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La structure de la phrase interrogative en shupamem


par Ernest NJIFON NGOUPAYOU
Université de Yaoundé I - Master 2 en Linguistique Graduat 2017
  

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4.2.1.2.1 Les constituants de l'interrogation totale indirecte

Nous allons examiner dans cette section les constituants de l'interrogation totale indirecte. Considérons les phrases suivantes :

(11) a. Djara na` 0- mbi'??Ì mi' u' 0- ?u' pa'ju` n?Ì.

Djara Accs PRS- demander si 2sg PRS- manger nourriture M Int « Djara demande si tu manges la nourriture. »

b. Chouaibou na` 0- ta'? ji`n- n?i' mi' u' 0-pútn?Ì n?Ì.
Chouaibou Accs PRS- vouloir INF -savoir si 2sg PRS- revenir M Int « Chouaibou veux savoir si tu es revenu. »

c. Amina na` 0-mbi'?? mi' u' 0-?u' po' ma'ria`ma` n?Ì.
Amina Accs PRS- demander si 2sg PRS- habiter avec Mariama M Int « Amina demande si tu habites avec Mariama. »

d. p?ì na` 0- ta'? ji`n- n?i' mi' na? ?ai' n?Ì.

3pl Accs PRS- vouloir INF savoir si mère ici M Int
« Ils veulent savoir si la mère est ici. »

Les phrases (11a, b, c, et d) nous permettent de constater que l'interrogation totale indirecte contient les constituants suivants :

1. Un verbe qui marque la demande ji`-mbi?? (demander) ou ji`-n?i' (savoir) ;

2. Le complémenteur mi' (si) qui introduit la subordonnée interrogative ;

3. La subordonnée interrogative.

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Donc les constituants de l'interrogation totale indirecte en Shupamem se présentent dans l'ordre suivant :

Le verbe interrogatif + Le complémenteur miì (si) + La subordonnée interrogative.

4.2.1.2.2 Distribution des constituants de l'interrogation totale indirecte

Dans cette section, nous allons parler de la distribution des constituants de l'interrogation totale indirecte. Pour cela, reprenons les phrases (11a, b, c et d)

(12) a. Djara na` ø-mbi'??Ì mi' u' ø -?u' pa'ju` n?Ì.

Djara Accs PRS- demander si 2sg PRS- manger nourriture M Int

S V I COMP SI
« Djara demande si tu manges la nourriture. »

b. Chouaibou na` ø- ta'? ji`n- n?i' mi' u' ø-pu'tn?Ì n?Ì.

Chouaibou Accs PRS- vouloir INF -savoir si 2sg PRS- revenir M Int

S VI COMP SI
« Chouaibou veut savoir si tu es revenu. »

c Amina na` ø-mbi'??Ì mi' u' ø-?u' po' ma'ria`ma` n?Ì.

Amina Accs PRS- demander si 2sg PRS- habiter avec Mariama M Int

S VI COMP SI
« Amina demande si tu habites avec Mariama. »

d. p?Ì na` ø- ta'? ji`n- n?i' mi' na? ?ai' n?Ì.

3pl Accs PRS- vouloir INF savoir si mère ici M Int

S V VI COMP SI
« Ils veulent savoir si la mère est ici. »

S + (V) + VI + COMP + SI

Nous remarquons que les phrases (12a, b, c et d) ont toutes la même structure, toute chose qui nous permet de conclure que la structure de l'interrogation totale indirecte en Shupamem est la suivante :

S= Sujet

VI= Verbe Interrogatif

SI= Subordonnée Interrogative

4.2.2 L'interrogation Qu

Comme nous l'avons dit au Chapitre trois, en Shupamem, nous regroupons le syntagme Qu en trois catégories : les arguments, les adjoints référentiels et les adjoints non référentiels. Contrairement au français standard, l'utilisation du syntagme Qu en initial de phrase n'est jamais une option mais une obligation26. En Shupamem, le syntagme Qu peut

26 Voir Baunaz et Patin (2011).

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rester in-situ c'est-à-dire dans sa position canonique ou être à la périphérie gauche. C'est ce qu'illustrent les phrases suivantes :

(13) a. ndiaì pol k÷?Ì n?Ì ?

Aujourd'hui être quoi M Int

« Quand sommes-nous aujourd'hui ? »

b. il ø- juoìn wo n?Ì ?

2sg PRS- voir qui M Int
« Qui vois-tu ? »

c. aì wo juoì û ø-ju?ln n?Ì ?
c'est Qui que 2sg PRS- voir M Int « C'est qui que tu vois ? »

d. Njikam kaìp?Ì-ndèd n?Ì wo n?Ì? Njikam P4 montrer à qui M Int « A qui montrait Njikam ? »

e. aì n?l wo jûoì ?iìkaÌm kaìp?Ì -ndeÌd n?Ì?
c'est à Qui que Njikam P4 - montrer M Int « C'est à qui que Njikam montrait ? »

Dans chacune des phrases ci-dessus, le syntagme Qu est en gras. En fait, en (13a, b et d), le syntagme Qu est in-situ alors qu'en (13c et e), le syntagme Qu est ex-situ parce qu'il est focalisé. Toute chose qui nous amène à poser un certain nombre des questions :

1. Quel mécanisme syntaxique permet au syntagme Qu en Shupamem de se déplacer et de se retrouver à la périphérie gauche ?

2. Est-ce que les syntagmes Qu in-situ sont vraiment exempts de tout mouvement ? Pour répondre à la première question qui est celle de savoir ce qui permet au syntagme Qu de se déplacer, nous allons dire que les syntagmes Qu se déplacent lorsqu'ils sont focalisés. Comme illustrent les phrases suivantes.

a) Questions sans focalisation du syntagme Qu

(14) a. û ø- tá? wo n?Ì?

2sg PRS- vouloir qui M Int « Qui veux-tu ? »

b. û ø- tá? k÷?Ì n?Ì ?

2sg PRS- vouloir quoi M Int « Que veux-tu ? »

b) Questions avec focalisation du syntagme Qu

(15) a. aì wo juoì û ø- taÌ? n?Ì?

c'est qui que 2sg PRS- vouloir M Int
« C'est qui que tu veux ? »

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b. aì k÷?Ì juoì û ø- taÌ? n?Ì ?

c'est quoi que 2sg PRS- vouloir M Int « C'est quoi que tu veux ? »

Les phrases (14a et b) sont les exemples d'interrogations sans focalisation du syntagme Qu. Ces deux phrases nous permettent de noter que lorsque le syntagme Qu n'est pas focalisé, il est in-situ c'est-à-dire qu'il reste dans sa position canonique.

L'analyse du syntagme Qu par Baker (1970) expliquerait bien cette position in-situ du syntagme Qu dans les interrogations en Shupamem. Baker, postule pour la présence d'un morphème Q dans la périphérie gauche de la phrase. Il estime que le fait qu'il ait un morphème Q dans la périphérie gauche de la phrase permet au syntagme Qu de ne pas se déplacer. Il ajoute que le morphème Q qui se trouve dans [Spéc, SC] est co-indexé avec le syntagme Qu in-situ en même temps qu'il le C-commande27.

Cette phrase illustre en bref l'analyse de Baker :

(16) [[Qi] p?n na twoì-ju k÷?Ìi n?Ì ?]]
enfant Accs F1-manger quoi M Int « Que mangeront les enfants »

Dans cet exemple nous constatons que le morphème Q dans la périphérie gauche est co-indexé avec le syntagme Qu in-situ, et ce même morphème empêche au syntagme Qu de se déplacer pour la périphérie gauche.

Par ailleurs, le syntagme Qu peut être ex-situ sans être focalisé. C'est ce que nous révèlent les phrases suivantes :

(17) a. wo jaì n?Ì ?
qui où M Int « Qui est où ? »

b. k÷?ì jaì n?Ì ?

quoi où M Int

« Qu'est-ce qui est où ? »

Les phrases (17a et b) nous permettent de découvrir qu'en Shupamem, le syntagme Qu peut bien être en position ex-situ sans être focalisé. Toute chose qui nous permet de constater que le Shupamem se comporte dans une certaine mesure prête comme le français ou l'anglais qui sont des langues à Qu in-situ et en même temps à Qu ex-situ.

En conclusion, Contrairement aux langues comme le français ou la forme avec Qu in-situ et avec déplacement du Qu représentent des variantes optionnelles, le Shupamem utilise l'interrogation avec déplacement du syntagme Qu lorsqu'il y a focalisation du syntagme Qu

27 En syntaxe, on dit que A c-commande B si et seulement si le premier noeud branchant C qui domine A domine aussi directement ou indirectement B.

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ou dans les interrogations averbales. Hors mis ces deux cas de figures, le syntagme Qu reste in-situ. Donc que nous pouvons dire en prenant appui sur nos données que le Shupamem est une langue à Qu in-situ et en même temps à Qu ex-situ (voir Cheng et Roocryk (2000))28.

Notre deuxième question était celle de savoir si les syntagmes Qu in-situ sont vraiment exempts de tout mouvement. Pour répondre à cette question, observons les différentes phrases suivantes :

(18) a. m?ìn ø- swoÌ l?ìrwaÌ t?Ì paÌm ndiaÌ n?Ì ?

enfant PRS- mettre cahier dans sac aujourd'hui M Int « L'enfant met-il le cahier dans le sac aujourd'hui ? »

b. m?ìn ø- swoÌ k÷?Ì t?Ì paÌm ndiaÌ n?Ì ?
enfant PRS- mettre quoi dans sac aujourd'hui M Int « Que met l'enfant dans le sac aujourd'hui ? »

c. m?ìn ø- swoÌ l?ìrwaÌ po ndiaÌ n?Ì ?
enfant PRS- mettre cahier dans où aujourd'hui M Int « Où l'enfant met-il le cahier aujourd'hui ? »

En observant les phrases (18b et c), nous pouvons constater que le syntagme Qu dans ces deux phrases reste in-situ, il ne se déplace pas.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery