d'avantage endommagé. Tous ces aspects ainsi évoqués, la panique et la crainte des « yaran malan ou yaran djedji (désignation des éléments de Boko Haram en Hausa) » ont conduits les différents acteurs intervenant sur le périmètre à quitter et s'étaient retrouvés sans travail.

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A l'instar des déplacés, les exploitants se tournent vers d'autres activités pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Les femmes (75%) qui constituent la majorité d'exploitants se tournent vers les activités d'embouche ovine et le petit commerce ; quant aux hommes, ils se lancent dans la maçonnerie, les petits commerces, la fabrication et la vente du bois suite à l'exploitation du Prosopis juliflora, qui est une espèce envahissante dans la commune. Cette activité pratiquée en général par les peuls, est aujourd'hui est l'oeuvre de tout le monde. Lors de notre enquête sur le terrain nous avions rencontré des jeunes Boudouma qui s'attèlent travaux rémunérateurs comme la vente du charbon de bois, la maçonnerie, les

petits commerces .

Avant ce conflit notons qu'il est rare de voir les Boudouma s'atteler à ces genre d'activités qu'ils trouvent marginales.

Le séjour de la population déplacée sur le site n'avait point affecté les pratiques culturales sur le site de Kimé Gana.

3.15 Les contraintes de la pratique des cultures maraichage

Dans cette partie nous allons d'abord aborder les différentes contraintes qui minent le développement des cultures et les perspectives d'aménagement

3.15.1 Les risques liés aux produits chimiques

Les producteurs sont amenés à utiliser de nombreux produits chimiques dans le but d'accroitre la productivité. Sur les marchés locaux, on y rencontre majoritaire des produits en provenance du Nigeria et beaucoup ne sont pas autorisés. L'utilisation des produits chimiques n'est jamais anodine, et il convient de les manipuler en observant les précautions élémentaires liées aux caractéristiques de ces produits. Les produits chimiques peuvent se présenter sous plusieurs formes. Le mode de contamination par la peau qui est le principal de contamination vis-à-vis des pesticides est ignoré, ce qui amène une sous-utilisation des équipements de protection cutanée et des règles d'hygiène. Lors de notre enquête Sur le site de Kimé Gana, nous avons constaté l'utilisation des produits phytosanitaires issus du Nigeria et ceux fabriqués localement.

Le développement des pratiques culturales conduit à une augmentation de l'utilisation des pesticides d'où des impacts probables négatifs sur la santé humaine et animale

3.15.2 La pollution de l'environnement

Certains produits chimiques sont susceptibles peuvent avoir des conséquences néfastes sur l'environnement :

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- Par la contamination : Transfert d'un polluant d'un milieu vers un autre (Pollution des sols, puis de la nappe souterraine.

- Par bioaccumulation : accumulation des polluants dans les organismes vivants.

- En l'absence d'une véritable lutte contre les ennemis des cultures, l'augmentation de la production maraichère entraine une utilisation accrue des pesticides chimiques dont les impacts sur l'environnement sont négatifs.

3.15.3 Les contraintes foncières

Théoriquement tout individu peut avoir facilement accès à la terre de culture sur le site de Kimé Gana, la gestion du foncier du site est sous l'égide du chef coutumier. Donc il n'est pas évident d'être un propriétaire permanent d'un lopin que ton est originaire du terroir, mais plutôt un détenteur temporaire.

L'aménagement du périmètre irrigué de Kimé Gana peut entrainer la perte des terres des pâturages et cela peut-être à l'origine des conflits entre éleveurs et maraichers.

3.15.4 Les contraintes financières

Le manque des moyens financiers des producteurs est un frein aux pratiques du maraichage. L'absence des structures d'appuis (banques et les micros finances) qui octroient des crédits bancaires conséquents pour redynamiser le secteur et pousser les limites de la production.

3.15.5 Les contraintes de commercialisation

Depuis 2015 avec les attaques perpétrées sur certaines iles comme celles de Karamga et les villages riverains du lac Tchad, en général toutes les activités économiques de la région du lac s'étaient retrouvées en panne. Ainsi tout le circuit de commercialisation des produits halieutiques et agricoles s'est effondré avec la fermeture de certains marchés frontaliers importants tant au Niger qu'au Nigeria voisin. L'interdiction de certains moyens de transport la réduction des heures de circulation routière et la fermeture de certaines routes ont entrainé une profonde perturbation de la commercialisation des produits agricoles et halieutiques.

3.15.6 L'analphabétisme des producteurs

La majorité des exploitants du site de Kimé Gana sont analphabètes mais ont subi l'éducation traditionnelle dans le cadre de l'école coranique. L'analphabétisme est un handicap pour le développement de la culture maraichère.

3.15.7 Contraintes abiotiques

Le sud de la commune de N'guigmi est caractérisé par des sols argileux hydromorphes, qui sont soumis aux aléas climatiques et aux pratiques inappropriées de la gestion de la fertilité

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des sols. Les contraintes auxquelles font face la culture maraichère sur le périmètre irrigué

sont :

La dégradation constante des sols à l'érosion éolienne ;

La menace d'ensablement du site maraicher par le vent ;

La baisse constante de la fertilité des sols ;

Les pratiques inappropriées de la gestion de la fertilité des sols :

Résidus de cultures généralement brulés ou exportés hors des parcelles

Peu de restitution des résidus des cultures sous forme d'amendements

Baisse de la pratique de la jachère

La non maitrise de l'eau pour l'irrigation des cultures

3.15.8 Les contraintes institutionnelles

La direction départementale de l'agriculture est un acteur majeur qui intervient dans le cadre du développement agricole dans le département de N'guigmi. Sur le site a lieu une distribution dérisoire des intrants et matériels agricoles par l'état ses partenaires. Depuis le début de cette crise plusieurs ONG et projets interviennent superficiellement sur le périmètre de Kimé Gana. D'autres directions étatiques sont quasiment inopérantes sur le domaine agricole, notamment sur le maraichage, c'est le cas de la direction départementale du génie rural.

3.15.9 L'absence des systèmes d'approvisionnement et d'inaccessibilité des producteurs

On note un handicap dans le cadre d'approvisionnement des matériels et intrants agricoles dans la commune de N'guigmi. Les moyens et petits producteurs n'ont pas facilement accès aux intrants et matériels agricoles qui sont sous la tutelle de la direction départementale ; et les produits qui inondent les marchés locaux sont des produits nigérians non autorisés sur le territoire. L'inaccessibilité des producteurs surtout les moins nantis est assimilable aux manques des moyens financiers, donc le recours aux produits non autorisés mais bons marchés est obligatoire.

3.15.10 Les contraintes législatives

Les prétendus propriétaires des terres du site, doivent être en possession des documents régissant le titre foncier de leurs propriétés. Le code rural précise dans le titre I du régime de la terre et en son article 10, il stipule que : « La propriété selon le droit écrit résulte de l'acquisition à titre privé d'une propriété foncière rurale par l'un des actes ci-après :

- l'immatriculation au livre foncier ;

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- l'acte authentique ;

- l'attestation d'enregistrement au dossier ;

- l'acte sous seing privé ».

3.15.11 Les contraintes biotiques

Il s'agit essentiellement des parasites de cultures causant ainsi d'importants dommages, voire la destruction des cultures. Les producteurs se plaignent du jaunissement de certains légumes comme les variétés de piments, le chou pommé, la tomate.... (Photo 14).

Les cultures maraichères sont sujettes aux attaques des insectes qui sont responsables de la faible production, les plus fréquents sont les pucerons, les sauterelles...

Sur certaines parcelles et par endroit les insectes perforent les feuilles des plants et les fruits ralentissant ainsi leur croissance. La plus grande contrainte biotique à la production de manioc au Niger est sans contexte la mosaïque africaine du manioc, maladie qui sévit dans toutes les régions productrices de notre pays (Reca, 2017).

Sur le site les producteurs se plaignent des dégâts causés par les nématodes parasites des cultures maraichères qui détruisent les plants de tomates à la racine.

A cela s'ajoute des contraintes parasitaires provoquées par l'attaque des sauterelles et autres ennemies de cultures sur les jeunes pousses.

Photo 14: Un plan de chou pommé attaqué par des insectes (Cliché : Achahabou février 2018)

3.15.12 Les contraintes économiques

L'insuffisance des moyens financiers constituent un handicap pour le développement de la culture maraichère vu le climat d'instabilité sécuritaire qui caractérise la région du bassin du

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lac Tchad en général sur le périmètre maraicher de Kimé Gana particulier. Toutes sortes d'activités qu'entreprenaient les populations vivant dans la cuvette nord se trouvent en panne, d'où la cherté et la rareté des produits. Ainsi les petits producteurs peinent à trouver les moyens nécessaires pour acquérir des matériels et intrants agricoles malgré l'appui insuffisant de l'état à travers la CAIMA (Centrale d'approvisionnement en intrants et matériels agricoles) et ses partenaires. Les projets et ONG apportent leurs appuis en formant une faible portion des producteurs sur les pratiques culturales ; ce qui traduit une faiblesse de la coopérative des producteurs au niveau du site. Les organisations paysannes ne sont pas bien développées au niveau de la commune, elles doivent créer une synergie avec les producteurs des autres sites maraichers et pouvoir tirer des profits des meilleurs prix aux différents acteurs intervenant dans la filière. Le manque de route reliant le site au chef-lieu de la commune est une entrave capitale au développement du site, car rare sont ceux qui acheminent leur récolte dans les véhicules de transport ; la plupart des producteurs transportent leurs biens soient à dos d'animaux ou dans une charrette à boeufs.

Aussi l'analphabétisme des exploitants est une contrainte majeure au développement socio-économique de la filière.

Le manque de technique de conservation et de transformation des produits est à la base de la perte d'une quantité importante de récoltes en réduisant ainsi les potentialités de commercialisation. Donc des actions et efforts doivent être entrepris pour améliorer les techniques de conservation, de transformation, afin d'acheminer les produits vers d'autres contrées lointaines pour la commercialisation.

Pour augmenter la production au niveau du site, la coopérative et ses partenaires doivent multiplier les forages et les systèmes de distribution des eaux, afin de mettre en valeur la partie non aménagée d'une superficie de 24 hectares.

3.15.13 Les contraintes matérielles et techniques

Les contraintes techniques sont liées aux différentes techniques culturales qui sont notamment, la faible utilisation des engrais et produits phytosanitaires, l'inadaptation des variétés et la mauvaise qualité des semences, l'archaïsme des systèmes et techniques de cultures. Le problème d'accès aux intrants et matériels en qualité et en quantité constitue un frein au développement de la pratique des cultures maraichères. Les producteurs ne disposent pas d'organisation structurée tant pour l'approvisionnement en intrants et matériels que pour la commercialisation de leur production. Le manque des moyens de transport et le mauvais état de la route poussent certains producteurs à vendre individuellement et instantanément leur

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production sur le site. Ainsi lors de nos entretiens, il est noté que l'un des obstacles majeurs au développement et à l'intensification des cultures irriguées est le manque crucial de financement qui n'autorise pas de investissements conséquents dans ce domaine. A Kimé Gana le second facteur qui freine la filière maraichère est l'insuffisance des techniques d'approvisionnement de l'eau et des canaux d'irrigation.

La crise actuelle qui sévit dans le bassin du lac Tchad a conduit à la fermeture de plusieurs marchés tant au nord du Nigeria que dans certaines localités dans la région de Diffa, au Niger, d'où l'absence de débouchés. Les structures paysannes en relation avec les partenaires doivent revoir les circuits de commercialisation afin de chercher des débouchés lointains possibles.

3.15.14 Les contraintes d'irrigation et le manque d'eau sur le site

Les contraintes liées à la production agricoles sont multiples et concernent notamment les aspects économiques surtout le manque des moyens financiers et des financements à la base. Sur le plan technique seul un nombre limité de producteurs bénéficie de formation de d'information sur les techniques de gestion et production agricole et la plupart ne maîtrisent pas correctement les techniques d'irrigation.

A cela s'ajoute un manque d'eau sur le site, qui est relatif à la profondeur de la nappe, car beaucoup d'exploitants attendent au crépuscule ou souvent tard dans la nuit pour procéder à l'arrosage.

L'exploitation des aquifères à divers usages à plusieurs conséquences sur la qualité, la gestion rationnelle des ressources en eau souterraine.

L'utilisation des eaux souterraines pour la consommation humaine dans le cadre de l'agriculture, de l'industrie et autres activités productives, diminue considérablement la productivité des aquifères captifs (DRHA, 2017). La figure 18 montre une augmentation de la nappe de Kadzel de l'an 2000 à 2002, alors qu'une diminution significative est observée pendant cette dernière décennie.

L'exploitation des aquifères à plusieurs conséquences sur la qualité, la gestion rationnelle des ressources en eau souterraine.

Ainsi lors de nos différents passages sur le site d'étude, on a constaté que le seul forage artésien ne couvre pas tout le besoin en alimentation d'eau du site, malgré les 4 bassins d'eau parfois fonctionnels. Ce déficit d'eau s'explique aussi par l'interdiction notoire d'utilisation des motopompes surtout en ce temps de conflit dans la région, car le groupe terroriste Boko

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Haram et leurs complices profitent auprès des populations pour se ravitailler en carburant et autres moyens de nuisance.

01-07-2000 01-07-2001 01-07-2002 01-07-2003 01-07-2004 01-07-2005 01-07-2006 01-07-2007 01-07-2008 01-07-2009 01-07-2010 01-07-2011 01-07-2012 01-07-2013 01-07-2014

NIVEAU D'EAU PAR RAPPORT A UN REPERE

29.30

29.20

29.10

29.00

28.90

Piézometre de Likitré: nappe du Kadzel

28.80

28.70

28.60

28.50

29.40

Figure 18: Niveau d'eau en mètre en fonction du temps

3.16 Discussion

La production maraîchère fait partie des activités agricoles exercée dans la commune de N'guigmi, plus précisément sur le périmètre de Kimé Gana qui autrefois était un village riverain du lac Tchad. La pratique de cette activité répond à des logiques de développement surtout dans le contexte actuel d'insécurité et de changement climatique. Elle permet de lutter contre le chômage et la réduction des vulnérabilités des populations autochtones que celles fuyant le conflit dans le bassin du lac Tchad. Le maraichage assure l'approvisionnement de la commune et ses environs en légumes et autres produits maraichers. Les consommateurs ont directement accès aux produits sur le site ou les marchés.

Plusieurs acteurs ou groupes d'acteurs interviennent dans la filière dont les principaux les exploitants, la mairie, la chefferie traditionnelle, l'Etat, les projets et ONG.

Il ressort des divers entretiens que les modalités de l'accès à la terre sont multiples; on dénombre 5 modes dont entre autre: l'héritage, le prêt, le don, l'achat, et le gage.

Le taux d'accès pour l'héritage représente 72%, contre 20% pour le prêt; mais ce dernier s'effectue avec ou sans l'approbation des membres de l'organisation paysanne qu'est la

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coopérative de Kimé Gana. Ces données peuvent être mises en corrélation avec les résultats obtenus par Abdourahamani (2011), dans le polder de Boultoungour dans la partie nigérienne du bassin du lac Tchad où il précise que le prêt représente 86,84% et à lieu au près des chefs des villages contre 13,15% pour l'héritage.

Par contre Awal (2011), mentionne lors d'une étude dans le département de Madarounfa, qu'à Gabi 18,2% ont acquis leurs terres irriguées par l'achat, alors qu'à Maradi commune il est de 35,7%, à Safo, 20% et 33,3% à Madarounfa.

Les superficies des exploitations sont classées comme suit: Grande exploitation, exploitation moyenne et petite exploitation avec des superficies respectives de 0,75 Ha, 0,25 Ha et 012 Ha, alors qu'à Boultoungour, la taille moyenne de ces parcelles du polder est de 0,7 ha (Abdourahamani, 2011). Ces résultats traduisent la petitesse du périmètre qui est mis en valeur avec une superficie de 11 Ha.

Pour les différents travaux maraichers à savoir la préparation des sols, le sarclage, la récolte, bon nombre d'exploitants sollicitent la main d'oeuvre, car c'est une ressource facile à cause des déplacements massifs des populations fuyant le conflit dans le bassin du Tchad. Ainsi beaucoup de jeunes se retrouvent sans travail préalable.

Le mode de payement de cette main d'oeuvre salariale est de trois sortes à savoir : moyennant une partie de la récolte, par argent cash ou les deux modes (argent et une partie de la récolte), avec des proportions respectives 41,66%, 31,66% et 26,66%. La rémunération moyenne est de 1000 Naira/homme et cela en fonction du type de travail et de la durée.

Depuis l'avènement de cette insécurité qui a occasionnée l'évacuation des villages riverains du lac et leur relocalisation à Kimé Gana qui n'était pas sans conséquence sur le rendement et la production maraichère. Kiari Fougou (2014), souligne que l'irrigation est pratiquée sur les sites maraichers dont le plus important est celui de Kimé Gana avec un rendement assez bon. Certains engrais chimiques et produits phytosanitaires sont interdits de commercialisation depuis 2015, ce qui a pour conséquence un faible rendement et à cela s'ajoute l'utilisation des outils archaïques et l'analphabétisme qui caractérise les exploitants (seulement 18,33% sont instruits).

Le Nigeria qui fournit l'essentiel des produits phytosanitaires et les engrais à travers les marchés frontaliers .Certains utilisent des produits inefficaces qui sont accessibles à moindre coût, mais dont l'utilisation peut entrainer des effets néfastes chez l'homme.

La chambre régionale de l'agriculture de Maradi (2016), confirme la nocivité de certains produits issus du Nigéria voisin en ces terme : « un produit commercial avec comme matière active le DDVP ou Dichlorvos (famille des organophosphorés), produit interdit en Europe

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pour toute utilisation, interdit au Maroc pour le maraîchage, non autorisé dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest sauf au Nigeria ».

Les structures étatiques ne garantissent pas les quantités suffisantes à temps opportun et les produits sont souvent inaccessibles aux petits et moyens producteurs.

Bien avant la crise de Boko Haram, une grande partie de la production maraichère est écoulée sur certains marchés de la région et plus loin jusqu'au marchés frontaliers du Nigeria et rarement vers le Tchad.

Actuellement, la production maraichère issue du périmètre irrigué de Kimé Gana est commercialisée sur le marché de N'guigmi et dans certains marchés hebdomadaires des villages environnants. En période d'importante production de la tomate, du chou, du piment, de la pomme de terre et de l'oignon ; les marchés de Kabléwa, Kindjandi et Diffa servent de débouchés pour l'écoulement des produits.

Les producteurs tirent bénéfices de cette activité malgré le maraudage nocturne constate sur le site, vu l'instauration de l'état d'urgence dans lequel végète la région.

Les revenus de producteurs proviennent essentiellement de la culture maraichère. Néanmoins les petits et moyens producteurs exercent d'autres activités génératrices de revenus leur permettant de subvenir à certains besoins immédiats de leur famille. Les activités secondaires exercées sont : la fabrication et la vente du charbon de bois, les petits commerces, l'embouche caprine, la maçonnerie, les petits travaux ménagers.

Le revenu moyen du petit producteur (55%) a un plafond de 100 000 FCFA consacré aux achats des vivres et du matériel agricole. Les producteurs moyens représentent 38.33 % et le sommet de leur gain occasionné est de 300 000 FCFA. Les plus aisés sont les grands producteurs (6,67%) qui s'en sortent avec un revenu plafond de 900 000 FCFA. Ces résultats comparés à ceux obtenus par Abdourahamani (2011) lors d'une étude sur le polder de Boultoungour, montrent une corrélation sur les revenus occasionnés. Cette étude souline que le revenu moyen est de 95 600 FCFA pour les petits producteurs, 351 000 FCFA pour les moyens producteurs et 905 800 FCFA pour les grands producteurs.

Une étude récente réalisée sur le lac Fitri au Tchad, montre les gains financiers occasionnés par les producteurs.

A Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso le maraîchage rapporte en moyenne 75 000 FCFA/an à chaque producteur dans le cadre d'adaptation et perception aux impacts des changements climatiques (Bognini, 2011).

Selon une étude réalisée par Napo (2103), les coûts de production dans la Vallée du Sourou au Burkina Faso en 2008 est 721 000 FCFA / ha.

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A dire des acteurs la culture de la tomate sur une superficie de 0,5 ha à Maafé (Tchad), peut rapporter jusqu'à environ 400 000 FCFA. Une étude de trois cultures dominantes à savoir la patate douce, la tomate et le gombo sur une période de six mois (octobre-mai) et sur une superficie d'environ 0,5 ha d'un groupement, montre que les exploitants peuvent gagner jusqu'à environ 720 000 FCFA (Kiari Fougou et al, 2018).

Les acteurs intervenant dans la production et la commercialisation des produits maraichers sont : les producteurs, les ouvriers, les commerçants, les collecteurs/revendeurs. Les revenus issus de la production maraichère contribuent significativement à la réduction de la vulnérabilité des populations meurtries par la crise de Boko Haram. La pratique de cette activité permet de réduire considérablement le chômage des jeunes et l'exode rural.

3.17 Valorisation des cultures maraichères et Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana

3.17.1 Valorisation de la culture maraichère

L'organisation de la culture maraichère s'avère un préalable à toute action visant une meilleure valorisation des produits maraichers. Elle passe par une étroite collaboration entre les différents acteurs intervenant dans ce domaine. La culture maraichère répond particulièrement au besoin de diversification et même de valoriser les efforts d'intensification des moyens de production. Elle permet aux producteurs de tirer des importants revenus et apporte des éléments minéraux et vitamines qui font défaut dans le régime alimentaire. Cette activité procure de l'emploi surtout aux jeunes désoeuvrés, qui sont tentés par l'exode rural au péril de leur vie.

Le gouvernement actuel a marqué son intérêt pour le développement de diverses activités agricoles avec la création d'un organe dénommé : 3N(Les Nigériens Nourrissent Nigériens). Ce dernier intervient dans plusieurs domaines agricoles et assiste les coopératives des producteurs. Il doit véritablement appuyer la plate-forme paysanne pour une meilleure réorganisation des coopératives afin de mieux écouler les productions au grand bonheur de toute une chaine d'acteurs, en tirant le plus grand profit possible de la culture maraichère. Au demeurant, tous les acteurs de la filière devraient être intensément mobilisés pour un meilleur développement durable des productions maraichères dans le pays en général et sur le site de Kime Gana en particulier.

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3.17.2 Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana

Au niveau du périmètre irrigué de Kimé Gana, des projets et ONG interviennent dans le secteur maraicher en vue d'améliorer la production. Cependant l'état en collaboration avec les partenaires travaillent sans relâches avec les producteurs pour le développement de la culture maraichère. Les différents organismes qui ont intervenus sur le site pour sa réhabilitation suite à son occupation momentanée par la population déplacée de certains villages qui ceinturent la partie nigérienne du lac Tchad sont entre autres :

? La mairie de N'guigmi qui réhabilité le forage artésien après le recasement des déplacés vers d'autres campements à hauteur de 650 000FCFA,

? Projet Care : Cet organisme a fourni des semences aux producteurs en février 2018,

? CICR : En novembre 2017 le CICR a octroyé aux producteurs des semences et matériels agricoles (brouettes, tuyaux, pelles, puisettes...),

? ONG VND NOUR : Cette structure locale a réhabilité le forage artésien et les canalisations défectueuses à hauteur de 650 000 FCFA en juillet 2017,

? Croix rouge nigérienne : qui a assuré la formation des producteurs sur la fabrication locale des insecticides, et le secourisme en cas d'accident de travail sur le site.

Ainsi le souci de permettre une meilleure production maraichère sur le site, le Programme de réhabilitation et de renforcement de la résilience des systèmes socio écologiques du bassin du Lac Tchad (PRESIBALT) a prévu d'aménager 23 à 25 hectares pour accroitre la production. Au terme de l'étude, les résultats obtenus nous permettent de formuler les voies prospectives pour une meilleure mise en valeur de la production des cultures maraichères sur le périmètre de Kimé Gana:

1 Réaliser le projet de transfert d'eau depuis l'Oubangui au lac Tchad pour réduire la
sècheresse que vit le lac Tchad en général et la partie nigérienne en particulier ;

2 Etendre et diversifier les cultures irriguées sur le site non mis en valeur ;

3 Assurer la disponibilité des semences et sélectionner les variétés adaptées aux types de

sols ;

4 Réduire les pertes en eau par une meilleure maitrise des besoins en eau de la culture irriguée ;

5 Mettre en place des systèmes d'adduction d'eau à l'aide de l'énergie solaire pour une meilleure irrigation sur le site ;

6 Freiner la dégradation accélérée de la végétation au tour du périmètre en plantant des arbres sur des grands espaces ;

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7 Construire une route de N'guigmi au site de Kimé Gana pour faciliter le transport ;

8 La réhabilitation de la route principale pour accéder rapidement aux autres régions du pays et aux frontières afin d'écouler les produits sur les marchés hebdomadaires de grande, moyenne et petite importance.

9 Assurer des formations et encadrements des exploitants aux techniques modernes de production, conservation et commercialisation des produits maraichers;

10 Faciliter l'accès à tous les exploitants aux matériels et intrants agricoles;

11 Favoriser la production du compost à partir des résidus organiques et de la matière minérale.

12 Sensibiliser d'avantage la population sur le phénomène de la destruction des arbres pour un développement durable et une meilleure gestion de l'environnement.

13 La mise en place d'un système d'enregistrement fiable des exportations et des importations, au niveau des frontières, afin de pouvoir suivre l'évolution des flux.

14 La mise en place ou l'amélioration du système d'information sur les marchés, avec une collecte sur les quantités et les prix, assurée par une entité de la fonction publique.

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