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La dialectique de la reconnaissance chez Hegel

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par Dominique Mvogo Mvogo
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Philosophie 2005
  

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II.2. Morale

Il y a un besoin très fort aujourd'hui de ressourcer la réflexion morale. Celui est plus profond que la spéculation sur les relations de la liberté et de l'interdit, sur la raison pratique et sa séparation de tout affection et sentiment. Il se pose alors la question de l'éveil en chacun de la conscience morale. L'on doit aussi revoir comment être concerné par l'autre en sa manifestation dans l'espace de ma subjectivité. Il faudrait aussi voir et savoir ce qui (antérieur à toute décision et à toute revendication d'autonomie), me lie à autrui et par le fait même rend possible le déploiement d'un univers humain. C'est le lieu même du passage du pathique à l'éthique, du vécu originaire à l'exercice effectif de la volonté et la raison, ce en quoi se réalise la moralité.

L'esclave se reconnaît à sa valeur morale. Or, la valeur et la morale de l'esclave sont celles du ressentiment. Ressentiment parce que l'esclave n'existe que par rapport au maître. Il se définit contre le maître. Et de toute façon, fort est de constater que même quand les vrais maîtres ont disparu l'esclave se définit toujours contre quelque chose où contre quelqu'un. Nous pouvons alors dire sans risque de nous tromper que les démocrates et les socialistes se comportent à ce point de vue comme les chrétiens. Ils disent que leur morale est un combat pour la justice. Ceci n'est pas tout à fait faux. Mais il faut dire que c'est une morale qui vient en réaction à quelque chose. On part d'un constat, puis on dénonce une situation d'injustice qui laisse place à la lutte contre les hommes et les idées. On est donc en face des hommes de ressentiment : leur amour est un faux amour. Cette rancoeur contre les injustices perçues, dénoncées, est en fait, l'efflorescence d'une haine épouvantable pour la vie. Ils n'ont l'amour des petits que parce qu'ils ont la haine des grands. C'est pourquoi « l'amour des petits rend petit »23(*).

Le maître, l'aristocrate, ne se définissait pas contre quelque chose ou contre quelqu'un. Il laissait déborder en lui et sur les autres les puissances de vie. Mais de tels maîtres n'existent plus.

La société actuelle a des maîtres qui prétendent servir. Or, la distinction est grande entre les patrons, riches, nouveaux maîtres et la masse. Cette différence tient au fait que les premiers sont propriétaires. Ils ont de l'argent et du pouvoir qu'ils défendent au mépris des autres. C'est d'ailleurs dans ce sens que Hegel évoquait la conscience malheureuse. Elle marque l'avancée d'une conscience qui accepte de ne plus faire choix d'un élément du réel en excluant l'autre. Mais elle doit prendre sur elle avec courage leurs tensions non encore réconciliées.

« La reconnaissance [ici souhaitée] ne pouvait être rationalisée que si elle était placée sur une base universelle et égalitaire. La contradiction interne de la relation maître-esclave se résolvait en un Etat qui synthétisait avec succès la moralité du maître et celle de l'esclave » ( Fukuyama, 1992 : 234)

En sens, la conscience malheureuse représente un passage obligé. Son émergence nouvelle est ici le signe que l'univers se noue dans sa vérité à venir. Tous les éléments d'une reconnaissance historique sont désormais présents. En sorte que si l'on entend le tumulte des voix désaccordées, c'est parce qu'aucun élément ne se laisse oublier. Dès lors la cacophonie qui paraît être un non-sens devient promesse d'une harmonie future.

Ici donc s'affrontent, se cherchent et s'accordent petit à petit les dimensions à conjoindre des faits et des valeurs, du singulier et de l'universel. La recherche pour l'histoire d'un sens qui procède réellement d'un engagement et d'une actualisation authentique de la liberté. C'est la liberté entendue comme reconnaissance de soi et de l'autre, qui se cherche dans l'unité du monde de la conscience et du monde de la conscience de soi. C'est une unité différenciée de la subjectivité et de l'objectivité. La pensée exprime alors cette articulation interne de la réalité : « dans le pensé, je suis libre, parce que je ne suis pas dans un autre, mais reste purement et simplement chez moi-même, et l'objet m'est l'essence de mon être-pour-soi en unité inséparée : et mon mouvement dans [les] concepts est un mouvement dans moi-même » (t.1, p.168).

Telle est alors la Raison, réconciliation de l'intériorité et de l'extériorité, certitude d'être toute réalité : mouvement de sortie de soi vers soi-même (t.1, p.323).

* 23 Adage populaire.

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