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La gestion participative des ressources naturelles dans le Bassin du Congo : l'exemple du Cameroun et de la République Démocratique du Congo

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par Aristide Taleng Faha
Université de Limoges - Master 2 Droit international et comparé de l'environnement 2006
  

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CoopÈration sous-rÈgionale : modalitÈ de gestion des ressources naturelles dans le basin du Congo

Le Bassin du Congo est certes une rÈgion riche en ressources naturelles, mais c'est aussi un

espace politique plus ou moins bien organisÈ. Il se structure autour des pays de l'Afrique Centrale regroupÈs dans la CEMAC Ètendue aux pays des grands lacs. Environ cent millions d'habitants vivent dans cet espace de cinq cent vingt millions d'hectares81. Ces pays font des expÈriences diverses de la dÈmocratie.

La coopÈration sous-rÈgionale en Afrique Centrale date d'avant les indÈpendances. Pour l'essentiel, les pays de la sous-rÈgion ont massivement accÈdÈ ‡ l'indÈpendance dans les annÈes

1960. ImmÈdiatement, en 1964 l'UDEAC (Union DouaniËre et Economique de líAfrique Centrale) allait jeter les bases de la coopÈration sous-rÈgionale entre ses pays. L'UDEAC avait pour ambition d'Ètablir une union de plus en plus Ètroite entre les peuples des ...tats membres en vue de raffermir leur solidaritÈ gÈographique et humaines ; promouvoir les marchÈs nationaux actuels, grce ‡ l'Èlimination des entraves du commerce intercommunautaire, ‡ la coordination des programmes de dÈveloppement des diffÈrents secteurs de production, ‡ la rÈpartition et ‡ l'harmonisation des projets industriels ; renforcer l'union de leurs Èconomies et d'en assurer le dÈveloppement harmonieux par l'adoption des dispositions tenant compte des intÈrÍts de tous et de chacun, et compensant de maniËre adÈquate et par des mesures appropriÈes, la situation spÈciale des pays de moindre dÈveloppement Èconomique ; participer ‡ la crÈation d'un vÈritable marchÈ commun africain et consolider l'unitÈ africaine. Ces objectifs expriment clairement la volontÈ des Chefs d'...tat des pays concernÈs d'unir leurs efforts, afin de btir un espace Èconomique optimal, susceptible d'impulser un dÈveloppement Èconomique solidaire et de crÈer des pÙles de dÈveloppement tout en facilitant

l'intÈgration de leurs Èconomies nationales82. L'UDEAC ne se prÈoccupait pas plus que Áa de

l'environnement. Ceci peut bien se comprendre compte tenu du contexte international de l'Èpoque et des dÈfis auxquels Ètaient confrontÈs les jeunes ...tats de la sous-rÈgion. Par la suite, la CEMAC

(CommunautÈ Economique et MonÈtaire de líAfrique Centrale) va prendre le relais, dËs son entrÈe

en vigueur en 1999, pour marcher sensiblement sur les pas de l'UDEAC.

Les mutations observÈes dans le processus de l'intÈgration mondiale placÈe sous l'Ègide de

la dÈcentralisation, des nouvelles technologies de l'information et de la communication, et de la protection de l'environnement ont contribuÈ ‡ accroÓtre l'intÈrÍt d'une coopÈration sous-rÈgionale sur

la protection des ÈcosystËmes majeurs dans le Bassin du Congo. Le 17 mars 1999, les Chefs dí...tat díAfrique Centrale, tirant les leÁons des expÈriences passÈes, se sont engagÈs ‡ úuvrer pour une gestion concertÈe des forÍts du Bassin du Congo afin de tirer le maximum de profit de la forÍt au triple plan Èconomique, Ècologique et socioculturel. La dÈclaration de YaoundÈ se prÈsente donc comme la fondation contemporaine de la coopÈration sous-rÈgionale en matiËre de gestion des ressources naturelles. Elle s'appuie sur le plan de convergence (section II) pour asseoir la vision commune de la gestion des ressources. Aussi la traduction de ce plan en actions concrËtes incombe

‡ un appareil institutionnel sous-rÈgional dense (section I).

81 Cf. http://www.congo-site.com/pub/fr/v4x/actualites/article.php?num=2725

82 Cf. http://www.izf.net/izf/Institutions/Integration/AfriqueCentrale/Historique.htm

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Section I : L'appareil institutionnel sous-rÈgional de gestion des ressources naturelles

A l'observation, le Bassin du Congo pullule d'institutions de gestion des ressources naturelles forestiËres renouvelables. Ces institutions s'appliquent chacune pour ce qui la concerne ‡

la gestion et ‡ la protection d'une fonctionnalitÈ particuliËre de la forÍt. Ceci participe de ce que le professeur Alexandre KISS appelle la protection fonctionnelle des forÍts. S'il est vrai que les pays

du Bassin du Congo sont passÈs ' d'une simple coopÈration classique ‡ une plus dense intÈgration

en mettant le secteur environnement / forÍt ‡ la premiËre loge 83, il n'en reste pas moins qu'il faille davantage Ètoffer le cadre institutionnel et normatif84 de la protection des forÍts. Dans un pareil contexte, il est intÈressant de s'arrÍter sur la valeur probante de ces institutions. En effet, leur

organisation, leur fonctionnement, les moyens dont elles disposent leur permettent-ils d'assurer une vÈritable coopÈration entre les diffÈrents pays ? Qu'elles en sont les impacts Èventuels sur les ressources et les populations locales au Cameroun et en RDC. Au demeurant, ces deux pays sont tout aussi bien profondÈment impliquÈs qu'il s'agisse de l'institution de coordination (I) ou alors des institutions de mise en oeuvre (II) de la gestion concertÈe.

I ñ L'institution de coordination : la COMIFAC

La COMIFAC (Commission des ForÍts d'Afrique Centrale) est un organe d'orientation, de coordination et de dÈcision. Elle est issue du sommet des Chefs d'...tat d'Afrique Centrale sur les forÍts tenue ‡ YaoundÈ le 17 mars 1999, ayant elle-mÍme aboutit sur une dÈclaration connue sous le nom de ' DÈclaration de YaoundÈ . Dans líune des rÈsolutions de cette derniËre, les Chefs d'...tat donnent mandat aux ministres en charge des forÍts des pays respectifs pour coordonner et veiller ‡

la mise en oeuvre de la dÈclaration. Cependant, la COMIFAC ne sera vÈritablement institutionnalisÈe qu'au terme de la deuxiËme session ordinaire des ministres, organisÈe en juin 2002

‡ YaoundÈ. La catÈgorie d'institution de coordination fait rÈfÈrence ‡ celles qui sont perchÈes au sommet de la nomenclature de prise de dÈcisions au niveau sous-rÈgional. Il s'agit de celles qui impulsent les actions de gestion durable des ressources. De part la volontÈ des chefs d'...tats cristallisÈe dans la dÈclaration de YaoundÈ, la COMIFAC est la seule instance sous-rÈgionale de coordination, d'orientation et de dÈcision en matiËre de gestion durable des ÈcosystËmes forestiers et

de savane d'Afrique Centrale. De part ce statut privilÈgier, la COMIFAC est constituÈe d'organes

qui a priori garantissent la participation (A). Cependant, on peut relever quelques obstacles ‡ la participation efficiente de tous les ...tats membres (B).

A ñ Des organes ouverts ‡ la participation

La COMIFAC est constituÈe de plusieurs organes. Son organisation rÈvËle en rÈalitÈ la volontÈ des chefs d'...tats d'Ítre particuliËrement impliquÈs dans la gestion des forÍts du Bassin du Congo ainsi que leurs diffÈrentes ressources. La COMIFAC se structure de maniËre hiÈrarchique autour du sommet des Chefs d'...tat, le conseil des ministres, du secrÈtariat exÈcutif et s'appuie sur le forum sous-rÈgional et des fora nationaux. Ce dispositif consacre en mÍme temps le dÈsir d'impliquer toutes les composantes nÈcessaires ‡ la gestion durable des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique Centrale. Il serait intÈressant d'analyser d'une part le Sommet des chefs d'...tat (1), et d'autre part le secrÈtariat exÈcutif et les forums d'Èchange (2)

1- Le sommet des chefs d'...tat et le conseil de ministres

Comme son nom líindique, cíest une instance qui regroupe les chefs d'...tat et de

Gouvernement des Etats membres de la COMIFAC ou leurs reprÈsentants. C'est lui qui arrÍte les

83 NGANMINI Jean Marie, le cadre institutionnel et normatif (Ö) Op. Cit., p.18.

84 Cf. Maurice KAMTO, Droit de líenvironnement en Afrique (Ö) Op. Cit.

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orientations de l'organisation pour la mise en úuvre des engagements tels que dÈfinis ‡ l'article 1, Titre I du traitÈ instituant la COMIFAC. Le Sommet se tient ‡ la demande des chefs d'...tat ou ‡ celle du Conseil des Ministres. Ses dÈcisions sont prises par consensus. A dÈfaut, elles le sont ‡ la majoritÈ simple des membres. Les rÈunions du Sommet des chefs d'...tat comportent, en accord entre les chefs d'...tat, une rÈunion ‡ huis clos.

Jusquí‡ prÈsent, deux sommets des chefs d'...tat et de gouvernement ce sont tenus. Il s'agit

du sommet de YaoundÈ en Mars 1999 et de celui de Brazzaville tenue au Congo en fÈvrier 2005.

Par leur participation effective, il ressort clairement que le Cameroun et la RDC sont rÈsolument engagÈs dans le processus de coopÈration sous rÈgionale. Ils ont ÈtÈ reprÈsentÈs ‡ tous les sommets des chefs d'...tat et de gouvernement.

Le Conseil des Ministres quant ‡ lui regroupe les Ministres en charge des forÍts des pays membres. C'est la cheville ouvriËre de la COMIFAC, c'est ‡ ce niveau que se prÈparent toutes les

dÈcisions qui seront soumises ‡ l'apprÈciation suprÍme des chefs d'...tat et de gouvernement. Le Conseil des Ministres se tient de maniËre rotative tous les deux ans dans chaque pays membre suivant l'ordre alphabÈtique de langue franÁaise. Chaque session fixe la date du prochain conseil. Il

y a dÈj‡ eu quatre sessions du conseil des ministres de la COMIFAC, avec trois sessions ordinaires

et une session extraordinaire. Le Cameroun en a abritÈ les deux premiËres sessions ordinaires et la

premiËre session extraordinaire. Tout ceci traduit ‡ souhait le dynamisme et la collaboration effective des diffÈrents pays de la sous rÈgion

Le conseil des Ministres a un rÙle central dans l'action de l'organisation sous-rÈgional. Il

nomme les membres du SecrÈtariat ExÈcutif, oriente l'action du SecrÈtariat ExÈcutif, examiner et adopte les budgets du SecrÈtariat ExÈcutif ; approuver les comptes, exerce conjointement avec le SecrÈtariat ExÈcutif, le pouvoir disciplinaire et enfin rÈvise les statuts.

2 - Le secrÈtariat exÈcutif et les fora

Le SecrÈtariat ExÈcutif de la COMIFAC en est le bras sÈculier. C'est lui qui assure la fonction de reprÈsentation permanente de l'organisation. De ce point de vue, il sert de passerelle entre les ...tats membres d'une part et entre les ...tats membres et le tiers d'autre part. Il assure, par ailleurs, au plan technique l'exÈcution des dÈcisions de la COMIFAC, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du Plan de Convergence sous-rÈgional. Il est composÈ d'un SecrÈtaire ExÈcutif, d'un SecrÈtaire ExÈcutif adjoint - coordinateur technique, d'un Responsable Administratif

et financier et d'un personnel d'appui. Son siËge est fixÈ ‡ YaoundÈ au Cameroun.

Pour ce qui est des fora, il sont au nombre de deux. Les statuts de la COMIFAC et notamment l'article 34 institut un forum sous-rÈgional et des fora nationaux. En rÈalitÈ, les fora

rÈgionaux sont des plates forme de discussion ocents les responsables des diffÈrentes administrations en charge des forÍts, dans les pays concernÈs, se retrouvent pour partager sur les problËmes rencontrÈs

sur le terrain, et essayer díen rechercher ensemble des solutions. A ce niveau se manifeste l'un des

aspects les plus d'importants de la collaboration entre les pays membres de la COMIFAC.

Les Fora Nationaux sont organisÈs une ‡ deux fois par an dans chaque pays membre et

regroupent líensemble des parties prenantes : sociÈtÈ civile, populations et parlementaires, ONG, administrations, partenaires au dÈveloppement, bailleurs de fonds et secteur privÈ. L'organisation et líanimation de ces fora sont laissÈes aux diffÈrentes institutions partenaires de la COMIFAC85 que nous Ètudierons plus bas. Mais bien avant attelons nous ‡ relever les obstacles ‡ mÍme de

restreindre considÈrablement les efforts de la coopÈration sous-rÈgionale dans l'optique de la gestion durable des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique centrale.

B ñ Les obstacles ‡ la participation efficiente des pays de la sous rÈgion

Toute la bonne volontÈ des chefs d'...tat et de gouvernement des pays membres de la COMIFAC ne suffit pas ‡ elle seule pour assurer une gestion commune et durable des ressources naturelles des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique Centrale. Il surgit encore un ensemble d'obstacles

85 Sur l'ensemble de la question, s'en rÈfÈrer au site web officiel de la COMIFAC: www.comifac.org

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qui mettent ‡ mal la coopÈration sous-rÈgionale consacrÈe ‡ cette fin. Ces Obstacles peuvent essentiellement Ítre cataloguÈs sous deux labels. Il s'agit des obstacles institutionnels (1) et des obstacles financiers (2).

1 ñ Les obstacles institutionnels

Nous entendons par obstacles institutionnels l'ensemble des barriËres qui dÈcoulent soit de

la nature mÍme des institutions existantes, ou alors des dÈficiences de leur fonctionnement. Ces barriËres se dressent tant au niveau de l'institution centrale qu'est la COMIFAC, qu'au niveau des

institutions partenaires.

Quoique devenue acteur incontournable de la gestion des ÈcosystËmes forestiers d'Afrique

Centrale, la COMIFAC pose fondamentalement la question de sa nature juridique. MÍme si elle a

ÈtÈ mise sur pied par les ...tats de la sous-rÈgion, elle est ce qu'on pourrait appeler une ëorganisation internationale inachevÈeí. En effet, une organisation internationale est constituÈe sur la base d'un

traitÈ86 d°ment ratifiÈ par les pays signataires. Le traitÈ sur la COMIFAC a ÈtÈ adoptÈ au cours de la troisiËme session ordinaire du conseil des ministres, tenue ‡ Libreville en juillet 2004. Cependant il n'est pas encore entrÈ en vigueur87. Pour ce faire, il doit d'abord Ítre signÈ par les chefs d'...tat et

faire l'objet d'une procÈdure de ratification par chacun des ...tats signataires. Pour l'heure, seul le

Cameroun et la guinÈe Èquatoriale ont dÈj‡ procÈdÈ ‡ la ratification de ce traitÈ. Le fait que ce traitÈ

ne soit pas encore pleinement entrÈ en vigueur limite, ‡ certains Ègards, la portÈe juridique de cet instrument de coopÈration sous-rÈgional.

Les Ècueils liÈs aux institutions partenaires se manifestent dans plusieurs aspects. Il se pose

un problËme de dÈtermination de l'espace de compÈtence de ces institutions. En effet, comme le montre Nganmigni: ' Chaque institution ou initiative sous-rÈgionale adapte sa conception de líÈtendue de líAfrique Centrale, ou y ajoute des critËres multiples selon les intÈrÍts qui peuvent Ítre Ècologiques, linguistiques, politiques ou Èconomiques 88 . Il en dÈcoule que ces institutions ne couvrent pas le mÍme espace gÈographique, ce qui constitue un rÈel handicap pour une bonne organisation. Cette difficultÈ provient de la multiplicitÈ mÍme de ces institutions. On en arrive ‡ un point ocents finalement on ne sait plus exactement qui fait quoi. C'est d'ailleurs pour palier ‡ ce manque

de coordination que les Chefs d'Etat et de gouvernement ont jugÈ bon de mettre sur pied la

COMIFAC. NÈanmoins, il persiste toujours un foisonnement d'organismes, de projets et de programmes dont les actions ne sont pas vÈritablement coordonnÈes.

Sur le plan national, les institutions posent tout autant la question de leur coordination et de

leur animation. Le relais de ses institutions est assurÈ par une plÈthore de points focaux, correspondants nationaux qui Èvoluent en vase clos et sont dispersÈs, car il níexiste aucun mÈcanisme au plan local pour assurer leur coordination. A tout cela s'ajoutent d'Ènormes contraintes financiËres.

2 ñ Les obstacles d'ordre financier

Les pays du Bassin du Congo pour l'essentiel sont des pays sous-dÈveloppÈs. De ce fait, ils Èprouvent tous de sÈrieux problËmes de trÈsorerie. Les organismes interÈtatiques en ressentent les effets, attendu que les ressources de ces organisations proviennent pour líessentiel des cotisations

des ...tats membres. Alors que pour BANA89 les ...tats díAfrique Centrale sont des Èternels criards

sur le plan financier, on doit concÈder que ces pays connaissent une crise Èconomique qui dure depuis la fin des annÈes 1970. Ceci Ètant, il reste assez paradoxale que les institutions sous-

rÈgionale en ptissent ‡ ce point, Ètant donnÈ que le secteur forestier contribue pour beaucoup dans

les Èconomies des pays du Bassin du Congo. Les institutions de mise en oeuvre de la gestion des

ressources naturelles du basin du Congo n'Èchappent pas ‡ ces problËmes.

86 Tel qu'il dÈcoule de la combinaison des articles 2a et 5 de la convention de Vienne sur le droit des traitÈs.

87 DeuxiËme sommet des chefs d'Etat d'Afrique centrale sur la conservation et la gestion durable des forÍts, note d'information, p.6, Brazzaville 04-05 fÈvrier 2005.

88 NGANMINI Jean Marie, Le cadre institutionnel et normatif (Ö) Op.cit, p.18.

89 BANA FranÁois Díassise, Droit rÈgional de líenvironnement (Ö) Op. Cit. p 51.

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II ñ Les institutions de mise en oeuvre

Afin de mener ‡ terme son ambition d'unification des politiques de gestion forestiËre dans

le Bassin du Congo, la COMIFAC s'est entourÈe d'un certain nombre d'institutions partenaires. C'est prÈcisÈment l'article 34 de ses statuts qui dÈsigne nommÈment les partenaires en question et

dÈtermine la nature des relations que les diffÈrentes entitÈs doivent entretenir. MÍme si les statuts de

la COMIFAC ne nÈgligent pas les rapports avec les projets et programmes, ils instituent des relations prioritairement avec quatre partenaires sous-rÈgionaux. Il s'agit de l' OCFSA, de OAB, de

la CEFDHAC et du RAPAC. Cette derniËre semble plus commode d'analyser ensemble l' OCFSA

et l' OAB d'un cotÈ (A), le RAPAC et la CEFDHAC de l'autre (B).

A - L' OCFSA et l'OAB

Ces deux organismes de part leur champs de compÈtence mÈritent que nous les Ètudiions sÈparÈment, il sera question de voir dans quelles mesures elles participent ‡ la dÈmocratisation de la gestion des ressources naturelles dans le Bassin du Congo. En premier lieu penchons-nous sur l'OCFSA (líorganisation pour la conservation de la faune sauvage en Afrique) (1), avant de prÍter l'attention sur OAB (l'organisation Africaine du bois) (2).

1- L'Organisation pour la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique

Aux termes de l'article 34 des statuts de la COMIFAC, il est prÈvu que líOrganisation pour

la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique (OCFSA) prenne en charge le suivi des composantes BiodiversitÈ et Aires ProtÈgÈes TransfrontaliËres90. LíOCFSA est la premiËre initiative de coopÈration sous-rÈgionale. CrÈÈe en 1983 sous forme díun accord de coopÈration et de concertation entre les pays díAfrique Centrale, elle a pour sphËre d'intervention la conservation de

la faune sauvage et la mise en place díun fonds spÈcial pour la conservation91. A la vÈritÈ, cet organisme joue aussi un grand rÙle en matiËre de facilitation de la coopÈration entre les pays de la

sous rÈgion pour les questions de faune sauvage. D'ailleurs, elle a rÈcemment participÈ ‡ une rÈunion sur les nÈgociations en cours en Afrique centrale devant aboutir ‡ la signature d'un protocole d'accord sur la viande de brousse.

2 ñ LíOrganisation Africaine du Bois

L'organisation africaine du Bois (OAB) a commencÈ ‡ Ítre envisagÈ en 1974, mais ce níest quíen mai 1976 que les divers accords ont ÈtÈ signÈs par les ...tats membres. Elle est un organisme international de coopÈration et de consultation dans les domaines de líÈconomie forestiËre et du commerce du bois92. Les misions a elle assignÈes sont de veiller ‡ líÈchange díinformations

continue et de soutenir l'effort commun díharmonisation des politiques commerciales des pays membres ; díassurer la promotion des bois africains et des Ètudes de marchÈ ; de veiller ‡ líharmonisation des politiques de reboisement et díamÈnagement ; díassurer le suivi et líÈvaluation des principes, critËres et indicateurs díoutils et de standards de performances ; díassurer la coordination des politiques de formation et la promotion de la coopÈration entre ...tats membres

dans tous les domaines relatifs ‡ líÈconomie forestiËre. Il ressort des statuts93 de la COMIFAC, le

SecrÈtariat ExÈcutif doit entretenir des relations avec l'Organisation Africaine du Bois (OAB) en particulier sur les questions d'Èconomie forestiËre, de certification et de commerce des produits forestiers.

90 Article 34, paragraphe 3.

91 NGANMINI Jean Marie, Le cadre institutionnel et normatif (Ö) 0p.cit, p.12.

92 Pasca T M, L'emploi, in Revue internationale des fors et des industries forestiËres vol.28n.14 ; ‡ lire sur le site http://www.fao.org/docrep/k1100f/k1100f06.htm#b3-L&146;Organisation%20africaine%20du%20bois

93 Article 34, paragraphe 5.

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B ñ La CEFDHAC et le RAPAC

La CEFDHAC et le RAPAC constituent les deux points d'ancrage les plus importants de la cogestion des ressources naturelles forestiËres dans le Basin du Congo. En effet, ce sont ces organismes qui sont les maillons essentiels de la prise de dÈcision relative ‡ la gestion des ressources naturelles. Elles son de ce fait, au coeur de la diffusion de l'information environnementale, de l'Èchange et du partage des idÈes, des mÈthodes et des moyens d'action dans

la sous-rÈgion De part son importance dans le systËme de coopÈration sous-rÈgional de gestion des

ressources naturelles dans le Bassin du Congo, la CEFDHAC (1) est beaucoup plus structurÈe que

le RAPAC (2).

1- La ConfÈrence sur les EcosystËmes Forestiers Denses et Humides díAfrique Centrale

La ConfÈrence sur les ...cosystËmes Forestiers Denses et Humides d'Afrique Centrale

(CEFDHAC) concrÈtise la volontÈ des parties prenantes de parvenir ‡ une vision commune de la conservation et de líutilisation des ÈcosystËmes de forÍts denses et humides de la sous-rÈgion.

Autrement connu sous líappellation de processus de Brazzaville, elle est une immense tribune de dÈbat qui síanalyse ‡ la fois comme un forum d'orientation ‡ travers l'articulation de tous les groupes d'acteurs intervenant dans la sous-rÈgion ; un forum de concertation et díÈchange díexpÈriences ouvert ‡ tous les intervenants du secteur forestier en vue díune gestion Èquitable et durable des ÈcosystËmes forestiers díAfrique Centrale ; enfin elle est un forum dont líensemble des idÈes et des rÈflexions concourent ‡ la prise de dÈcision par des autoritÈs politiques impliquÈes dans

les questions environnementales et forestiËres en Afrique Centrale. Dans ce sens, le statut94, charte

de la COMIFAC, prÈvoit que la CEFDHAC prenne en charge la gestion des processus de

concertation au sein des Fora Sous-rÈgionaux et Nationaux et de leurs commissions spÈcialisÈes sur l'Èconomie forestiËre, la biodiversitÈ et le renforcement des capacitÈs de bonne gouvernance et de mise sur pied des institutions adÈquates.

Líobjectif global de la CEFDHAC est díencourager les acteurs de la gestion des forÍts díAfrique Centrale, ‡ conserver leurs ÈcosystËmes forestiers et ‡ veiller ‡ une utilisation durable et Èquitable des ressources quíils recËlent. Dans le cadre de son action, la CEFDHAC síappuie essentiellement sur le PrÈsident en exercice, les groupes de contact nationaux et son agence de facilitation. Toutes les actions conÁues, et menÈes de faÁon concertÈe, sont la traduction concrËte des dÈcisions et recommandations des confÈrences biennales. Les rencontres entre le PrÈsident en

exercice, les groupes de contact et líagence de facilitation95 permettent de mieux gÈrer le processus. Líaction de la CEFDHAC síinscrit fondamentalement dans le processus de cogestion, en

tÈmoigne les axes stratÈgiques de líorganisation sous-rÈgionale : Dialogue politique ; Paix et sÈcuritÈ ; EcosystËmes forestiers et lutte contre la pauvretÈ ; BiodiversitÈ ; AmÈnagement Forestier

et partenariat ; Suivi Evaluation ; Gouvernance environnementale ; Communication ; Partenariat ;

Connaissance ; MÈcanisme de Financement.

Au bout du compte, mÍme si la CEFDHAC connaÓt les mÍmes problËmes díordre financier

que toutes les autres institutions de la sous-rÈgion, elle apparaÓt tout de mÍme comme líinstrument

le plus adaptÈ de gestion participative des ressources naturelles dans le bassin du Congo. Ces rÈalisations sur le terrain parlent díelles-mÍmes.

2- Le RÈseau des Aires ProtÈgÈes díAfrique Centrale

Le RÈseau des aires protÈgÈes díAfrique centrale (RAPAC), fut crÈÈ le 30 mai 2000 ‡ YaoundÈ par les administrations en charge des aires protÈgÈes de sept pays díAfrique Centrale. Son siËge, de par les statuts, se trouve ‡ Libreville, Gabon. Le RAPAC est une structure de type

94 Article 34, paragraphe 1.

95 LíAgence de facilitation de la CEFDHAC c'est l'UICN (Union mondiale pour la Nature)

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associatif regroupant les directions en charge de la gestion des aires protÈgÈes au Gabon, au Congo,

en Centrafrique, au Cameroun, en GuinÈe-Equatoriale, au Tchad, et ‡ So TomÈ et PrÌncipe. Il travail pour l'instant dans huit aires protÈgÈes dont la rÈserve de faune du Dja (Cameroun). Il est ‡ remarquer que la RDC n'est pas partie ‡ cet autre instrument de participation pour le moins important dans la gestion des ressources fauniques dans le Bassin du Congo.

Le rÈseau est nÈ de líexpÈrience du programme ECOFAC96 et de la volontÈ de maintenir une structure technique, pour poursuivre la mise en place díune stratÈgie concertÈe et globale de

gestion rationnelle des ressources naturelles en Afrique Centrale, mettant notamment ‡ profit la concertation et les Èchanges díinformations, de compÈtences et d'expÈriences testÈes tout au long de

la premiËre phase du programme ECOFAC97.

Síil est ‡ dÈplorer que la RDC ne soit pas partie au RAPAC, il ne faut croire que ce pays reste en marge de tout processus de cogestion des espaces de protection de la biodiversitÈ dans son

ensemble et des espËces animales en particulier. Il suffit ‡ cet Ègard de considÈrer les cas de gestion des parcs nationaux transfrontiËres. Cíest le cas avec le Parc National des Virunga (PNVi). Le Parc National des Virunga se situe dans la partie Est de la RDC, dans la province du Nord Kivu, le long des bordures frontaliËres du Rwanda et de líOuganda. Il est ' (Ö) logÈ dans la branche occidentale

de la grande famille díAfrique appelÈe aussi Rift Est Africain 98. Il síÈtend sur une superficie de

800 Km×, et a le statut díune rÈserve naturelle intÈgrale. Sa gestion est rÈglementÈe par líOrdonnance ñ Loi N° 69 ñ 041 du 22 ao°t 1969 relative ‡ la conservation. Du fait de líaction des hommes et des phÈnomËnes naturels, la gestion de ce parc connaÓt beaucoup de difficultÈs. Notamment la prise en compte des populations riveraines de ce parc. Toutefois, malgrÈ ces difficultÈs, certaines organisations internationales, gouvernementales ou non, de conservation travaillent sans relche aux cÙtÈs de líInstitut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) pour líutilisation durable de la biodiversitÈ du PNVi. Toutefois, le tendon díAchille de cette cogestion reste les mauvaises relations que la RDC entretient avec ses voisins le Rwanda et le Burundi. Les relations tumultueuses de la RDC avec ses voisins tranche avec la perspective unificatrice et harmonieuse du plan de convergence sous-rÈgional de gestion des ressources naturelles.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard