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Etudes des principaux déterminants du non enregistrements des actes de naissance en Haïti : cas de la juridiction de Miragoàne de 1990 à  2000


par Benoit CLEMENT
Cornerstone Christian University - Maitrise 2021
  

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Chapitre II : Vers l'amélioration du problème de non enregistrement en Haïti

Après avoir analysé et interprété le phénomène du non enregistrement des actes de naissance dans les aspects liés au personnel et au matériel, l'Etat haïtien parait incapable de faire fonctionner les bureaux de l'état civil comme un service public. Est-ce pourquoi nous sommes obligé, croyons-nous, de formuler à l'État quelques propositions en vue d'améliorer ce fléau qui détruit la personnalité des victimes, avilit ceux qui le soutiennent et le pratiquent, et du coup, ruine la société. En effet, le dernier chapitre de notre travail de recherche académique, est consacré à un véritable plaidoyer sur l'ensemble des mesures à prendre pour diminuer considérablement le phénomène du non enregistrement tant dans la juridiction de Miragoâne qu'en toute Haïti. Pour ce faire, nous essayons de proposer toute une série de recommandations palpables visant à faciliter une solution durable. Dans ce domaine, nous insistons sur le rôle de l'Etat en tant qu'organe de régulation, il doit coordonner toutes les actions visant à réduire ou même à éliminer ce fléau. Ainsi l'intervention de l'État s'articulera autour de deux grands points : les aspects administratifs et financiers des bureaux de l'état civil (Section 1), les aspects techniques et légaux du système de l'état civil (Section 2).

Section 1: Aspects administratifs et financiers des bureaux de l'état civil

Dans le cadre de cette section de notre travail de recherche, nous faisons ressortir quelques propositions à l'Etat en Haïti portant sur des réformes à engager dans le système sur le plan administratif (§ 1), tout en instant sur la problématique de la réforme des propositions qui concernent le système au point de vue de la gestion financière des bureaux de l'état civil (§2).

I- Sur le plan administratif

Le constat presque général au cours de notre enquête est que les agents attachés aux différents bureaux de l'état civil ont très peu de conscience de leur responsabilité. À la tête d'un bureau est nommé un officier de l'état civil qui peut s'entourer de clercs pour le seconder. Aucun d'eux n'est formé à la profession car il n'existe aujourd'hui aucune école ni aucun concours de la profession, la nomination de l'officier relevant bien souvent d'un choix politique. Ils violent donc régulièrement les normes qui réglementent leur travail et commettent des erreurs dans la rédaction des actes. Aux administrés de payer pour les voir corrigées. Pour réduire sensiblement cette défaillance, il est recommandé à ce sujet que le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) agit sur les ressources humaines ainsi que les ressources matérielles sans négliger les ressources financières.

1. Recrutement du personnel

Pour que le système d'état civil fonctionne correctement nous préconisons que les autorités étatiques attribuent à chaque bureau état civil en premier lieu tout le personnel nécessaire à son fonctionnement. Nous entendons par là non seulement des acteurs de l'enregistrement des actes (officiers de l'état civil, clercs et/ou Secrétaires) mais également et surtout le personnel de soutien comme : ménagère, gardien, messager, etc.

Pour s'assurer de la qualification et de la compétence des acteurs de l'enregistrement des naissances (officiers de l'état civil, clercs et/ou Secrétaires) et autres personnels attachés aux bureaux de l'état civil leur recrutement doit être fait de manière régulière. Par là, on entend que le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) nomme selon le voeu des lois et règlements régissant la fonction publique. Selon le décret du 17 mai 2005, aucun agent public ne peut être engagé que par voie de concours. Donc toute nomination doit être faite par le truchement d'un concours de sélection consécutif à un programme de formation sanctionné par un test d'évaluation.

2. Formation du personnel et sensibilisation de la population

Les premiers chantiers à entreprendre doivent cibler les acteurs de l'état civil en leur assurant une formation et la population en l'encourageant à se rendre dans les bureaux de l'état civil. Sans déclarations il n'y a pas d'actes de naissance et donc pas de preuves de l'identité légale des personnes. Ces premières mesures consolideront les bases fragiles de l'état civil en en garantissant la production documentaire. La formation des professionnels et des représentants de l'État est impérative. Si l'on veut que le système d'état civil fournisse des données valables, fiables pour toute la nation, dans l'immédiat, l'Etat haïtien devrait donner aux officiers d'état civil, dits gestionnaires des bureaux d'état civil, une formation et une orientation concernant les lois et procédures applicables en matière de l'état civil. Cette formation devra être appuyée par des moyens adéquats tels que les supports durs (documents) de références appropriées, faciles à comprendre et régulièrement mis à jour.

Cette formation technique devrait intéresser non seulement les officiers, mais également le personnel du service d'enregistrement à savoir les clercs et secrétaires qui doivent être tenus constamment au courant des questions concernant par exemple la transcription, la présentation, le recueillement des données et la conservation des archives. D'ailleurs, un guide d'orientation devrait être mis à leur disposition et qui servira de référence dans l'accomplissement de leurs tâches. Dans tous les cas le personnel de l'état civil doit continuer à être formé afin d'atteindre, à défaut de pouvoir respecter la législation à la lettre faute de moyens, une bonne connaissance théorique de ses attributions et des pratiques prévues par la loi. Lorsqu'il pourra exercer leur travail dans de bonnes conditions, il ne sera pas nécessaire de lui enseigner la théorie.

Toutefois, pour une amélioration réelle et intégrale des capacités du personnel, la formation des acteurs du système de l'état civil doit inclure les questions relatives aux droits de l'homme, à l'étique et à la déontologie administrative ne seraient pas superflue ; c'est même une nécessité.

La sensibilisation doit être entièrement axée sur les actes de naissance. Parce qu'ils sont le premier document qui atteste l'identité légale d'une personne. La sensibilisation des parents par le personnel enseignant lors des rencontres de parents dans les écoles est une activité à envisager. Des professeurs pourraient écrire des sketches sur l'état civil et les faire interpréter par les enfants afin de les sensibiliser sur la problématique. Quand ils deviendront grands, ils garderont dans leur mémoire ces souvenirs. D'autres actions de sensibilisation peuvent être initiées comme la réalisation de spots radiophoniques, de débats publics, d'affiches pour atteindre la population. Ce ne sont que des exemples parmi d'autres des actions à mener en faveur de la population qu'il est vital d'encourager à se déplacer vers les bureaux de l'état civil.

3. Réalisation de voyages d'études dans des pays francophones

Pour profiter des expériences des pays francophones ayant déjà mis en oeuvre des programmes de modernisation de l'état civil, des missions de voyages d'études peuvent être envisagées surtout dans les pays africain. Ce, au regard des similitudes avec le contexte haïtien et des avancées observées dans les pays en question. L'objectif principal de ces missions est de prendre connaissance de l'expérience en cours dans le cadre des programmes de modernisation de l'état civil et des leçons apprises. Cet échange d'expériences dans la mise en oeuvre du processus de réforme du système d'état civil visera spécifiquement à : (i) apprendre comment fonctionne le système avec les innovations technologiques apportées dans le mécanisme d'enregistrement des faits d'état civil; (ii) obtenir une meilleure compréhension dans l'utilisation de nouveaux outils pour la gestion de l'état civil ; (iii) apprécier la valeur ajoutée des réformes en cours à partir des leçons apprises ; (iv) développer des partenariats pour des échanges d'expériences et de collaboration futurs.

4. Surveillance et transmission des données

Le délai allant du 1er janvier jusqu'au 10 février de l'année suivant celle de l'enregistrement qui est fixé pour la transmission des dossiers aux Parquets de la juridiction du ressort du bureau de l'état civil est très rarement respecté. La transmission des dossiers se fait avec beaucoup de retard. Si l'indisponibilité de registres dans les bureaux d'état civil représente la cause essentielle de ce retard parce que les déclarations enregistrées dans de petits cahiers seront reportées par la suite sur les registres qui arrivent souvent avec retard, cette défaillance n'est pas incorrigible. Pour réduire sensiblement cette défaillance, il est obligatoire que le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique(MJSP) fournisse au début de chaque année des registres de tout type (naissance, mariage, décès, etc.) à chaque bureau de l'état civil. Le nombre de registre à fournir dépend de la réquisition faite par chaque Officier à la fin de l'année écoulée.

Pour empêcher à l'officier de l'état civil de garder les registres au cours d'une période de temps excédant l'année civile, le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) doit installer un inspecteur-contrôleur de l'état civil dans chacune des juridictions du pays. Des matériels techniques et logistiques suffisants doivent être mis à la disposition de chaque inspecteur-contrôleur pour faciliter les procédures de contrôle permanent qui sont nécessaires à la bonne marche de l'état civil. Cet inspecteur-contrôleur aura, entre autre, la responsabilité de doter régulièrement les bureaux de l'état civil en registres et en formulaires suffisants pour l'enregistrement de tous les faits de l'état civil.

5. Conservation des données

L'archivage des documents de l'état civil doit répondre à certaines normes de façon à garantir leur stockage et par conséquent leur exploitation durable. L'analyse des conditions de conservation et d'archivage des registres dans les bureaux de l'état civil indique que leur état de fonctionnalité n'est pas conforme aux standards internationaux notamment ceux relatifs aux orientations du manuel des Nations unies relatif à l'archivage des données d'état civil (ONU, Manuel des systèmes d'enregistrement des faits d'état civil, 2000). L'article 45 du Code Civil haïtien exige que tous les registres de l'état civil doivent être tenus en double exemplaire pour chaque espèce d'acte de l'état civil ou dispositif de jugement du Tribunal de Première Instance. Selon ce même article, l'un des registres est détenu par l'officier de l'état civil en son bureau jusqu'à sa mutation, le second est déposé aux Archives Nationales, chaque année, entre le 1er janvier et le 10 février après la procédure de clôture prévue au Code Civil. Le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) recommandera par circulaire aux commissaires du Gouvernement la diligence à laquelle ils sont assujettis au 10 février de chaque année. Le constat fait durant notre enquête nous montre que certains bureaux de l'état civil ne disposent pas plus qu'un seul classeur métallique pour la conservation des registres et autres documents importants pour le bureau. En ce sens, il est recommandé au Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) dans l'immédiat de loger les bureaux dans des locaux spacieux et sécuritaires. En outre, chaque bureau de l'état civil doit être doté d'armoires, d'étagères et de tous les autres meubles importants et suffisants pour le stockage des archives dans des lieux à l'épreuve du feu, de l'eau, des insectes et des rats. Il en est de même pour les registres et autres matériels de bureau non encore en service.

6. Sur le plan financier

Sous l'angle exclusivement financier, pour reprendre le Groupe d'Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), l'État se borne à instituer les officier de l'état civil mais non les bureaux de l'état civil. Ainsi, l'officier de l'état civil semble davantage être un officier ministériel que le représentant d'un service public. À charge par lui de trouver un local, d'en assumer les frais afférents (location, entretien, etc.), de recruter des secrétaires et clercs. Il va sans dire que ces dépenses sont répercutées sur le coût de tous les actes enregistrés ou délivrés par le bureau. En effet, la loi ne prévoit aucun budget de fonctionnement des bureaux de l'état civil, obligeant ainsi les officiers de l'état civil à établir des officines privées.

1. Budget de fonctionnement

Il est indispensable que les décideurs politiques chargés des allocations budgétaires dégagent des crédits assez substantiels et conséquents qui puissent assurer le fonctionnement des bureaux de l'état civil. Ces crédits devraient être suffisants pour l'acquisition d'équipements appropriés (fournitures de bureau, mobilier, machines à taper et ordinateurs si possible). Sans oublier certains frais de fonctionnement pour le paiement des factures de l'électricité, d'eau, téléphone, etc. Ajouté à cela, les officiers, les clercs et/ou secrétaires attachés au bureau de l'état civil, comme on le dit déjà doivent desservir toute une commune ou tout un quartier. Remplissant une fonction qui requiert des qualifications essentielles comme la probité et la pratique des écritures, officiellement ne peuvent, en aucune façon, percevoir directement des taxes. Pour cela, ils devraient bénéficier d'un salaire équilibré par rapport au coût de la vie afin de leur enlever toute tentation de commettre des fraudes, ou de falsifier des documents.

2. Grille de facturation

Le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP) doit créer une grille de facturation pour tous les bureaux de l'état civil. Cette grille prévoirait le tarif à payer pour chaque type de service payant que le bureau aura à fournir à la population. Le cas du mariage civil est un exemple pratique. Il est l'un des rares cas où l'officier est bien obligé, certaines fois, de laisser son bureau. Quant aux actes qui sont réputés gratuits comme les actes de naissance, les actes de reconnaissance d'un enfant naturel et les actes de décès, des sanctions doivent être appliquées aux Officiers de l'Etat Civil  en cas de non respect de cette formalité.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote