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Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)


par Yannick Guerin Diffouo
Universite de Dschang - Master 2014
  

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II. LES VESTIGES COLONIAUX A USAGE SOCIO-RELIGIEUX

Nous entendons par vestiges coloniaux à usage socioreligieux, l'ensemble des infrastructures témoignant de la matérialisation de la prétendue "mission civilisatrice" européenne en Afrique. Cette matérialisation sociale et religieuse allait surtout dans le cadre de la colonisation psychologique. Nous traiterons ici des structures comme l'hôpital de Dschang, des écoles des filles, des garçons et des fils du Chef etc.

1. L'hôpital de Dschang

Propriétaire : Etat du Cameroun

Exécutant : - première période : non connue

-Deuxième période : entreprise « Mon voisin »

1 Jean MarieTchinda, « Grandeur, Décadence et renaissance d'une...p.48

2 Michel Simeu Kamdem, « La ville de Dschang, Etude. P.25

3 Entretien avec Etienne Gouné, le 02 Juin 2014 à son domicile à Foto.

4 Journal des débats à l'ATCAM, séance du 1er Juin 1955, p.28.

5 Michel Simeu Kamdem, « La ville de Dschang... p.28.

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Année d'exécution : - première période : 1927-1936

-Deuxième période : 1956

Deux bâtiments sur l'ensemble nous intéressent principalement ici :

a) L'actuel "Accueil" qui représente la première période (rez-de-chaussée)

b) L'actuel complexe à étage qui représente la deuxième période Matériaux : période : pierre, angles en béton, ciment, bois, tôle, fer, vitre, carrelage.

1ere période : L'accueil actuel

Ce bâtiment de facture architecturale essentiellement coloniale se caractérise par sa véranda et ses arcades couvertes. Un imposant escalier d'entrée, la hauteur de la fondation qui supporte le bâtiment proprement dit, les ouvertures larges et hautes permettent une ventilation naturelle maximum, des plafonds hauts. Les murs sont épais, les fenêtres vitrées. Tout ceci assure une température interne, une luminosité naturelle maximum qui tempère la profonde véranda couverte d'énormes poteaux reliés entre eux par une balustrade en béton, soutenant à équidistance une charpente en bois. Le toit en tôle est réalisé en quatre pentes (style propre de l'époque coloniale). L'intérieur des salles est spacieux. Ce bâtiment, à l'observation, a connu de très infimes réaménagements qui ne peuvent altérer son authenticité.

Photo 30: Accueil de l'hôpital de Dschang : la structure a été réhabilitée vers
les années 1930 (a g.) et maintenant (a d.)

Source:Archives privées R. Poundé, Dschang Source:Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014, Dschang

Cet accueil est d'une construction architecturale imposante. Il présente les caractéristiques des types de construction allemande avec des briques, des pentes de toit bruts, de portes et fenêtres larges pour permettre une bonne ventilation, d'imposants escaliers et des murs une grande épaisseur. Ce bâtiment est beau parce qu'entretenu régulièrement.

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2e période : corps du bâtiment : rez +1

Le bâtiment tout en longueur, de forme rectangulaire est, au niveau du rez-de-chaussée, divisé par une avancée d'environ 10 m de longueur. Ceci fait qu'au niveau du rez de chaussé, la face principale se présente sous la forme d'un (T). Cette avancée servait de hall d'entrée, du côté du secrétariat, du Cabinet de consultation du médecin-Chef et de l'autre côté, le cabinet dentaire et autres services administratifs1.

A l'étage comme au rez-de-chaussée, une large véranda couverte entoure le bâtiment. Cette véranda est protégée par une balustrade en béton qui relie les poteaux cubiques qui partent du sol, soutiennent la dalle puis la charpente.

Photo 31: Bâtiment de l'hôpital de Dschang inauguré par Ahmadou Ahidjo en

1957

Source : Archives privées R. Poundé, Dschang Source :Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014, Dschang

Ce bâtiment, situé derrière l'accueil de l'hôpital a été inauguré par le Vice-Premier ministre Ahmadou Ahidjo en 1957. Une des toutes premières infrastructures inaugurée par le nouveau gouvernement camerounais.

1 Entretien avec René Poundé, le 12 février 2014 à son domicile (Dschang)

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Photo 32: Physionomie actuelle du bâtiment inauguré par Ahmadou

Ahidjo

Source : Cliché Y.G. Diffouo, Mars 2014, Dschang

Il est aujourd'hui bien entretenu et abrite le secrétariat de l'hôpital, le service chirurgie et le pavillon malade femme

Un large escalier relie le rez-de-chaussée à l'étage. Cet étage est lui-même à son arrière relié en terre au reste de l'hôpital par un ponceau. Les plafonds sont hauts et les chambres et salles de consultation ou de soins assez spacieuses. Les fenêtres sont hautes et larges, assurant ainsi une excellente ventilation, une température quasi constante quelque soit la saison et une excellente luminosité. La toiture est à deux pentes, ce qui marque une nette évolution par rapport au bâtiment d'accueil plus ancien.

Ici on constate que l'architecte et l'entreprise "Mon voisin" n'ont pas, pour des raisons de rationalité et de formalisme, négligé le rapport de l'oeuvre à son environnement socioculturel. Faut-il voir en cela les répercussions des débats qui secouèrent dès 1920 les milieux architecturaux en France et qui vont s'accentuer, s'amplifier même pendant la période des "30 glorieuses" après la Deuxième Guerre Mondiale1 ou l'expression des motifs d'urgente nécessité de logements, d'équipements sociaux (sanitaire et éducatif) ? Le fonctionnalisme triompha sur le formalisme.

1 Notons que pendant l'entre-deux guerres, les problèmes de logements commençaient à se poser et s'accentuèrent après la seconde guerre mondiale parce qu'il y eut beaucoup de destructions liées à cette guerre. Les services publics français ont opté pour des bâtiments qui n'ont qu'un caractère fonctionnel et donc le côté esthétique n'est pas mis en exergue.

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En plus du bâtiment d'accueil, il y a d'autres bâtiments allemands à l'intérieur de l'hôpital à l'instar du pavillon hommes, du laboratoire et du sanatorium ou la salle d'isolement et la morgue1.

Poste médical installé par les Allemands, rasé par les forces coalisées anglo-françaises lors de la conquête de Dschang à l'exception de son soubassement2, il sera reconstruit par les Français entre 1921 et 1936.

Ces dates (entre 1921 et 1936) coïncident avec la période des grandes reconstructions de toutes les infrastructures qui devaient être utiles à l'administration française. Deux rapports datant de 1926 décrivent l'état d'avancement des travaux du dispensaire de Dschang. Le premier, datant du premier trimestre 1926, fait le constat suivant : « ont été achevés la maçonnerie du dispensaire, du bâtiment des accouchés et du pavillon indigène, ayant exigé la mise en oeuvre de 120m3 de maçonnerie de moellens et de 400000 briques 3». D' après le second rapport du 4e trimestre de 1926, le dispensaire de l'hôpital de Dschang est complètement achevé et sera mis en service dès le début de l'année 19274.

La mission d'inspection du 17 janvier 1951 fait remarquer que l'hôpital de Dschang est « une formation appelée à devenir l'hôpital régional composée de bâtiments très anciens et inaméliorables à l'exception de deux petits pavillons formant le logement et du pavillon Jamot (hospitalisés européens)5 »

En 1952, ce groupe de bâtiments sera complété par un bloc sanitaire, un bloc cuisine-réfectoire. C'est déjà un hôpital avec des logements pour les principaux cadres (médecin, comptable matières...). Il dispose alors d'une capacité de 135 lits et compte 35 membres du personnel. Koutio Mathias se souvient encore avoir vu en

1 Entretien avec Etienne Gouné, le 02 Juin 2014 à son domicile à Foto

2 Idem

3 ARO Rapport à la circonscription de Dschang, tableau n°7, voie de communication et bâtiment, 1er trimestre 1926

4 ARO 1AC 74/0 rapport trimestriel, 4e trimestre, tableau 7, 1926.

5 ARO Rapport de la mission d'inspection du 17 janvier 1951

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1953 le bâtiment à étage de l'hôpital de Dschang en chantier en particulier la toiture qui était en train d'être posée1.

En septembre 1955, le bâtiment de l'hôpital est un ensemble qui comprend :

c. Au rez de chaussé, les services centraux, le service médecine femmes et enfants et le service médecine hommes.

d. A l'étage, le bloc chirurgie-gynécologie

Les installations sanitaires, les peintures et la vitrerie sont montés à 37 millions de francs par l'entreprise Monod-Maroc à livrer en janvier 19562.

En 1956, le Fonds (français) d'Investissement pour le Développement Economique et Social (FIDES) dote cet hôpital d'un crédit de 52 millions de FCFA. L'entreprise française "Monvoisin" sera chargée de réaliser le bâtiment de rez+1 marquant la deuxième période. Sa capacité est de 116 lits3. En 1957, l'on procède à une restructuration et au réaménagement des anciens bâtiments. La capacité totale de ce désormais hôpital moderne est portée à 310 lits. Le Chef-lieu de la Région est désormais doté d'un hôpital digne de ce nom qui, avant d'être inauguré solennellement par Ahmadou Ahidjo, sera placé sous l'autorité du Commandant militaire Rouergue. Il rayonne sur la région bamiléké et même au-delà. En effet, il était doté d'un bloc opératoire, d'une maternité, d'un cabinet dentaire et d'une équipe médicale de haut niveau.

Ce groupe de bâtiments, après quelques 10 à 15 ans d'abandon, a connu il y a quelques années, un véritable regain de splendeur après son entretien, son embellissement et celui de son environnement par les dirigeants de cette infrastructure.

1 Entretien avec Mathias Koutio le 17 Juin 2014 à son domicile à Paind ground

2 Direction des travaux publics et des transports... p.182.

3 Document de la Délégation Départementale du Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat (MINUH) de la Menoua, Dschang, p.56

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"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"