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La dialectique de la reconnaissance chez Hegel

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par Dominique Mvogo Mvogo
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Philosophie 2005
  

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INTRODUCTION GENERALE

Primitivement, la dialectique est considérée comme l'art du dialogue. Lorsque deux individus d'opinions contraires se rencontrent, un dialogue survient : chacun tente de réfuter l'opinion de l'autre. C'est l'opposition de thèses qui est le moteur de la discussion. Tout dialogue est de ce point de vue dialectique1(*). De cette simple expérience il se distingue un double aspect : positif et négatif. Aristote s'arrête à l'aspect négatif lorsqu'il définit la dialectique comme l'art d'argumenter et de réfuter, d'opposer simplement les thèses contradictoires. Pour Kant la dialectique est « la théorie des erreurs naturelles de l'esprit humain » (1786 : 50). En un sens positif, la dialectique est l'art de construire une connaissance vraie : il faut avoir été certain d'une opinion (thèse), puis avoir reconnu le bien fondé de l'opinion contraire (antithèse), pour connaître la vérité totale d'une chose (synthèse). C'est parce que l'homme ne peut pas comprendre du premier coup que son savoir est progressif et dialectique. La dialectique n'est pas seulement une manière de comprendre, mais une manière d'être. De là se dégage la notion de dialectique réelle ou dialectique de la réalité. Dans ce sens, Hegel pose le problème d'une dialectique basée sur toute la réalité humaine non seulement au niveau de l'individu, mais de l'histoire de l'humanité2(*).

La dialectique maître / esclave dans sa figure de domination et servitude s'inscrit dans la dialectique d'ensemble. Et le thème de notre recherche s'intitule : La dialectique de la reconnaissance chez Hegel. Ce thème est traité dans le chapitre quatrième de son oeuvre La phénoménologie de l'Esprit3(*). Si nous avons choisi cette figure d'esprit plutôt qu'une autre, c'est parce qu'elle permet une compréhension décisive de la pensée de cet auteur. Les quelques paragraphes ainsi choisis nous paraissent fondamentaux pour notre recherche. C'est par ces derniers que nous pouvons saisir ce que Karl Marx appelait le fait historique premier. Il s'agit du fondement historique de l'homme, car l'histoire a un fondement.

Chez Hegel il est question de la manière dont l'individu s'élève (ou peut s'élever) de son état inculte à l'expérience philosophique de la connaissance.

« Ce devenir de la science en général ou du savoir est ce que présente [la] phénoménologie de l'esprit. Le savoir comme il est d'abord, ou l'esprit immédiat, est ce qui est dépourvu de l'activité spirituelle, la conscience sensible. Pour parvenir au savoir proprement dit ou pour engendrer l'élément de la science, qui est pour la science son pur concept, ce savoir doit parcourir péniblement un long chemin. - Ce devenir, tel qu'il se présente dans son contenu, avec les figures qui se montreront en lui, ne seront pas ce qu'on imagine tout d'abord sous le titre d'introduction de la conscience non-scientifique dans la science, il sera autre chose aussi que l'établissement des fondations de la science ; - et bien autre chose que l'enthousiasme qui, comme un coup de pistolet, commence immédiatement avec le savoir absolu et se débarrasse des positions différentes en déclarant en veut rien savoir » (1941, I : 25).

Hegel ne s'arrête pas à ce premier niveau qui est purement gnoséologique, il nous mène à un second niveau qui est de «considérer l'individu universel, l'esprit conscient de soi dans son processus de culture » (t.1, p. 25). Il ne s'agit pas d'une connaissance abstraite, mais de l'établissement de l'homme dans l'universel concret. A cet effet, le chemin de l'expérience concrète débouche sur l'universel. Et ainsi, la conscience de l'humanité dans son histoire est mise en branle.

La dialectique en ce sens est donc non seulement une méthode4(*) mais aussi et surtout une phénoménologie5(*). Elle se veut être une expérience de la conscience où la conscience naturelle à travers les différentes figures d'elle-même arrive à la science, au savoir et de la philosophie. Et il n'y a de science de la conscience que pour autant que cette expérience est dite phénoménologique de l'esprit. « Ce mouvement dialectique que la conscience exerce en elle-même, en son savoir aussi bien qu'en son objet, en tant devant elle le nouvel objet vrai en jaillit, est proprement ce qu'on nomme expérience » (t.1, p.75).

La phénoménologie se présente alors comme une nécessité vivante dans la conscience. Dans celle-ci et selon Jean Hyppolite dans un commentaire en note explicative (t.1, p. 77), il y a deux dialectiques. Dans la première, la conscience est plongée dans l'expérience. Dans la seconde, qui est seulement pour nous, il y a un développement considéré comme nécessaire de toutes les figures de la conscience. « C'est par cette nécessité qu'un tel chemin vers la science est lui-même déjà science, et, selon son contenu est science de l'expérience de la conscience » (Ibidem).

Il y a donc dialectique parce que Hegel part d'un conflit entre deux consciences opposées pour accéder à l'humanité (reconnaissance mutuelle). De ce fait, l'on sort de l'état de nature pour accéder à l'humanité, à la culture. Ce mouvement passe par des phases que sont : la violence, le désir et la reconnaissance.

Pour Hegel, sans violence primordiale, sans lutte entre deux consciences, on ne peut passer de la nature à la culture.

La philosophie de Hegel reste d'actualité. « On peut dire sans paradoxe que donner une interprétation de Hegel, c'est prendre position sur tous les problèmes philosophiques, politiques et religieux de notre siècle » (P.-J. Labarrière, 1968 : 9). Et par conséquent, la dialectique de la reconnaissance est et reste d'actualité. Elle est valable en tout temps et en tout lieu pour que l'homme soit homme. C'est dans ce sens qu'elle peut s'appliquer au passage de la nature à la culture, mieux de l'animalité à l'humanité. Elle se veut être un mouvement de la pensée et de la réalité. Et la question que nous posons est au fondement de toute l'histoire humaine.  Comment l'homme émerge-t-il actuellement, comment a-t-il toujours émergé de la nature pour s'inscrire à la culture et par-là même accède à l'humanité ?

Notre étude se donne pour objectif à partir de Hegel de ressortir le rapport dialectique entre deux consciences. Le problème sous-jacent ici est donc le conflit latent. Il s'agit de la conquête de l'humanité s'exprimant à un double niveau spirituel et historique. Au niveau spirituel c'est la conquête de l'autoconscience ; et au niveau historique, il s'agit de la reconnaissance.

Lorsqu'il s'agit de l'homme le confit ne peut ne pas impliquer les libertés. Il est nécessairement affrontement des libertés. Et dans le champ où elles se rencontrent, ne sont-elles pas appelées, à dépasser l'antagonisme suscité par le rapport de domination (la tendance à l'élimination de l'autre) pour accéder à une certaine forme d'identité à elles-mêmes, caractérisée par le dialogue, l'ouverture à l'autre, l'accueil de l'altérité ?

La réponse à ces questions nous laisse entrevoir le problème de la reconnaissance mutuelle. Nous travaillerons à partir du texte de Hegel dans La Phénoménologie de l'Esprit. A cet effet, nous adopterons la méthode d'analyse propre a notre auteur a savoir l'approche herméneutique. Cette approche est a la fois explicative et interprétative. Il s'avère à cet effet opportun, dialectiquement, de rendre le texte en présentant sa structure interne de manière claire pour en faciliter la compréhension. La compréhension de notre auteur au travers de l'étude de notre texte de base nous aidera a situer la problématique centrale de notre étude. Ces présupposés nous donneront d'entrevoir si possible une critique à notre auteur.

Ce travail se divise ainsi en trois parties :

La première partie traite du passage de la conscience à l'autoconscience. Il s'agit de la première partie du système de la science.

« Le système de la science consiste en ceci qu'elle doit elle-même saisir le concept de la science et, ce faisant, le concept premier, et puisqu'il est premier, il inclut la séparation consistant en ce que le penser est objet pour un sujet » (Hegel, 1970 : 90).

L'esprit immédiat (conscience sensible) est ce qui est dépourvu d'esprit. Ainsi : « pour parvenir au savoir proprement dit ou pour engendrer l'élément de la science qui est son pur concept, le savoir doit parcourir laborieusement un long chemin » (Hegel, 1966 : 69). Ce chemin est celui qui va de la conscience à l'autoconscience. Et si nous commençons par-là, c'est pour restituer la dialectique Maître / Esclave dans la dialectique d'ensemble.

La deuxième partie met en exergue la relation du maître et de l'esclave. Il s'agit d'exprimer la relation humaine dans son principe. Le thème majeur dont nous traitons ici est celui de la reconnaissance. Elle n'est pas un simple signe du rapport social entre deux consciences de soi, mais la conscience de soi dans son dédoublement. Ceci laisse entrevoir le concept de l'esprit ; il s'agit de la spiritualisation de la nature

La troisième partie s'intitule : « limites et continuité de la dialectique de Hegel ». il s'agit de la critique et d'une contribution aux intuitions de Hegel, de même q'un dépassement de sa dialectique.

* 1 Nous pouvons citer en exemple le dialogue de Platon.

* 2 Humanité est considérée comme la pleine reconnaissance de l'homme par l'homme. Il y a égalité de pouvoir.

* 3 Livre de base : Hegel, La phénoménologie de l'esprit. 1 et 2. Trad. de J. Hyppolite.

Coll. Philosophie de l'esprit, 1941, Paris, Aubier - Montaigne.

Dans la suite, nous allons juste préciser le tome et la page citée.

* 4 « La méthode n'est pas une forme extérieure, mais elle est l'âme et le concept du contenu » (Hegel, 1970 : 243). « Selon l'universalité de l'idée la méthode dialectique est autant la manière de connaître, du concept se sachant subjectivement, que la manière d'être objectif ou plutôt la subjectivité des choses, c'est-à-dire des concepts dans la mesure où à la représentation et à la réflexion, ils apparaissent d'abord comme les autres » (Hegel, Logique III, p. 371).

* 5 Le terme phénoménologie appartient au vocabulaire technique de la philosophie. Il s'agit d'un néologisme d'apparition tardive : pris littéralement et selon les habitudes étymologiques, il signifie « science » du « phénomène ». Le premier à l'utiliser, J. H. Lambert, philosophe de langue allemande (1764 dans le Nouvel Organon), l'entend comme l'une des parties d'une doctrine générale de la science : la doctrine des apparences. Kant, (premiers principes de la métaphysique de la science de la nature, 1786) recourt à ce terme pour désigner l'étude du mouvement relativement à son mode de représentation, comme phénomène du sens intérieur.

Mais Hegel lui en donne la signification philosophique actuelle et en fait un des moments principaux de sa philosophie.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle