Paragraphe II : l'incohérence des programmes et
manque de vision stratégique
Il existe une panoplie de programmes de développement au
Tchad, cependant ces programmes sont conçus de façon disparate
sans une aucune idée de concertation ceci entraine des chevauchements et
des répétitions, cette absence de cohérence entre les
projets et programmes (A) fait perdre assez de temps aux exécutions de
ces derniers, ce partenariat souffre également d'un manque de vision
stratégique (B) de la part de ses animateurs ce qui conduit à une
relation à sens unique de courte portée.
A. Manque de cohérence entre les différents
programmes de développement
La coopération décentralisée entre les
villes de Moundou et Poitiers souffre de plusieurs ambiguïtés dues
au problème d'adaptation de ces objectifs aux programmes nationaux de
développement qui sont constamment retouchés et pensés
directement par les cadres du ministère pour tout le territoire sans
prendre les différentes spécificités régionales. En
deux décennies, nous avons remarqué que le Tchad a
élaboré plusieurs documents de lutte contre la pauvreté
soit avec la collaboration des institutions internationales telle que le FMI et
d'autres partenaires comme l'Union européenne ou l'Agence
française de développement. Au rang de ces plans de
développement, nous pouvons ressortir la « Stratégie de
réduction de la pauvreté », élaboré et
présentée en 2002 qui a pour objectif principal
d'accélérer la mise à jour rapide du « Document de la
Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté » (DSRP)
qui est selon certains analystes africains est une copie collée pour
tous les pays africains.
En 2005 le gouvernement tchadien avait élaboré
conjointement avec l'IDA, un projet appelé « Projet d'Appui au
Développement Local » en abrégé PROADEL. Le PROADEL
est doté d'une enveloppe financière de 52 million de dollars.
L'objectif global assigné à ce projet est de réduire la
pauvreté et de promouvoir un développement durable en milieu
rural en intensifiant, d'une part, la participation des communautés
locales et des collectivités territoriales décentralisées
et d'autre part, en améliorant l'accès aux services de base au
niveau local. Les objectifs spécifiques du projet sont d'aider le
Gouvernement tchadien à concevoir et établir un mécanisme
de financement à la fois participatif et décentralisé qui
visera à donner plus de pouvoirs aux communautés rurales et aux
collectivités territoriales
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décentralisées qui auront à gérer
des financements de façon transparente et selon leurs propres
priorités.
Tous ces programmes et projets sont élaborés sur
des mêmes critères pour tout l'ensemble du territoire tchadien
dont la commune de Moundou sans prendre compte des besoins spécifiques
de chaque région. Ainsi dans le cadre des projets de la
coopération décentralisée, il est constaté quelques
fois des chevauchements dans les projets sur le terrain. De ce fait, il arrive
parfois que les autorités locales de Moundou convoquent les acteurs de
la coopération décentralisée et les
délégations régionales pour essayer d'uniformiser certains
projets et les rendre cohérents. Globalement, les actions de la
coopération décentralisée ne sont pas cohérentes
avec les principales orientations politiques du gouvernement tchadien, cela est
du au manque de concertation.
En mars 2009, les modifications ont été
apportées au projet d'extension du réseau d'eau potable de
Moundou en concertation avec AAMP, APM, STEE et Mairie de Moundou ont
été adoptées par le programme PADUR, il faut signaler que
le PADUR est un projet du programme du ministère de l'Aménagement
du Territoire et de l'Urbanisme. Cet exemple illustre à suffisance le
manque de concertation avant l'élaboration de projets et met en exergue
le déficit de communication de la part des acteurs de la
coopération décentralisée.
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