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Inventaire de quelques vestiges coloniaux matériels dans la ville de Dschang(1907-1957)


par Yannick Guerin Diffouo
Universite de Dschang - Master 2014
  

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2. L'inaction de l'homme

Elle est surtout liée à la méconnaissance de l'histoire de la région à la fois par les autorités ou l'élite et par la population. Cette inaction se manifeste par la négligence, elle-même due à l'ignorance de l'importance des vestiges coloniaux qui font désormais partie du patrimoine culturel du Cameroun. Parlant de la ville de Yaoundé, Esther Ngomedje affirme que « la négligence des monuments est liée au manque de culture historique de la majorité de la population ... on s'interroge sur la gestion de l'acquis colonial et le management de ceux que les Camerounais eux-mêmes produisent. Cela entraîne la perte d'une indicative et informative de l'histoire.1 ». Les citoyens originaires ou résidant dans la ville de Dschang ne se rendent pas compte qu'en détruisant ou en laissant se détruire les traces de la présence coloniale, ils participent eux-mêmes à la destruction ou à l'effacement de l'histoire.

3. La non application de la politique culturelle

« Seule une politique culturelle innovatrice et ambitieuse peut permettre au Cameroun de jouer un rôle dans l'histoire, de graver ses empreintes indélébiles sur les murs du temps2 », cette réflexion d'Augustin Kontchou Kouomegni, préfacier des états généraux de la culture, nous impose à reconnaitre que c'est la planification permanente et dynamique qui donne de la valeur à la politique culturelle d'un pays. Cette dernière se planifie à court, à moyen et à long terme. Mouasso Ruth définit la planification comme un processus qui permet d'identifier les objectifs à atteindre et les moyens les plus avantageux pour les réaliser3. C'est de cette politique qu'est généralement issu le plan de développement de la culture d'un pays. Ledit plan est ce

1 Edith Njokou Ngomedje, « L'histoire à travers les monuments cachés de Yaoundé 1887-1963 », Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de Yaoundé, septembre 2002, p.154.

2 Ministère de l'Information et de la Culture du Cameroun, Actes des Etats Généraux de

la Culture du 23 au 26 Août 1991 à Yaoundé, Yaounde, Imprimerie nationale, 1992, p.5.

3 Ruth Mouasso, « Elaboration du processus de plan de développement touristique du littoral touristique du Cameroun », Mémoire de Maitrise en Loisir, Culture et tourisme, Université de Quebec, Février 1999, p.14

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document de référence qui, en indiquant les orientations du développement de la culture nationale débouche sur un programme d'action. Dans notre pays, il n'existe pas une politique culturelle réelle qui nous permet de nous projeter dans le futur. Le problème, à notre avis, se trouve dans l'application ou l'exécution des projets culturels élaborés par la nation camerounaise. A regarder de près, on se rend compte qu'une politique culturelle existait bien du temps de la République Unie du Cameroun1. En plus, en République du Cameroun, il y a eu du 23 au 26 Août 1991 au Palais des Congrès à Yaoundé les Etats Généraux de la Culture camerounaise2 dont l'objectif était de donner un nouveau dessein culturel au Cameroun. Hélas, Nous n'avons pas aujourd'hui les objectifs à atteindre dans deux, cinq ou dix ans. Tout au plus, il y a quelques lois promulguées par le Président de la République du Cameroun comme celle n°2013/003 du 18 avril 2013 régissant le patrimoine culturel au Cameroun, mais la non application de celles-ci rend la protection stagnante.

Ainsi, le Ministère des Arts et de la Culture dans son fonctionnement, ne soufre d'aucun problème juridique. Tout le problème se pose au niveau de l'application des lois. L'Organisation du Ministère des Arts et de la Culture, principalement au niveau de la gestion du patrimoine culturel immobilier, montre à suffisance que les lois ne brillent pas par leur absence au Cameroun. (Voir annexe n°7)

Il ressort clairement de ce constat que l'absence d'une politique culturelle réelle et ambitieuse constitue la cause directe des autres problèmes à l'instar des problèmes financiers et de la corruption. Puisqu'il n'y a pas d'objectif précis, certaines autorités peuvent détourner les fonds consacrés à la réhabilitation du patrimoine culturel vers d'autres secteurs qu'ils estiment prioritaires. Il n'y a donc pas de volonté politique véritablement portée vers la protection de ce patrimoine.

Au regard de ce qui précède, on s'accorde à reconnaitre que les facteurs favorables à la détérioration des vestiges coloniaux sus-cités, que sont les aléas

1 Lire J.C Bahoken et Engelbert Atangana, La politique culturelle en République Unie du Cameroun, Paris, UNESCO, 1975, 93p.

2 Ministère de l'Information et de la Culture du Cameroun, Actes des Etats Généraux ...207p.

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climatiques, l'inaction de l'homme et la non application de la politique culturelle peuvent se résumer en deux points essentiels, l'un entrainant l'autre. Il s'agit du manque de culture historique chez les dirigeants qui occasionne le manque de volonté politique. Bruno Favel, quant à lui, résume ces facteurs en disant que « le patrimoine moderne est aujourd'hui mis en danger par l'érosion urbaine, des lois de protections inadéquates et une reconnaissance publique limitée1 ». Aussi, la diversité culturelle du Cameroun est mal connue en dépit des progrès et des réalisations en préparation, l'inventaire du patrimoine est sommaire et la législation visant à le protéger est insuffisante2. A ce niveau, plusieurs questions taraudent notre esprit. On se demande par exemple à quoi devraient servir tous ces vestiges coloniaux ? Qu'adviendrait-il donc si on décide de tout détruire et de construire d'autres bâtiments sur ces sites ? Nous rétorquons que l'historien s'oppose radicalement à toute destruction des objets du passé qui signifie l'effacement des pages de l'histoire de ce peuple.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry