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Agrobusiness, sécurité foncière et alimentaire au Sourou (Burkina Faso). Cas des périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran.


par Ouango Blaise ZONGO
Université Joseph Ki-Zerbo (Ouagadougou) - Maîtrise de géographie 2014
  

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4.1.2. La pratique de l'agro-business et les nouveaux rapports fonciers

Les agro-businessmen, qu'ils proviennent des coopérateurs locaux ou non, entretiennent des rapports socio-fonciers multiples avec la population locale et les coopérateurs. Ces rapports ont des manifestations de complémentarité et/ou d'opposition.

4.1.2.1. Les rapports socio-fonciers entre population locale et agro-businessmen

La population locale contribue à la sécurité foncière des agro-businessmen. Ils ont tous des relations avec les chefs coutumiers et les informent de leurs activités. Les formations sur le foncier. Facilitent cela. La population locale est aussi une pourvoyeuse d'ouvriers agricoles (contractuels et permanents). Ces ouvriers agricoles compensent le problème d'équipement agricole des agro-businessmen et leur permettent d'être en règle vis-à-vis du calendrier cultural et de la mise en valeur de toutes les parcelles qui leur sont octroyées. Ainsi, pour certains, au regard de leur proximité avec la population locale et les autorités coutumières, les négociations

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pour avoir accès à la terre doivent se faire avec celles -ci et non avec l'AMVS car elles assurent le mieux la sécurité foncière.. Ils représentent 15,4% du total des agro-businessmen.

L'encadré n°4.2 nous donne la compréhension de cet agro-businessman sur la sécurité foncière:

Encadré n°4.2: Implication de tous les acteurs locaux pour une sécurité foncière

«La sécurité foncière, on ne peut la garantir qu'en se mettant en accord avec la population : les propriétaires terriens, les villageois, les propriétaires des champs. Il faut qu'ils soient tous impliqués dans cette entreprise agro-business. C'est ce qui peut amener la sécurité foncière. Il faut que l'Etat se désengage carrément de la sécurité foncière et qu'il libéralise cette affaire d'agro-business. Il faut quand même contrôler les agro-businessmen, les suivre pour que les terres soient bien gérées mais qu'il laisse le reste du débat entre la population et l'opérateur économique, qu'ils s'accordent sur les terres à exploiter parce que ces terres là appartiennent à ces populations qui vivent de ces terres là. Mais tant que la masse, tant que toute la population avec laquelle tu vis t'est hostile, elle ne te veut pas, mais elle va te chasser, elle va tout saboter. Tu ne peux rien. Ils ont toutes les manières pour saboter ton travail. Quand tu n'es pas bien accueilli dans une population tu ne peux pas y rester ». Cela va être difficile pour avoir une sécurité. ZONGO. (2011). Entretien avec M.C.T.

Selon cet agro-businessman, c'est plutôt le droit coutumier sur les terres qui prime et qui est gage de sécurité foncière. Cependant, ce contrat peut être remis en cause par cette même population au regard des ambitions expansionnistes des agro-businessmen. L'emprunteur peut voir sa superficie exploitée réduite pour les besoins familiaux de la population locale ou même retirée à cause des enjeux fonciers. En outre c'est à la faveur du droit moderne que l'introduction des opérateurs privés (agro-businessmen) a été possible. Le droit coutumier ne reconnaît que la propriété collective de la terre sauf en cas de pression foncière. La majorité des agro-businessmen (84,61%) est plus pour le contrôle des terres par l'Etat à travers un contrat bail d'au moins 25 ans pour garantir leur sécurité foncière au lieu d'être attributaire. Pour ceux qui arrivent à travailler hors périmètre (paysannat) le contrat verbal n'est pas une source de sécurité foncière pour eux. Cela est confirmé par cet entretien réalisé avec cet agro-businessman à l'encadré n°4.3:

Encadré n°4.3: «On n'est pas en sécurité en paysannat ou hors périmètre »

«L'Etat doit prendre des mesures pour garantir nos parcelles parce que plus nous avons des garanties au niveau du foncier, plus nous sommes conscients de produire le maximum. Si vous allez sur les périmètres, si vous voyez l'agro-business et si on part au paysannat ce n'est pas la même chose. C'est un petit protocole qui garantit la liberté, c'est une petite garantie. Les paysans n'ont pas cela pour nous. Si on travaille en paysannat. On peut amener la fumure pour améliorer notre champ puisque on sait qu'en mettant de la fumure, on peut augmenter ta production. Si la production est bonne, ils peuvent nous retirer la parcelle. Si je dis qu'on peut nous retirer la parcelle parce que c'est sur des terrains locaux. Au niveau des autorités coutumières, si tu pars négocier, on peut te dire de donner un poulet, un coq. On part te montrer un ou deux ou trois hectares. Tu commences à bien produire. C'est là même le danger car tu n'es même pas en sécurité. Il faut savoir que l'année qui suit, on va venir te dire : « Ah ! Il y a mon parent qui est venu de la Côte d'Ivoire, on va te prendre ce morceau là ». Est-ce que tu vas refuser ? S'il te dit que moi en tant que propriétaire terrien, j'ai mon frère, sur 3 ha on va prendre 1 ha, tu as gagné puisque tu n'as pas payé. Ils peuvent même retirer tout. C'est le propriétaire terrien. Tu n'as pas la force» ZONGO. (2011). Entretien avec M.B.O.

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L'étude déjà menée par le GRAF Infos n°25, (2007.b.) qui a abouti à cette conclusion :

« En agriculture pluviale, le pourcentage de satisfaction des populations en rapport de superficie, la qualité des terres, la gestion des conflits et aux accords de prêt est en dessous de 50% preuve du sentiment d'insécurité dans laquelle, les agriculteurs travaillent. Pour ce qui est de l'agriculture sur les périmètres aménagés, 38,6% des

enquêtés sont satisfaits de la qualité des aménagements. Seulement 26% sont satisfaits de l'attribution » (p7).

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault