WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

De l'écrit à l'écran: l'information géographique à l'épreuve des NTIC


par Insa Manga
Université Jean Moulin Lyon 3 - DEA Sciences de l'information et de la communication 2004
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

DEUXIEME PARTIE : L'INFORMATION GEOGRAPHIQUE SUR SUPPORT NUMERIQUE : QUELLES CONSEQUENCES ?


«La lecture des discours qui ont accompagné la naissance

des nouveaux moyens de communication donne

parfois l'impression que l'histoire bégaie»

Patrice FLICHY

INTRODUCTION : le réseau Internet

Le réseau est, selon LAMIZET et SILEM (1997), un ensemble de lien ou de relation entre des éléments d'une organisation, quelle soit sociale, linguistique, technologique ou neurologique. D'un point de vue technologique, un réseau est un ensemble d'éléments interconnectés, c'est-à-dire qui permet la distribution ou le transport d'un message entre un émetteur et un récepteur comme dans les réseaux entre ordinateurs de type Internet.

Le sens moderne du concept de réseau puise ses origines vers la fin du XVIIe et début XVIIIe siècle avec notamment la découverte de l'infiniment petit. En effet, la compréhension de la structure des matières comme réseau de molécules donne une autre dimension au réseau. Les travaux de BICHAT et de LAMARCK7(*), qui ont abouti à la découverte de microstructures, ont permis de comprendre le fonctionnement du corps vivant (et des organes) décrits comme un ensemble de réseaux : les poumons, la circulation sanguine,...Plus tard, Claude Henry de Saint Simon (1760-1825) dans «Le mémoire sur la science de l'homme» confère au concept de réseau, une signification particulière en renouvelant la lecture du social à partir de la métaphore du vivant. La «physiologie sociale» de Saint Simon se veut, selon MATTELART (2002), une science de la réorganisation sociale, ménageant le passage du «gouvernement des hommes» à «l'administration des choses». La pensée saint- simonienne (pensée de l'organisme- réseau) conçoit la société comme un système organique, enchevêtrement ou tissage de réseaux et accorde une place stratégique aux «réseaux matériels» (voix de communication)...

Les réseaux techniques, aujourd'hui, modifient fondamentalement l'accès et la distribution de l'information. On est passé d'un stockage et d'une diffusion de l'information par unité discrète, distincte, séparée (exemple : le livre) à un stockage et une diffusion de l'information par flux continu (exemple : télévision et radio). Les réseaux qui se mettent en place aujourd'hui, ajoutent à cette diffusion une capacité d'interaction en ce sens que tout intervenant peut être, à la fois, le récepteur et l'émetteur s'il le désire. C'est un flux non seulement continu, mais aussi multipolaire où les rôles peuvent instantanément changer : possibilité de réception /émission en même temps. Internet est un des éléments de cette «toile d'araignée mondiale», que le philosophe canadien Marshall McLuhan a pu décrire comme l'extériorisation de notre propre système nerveux.

Internet est un réseau qui a été conçu pour des besoins militaires. L'ARPA (Agence américaine de recherche avancé en matière de défense) a établi et optimisé ce réseau pour résister à une attaque nucléaire ou pour faire en sorte que même en cas d'attaque nucléaire qui détruira un grand nombre de noeuds dans les communications existantes, les messages puissent continuer à passer. Internet est donc un réseau qui recherche en permanence la possibilité de faire passer un message par n'importe quel endroit. En pratique, les messages émis sont subdivisés en petits paquets d'informations qui portent chacune l'adresse de l'émetteur et du récepteur. Chacun de ces paquets passent par n'importe quel point du réseau. La configuration est telle qu'il est tout à fait possible de passer par New York, puis Romorantin, et enfin par Tokyo pour transmettre un message entre Paris et Marseille. L'optimisation a été faite pour que le message passe quoi qu'il arrive et non pas de façon continue.

En conséquence, la bande passante, la capacité totale du réseau est subdivisée en autant de fraction qu'il y a d'utilisateurs à un moment donné. Si les utilisateurs sont nombreux ou si la demande de transmission d'information est forte, à un moment donné, la quotité disponible pour chaque utilisateur peut tendre vers zéro.

Les ordinateurs multimédia couplés à des réseaux sont des outils qui ont changé notre relation à l'écrit, au son et à l'image. Il offre la possibilité, après apprentissage de techniques de recherche adéquates, de s'approprier des documents de toute nature, de les copier, les reproduire, les manipuler mais aussi, d'en créer d'autres, de les communiquer.

I. La géographie sur l'Internet : une géographie très universitaire

S'il est encore possible aujourd'hui de se pencher de façon exhaustive sur l'offre hors ligne (CDROM), il en va tout autrement de l'Internet : le seul WEB compte plus de 30 millions de sites répertoriés. Une requête sur le mot géographie donne, selon les moteurs de recherche, près de 400'000 réponses pour « geography » et 40'000 pour « géographie » [Griselin & Ormaux, 1997]. Afin d'apprécier l'évolution ou plutôt l'entrée en force de l'information géographique sur le réseau, nous nous sommes prêtés au même exercice avec le moteur de recherche Google et nous avons obtenu 9 300 000 résultats pour le terme «geography» et 912 000 pour «géographie». Ce résultat met en évidence l'entrée de l'information géographique dans «l'ère électronique».

Depuis la création du Web en 1993, l'Internet a connu, une multiplication de ses sites et une diversification de ses finalités, mais on retrouve assez facilement la strate universitaire qui constituait de manière quasi exclusive l'Internet des années 70 et 80. L'Internet apparaît bien comme une immense source d'information pour peu qu'on la sollicite de manière adéquate et qu'on fasse l'effort d'identifier le document.

GRISELIN et ORMAUX avaient mené une étude sur la présence de l'information géographique sur les supports numériques notamment Internet en 1997. Les résultats, que nous avons réactualisés (ou mis à jour), cataloguent l'information géographique sur la toile en quatre grands ensembles :

- Les pages les plus nombreuses concernent les présentations, par les instituts ou départements de géographie des diverses universités, de leur raison sociale, des formations qu'ils proposent aux étudiants, et de leurs grands domaines de recherche.

- En deuxième position apparaissent les informations scientifiques, les cours, les mises au point thématiques qui permettent véritablement d'acquérir des connaissances géographiques. Encore mal structuré cet ensemble offre sans doute un important potentiel. Comme le montre la rubrique Internet de la revue Mappemonde, l'étudiant, l'enseignant, le chercheur ou le curieux peut déjà y trouver nombre de matériaux intéressants. Ou encore«Internet en débats- débats sur Internet», rubrique phare du site de l'association des professeurs d'histoire et de géographie (APHG) et «Nouveautés sur le web» de la revue Netcom. L'arrivée sur le réseau, de cours d'agrégation mais aussi de documents pédagogiques fournis par des associations de professeurs d'histoire- géographie est symptomatique d'une évolution des comportements. A ce titre, nous citerons «Géoconfluences», site de l'association des cafés géographiques. Interface entre, d'une part, les universitaires et chercheurs du monde de la géographie et d'autre part, entre les enseignants des collèges et des lycées, Géoconfluences s'adresse plus particulièrement à la communauté enseignante mais aussi à tous les internautes curieux de géographie. Il propose aux enseignants matière à actualiser et poursuivre leur formation, ou à recueillir documentation et idées pour préparer leurs cours et les activités pédagogiques qu'ils sont amenés à entreprendre avec leurs élèves.

Développé dans le cadre d'un partenariat entre la DESCO et l'ENS- Lettres et Sciences Humaines de Lyon, Géoconfluences est un site institutionnel proposant des ressources en Géographie. En partant de la page Actualités, on peut accéder aux premiers contenus à savoir les dossiers comportant chacun une information scientifique, un corpus documentaire, un glossaire, des pistes pour une géographie appliquée, des "brèves" et des comptes-rendus de conférences. Implanté à l'ENS LSH à Lyon, il bénéficie du soutien technique des services de l'école et des apports scientifiques de la section et des laboratoires de géographie de l'école.

- Plus ciblés « recherche», d'autres sites sont développés par des laboratoires qui affichent leurs problématiques, leurs méthodologies, leurs résultats, voire leurs brouillons de publications. On peut donner comme exemple la page du laboratoire Modélisation et Traitements Graphiques en Géographie de l'université de Rouen ou celle du groupe de recherche Libergéo du CNRS (GDR LiberGéo) dont les objectifs, outre la précision des fondements de la discipline, sont d'aider les chercheurs, les équipes, et au delà les usagers de la géographie à s'approprier de nouveaux outils de la recherche et de la communication scientifique, expérimenter de nouvelles formes d'organisation de la communauté scientifique de telle manière que la géographie française demeure une composante très active de la recherche contemporaine en sciences sociales.

Dans le même créneau, mais plus structurées, les revues électroniques8(*) dont nous aborderons dans les prochaines lignes, font leur apparition sur la toile. Pour la France, Mappemonde (dans sa version Internet), Cybergéo (exclusivement sur le réseau), Netcom, mais aussi Historiens et Géographes la revue de l'APHG constituent les principales exemples.

Toujours dans la mouvance universitaire, les bibliographies, sommaires de revues, signalements de publications sont nombreux, d'utilisation commode, et ont l'avantage d'être fréquemment mis à jour. On les retrouve souvent sur les sites des bibliothèques universitaires, des instituts ou simplement, sur des pages personnelles de professeurs. Ainsi, le catalogue Galiléo de la Bibliothèque Nationale de Paris, Goesource et Resources for Geographers offrent en ligne des ressources inestimables en géographie. La base BN-OPALE contient, à elle seule, plus de deux millions de références, et plus de dix millions d'accès indexés. D'autres bases en ligne telles que celle de l' IGN, du CNRS (voir Francis), de l'INRIA, de Meteosat, de l'INRETS (Transports)...présentent une offre bibliographique considérable.

- En dehors de ce premier ensemble, d'autres genres de pages peuvent également, et à des degrés divers, intéresser le géographe. Les sites liés au tourisme et aux voyages, plus ou moins documentaires, plus ou moins utilitaires, peuvent offrir des informations et des images exploitables. Les pages faisant la promotion d'une collectivité locale ou d'un pays, plus rarement d'une entreprise ou d'un produit (tel GPS), sont éventuellement utilisables, avec tout l'esprit critique qui s'impose.

- Ensuite, on trouve un ensemble plus hétéroclite constitué par les annonces et agendas divers, les textes des associations de type classique et de ce que GRISELIN appelle les «grandes causes». C'est le cas de la page l'association des Cafés géographiques qui se veut un relais Internet pour tous les Cafés géos9(*) qui se développent librement et qui souhaiteraient se faire connaître. Relais entre l'université, les organismes de recherches (CNRS, EHESS, IRD, etc.) et toute personne intéressée par une réflexion sur ses pratiques de l'espace, l'association organise des Cafés débats visant à promouvoir le contact chercheurs- amateurs car l'un des objectifs du café géographique est de mieux faire connaître les travaux des chercheurs au «grand public». Un résumé des débats, sous forme de rapport, est ensuite publié sur le site de l'association où on peut également trouver de nombreux liens vers d'autres pages (d'instituts ou d'association) traitant de l'information géographique.

Cette première approche ne nous a sans doute pas permis de circonscrire l'ensemble de la géographie sur l'Internet, toutefois elle nous aura montré que la géographie est d'ores et déjà présente sur le réseau et que les documents sérieux y sont largement dominants. Il y a là d'intéressantes perspectives pour les géographes, à la fois comme utilisateurs et comme prestataires.

II- Les périodiques en géographie : quelle présence sur Internet ?

Sous la direction de Ghislaine CHARTRON, Claire LEPEUTREC, en juin 2000 et Marie LISSART, en juillet 2003, ont réalisé des études prospectives sur les revues numériques francophones en sciences humaines et sociales. Elles se sont intéressées en particulier aux périodiques en géographie.

Le remarquable dossier de LEPEUTREC présente une large sélection de périodiques en géographie, revues diffusées sur Internet, avec des indications sur le projet éditorial, le type de revue et la périodicité, les accès possibles (sommaires, texte intégral, gratuité...), et revues papier, avec leur éventuelle présence sur le réseau. Les magazines électroniques ne sont pas oubliés. (Voir annexes)

La première remarque qui s'impose est qu'en dépit des avantages offerts par la publication numérique, peu de revues entièrement électroniques sont diffusées dans les disciplines des sciences humaines et sociales. Quant aux périodiques francophones en géographie, elles se caractérisent par leur faible présence sur Internet : aucune des grandes revues traditionnelles ne fait l'objet d'une publication électronique, tout au plus trouve t-on les tables des matières et quelques résumés d'articles. En effet, Internet est utilisé plus comme une vitrine du support papier que comme support alternatif.

Dans la majorité des cas, la version numérique ne reproduit qu'une petite partie de l'exemplaire papier de la revue. Elle peut en diffuser, par exemple les éléments structurants tels que le sommaire, la bibliographie, des résumés d'articles. Mais elle peut aussi contenir de larges extraits de la revue en présentant des articles en texte intégral. La version numérisée agit, en quelque sorte comme un promoteur de la revue papier en donnant une idée de son contenu et de sa qualité. Les maisons d'édition n'ont recours à Internet que comme un moyen de publicité et d'information commerciale (tarifs, catalogues, possibilité d'abonnement en ligne). Cependant l'enjeu commercial représenté par Internet est de taille car chaque revue tient à assurer sa présence sur Internet. (LEPEUTREC, 2000)

Dans cet univers, la revue Cybergéo entièrement numérique sert de portail à la quasi-totalité des périodiques en géographie. Elle diffuse les tables des matières d'une trentaine d'entre elles (les plus importantes) dans sa rubrique intitulée "revue des sommaires". Qui constitue bien souvent la seule ouverture sur Internet de bon nombre de ces revues qui en majorité ne disposent pas de sites Internet. Pour des revues qui disposent de leur propre site un lien renvoie vers ce site.

Trois ans après cette étude, le paysage de l'édition électronique des périodiques de géographie a été revisité par Marie LISSART, en se référant au dossier de LEPEUTREC. Elle se penche sur les acteurs de l'édition numérique et note une tendance au développement, lente mais perceptible (32 titres en plus ont été répertoriés)

Les acteurs de l'édition numérique sont essentiellement les institutions de recherche (laboratoires, universitaires, associations) d'une part, les maisons d'édition (6 publications) d'autre part et les organismes gouvernementaux, dans une moindre mesure.

La présence sur Internet des revues sélectionnées se répartit selon le tableau 1:

Sans accès Internet

13

Présentation de la revue ou liste des numéros parus

8

Sommaires en ligne

25

Accès aux articles (gratuit ou payant)

26

Total

72

 


Tableau 1 : répartition des revues en géographie en fonction de la présence sur Internet

Source Marie LISSART- URFIST Paris, juillet 2003

Ce tableau traduit, à première vue, une présence significative des périodiques géographiques sur Internet (59 revues sur 72 répertoriées ont une ouverture sur la toile). Cependant, c'est une présence trompeuse car pour plus du quart, Internet joue un rôle de vitrine à la version papier de la revue. L'offre est sous la forme d'une simple fiche de présentation de la revue (historique, objectifs, contacts) ou d'une liste des numéros parus.

Néanmoins, par la mise en ligne des sommaires et/ou l'accès gratuit ou payant au texte intégral, la plupart des revues géographiques s'attachent à tirer profit d'Internet.

Parmi les revues recensées, une (Eurékâ Info) est, à l'origine en support papier ayant interrompu la diffusion papier au profit d'une diffusion intégralement numérique. D'autres sont exclusivement électroniques,  créées ex nihilo et n'existant pas sur support papier, c'est notamment le cas de Cybergéo.

La périodicité des revues varie, les revues dites "mouvantes" constituent réellement une nouvelle forme de publication électronique : seul un numéro de la revue est disponible en ligne, et il évolue au fur et à mesure de remises à jour permanentes.

Pour résumer, les périodiques en géographie sont peu présentes sur Internet. Et pourtant, l'enjeu que représente l'édition numérique pour cette discipline est de taille. L'édition papier de ces revues se révèle une opération coûteuse que la demande limitée ne permet pas de rentabiliser. Internet pourrait constituer un vecteur d'expression facile, moins contraignant que le support papier. Cependant la tendance au développement de l'offre en ligne, si elle se confirme dans les années à venir, marquera une nouvelle ère pour la diffusion de l'information géographique.

* 7 BICHAT fonda l'histologie et LAMARCK, la biologie.

* 8 Nous consacrerons une partie aux revues géographiques sur la toile.

* 9Le café géographique, selon Jean-Marc PINET, professeur et animateur des Cafés géos, contribue à expliciter une relation profonde entre le géographe et la cité : l'espace et le temps sont un bien commun à partager entre scientifiques et citoyens dans une connivence géographique. La finalité du café géo est, grâce au contact direct et à la convivialité du lieu, d'expliciter et de critiquer ensemble un intérêt partagé pour tout ce qui a trait au rapport entre les sociétés et leurs territoires.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci