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Tourisme et développement durable: quelles conjugaisons? cas du Maroc

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par Seloua GOURIJA
Université du Littoral Côte d'Opale - Docteur Es Sciences Economiques 2007
  

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Chapitre III. Le tourisme durable : du concept à la réalité

Nous avons constaté tout au long de notre travail une évolution du concept de durabilité. D'abord, aucun acteur ou responsable, tant au niveau individuel que collectif, ne peut envisager une quelconque stratégie sans faire référence à sa « durabilité ». Le développement durable est au coeur de tous les discours officiels, et chaque jour, des experts, issus de toutes les disciplines, se réunissent pour en débattre. On peut donc légitimement s'interroger sur la place et le rôle du tourisme dans le développement durable.

Parallèlement, le concept d'environnement, sans perdre de son identité, a évolué en s'intégrant dans le concept plus large de développement durable. Pour autant, ces concepts ne sont pas identiques et font l'objet de nombreuses interprétations restrictives.

Ainsi, on peut considérer que le développement durable est le concept le plus global. C'est ainsi que le développement durable est, par certains de ses aspects, un concept marketing, ou plutôt qu'il doit nécessairement être pris en compte dans les stratégies marketing.

Pour rendre le concept de développement durable plus opérationnel, on associe souvent l'éthique à ses trois dimensions fondatrices : l'environnement, l'économique et le social. Mais l'éthique, concept politique, n'est pas une dimension universelle ; elle peut donner lieu à de nombreuses interprétations. Pour sortir de cette impasse, certains préfèrent dire que, plus qu'un concept, le développement durable est une démarche, une méthode de travail.

Le développement du tourisme durable237(*) substitue la notion de durabilité à celle d'efficacité. Dans cette perspective, il a une forte dimension politique. Ainsi, sans le support et les interventions des pouvoirs publics et des pouvoirs locaux, il n'y pas de développement durable possible.

A la fois objectif et démarche de travail, le tourisme durable fait avancer l'idée qu'il est de l'intérêt de tous de préserver l'avenir, et là n'est pas son moindre mérite.

Dans ce contexte, on assiste à l'apparition de termes qui tous mettent l'accent sur les rapports qu'il peut y avoir entre l'activité touristique et l'environnement naturel. On parle ainsi de tourisme vert, d'écotourisme, tourisme équitable, tourisme solidaire et responsable, de tourisme éthique, etc. Cette inflation verbale marque l'intérêt relativement nouveau que différents acteurs sociaux portent à la protection de la nature, en même temps que le besoin d'associer le tourisme à l'environnement dans le but de promouvoir des activités créatrices d'emplois et de revenus.

Le présent chapitre porte explicitement sur le concept de tourisme durable, ses définitions, ses enjeux et ses limites. Nous verrons d'abord ce qu'est la conception traditionnelle du tourisme durable, puis nous présenterons différentes définitions qui l'accompagnent, à savoir l'écotourisme, le tourisme solidaire et responsable et l'ethnotourisme.

Section I. Le tourisme durable : définitions, portée et limites

La pression écologiste avait favorisé l'adoption de quelques programmes internationaux prioritairement orientés vers la protection et la conservation des espaces ou des écosystèmes fragiles238(*). Toutefois, la prise en compte du tourisme dans les politiques de développement durable, au niveau mondial, demeure liée à la conférence de Rio.

Dès la Conférence internationale de Rio de Janeiro de 1992, consacrée au développement durable, le tourisme, traité pour la première fois à l'échelle mondiale, fut l'objet de nombreuses réflexions et colloques consacrés à définir le concept de tourisme durable. Ce furent surtout les sciences humaines et, plus précisément, les sociologues, les anthropologues et les ethnologues qui s'intéressèrent les premiers à l'interface tourisme/ durabilité. On trouve, au un premier rang, les sociologues anglo-saxons qui menèrent les premières recherches sur les impacts socioculturels du tourisme sur des populations traditionnelles des territoires d'accueil. Toutefois, l'école anglo-saxonne a plutôt intégré le tourisme dans le cadre plus large de la notion anglo-saxonne de « sustainable development », généralement traduit par développement durable. L'inconvénient que présente ce mot est qu'il introduit une idée de durée qui ne correspond pas tout à fait au sens de sustainable. Ce terme anglo-saxon est plus proche de « convenable » ou « acceptable ».

Cette section a pour objectif de donner une définition de tourisme durable et s'attachera à poser des principes qui doivent être retenus si l'on s'intéresse à la gestion d'un tourisme respectueux de son environnement. Tout d'abord, nous détaillerons les principes et les objectifs découlant de notre étude de deux premiers chapitres. Ensuite, il s'agira d'identifier le tourisme durable comme un nouveau mode de développement qui présuppose une nouvelle gouvernance et une discussion sur ses indicateurs.

I.1. Tourisme durable, principes et réalités

Il n'existe guère d'activités qui ne soulèvent, à un moment ou un autre, des conflits d'intérêts. Le tourisme engendre des oppositions, des contradictoires ou conflits entre tel ou tel choix économique, énergétique, écologique, social et culturel. Cela dévoile la fragilité du concept de tourisme durable lorsqu'il est confronté aux réalités « du terrain ».

Il est très difficile d'établir une définition du concept de tourisme durable qui soit courte et compréhensible par tous. La plupart des tentatives de définition du tourisme durable débouche sur une vision plutôt large et imprégnée d'une éthique humaniste, que l'on peut ainsi résumer : « un tourisme soucieux de respecter l'environnement, répondant aux besoins des loisirs humains, tout en protégeant et en conservant les milieux d'accueil, sans négliger pour autant les nécessités économiques et socioculturelles de tous les acteurs concernés par les activités touristiques »239(*).

Finalement, la définition du tourisme durable ne fait que reprendre celle du développement durable, développement qui assure la pérennité des écosystèmes et des sociétés pour l'avenir des générations futures.

En somme, le tourisme durable est un développement touristique qui associe à la fois la notion de durée et celle de pérennité des ressources naturelles (eau, air, sol, diversité biologique) et des structures sociale et humaines. L'objectif du développement durable est ainsi de rendre compatible l'amélioration des conditions et des niveaux de vie qui résultent du développement et le maintien des capacités de développement des générations futures.

Le développement touristique durable s'inscrit dans le cadre de la mise en place d'une planification qui, du point de vue touristique, a pour but d'éviter des atteintes pouvant remettre en cause les fondements même du développement, tel que :

- La dégradation des écosystèmes

- La remise en cause du patrimoine culturel

- Les bouleversements des traditions et des modes de vie la concurrence pour l'accès aux équipements collectifs et aux infrastructures

Dans ces conditions, l'objectif du développement durable peut-être considéré comme particulièrement essentiel pour le secteur du tourisme de tous les pays et spécialement dans les pays en développement. Cette notion de tourisme durable est directement déduite de celle de développement durable. Il s'agit d'une forme de développement touristique qui doit permettre de répondre aux besoins des touristes tout en préservant les chances du futur.

Le tourisme durable n'est pas un produit, une nouvelle façon de vendre une activité ou un pays : c'est un processus, un mode de développement, qui dépend de facteurs globaux et locaux240(*).

Le temps comme variable systémique : privilégier la durabilité sur l'évolution

L'espace comme ressource à évaluer et à protéger : privilégier l'écologie et le maintien des écosystèmes

Le tourisme durable

Les valeurs comme référence : privilégier les valeurs comme la solidarité et la responsabilité

La transaction comme support dynamique : privilégier les échanges e les interactions humaines, sociales, culturelles et économiques

Sources : d'après C. PIGEASSOU, Cahiers Espaces, n° 67, novembre 2000, p. 136 241(*).

Depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, le développement durable intègre les activités touristiques. Par l'importance sociale, économique, culturelle et environnementale que représente le tourisme moderne - ou post-moderne - on ne peut qu'adhérer aux principes fondamentaux d'un développement touristique durable. Au-delà des prises de position éthique, humaniste et écologique à quels types de réalités se trouve confrontée la gestion de cette « économie » qu'est le tourisme ?

I.1.1. Principes fondamentaux

Le développement durable est devenu l'une des préoccupations majeures de notre temps. Le tourisme, dont le caractère transversal met en jeu les territoires, le patrimoine naturel et humain, ne peut plus faire l'impasse sur les principes régissant son propre développement.

Le premier principe général du développement durable repose sur l'idée que les réponses apportées aux besoins actuels ne doivent pas compromettre la capacité des futures générations à répondre aux leurs. La conférence de Rio avait abouti à la mise en place de l'Agenda 21, comprenant les principes fondamentaux d'un développement durable.

En ce qui concerne le tourisme, on peut reprendre la déclaration de principe de la rencontre euro méditerranéenne à Hyères en septembre 1993 242(*) :

[...] Le tourisme ne pourra évoluer harmonieusement que dans le cadre d'une vision de développement durable. Il doit, donc, être conçu et géré comme une activité globalement bénéfique pour les communautés d'accueil, dans le respect de leurs coutumes et traditions.

Aujourd'hui, la plupart des responsables et des acteurs opérant dans le secteur du tourisme ressentent le besoin d'un véritable consensus sur le concept de durabilité. Plus précisément, les principes fondamentaux interviennent à l'interface des territoires et des hommes (voir tableau ci-dessous)

Tableau : principes fondamentaux du tourisme durable.

Principes environnementaux

Principes socioculturels

Principes économiques

Respect des paysages

Protection des cultures locales

Maîtrise des investissements

Protection de la flore et de la faune

Intégration des locaux

Expertises des impacts

Gestion qualitative de l'eau

Gestion paritaire du territoire

Planification budgétaire

Gestion de la pollution.

Maîtrise de l'emploi.

Vérifications périodiques.

Tous les grands principes demandent une méthode d'application, plus ou moins définie selon un étroit partenariat entre secteur privé et secteur public. Pour les entreprises de tourisme, la prise en compte de tous ces principes est loin d'être évidente ; tandis que pour les collectivités territoriales se pose le problème de la formation et de la compétence des hommes ou des conseillers capables d'orienter les choix stratégiques et opérationnels.

* 237 Les références à cette notion sont multiples, et on les retrouvera notamment dans les nombreux articles et publications citées en notes dans ce chapitre. Egalement : CERON J.-P. et DUBOIS G., Le tourisme durable dans les destinations, Publim, Limoges, 2002 ; DESVIGNES C. (dir.), « Tourisme durable », les Cahiers Espaces, n°67, 11-2000 (le tourisme durable y étant successivement décliné en « utopie et nécessité », « objectif à long terme » et « méthode de gouvernance ») ; MERCHADOU CH., La promotion de la protection de l'environnement et du développement durable en matière de tourisme, Rapport, SET, Paris, 08-2000, Multigr., 23p. ; Piloter le tourisme durable (dans les territoires et les entreprises), Guide de savoir-faire, Paris, les Cahiers de L'AFIT, 2001.

* 238 On peut citer le programme Man and Biosphère ainsi que le Plan Bleu destiné à la protection et la conservation des espaces naturels.

* 239 LOZATO-GIOTART J.-P. et BALFET M., Management du tourisme : les acteurs, les produits, les marchés et les stratégies, Pearson, 2004, p. 343.

* 240 PERRET J., « La diversité des processus de tourisme durable », in DESVIGNES C., « Tourisme durable », Cahiers Espaces, n° 67, Novembre 2000, pp. 209-215.

* 241 BERGERY L., Qualité globale et tourisme, Economica, 2002, p. 127.

* 242 LAZATO-GIOTART J.-P. et BALFET M., op. cit., p. 345.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld