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La dialectique de la reconnaissance chez Hegel

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par Dominique Mvogo Mvogo
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Philosophie 2005
  

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I.2. Entrée dans le monde de la vie éthique.

La conscience dans le monde peut vivre des contradictions qu'il faut dépasser. Il s'agit de la conscience stoïque, la conscience sceptique et la conscience malheureuse.

La totale dépendance de la conscience la rend esclave et la totale indépendance la rend stoïque. La conscience servile est semblable à une chaîne qui lie et retient l'individu. La conscience stoïque par contre est libre de toute chaîne. Cette liberté qui se saisit elle-même repose sur le principe que la conscience est une essence pensante. C'est à ce titre qu'une chose peut se présenter comme vraie et bonne pour elle.

La relation de domination et de servitude caractérise les situations historiques où émerge la conscience stoïque. C'est dans ce sens qu'Hegel a pu affirmer que :

« Comme forme universelle de l'esprit, le stoïcisme pouvait seulement surgir dans un temps de peur et d'esclavage universel, mais aussi dans le temps d'une culture universelle qui avait élevé la formation et la culture jusqu'à la hauteur de la pensée » (t.1, p.p.169-170).

Toutefois, le mode de pensée stoïque a tendance à se détourner du monde. Il demeure par ce fait abstrait et incapable de pénétrer la réalité. Il ne cherche pas la marque et le critère de la vérité dans le contenu vivant du monde et la réalité collective. Il la cherche plutôt dans la stabilité de la pensée subjective.

Le scepticisme, à son tour entend s'opposer aux conceptions théoriques et pratiques du stoïcisme en les considérant dans leur singularité et leur inscription historique.

I.2.1. Le sceptique et le stoïque

La conscience stoïque est une conscience méditative. Elle est opérante et indépendante du maître et des choses. C'est la conscience pensante, réflexive et abstraite. Elle fait le monde tout en restant dans le monde.

« Cette conscience pensante, telle qu'elle s'est déterminée comme liberté abstraite, n'est donc que la négation encore imparfaite de l'être-autre. S'étant seulement retirée en soi-même, en sortant de l'être-là, elle ne s'y est accomplie comme négation absolue de cet être-là. Le contenu vaut bien pour elle, comme pensée seulement, mais en outre comme pensée déterminée, et en même temps comme la déterminabilité en tant que telle » (t.1, p.171).

La conscience sceptique à l'opposé de la conscience stoïque, voile l'inconsistance de tout acte de vérité. Elle admet tout de même la distinction entre le vraisemblable et le faux. En niant, elle s'affirme. Elle nie le fait et non l'intellectuel.

« Le sceptique dévoile le mouvement dialectique que sont la certitude sensible, la perception et l'entendement ; il dévoile aussi l'inessentialité de ce qui a une validité, dans la situation de domination et de la certitude, l'inessentialité encore de ce qui, pour la pensée abstraite elle-même, a une validité, comme quelque chose de déterminé » (t.1, p.172).

Dans son élaboration du mouvement de l'histoire Hegel lie le stoïque et le sceptique. Ces deux modes de pensée se comportent comme maître et esclave. Le stoïque est considéré comme esclave et le sceptique est le maître. En fait pour Hegel, le scepticisme réalise le stoïcisme. Il élabore la certitude et la domination vers lesquelles tend le stoïcisme. Cependant la conscience sceptique de soi souffre d'une multitude de contradictions. Elle est contrainte à la fois de nier et d'affirmer pratiquement ce qu'elle a ébranlé et renversé théoriquement : « cette conscience pensante, telle qu'elle s'est déterminée comme liberté abstraite, n'est donc que la négation encore imparfaite de l'être-autre. ». (t.1, p.171) Mais, elle est en même temps une conscience universelle et stable. Ainsi, le sceptique se montre non seulement comme une conscience double, mais aussi comme une conscience déchirée. Elle est enfermée dans la double opposition entre la théorie et la pratique, mieux entre le caractère stable et le caractère instable.

« Le scepticisme dévoile, indique la dialectique de la reconnaissance en général... Il critique les lois éthiques qui sont des commandements arbitraires d'un maître ou les concepts de la pensée abstraite de stoïcisme » (t.1, p.173 note 12).

Il y a comme une contradiction entre la pensée et l'action dans le scepticisme. Mais elle n'est pas dans le scepticisme. Or, ce que la conscience est en soi doit aussi être pour soi. Par conséquent une nouvelle figure de la conscience naît du scepticisme. Dans celle-ci, la conscience prend connaissance de son déchirement et de ses contradictions internes. Mais celles-ci sont inconciliables par sa force. De ce fait la conscience vit intensément son déchirement et devient conscience malheureuse13(*). Elle est malheureuse parce qu'elle a conscience de cette contradiction d'être doublée. Mais elle ne sait pas que cet acte duplicatif est essentiel dans le concept de l'esprit. Ainsi, en elle coexistent l'essentialité et l'inessentialité. C'est ce qui provoque la peine.

La conscience malheureuse est de ce fait la conscience sceptique qui atteint la conscience de sa propre contradiction. Et dans la perspective de la reconnaissance, celle-ci doit passer par trois moments : opposition, unité et identité. Ceci lui permet de concilier le singulier et l'universel.

« Le premier immuable est pour elle seulement l'essence étrangère condamnant l'existence singulière, ; puisque l'immuable, au second stade est une figure de l'existence singulière, comme elle l'est elle-même, alors elle devient en troisième lieu l'esprit, a elle-même la joie de se retrouver en lui et devient consciente pour soi de réconciliation de son existence singulière avec l'universel » (t.1, p.179).

Mais il y a un autre élément très important qu'il convient d'ajouter. C'est que la position du maître n'avait pas de contenu effectif. L'esclave rendu conscient de cela et après l'avoir expérimenté, affirme que la mort est préférable à l'esclavage. La double parabole du combat à mort et de la relation domination / servitude nous permet donc de voir à quoi la conscience doit renoncer si elle veut rencontrer l'autre conscience.

Dès lors, nous pouvons dire que l'esprit n'acquiert l'effectivité concrète que lorsqu'il s'incarne dans deux consciences historiquement autonomes. Ceux-ci sont alors capables d'entrer non seulement en conflit mais en rapport véritable. Ceci laisse entrevoir la reconnaissance. Est-elle effective ou reste-t-elle formelle au sens de la raison ?

* 13 A travers la conscience malheureuse on peut appréhender la validité effective de la personne abstraite et aussi bien la validité de cette personne dans la pensée (t. 2, p.260).

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry