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Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)


par Yannick Guerin Diffouo
Universite de Dschang - Master 2014
  

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DEUXIEME CHAPITRE:

INVENTAIRE DE QUELQUES VESTIGES COLONIAUX A USAGE POLITICO -ADMINISTRATIF ET ECONOMIQUE DANS LA VILLE DE DSCHANG

Introduction

Les infrastructures coloniales ont été l'oeuvre commune des administrateurs coloniaux et des populations locales, chaque partie ayant joué un rôle particulier dans leur réalisation. L'utilisation de ces constructions était pourtant prioritairement réservée aux Européens. Surtout quand on les regarde sous l'angle des services que devaient offrir celles-ci. C'est progressivement que les indigènes (surtout au lendemain des années 1960) vont aussi bénéficier des bienfaits de ces constructions qui sont aussi nombreuses que diverses. Les vestiges coloniaux à caractère économique et politico-administratif pourraient être les plus importants si l'on se réfère aux motivations même qui soutendaient l'entreprise coloniale.

La question à laquelle nous allons répondre dans ce chapitre est la suivante : Quels sont les vestiges coloniaux à usage politique, administratif et économique encore visibles de nos jours dans la ville de Dschang ?

Pour y parvenir, nous allons les regrouper en deux rubriques à savoir les vestiges coloniaux à usage politico-administratif et les vestiges coloniaux à caractère économique. L'objectif ici étant de faire une description et un aperçu historique de chaque infrastructure.

2 ARO 1A83/0 Dschang (préfecture), plan de construction de la préfecture de Dschang

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I. LES VESTIGES COLONIAUX A USAGE POLITICO-ADMINISTRATIF

Nous entendons par vestiges coloniaux à usage politico-administratif, l'ensemble des constructions faites sous l'instigation des administrateurs coloniaux et qui devaient permettre à ceux-ci de mieux gouverner et de maintenir la paix dans leur territoire de commandement. Les africains étant doublement des victimes1 parce que constituant un réservoir important de main d'oeuvre et étant les seuls responsables en ce qui concerne l'entretien et le suivi. Il s'agit des résidences, des bureaux des services publics, de la prison, de l'Aviation, de la station météo etc.

1. La résidence et le lieu de service du Chef de région

Propriétaire : Etat du Cameroun (MINUIT)

Type de bâtiment : Administration et Commandement Année d'exécution : 1907 et réaménagé à partir de 1927 Matériaux : Bois, ciment, briquettes, tôles, fer, vitres Nombre de niveaux : Rez-de-chaussée

Nombre de bâtiments : 02

Le lieu de service du Chef de région (l'actuelle sous-préfecture) est un corps de bâtiment rectangulaire comportant en son centre une véranda dont l'auvent est soutenu par des pylônes en béton. Les deux extrémités du bâtiment sont en demi-cercle. Le projet d'aménagement d'après indépendance (voir annexe n°5) qui augmentait la superficie du joyau à 80.60m2, était conçu le 17 février 1966 pour être réalisé à la valeur approximative de 1 600 000 francs2. une allée ouverte longe le bâtiment, elle est ouverte comme une galerie ou bien comme un passage piétonnier. La véranda est circulaire et comporte de larges et hautes ouvertures verticales. Les bureaux sont grands (Signe de confort et de désir de ventilation). Les murs sont hauts.

1 Entretien avec Jacques Tiofack le 24 mars 2014 à Dschang

Quant à la résidence du Chef de région, aujourd'hui résidence du préfet de la Menoua, elle aussi est de forme rectangulaire, sans pylônes en béton, les fenêtres sont

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Photo 4: Fort allemand de Dschang construit en 1907 (a g.) et la résidence du
Chef de région (à d.)

Source : Archives privées R. Poundé, Dschang

La 1ere photo est Le fort allemand, cette construction est solide, vu le matériau utilisé (briquettes). La seconde photo a été progressivement le lieu de service du Chef de district allemand, ensuite du Chef de la circonscription, puis du Chef de région et enfin du préfet.

Photo 5: La sous-préfecture actuelle (a g.), et la résidence du préfet (à d.)

Source : Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014, Dschang

On remarque qu'il y a un ajout bien visible sur la photo n° 1, celui de l'auvent désormais aligné sur le 1er auvent fait en arc de cercle à l'origine. La dernière photo est la résidence de ceux qui, à chaque fois, occupaient le bâtiment représenté sur la photo n°1. Ces trois bâtiments sont

l'oeuvre des Allemands et ont été remis en forme par les Français et l'administration postcoloniale.

Les tôles en aluminium ont une couverture en formes complexes (arrondies à plusieurs pentes et à deux pentes rectangulaires).

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assez larges pour une bonne ventilation, les tôles en aluminium forment une toiture assez brute.

Le bâtiment comme la dépendance principale est de forme rectangulaire. Les deux sont liés par une muraille bétonnée. Le bâtiment principal est une construction allemande et les matériaux de construction utilisés sont des briques de terre cuite. Une profonde véranda, couverte par les tôles en aluminium, longe le long de la façade principale. La toiture se présente en plusieurs formes géométriques sur trois flancs donc à l'avant, une excroissance de forme conique (souci d'allier à l'architecture européenne l'architecture traditionnelle). Une fenêtre qui semble aérer le plafond, une excroissance à quatre faces. L'ensemble des toitures a été exécuté en quatre faces raides. Les portes sont hautes et larges, les fenêtres à l'horizontale grandes avec un battant en bois et un double battant vitré. De toute évidence, les tôles datent de l'époque coloniale à l'exception de celles qui recouvrent la véranda. Celle-ci est protégée par un demi-mur surmonté de barres de fer. Elle est accessible par un large escalier de plusieurs marches. L'ensemble de l'immeuble repose sur une fondation en pierre surélevée de prés de 30 à 50 cm du sol ferme.

Lieu de commandement depuis la première conquête allemande. L'actuel lieu de service du Sous-préfet a été tour à tour, lieu de service du Chef du Bezirk (19071914), du Chef de la circonscription, du Chef de région et du préfet du département. La véranda servait de tribune officielle lors des cérémonies et manifestations publiques marquant les fêtes de la métropole qui se célébraient aussi dans les colonies (fête du 14 juillet par exemple). Aussi, cette infrastructure aura fortement marquée les esprits pour avoir abriter les réunions ayant eu des conséquences sur le plan international. A titre illustratif, c'est dans ce lieu1 que le 23 aout 1920, les Délégués de la France, M. Fournier, et de la Grande Bretagne, M. Dondass se rencontrent pour déterminer la nouvelle frontière entre le Cameroun français et le Cameroun britannique.

1 Entretien avec René Poundé le 12 février 2014 à son domicile

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De sources concordantes, Ce bâtiment fait partie du fort construit par les Allemands lors de leur installation à Dschang en 19121. Il a été épargné de la destruction par les forces alliées française et britannique et a subi visiblement des ajouts successifs, comme la véranda en 1963 (voir le projet d'aménagement de ce bâtiment en annexe n°6). Maurice Delauney, le plus redoutable des Chefs de région Bamiléké, a occupé ces locaux de juin 1956 à décembre 1958 dans le but de casser la rébellion en région Bamiléké2.

La résidence actuelle du préfet a de tout temps été le lieu d'habitation de la plus haute autorité vivant dans la ville. Elle appartenait au Chef de district (Bezirk) allemand de 1907 à 1914, au "District Officer" anglais3 de 1915 à 1921. Sous administration française, elle était réservée au Chef de Circonscription de Dschang de 1921 à 1934 et au Chef de la région bamiléké de 1934 à 1960. Enfin au Préfet depuis les indépendances.

Rappelons que la majorité des bâtiments allemands se trouvait dans le fort. Comme le souligne avec justesse Lemegne : « on y remarque un ensemble de cases aux toits couverts de nattes, le tout logé dans une barrière en béton. Ce qui marque un souci de sécurité dans cette période où les populations manifestent de temps en temps leur hostilité à l'égard des hommes qu'ils considèrent comme des assaillants.4».

Ces bâtiments sont régulièrement entretenus parce qu'ils continuent à faire office d'édifice publics fonctionnels. Les tôles sont visiblement attaquées par la rouillle.

1 Entretien avec Jeannette Manelie le 04 avril 2014 à son domicile à Keleng.

2 Thomas Deltombe et al. Kamerun ! Une guerre cachée aux origines...p234.

3 Jean Marie Tchinda, « Grandeur, décadence et renaissance...p.34

4 Lemegne, « La Mission Catholique Sacré-Coeur de Dschang : 1910-1990 », Mémoire de DIPES II en Histoire, ENS Université de Yaoundé I, 2002-2003, p.10.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote