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Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)


par Yannick Guerin Diffouo
Universite de Dschang - Master 2014
  

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III. L'IMPORTANCE DES VESTIGES COLONIAUX POUR UN PEUPLE

Les vestiges du passé sont indispensables pour un peuple à deux niveaux, d'abord, ils sont une source indéniable de perpétuation de la mémoire collective ; ensuite ils sont un vecteur de développement économique. Les vestiges coloniaux n'échappent pas à cette logique.

1. Les vestiges coloniaux : Support matériel de mémoire collective

Les vestiges ou monuments historiques sont une cicatrice, une preuve palpable d'un fait historique. Ce sont les artefacts qui stimulent la mémoire3. Ceux-ci permettent aux personnes ayant vécu un certain nombre de faits liés à eux de s'en rappeler. C'est pour cela que Nkengmo Esther B. affirme que « les monuments sont des constructions destinées à perpétuer le souvenir des hommes et des événements

1 Casciato De Maristella, et Emilie D'orgeix, Architecture modernes, l'émergence d'un patrimoine, Wavre, édition Mardaga, 2012, p.7.

2 Yves Aurélien Kana Donfack, "Evolution de l'habitat ...p.169.

3 Alain Sinou, « le patrimoine architectural et urbain en Afrique : un état des lieux à l'échelle continentale », in Les villes africaines et leurs patrimoines, Paris, Riveneuve, octobre 2011, p.167.

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qui ont marqué l'histoire d'un pays, ou même des oeuvres modestes qui ont acquis avec le temps la valeur d'un témoignage historique1 ».

Pris dans ce sens, les vestiges permettent donc d'éviter par exemple les conflits intergénérationnels sur le plan historique parce que, chaque fois que les parents parlent ou expliquent un fait lié à la colonisation, ils prennent à témoins ces éléments palpables qui sont des preuves irréfutables. L'histoire du café arabica à Dschang est palpable, aux yeux des jeunes, non pas à travers les caféiers qui malheureusement n'existent presque plus, mais plutôt à travers l'usine de café encore en place malgré son état de décrépitude. La rigueur et l'exactitude allemandes dans le travail ne se raconteront plus comme des mythes et légendes après un siècle, mais plutôt avec des constructions allemandes au Kamerun2 en général et à Dschang en particulier. L'importance et l'ancienneté de la ville de Dschang ne se raconteront pas seulement dans les documents écrits mais s'expliqueront aussi et surtout avec les constructions monumentales existantes à Dschang qu'on ne retrouve par exemple pas à Bafoussam3, l'actuelle Chef-lieu de la région de l'ouest. Ainsi, Njokou Ngomedje a totalement raison quand elle affirme : « autant que des documents oraux et écrits, ces édifices sont des socles permettant de conserver et de raconter le passé des peuples, ce sont des supports de communications historiques4 ».

La mission Sacré-Coeur de Dschang par exemple, en tant que première mission catholique à l'ouest, a amené Dschang à être une région de vieille chrétienté5 et comme le dirait le père Goustan le Bayon « Dschang deviendra la mère, la grand-

1 Esther Bernadette S. Nkengmo, « Musées et Monuments historiques de la ville de Yaoundé : Etude comparative et problèmes de conservation », Mémoire de maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé, septembre 1986, p56.

2 Appellation allemande de Cameroun

3Lire à ce propos Jean Marie Tchinda, « Grandeur, Décadence et Renaissance d'une ville camerounaise : Dschang (1903-2007) », Université de Dschang, Mémoire de Master en Histoire, 2008/2009,

4 Edith Njokou Ngomedje, « L'histoire à travers les monuments... p.1

5 M. Tegomo-Nguetsé, Le diocèse de Bafoussam, contribution à l'histoire du centenaire de l'Eglise Catholique au Cameroun, Bafoussam, 1984, (Inedit), cité par Lemegne, « La Mission Catholique Sacré-Coeur de Dschang : 1910-1990 », Mémoire de DIPES II en Histoire, ENS Université de Yaoundé I, 2002-2003, p.26.

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mère et l'arrière grand-mère de toutes les paroisses des diocèses de Nkongsamba et de Bafoussam1 ». L'importance de cette mission doit donc être sue non seulement par les populations de la ville de Dschang en particulier, mais surtout par les chrétiens catholiques en général.

En plus, ces témoins du passé sont des portes ouvertes pour de nouvelles recherches ou pour l'avancement de la recherche. Autrement dit, les différentes infrastructures coloniales peuvent permettre aux différentes disciplines de cerner davantage la vie politique, économique et sociale de la zone ou du pays pendant la colonisation. La régie d'électricité de Dschang fera par exemple l'objet, pour les ingénieurs, de l'étude de la capacité technique et technologique de cette époque et donc, de la capacité d'extension ou de couverture énergétique dont bénéficiait la ville de Dschang. Les géographes et les hydrologues en particulier vont étudier le débit d'eau du lac municipal qui alimentait cette régie de production d'électricité et par conséquent, vont connaitre les variations climatiques pendant la période étudiée. Nous pouvons donc conclure avec Jacques Souliliou en approuvant que la perte de ce patrimoine [colonial] constituerait un dommage irréparable pour la mémoire collective des jeunes générations de l'Afrique contemporaine2. En outre, Ces vestiges coloniaux peuvent même contribuer au développement économique de la ville de Dschang.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein