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Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)


par Yannick Guerin Diffouo
Universite de Dschang - Master 2014
  

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2. Un accord de financement métropolitain

Le financement de ces infrastructures venait directement de la métropole. Zacharie Saha le confirme quand il écrit, parlant de l`administration du Kamerun par les Allemands : "Le gouverneur est en effet la plus haute autorité de la police, de l`armée et de la justice dans une certaine mesure. Les questions budgétaires par exemple se traitaient en réalité à Berlin3 ». Et au sujet de l`administration du Bezirk, il affirme que les questions budgétaires et militaires exigeaient particulièrement l`approbation du gouverneur qui agit par circulaire le plus souvent4.

Pour le cas de la France, les gouverneurs généraux de la fédération utilisaient les ressources des redevances et négociaient avec le ministère des colonies les emprunts indispensables à toute réalisation d`envergure5

1 Institut National du Patrimoine, Architecture coloniale et patrimoine, l'expérience française, Paris, Somogy edition d'art, 2005, p11.

2 Père Goustan le Bayon, Les prêtres du Sacré-Coeur et la naissance de l'église au Cameroun, Paris, Procure des missions SCJ, 1986, p.129.

3 Zacharie Saha, « Le Bezirk de Dschang ...p.49.

4 Ibid. p.50.

5 Institut National du Patrimoine, Architecture coloniale et...p 20.

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Au sujet du financement des oeuvres religieuses, le père Goustan affirme que « Toutes les constructions nécessitaient de l'argent. Certes, les bienfaiteurs donnaient généreusement ; mais il fallait faire appel aussi aux chrétiens du pays. Même pauvres, ils devaient apprendre à ne pas être toujours des assistés 1». Mais les missionnaires ne sont pas délaissés par l'administration, ils reçoivent de temps en temps les subventions étatiques. Ainsi, les écoles missionnaires de la période coloniale allemande sont financièrement soutenues par le fonds public, l'objectif est que les élèves apprécient la grandeur civilisationnelle du Reich.2 Jean Paul Messina allant dans le même sens, explique les raisons de ce soutien de l'administration, en ces termes :

Bismarck n'admet les missions chrétiennes au Cameroun que dans la mesure où elles contribuent à soutenir l'action coloniale dans le pays, c'est-à-dire révéler aux colonisés la grandeur de la civilisation du Reich et à les éduquer à la soumission aux lois et règlements

de l'administration coloniale3.

Notons enfin qu'à regarder de très près, le financement des travaux infrastructurels, à travers le FIDES4, par la France à partir de la fin de la Deuxième

Guerre Mondiale, ne la prédisposait pas à songer un jour à son départ du Cameroun particulièrement et des colonies en général. Nous pouvons nous-mêmes nous rendre compte à travers cet extrait de l'ouvrage Kamerun ! Une guerre cachée aux origines

de la françafrique qui dit :

la loi du 30 avril 1946 institue le FIDES...alors même que le Cameroun n'a plus de statut véritable à cette date...le territoire est curieusement le mieux loti, et de loin, de toutes les possessions françaises d'Afrique dans la répartition des fonds FIDES. Curieusement également, est la façon dont, dans ce territoire privilégié, ces fonds sont affectés : sur 36.5 millions de francs débloqués entre 1947 et 1953, 85% vont aux infrastructures et 10% seulement aux « équipements sociaux » (alors qu'en AOF les fonds destinés aux infrastructures ne dépassent pas 50%). Ce qui témoigne assez clairement que l'ordre des

1 Père Goustan le Bayon, Les prêtres du Sacré-Coeur ...p.129.

2 Ibid. p78.

3 Cité par Junior Binyam, « Les pères à la remorque des colons », in les cahiers de

Mutations, le vrai visage de l'église catholique au Cameroun, Vol 056, Mars 2009, p.3.

4 Pour plus d'informations sur le FIDES au Cameroun, lire Norbert A. Melingui Ayissi, « Les fondamentaux d'une diplomatie harmonieuse et dynamique ; le cas de la coopération économique et sociale de la France au Cameroun 1916-1960 », in Analele universitatii "dunaréa de jos", Galatti, seria 19, Istoria, Tom VIII, 2009, pp193-212.

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« priorités » n'est pas tout à fait celui qu'affiche le gouvernement et que la France est bien décidée à rester au Cameroun.1

Dans le même ordre d'idées Marc Michel analysant la politique coloniale française en Afrique noire conclut qu' en réalité, le discours officiel français à l'égard de l'Afrique noire fut une variation continuelle sur les thèmes de l'assimilation et de l'association qui masqua jusqu'au bout un esprit d'intégration que René Pleven reconnaissait à Brazzaville en soulignant que la préoccupation constante de cette conférence était "l'incorporation des masses indigènes dans le monde français"2.

Donc, la France n'a jamais souhaité l'émancipation des colonies ou leur accession à la souveraineté internationale sur le plan socio-économique et politique. D'ailleurs Marc Michel jugeant les réalisations sociales en Afrique dira : « Que de bonnes intentions ! Et que de lenteurs dans les réalisations si l'on en juge par l'état de l'enseignement en 1919 ou de la santé en 19393 ».

En définitive, l`architecture coloniale est essentiellement urbaine. A une première vague de constructions édifiées avec les matériaux locaux (bois, terre, paille...) succède une vague de constructions en matériaux importés, préfabriqués et démontables, en bois puis rapidement un métal avant l`emploi du béton armé4. Dès lors, la question qui taraude notre esprit est celle de savoir la façon avec laquelle les colons ont intégré les indigènes à tous ces « projets coloniaux ».

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo