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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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4.1.1.4. Le cahier spécifique des charges du Sourou et de la haute vallée du Mouhoun et le protocole d'accord: état de la sécurité foncière des acteurs agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran

Ces deux textes se complètent. Ils déterminent la présence ou l'exclusion des acteurs de la production agricole. Leur sécurité en est tributaire.

Le cahier spécifique des charges est une prescription de la Réforme Agraire et Foncière (RAF) de 1996 en son article 189 de décret d'application de la législation foncière. Un Décret et un arrêté ont été pris pour son élaboration, son adoption et son application. Il s'agit du décret No97-598/PRES/PM/MEE/AGRI du 31/12/ 1997 portant cahiers des charges pour la gestion des grands aménagements qu'il sera élaboré. Il est suivi par l'arrêté conjoint No98-032/MEE/ MA/ MEF/ MATS du 06/10/98 portant cahier spécifique de la vallée du Sourou et de la Haute Vallée du Mouhoun. Ce cahier indique la possibilité d'introduire des exploitants autres que les coopérateurs ou les paysans sur les périmètres irrigués. Il est une réponse donnée pour l'émergence de nouveaux acteurs dans le monde agricole. Il devrait permettre le développement de l'agro-business et de l'agro-industrie dans la vallée du Sourou. Le cahier indique spécifiquement les relations économiques, financières, techniques et sociales qui doivent exister entre les agro-businessmen et l'AMVS d'une part et de l'autre, la relation avec la parcelle et l'eau d'irrigation tout en incluant les exploitants familiaux. Il y a aussi les conditions d'attribution et d'exploitation des parcelles aux coopérateurs qui tiennent compte d'un temps d'essai ou d'attribution provisoire. Elles tiennent compte du statut social du coopérateur et certaines dispositions morales. En effet, il doit être de nationalité burkinabé, marié et disposer d'au moins quatre actifs. Il doit aussi être de bonne moralité, résider sur le site, s'engager dans les structures communautaires, exploiter personnellement la parcelle dont il est attributaire et non

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propriétaire. Il doit respecter les dispositions du cahier des charges. Un autre document complète le cahier des charges : le protocole d'accord.

Le protocole d'accord définit le partenariat qui doit exister entre l'agro-businessman et les conditions d'exploitation des périmètres aménagés (Article 1). Il détermine les modes de fonctionnement et de travail. Ce document s'articule autour des engagements de l'AMVS (Article 2) et des exploitants agro-business (Articles 3 à 4), les sanctions (Articles 5), le règlement des litiges, la durée et l'entrée en vigueur du protocole d'accord (Articles 6 et 7). Ce protocole est la matérialisation du cahier des charges spécifiques de la vallée du Sourou et du Haut Mouhoun sont quelques aspects. Avec le protocole d'accord, on connaît la superficie mise en valeur par l'opérateur d'agro-business, les cultures pratiquées et la destination de sa production.

Ces textes ne sont cependant pas une garantie de sécurité foncière. Les conditions d'attribution, d'exploitation des terres aménagées contraignantes, les sanctions prévues, le manque de droit de propriété, le cahier spécifique des charges du Sourou et du Haut Mouhoun. Cette situation de précarité foncière, justifie en partie les stratégies de survivance telle la gestion des périmètres par location sur le bloc C. C'est un des types des spéculations foncières. Ce mode d'exploitation des parcelles du Bloc C est pourtant interdit par le protocole d'accord signé avec l'AMVS. L'Article 5 du AMVS/MAHRH (2006) portant clauses résolutoires est explicite en certains de ces points : « L'AMVS pourra au titre de clauses résolutoires à toute campagne retirer la parcelle d'exploitation dans les cas ci- après : - Non respect des clauses de l'Article 3 ; en cas de sous- location avérée des parcelles à tiers... » (p 5).

Enfin le statut d'attributaire octroyé aux agro-businessmen, laisse cependant une marge de manoeuvre aux autorités administratives (AMVS) pour veiller au respect des obligations consignées dans le cahier des charges spécifiques et du protocole d'accord du Sourou et du Haut Mouhoun. A cause des sanctions un agro-businessman peut perdre sa parcelle au profit d'un autre. Ces propos d'un des agro- businessmen enquêtés sont illustratifs « Je suis attributaire et non propriétaire. A tout moment l'AMVS peut révoquer son accord » (Mme B. S.). Ce qui établit un climat d'insécurité. Par ce fait, 76,9% des agro businessmen enquêtés ne voient pas dans le protocole d'accord une garantie de sécurité foncière puisque l'état de leur sécurité foncière dépend du bon vouloir de l'Etat. Ces propos d'un autre agro- businessman sont tout aussi évocateurs :

« La sécurité foncière des agro-businessmen dépend de l'Etat. Si, aujourd'hui, on te donne un lopin de terre dans les villes, qui garantit la sécurité foncière ? C'est l'Etat. Sinon au niveau local, les autorités coutumières et la population locale ne peuvent pas garantir votre sécurité. Elles peuvent vous donner des terres mais si vous faîtes des merveilles, vous savez, c'est l'Etre humain. S'il n'y a pas de papiers qui vous garantissent la sécurité, on peut

vous retirer le champ à n'importe quel moment. Il n'y a pas de demi-mesure » (M.O.B).

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L'encadré n°4.1, ci-dessous évoque les péripéties d'un agro-businessman pour accéder aux terres aménagées dans le Sourou du fait des considérations politiques en cours.

Encadré n°4.1: L'application de l'agro-business dans son sens original

En agro-business, on a non seulement une importation des techniques mais aussi une importation des capitaux pour pouvoir réussir cette agriculture raisonnée. On s'appuie sur les partenaires techniques et financiers privés. Donc quand on parle de haute technologie, ce sont les privés, les grandes firmes. Quand ces firmes veulent investir leur argent dans leurs affaires, elles ne veulent pas aller avec le gouvernement, avec les politiciens parce que personne n'est plus fort qu'un politicien. Au Burkina, notre gouvernement n'a pas encore compris le secteur privé à tel point même qu'au niveau de l'agro-business dont on parle, ils veulent que les agro-businessmen leur amènent les fonds pour qu'ils aménagent les terres. Et s'il n'aménage pas ? Est-ce que c'est à l'AMVS qu'ils ont donné un crédit ? C'est moi leur partenaire à qui ils affectent l'argent mais moi je ne peux pas prendre mon argent pour donner à des politiciens. Comme j'ai refusé de leur donner mon argent jusqu'à présent je n'ai pas pu acquérir le terrain. Je n'ai même pas exploité même 1 ha des 250 ha demandés. J'ai demandé 250 ha pour un premier temps et en 5 ans on va exploiter 1000 ha avec nos propres moyens. ZONGO (2011). Entretien avec M.C.T.

Selon cet acteur, cette manière de pratiquer l'agro-business au Sourou n'est pas la bonne. En agro-business, l'exploitant est propriétaire. C'est le statut le plus sécurisant favorisant la liberté d'entreprise. Avec ce statut, il peut produire ce qu'il veut, mener toutes sortes d'activités sur son terrain (élevage, chasse, tourisme...).

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille