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Apport du secteur informel à la vie de la Commune dans le contexte de la décentralisation: le cas de la commune de richard Toll

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par Demba Diop
Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) - Maîtrise 2005
  

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Analyse

et

Interprétation

des

Résultats

Chapitre I : Secteur Informel dans la Commune.

Présentation du secteur informel de la Commune de Richard-Toll

A - La diversité

L'enquête, comme en témoigne les tableaux et diagrammes qui suivent, ressort le caractère hétérogène du secteur informel. La diversité se manifeste à tout point de vue.

Tableau 01 : La composition du secteur informel du point de vue genre.

SEXE

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Féminin

01

16

00

17

11,9

Masculin

61

55

09

125

88,1

TOTAL

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Le premier constat est que le monde informel est un secteur à prédominance masculine à hauteur de 88,1%. La présence féminine est plus manifeste dans le domaine commercial où les femmes s'activent le plus dans les activités de la restauration, de la gestion de tables de petit-déjeuner, de sandwiches, dans la vente de légumes et de condiments et de produits maraîchers ...Dans le domaine de l'artisanat, elles font de la coiffure entre autres métiers. Le milieu du transport est totalement déserté par la gente féminine. En sus de cela, la remarque qui s'impose est que les hommes s'activent, aujourd'hui, dans des domaines jusque-là réservés aux femmes en l'occurrence la coiffure, la gestion de tables de petit-déjeuner, la vente de légumes et de condiments...

Parlant de la situation matrimoniale, le diagramme 01 livre des informations précises.

Source : Données de l'enquête, 2005

La prédominance des mariés est très manifeste. Ces derniers constituent même une écrasante majorité avec un taux de 75,3%. Cela s'expliquerait par le fait que le mariage dépend entre autres causes de l'obtention d'un travail rémunéré de nos jours. Le mariage est souvent assimilé à la prise de responsabilité de l'individu dans la société.

Par ailleurs, du point de vue de l'âge, on constate que jeunes, adultes et vieux se côtoient dans le secteur. Les enfants de moins de 15 ans sont faiblement représentés du fait de la scolarisation qui tend, avec la nouvelle politique du gouvernement, vers la scolarisation universelle.

Tableau 02 : Répartition des sujets enquêtés selon le critère âge.

Age (en années)

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Pourcentage

Cum.Croix

Artisanat

Commerce

Transport

[00-15 ans [

00

01

00

01

00,7

100

[15-20ans [

03

01

02

06

04,2

99,3

[21-25ans [

08

07

01

16

11,3

88,0

[26-30ans [

11

14

03

28

19,8

68,2

[31-35ans [

12

16

01

29

20,4

47,8

[36-40ans [

07

12

02

21

14,8

33,0

[41ans-+8 [

21

20

00

41

28,8

04,2

TOTAL

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

Au regard du tableau en haut, on peut voir que les adultes sont très bien représentés. En d'autres termes, 47,8% des acteurs ont plus de 30ans. Cela montre qu'on est en présence d'un monde où l'on forge une carrière.

On observe presque toutes formes d'activités à Richard-Toll tant du point de vue de la taille, de la variété, de la dynamique que du marché. Dans le domaine de l'artisanat, les activités les plus manifestes sont la couture polarisant 09,8% de la population globale, la mécanique avec 07,0% des enquêtés, la vulcanisation (03,5%), la cordonnerie (03,5%) et la menuiserie ébénisterie (03,5%). Le tableau 03 nous montre clairement ces tendances.

Aussi, on remarque la présence de la bijouterie, de la rizerie, de la coiffure, de la collecte de peaux et de cuirs, de l'électricité automobile, de la réparation des appareils électroniques et électroménagers, de la soudure ou menuiserie métallique, de la forge, de l'horlogerie et de la fabrication de machines agricoles.

Le commerce est dominé par les boutiques de quartier à hauteur de 05,6% de la population informelle globale de Richard-Toll. La vente d'articles vestimentaires (04,9%), de produits maraîchers (04,9%), de pièces détachées (04,2%) et la gérance de table de petit déjeuner (03,5%) et de tables de produits frauduleux (03,5%) sont des activités des plus en vue à Richard-Toll.

Tableau 03 : Répartition des sujets enquêtés selon l'activité pratiquée.

Secteur

Activités en pratique

Effectifs

Pourcentage

A

R

T

I

S

A

N

A

T

Bijouterie

03

02,2

Coiffure (Salon)

02

01,4

Collecte de peaux et de cuirs (tannerie)

01

00,7

Cordonnerie (Réparation chaussures et Cirage)

05

03,5

Couture

14

09,8

Electricité automobile

01

00,7

Electronique (radio-TV-VCD-DVD-VHS)

04

02,8

Fabrique et Montage de Moissonneuses-batteuses

01

00,7

Forge

03

02,2

Horlogerie

01

00,7

Mécanique (Moto -Auto)

10

07,0

Menuiserie Ebénisterie

05

03,5

Menuiserie Métallique (Soudure)

04

02,8

Rizerie (Moulin)

03

02,2

Vulcanisation (Michelin)

05

03,5

C

O

M

M

E

R

C

E

Boutique de quartier

08

05,6

Céréales (Niébé- Mil-....)

02

01,4

Chapelets et Livres coraniques

01

00,7

Charcuterie (viande- dibiterie)

04

02,8

Chaussures

03

02,2

Denrées alimentaires (Condiments et légumes)

04

02,8

Effets de toilette et Cosmétiques (Parfum.)

02

01,4

Electronique et habillement

02

01,4

Friperie

03

02,2

Habillement (Prêt-à-porter)

07

04,9

Marchand ambulant (Accessoires de portables)

01

00,7

Mercerie (Tissus et garnitures)

02

01,4

Produits phytosanitaires

01

00,7

Restaurant

04

02,8

Table de petit-déjeuner (Tangana)

05

03,5

Table Fraude

05

03,5

Ustensiles de cuisine et effets de toilette

01

00,7

Vente de pièces détachées

06

04,2

Vente de produits maraîchers

07

04,9

Vente de thé préparé

01

00,7

Vente de tissus

02

01,4

T

R

A

N

S

P

O

R

T

Apprenti taxi -laveur

01

00,7

Chauffeur de taxi (Taximan)

05

03,2

Cocher (Calèche)

01

00,7

Conducteur de pousse-pousse

01

00,7

Piroguier

01

00,7

TOTAL

142

100 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Le transport est marqué par la présence des taxis à hauteur de 03,2%. Suivant la diversité des besoins en matière de transport dans cette ville, bien des formes de locomotion s'y côtoient en l'occurrence la calèche, la pirogue pour regagner la rive mauritanienne, le pousse-pousse pour les marchandises.

Par rapport au parcours scolaire, 04,2% des acteurs n'ont reçu aucune forme d'instruction. L'école française n'a été fréquentée que par 45,8% de la population informelle.

En sus de cela, l'école est quittée très tôt dans la mesure où 31,7% ont arrêté leurs études dès l'école primaire ; 09,2% ont été collégiens ; 04,2% ont accédé au lycée. Seul un enquêté de la population globale a eu un niveau universitaire. Par ailleurs, l'important taux d'instruction viendrait de la formation en arabe seulement qui a été reçue par 50% des acteurs, comme en atteste le tableau suivant.

Tableau 04 : Proportions selon le niveau d'instruction.

Niveau d'instruction

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcen-tage

Pourcentage Cumul.Cr.

Artisanat

Commerce

Transport

Primaire

26

15

04

45

31,7

31,7

Collège

04

08

01

13

09,2

40,9

Lycée

03

03

00

06

04,2

45,1

Université

00

01

00

01

00,7

45,8

Alphabétisation

00

00

00

00

00,0

45,8

Arabe seulement

28

39

04

71

50,0

95,8

Néant

01

05

00

06

04,2

100

TOTAL

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

L'importance de l'instruction en arabe puise sa raison suffisante dans le fait que le Sénégal ayant reçu une colonisation religieuse est à 92% composé de musulmans. A cela s'ajoute la forte religiosité des terroirs du Walo, proche du Fouta, zone par où l'Islam est introduit au Sénégal. A notre grande surprise, l'alphabétisation n'a pas eu de prise sur les gens de l'informel. Néanmoins, l'instruction n'est pas l'apanage de l'école française ; le constat est là : 95,8% des acteurs auraient reçu le b.a.-ba d'une forme d'instruction ou d'une autre. Ils auraient été initiés à la lecture, à l'écriture et au calcul. Ce qui fait d'eux des individus assez réceptifs à n'importe quelle forme d'apprentissage, d'imitation et de bricolage souvent réussi avec brio. Rappelons que le niveau d'instruction est nul chez des artisans comme les coiffeurs et des commerçants spécialisés de produits maraîchers, de boutique de quartier, de légumes, de tables de produits frauduleux et de petit-déjeuner. Par contre, les lycéens et universitaires se spécialisent dans le secteur artisanal au niveau de la réparation électronique, de la fabrication de machines de moissonneuses-batteuses et de la menuiserie ébénisterie d'un côté et de l'autre dans le secteur commercial plus particulièrement au niveau de la vente de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et maraîchers.

Tableau 05 : Origines des acteurs.

Ville d'origine

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Richard-Toll

25

16

08

49

34,5

Autre ville

37

55

01

93

65,5

TOTAL

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Il apparaît clairement que seuls 34,5% de la population sont de la Commune de Richard-Toll. C'est donc dire que cette ville accueille une importante masse humaine provenant de tous azimuts. Des étrangers du Sénégal sont aussi présents à Richard-Toll qui, en réalité, est un pôle d'attraction aussi bien pour toute la région de Saint-Louis que pour toutes les autres contrées du territoire national. La Compagnie Sucrière Sénégalaise, le géant sucrier, donne à cette contrée toute son allure et toute sa grande envergure de ville industrielle et, de surcroît, de carrefour frontalier avec la République Islamique de Mauritanie. Dans une conjoncture de crise de l'emploi mais aussi de perte d'allure, de désertion de certains secteurs économiques, le pain et la fortune du citoyen lambda dépendraient pour une grande part de l'aventure. L'exode rural pointe Richard-Toll comme un important centre d'accueil. C'est ce qui vaut à cette ville son caractère de « ville d'étrangers ». Il est, d'ailleurs, dans les usages langagiers walo-walo de dire que « nul n'habite à Richard-Toll, c'est une ville d'étrangers née avec l'implantation de l'usine ».

A travers l'enquête, nous avons constaté que les citoyens venus faire fortune ont des origines aussi variées que Mbirkilane, Oussouye, Dahra Djolof, Ndioum, Rufisque, Figo, Saint-Louis, Podor, Touba, Mbacké, Kalom, Thiès, Ngaye, Tivaouane, Médina Ndiaybé, Louga, Ndimb, Kounel, Matam, Dagana, Carrefour Diaroumbé, Saré Lam, Bakel, Kaolack, Kolda, Pikine, Nioro du Rip, Kaffrine, Khombole, Guêdiawaye, Diourbel, Ziguinchor, Keur Momar Sarr, Linguère, Rosso Béthio et Thillé Boubacar. Les étrangers viennent de Lagos du Nigeria et de Tougué de la Guinée Conakry.

Par ailleurs, le diagramme 02 montre les types de formation professionnelle reçue. En effet, seuls 01,5% des enquêtés, essentiellement des artisans spécialisés dans la couture et la réparation électronique, sont sortis de centres de formation. 24,6% n'ont reçu aucune forme d'apprentissage. Des métiers tels que la rizerie, la collecte de peaux et de cuirs et le commerce ne demandent souvent aucune formation. L'apprentissage dans le tas ravira, cependant, la palme car représentant 73,9% de la population tel que le montre le diagramme 02.

Source : Données de l'enquête, 2005

Ceci démontre, quelque part, que l'informel est un secteur de la débrouille dont le professionnalisme des acteurs est souvent remis en cause du fait de l'absence de formation dans les centres agréés. Par ailleurs, l'apprentissage dans le tas n'est pas à mésestimer. Les forgerons, les cordonniers héritent de leurs métiers qu'ils maîtrisent après une longue fréquentation de l'atelier du père ou de l'oncle. Souvent, des étrangers débarquent à Richard-Toll et accompagnent en aides leurs frères dans le métier qu'ils exercent. C'est à l'issue de la compréhension du mécanisme qu'on est isolé par le frère de qui ont devient désormais indépendant. C'est un système souvent retrouvé dans le secteur artisanal et celui commercial. L'apprentissage demande une longue durée pour des métiers aussi divers que la mécanique, la menuiserie métallique, la couture. La maîtrise du travail provient souvent de la longue expérience cumulée surtout dans une société à tradition orale en survivance. Il est à noter que le Centre Départemental de Formation Professionnelle a été réalisé depuis quelques années par la Chambre des Métiers avec le concours de l'Etat mais il livre ses produits surtout au secteur moderne, notamment à la CSS.

B -La localisation

Auscultant la question de la localisation des unités informelles, on constate que la route nationale est l'axe sur lequel se fait la majorité des opérations économiques. Cela est confirmé par le tableau 06 afférent à la localisation des unités de production.

Tableau 06: Répartition des enquêtés selon la localisation.

Localisation

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Ambulant

00

02

05

07

04,9

Garage

00

01

03

04

02,8

Maison

07

00

00

07

04,9

Marché

18

35

00

53

37,4

Rue

02

02

00

04

02,8

Route Nationale

35

28

00

63

44,4

Autre part

00

03

01

04

02,8

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

44,4% des acteurs se sont installés aux abords de la Nationale 02 qui passe au coeur de la Commune. Du fait que Richard-Toll soit une ville par où transitent des voyageurs, les unités commerçantes et artisanales perdraient beaucoup en s'enclavant ou en s'éloignant de la route. D'ailleurs, les marchés Sandaga, Richard-Toll et Khouma polarisant 37,4% des acteurs sont bordés par la Nationale 02. Le travail ambulant n'est pas très important. Il n'occupe que 04,9% du secteur informel et est l'apanage de quelques marchands ambulants et des chauffeurs de taxis.

Ambulants : Sillonnant journellement la Commune dans ses moindres coins et recoins, certains chauffeurs de taxis, de pousse-pousse ou de véhicules hippomobiles optent pour le déplacement continu. Les vendeurs de thé préparé sont des marchands ambulants au même titre que certains vendeurs d'accessoires de portables qui font du porte-à-porte.

Garage : En dehors de la gare routière centrale en face de l'Hôtel de ville, on trouve à Richard-Toll des garages secondaires tel le Garage de Mbane et l'Arrêt Demba Diallo pour taxis. Au niveau de ces locaux stationnent des chauffeurs de taxis et des cochers mais aussi des laveurs, « coxeurs » et autres agents du transport en attendant les transactions à l'approche d'éventuels clients. Pour assurer la restauration des innombrables agents du transport et des passagers, des gérants de restaurant sont basés au coeur des garages.

Fleuve : Le Fleuve Sénégal est navigable depuis l'Océan Atlantique jusqu'à Podor sur une distance approximative de 175 km tout au long de l'année. Séparant Richard-Toll du territoire mauritanien, le fleuve est quotidiennement sillonné d'une rive à l'autre par les piroguiers faisant la navette pour déposer biens et personnes de part et d'autre.

Rue : Des boutiques de quartier font légion dans les rues, de même que des « shops » d'habillement et d'appareils électroniques pour l'approvisionnement de proximité.

Route nationale : De préférence, des vendeurs de pièces détachées, de fripe, de produits maraîchers, de viande, de chaussures, d'articles vestimentaires, de produits phytosanitaires et de céréales et des gérants de boutique de quartier, de tables de produits frauduleux, de restaurant, de tables de petit-déjeuner, de quincaillerie...se fixent juste aux abords de la route nationale où ils trouvent leurs clientèles.

Marchés : Les marchés sont un peu dispersés aux différents coins de la ville. Parmi les plus importants, on peut retenir le marché central de Richard-Toll, le marché de Sandaga et le marché de Khouma. Au niveau de ceux-ci opèrent des acteurs tels les vendeurs de fripe, de tissus, de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, d'effets de toilettes et de produits cosmétiques, de légumes et de condiments, d'appareils électroniques, de chaussures, d'ustensiles de cuisine, de chapelets et de livres coraniques mais aussi des gérants de boutiques, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner et de merceries. Les artisans y sont aussi très présents à l'exemple des cordonniers, des tailleurs, des forgerons, pour ne citer que ceux là.

Autre localisation: Le portail de la CSS, plus connu sous l'appellation wolof de « buntu isin », est le milieu de préférence des gérants de tables de petit-déjeuner pour servir les nombreux ouvriers de l'entreprise qui commandent sandwiches, café au lait, beignets...Des boutiques sont aussi localisées à quelques encablures.

C -Les difficultés

En dehors des 23,9% de la population qui se disent peinards et veinards car à l'abri de toute forme de difficultés possibles dans le cadre du travail, les acteurs du secteur informel sont confrontés à bien des problèmes d'envergures différentes. Les écueils les plus récurrents  sont répertoriés au tableau 07.

La mévente qui s'exprime autrement par le manque de clients occasionnant des pertes ou par des frais énormes de transport ou de congélation pour certains produits périssables. Voilà le problème majeur des commerçants (11,4%). Elle s'observe au niveau des activités telles la vente de chaussures, de viande, d'articles vestimentaires, d'appareils électroniques, de fripe, de boutique de quartier, de tissus, de chapelets et livres coraniques et la gérance de restaurant, de tables de produits frauduleux, de tables de petit-déjeuner, de mercerie. Le problème de l'écoulement des produits se pose durant des périodes bien données du mois ou de l'année.

Une clientèle difficile à gérer et à satisfaire. Des commerçants et des artisans, soit 10,5% de la population, parlent des caprices de la clientèle. Souvent des clients de tout tempérament se présentent et les négociations tournent souvent au vinaigre. « Nous faisons de notre mieux pour tempérer les ardeurs de certains à travers un petit sourire ou une taquinerie. Quelquefois ça passe, quelquefois ça ne passe pas. C'est une réalité du métier et nous faisons avec », nous dit un vendeur d'habits. Les couturiers, les mécaniciens, les vulcanisateurs, les cordonniers, les collecteurs de peaux et de cuirs et les horlogers se disent vulnérables.

Tableau 07: Les difficultés rencontrées dans l'exercice de la fonction informelle.

Problèmes rencontrés

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aucun problème

13

21

00

34

23,9

Bénéfices dérisoires, inexistants

00

02

00

02

01,4

Cherté des factures

03

00

00

03

02,1

Cherté du gasoil

00

00

02

02

01,4

Cherté des pièces

03

00

00

03

02,1

Cherté des produits

00

02

00

02

01,4

Cherté des taxes

00

02

01

03

02,1

Clientèle difficile à gérer

10

05

00

15

10,5

Concurrence

03

00

00

03

02,1

Dettes non payées

04

05

00

09

06,3

Fluctuation des prix

00

02

00

02

01,4

Hommes de lois pas coopérants

00

00

01

01

00,7

Incendies ou autres risques

00

01

00

01

00,7

Lourdeur du travail

00

01

03

04

02,8

Marchandage de longue haleine

00

01

00

01

00,7

Manque de financement

03

06

00

09

06,3

Manque de moyens

08

00

00

08

05,6

Mévente (perte, frais, client)

00

16

00

16

11,24

Paperasserie complexe

00

00

01

01

00,7

Périodes de crise (aléas)

11

00

00

11

07,7

Persécution par la loi

00

06

01

07

04,9

Problèmes d'emplacement

02

01

00

03

02,1

Revenu faible

02

00

00

02

01,4

Source : Données de l'enquête, 2005

Des périodes aléatoires allant de celle de vaches grasses à celle de vaches maigres. Des périodes fréquentes de crises font que les lois du marché sont difficilement maîtrisables ou maîtrisées. Ce sont 07,7% de la population qui l'ont soulignés, tous des artisans. C'est, en particulier, le grand problème des couturiers, des vulcanisateurs, des menuisiers ébénistes, des cordonniers et gérants de rizerie.

Le manque de financement : Certaines activités sont condamnées à rester petites ou moyennes en termes d'envergure par manque de financement. La faiblesse du capital est un écueil sérieux pour l'extension de l'activité. Ce sont 06,3%, en réalité, couturiers, mécaniciens et forgerons mais aussi commerçants de céréales, de produits phytosanitaires, de pièces détachées, de fripe et de légumes et de condiments qui le subissent de plein fouet. Il est à noter que les acteurs du secteur informel s'autofinancent et dépendent faiblement des structures financières de l'envergure des banques trop exigeantes en terme de papiers et de formalités.

Des dettes impayées : 06,3% d'acteurs artisans et commerçants soulignent ce problème. Par commodité et par compréhension des populations, ces acteurs font des crédits qui ne sont pas toujours honorés dans les délais. Les couturiers, soudeurs métalliques, réparateurs d'appareils électroniques et gérants de rizerie sont écoeurés par les crédits non recouvrés ; les clients entravent souvent la bonne marche de leurs activités. Le crédit découle de la relation de confiance et des rapports sociaux qui s'établissent entre vendeurs et acheteurs. Le remboursement souvent tardif peut détériorer la confiance.

Le manque de moyens : C'est un problème du milieu artisan (05,6%). Les moyens matériels, financiers ou de tout autre ordre manquent souvent aux artisans notamment aux couturiers, mécaniciens, vulcanisateurs, ébénistes et forgerons qui ne peuvent pas faire de gros investissements pour agrandir leurs activités.

La persécution par la loi : Commerçants et transporteurs (04,9%) sont souvent aux prises et jouent à cache-cache avec les brigades qui les « persécutent » souvent du fait de leurs infractions respectives. Les premiers sont souvent persécutés par la brigade des douanes dans le cadre de la bataille hardie et ardue livrée à la fraude. Aux rafles récurrentes du Service des Douanes s'ajoutent les descentes périodiques des agents du Service d'hygiène qui veillent à l'hygiène alimentaire des populations. Le Service du Contrôle Economique vérifie si le système de pesage des balances des commerçants n'est pas usuraire. Les seconds n'ont pas toujours leurs pièces au complet et font des entorses au Code de la route, cause principale des accidents de la circulation.

La lourdeur du travail: Commerçants et transporteurs (02,8%) constatent la lourdeur de leurs métiers qui demandent de l'endurance et souvent de la force musculaire, de l'huile de coude. Souvent, ils font des veillées en travaillant jusque tard dans la soirée s'ils ne sont pas à longueur de semaine au quatre coins du pays ou dans des voitures cumulant insomnie, fatigue et même maladie quelquefois. Si les chauffeurs déplorent la fréquence des insomnies, les conducteurs de pousse-pousse, de leur côté, se plaignent de la pesanteur des marchandises qui exige des aptitudes physiques réelles.

Cherté des factures : Dans l'artisanat, beaucoup d'activités se font à base d'électricité et souvent d'eau. Ce qui pose toujours la problématique des factures difficiles à payer car élevées. 02,1%, tous des artisans, souffrent des factures chères. Un gérant de rizerie nous a confié ceci : « il est très difficile pour nous de travailler dans ces conditions. Nous n'avons pas de compteurs électriques, la SENELEC les a enlevé depuis longtemps. Désormais, chaque mois, on nous administre des factures par voie orale : `Tu dois payer tant !' Sans chercher à comprendre, nous payons mais pas de gaieté de coeur ».

Cherté des pièces : Ceci est un problème propre aux artisans (02,1%), plus particulièrement aux mécaniciens, aux bijoutiers ou autres réparateurs électroniques. Les pièces de rechange sont souvent rares et cette rareté définit, par voie de conséquence, leurs prix. Il est des engins, des appareils dont les pièces de la marque ou du label sont introuvables sur place et qu'il va donc falloir chercher à la capitale ou dans les autres grandes villes.

Cherté des taxes : Parmi les trois secteurs, le commerce et le transport sont les deux qui échappent difficilement à la fiscalité ou à l'imposition, surtout du fait de la création par les autorités locales d'espaces d'exercice tels des marchés et gares routières qui permettent de fixer commerçants et transporteurs afin de pouvoir mieux les imposer. Le droit de place est réservé aux premiers et le droit de stationnement pour les derniers. C'est ce qui explique que 02,1% de la population informelle se désolent de la cherté de ces taxes. Les vendeurs de viande, par exemple, déplore cette situation car l'abattage de chaque tête de bétail (vache, chèvre, mouton...) leur coûte une somme de 800FCFA. Les 300FCFA reviennent au vétérinaire et le reste constitue le droit d'abattage versé à la Municipalité.

La concurrence : Ce sont plus précisément des artisans (02,1%) qui ne veulent pas accepter avec résignation la concurrence des produits importés qui tuent, en réalité, à petit feu leurs métiers. Les vendeurs de fripe et les bijoutiers se plaignent des produits importés quand les mécaniciens déplorent la saturation du marché du fait des ateliers qui sont un peu partout dans la ville. La question de la compétitivité se pose au niveau de certaines activités qui supportent difficilement la concurrence dans un marché jugé saturé. Ceci évoque la question de la faiblesse du revenu à cause de la faible part de marché qui revient à certains acteurs.

Problème d'emplacement : La fixité du lieu de travail doit impliquer une certaine accessibilité vis-à-vis des clients. 02,1% d'artisans et de commerçants se plaignent de leur emplacement soit du fait de l'inconfort soit de l'enclavement vis-à-vis du marché ou de la route nationale. Un couturier nous dit : « Nous souffrons de l'éloignement du marché où nous devons trouver nos fournitures ». Pour un électricien automobile, « la sous-location est très chère pour nous ». Pour les vendeurs de produits maraîchers, les cantines manquent et ils sont obligés de vendre en étalant leurs articles par terre et sous les ardents rayons solaires.

Cherté du gasoil : 01,4% de la population, tous des transporteurs, soulignent que le carburant est très cher. Du fait que le gasoil soit l'un des produits sans lesquels il n'y a pas de transport, il ne peut y avoir d'autres recours. Dépendant largement de l'extérieur pour ses problèmes d'énergie car ne disposant pas de pétrole, le Sénégal a cette particularité de subir de plein fouet les moindres remous de la conjoncture internationale. La cherté du baril de pétrole est sentie aussi bien par les transporteurs qui en dépendent maladivement que par les populations qui paient les frais de l'augmentation des tarifs de transport. Les prix du gasoil ne cessent de flamber.

Cherté des produits : Des commerçants (01,4%) trouvent trop chers certains produits qu'ils achètent et qu'ils sont obligés de revendre très chers ou à perte. C'est du moins une doléance des gérants de tables de petit-déjeuner et des restauratrices qui achètent à un prix cher les légumes, la viande... qui entrent dans la préparation des sandwiches et autres plats.

Fluctuation des prix : C'est 01,4% de commerçants qui se disent étonnés. Les prix n'étant pas stables, il est impératif de ne pas vendre des produits difficiles à écouler. En une semaine, les prix peuvent augmenter ou baisser pour un même produit de façon spectaculaire. Ce qui occasionne soit une mévente si le produit est très cher soit une perte du capital investi en vendant au rabais. C'est la difficulté des vendeurs de produits de maraîchage et d'ustensiles de cuisine.

Revenus faibles : Certains acteurs, 01,4% d'artisans, souffrent de la faiblesse de leurs revenus. Pour un mécanicien de moto, « ça ne marche pas, on travaille sans revenus conséquents ». Ceci implique le maintien de l'activité au stade d'activité de subsistance car un revenu faible signifierait, quelque part, l'absence d'un surplus à réinvestir pour agrandir l'activité. Dans le commerce, le bénéfice est souvent faible ou inexistant chez certains vendeurs de produits maraîchers et gérants de tables de petit-déjeuner.

Hommes de lois pas coopérants : 00,7% de transporteurs se plaignent du manque de coopération et de compréhension de certains hommes de lois. La relation chauffeurs-gendarmes est souvent une relation de corruption ou de jeu à cache-cache. Quand les papiers ne sont pas complets, on soudoie le gendarme ou on détourne le chemin à défaut de pouvoir négocier. Souvent, quand les pièces sont complètes, certains agents trouvent d'autres moyens pour soutirer de l'argent aux chauffeurs.

Incendies et autres risques : les commerçants (00,7%) se souviennent encore des incendies qui les ruinent toujours. Un vendeur de denrées alimentaires et de produits cosmétiques nous rappelle que « le marché central de Richard-Toll a connu un incendie, il y a deux ans de cela ». Les pertes et frais ont été lourds.

Marchandage de longue haleine : 00,7% de commerçants se disent fatigués des très longues négociations des clients avant de faire leurs achats. Au fait, le marchandage est inhérent aux activités du secteur informel. Les tarifs ne sont pas fixes et doivent s'appliquer aux bourses des différents clients. Le marché de l'informel repose sur le marchandage, un rite qui remplace le système du monoprix régi par une certaine fixité tarifaire. C'est aussi un prétexte de repérage et d'évaluation du client, d'entrer en communication mais aussi d'établir une relation d'amitié, de fidélité ou tout autre rapport social.

Paperasserie complexe : Un taux de 00,7% de transporteurs souligne la complexité de la formalité. Il y a trop de papiers à payer et beaucoup de taxes auxquelles il faudrait s'acquitter pour être formelle. La formalité est, en un mot, très chère.

I. Fonction Sociale

A -Emplois

Richard-Toll est une partie du Sénégal où tout et tout le monde bougent. Au-delà de l'emploi à la CSS ou dans les autres PME, en dehors de l'agriculture, ce sont les trois domaines informels qui s'offrent à qui veut tirer son épingle du jeu. L'économie locale de Richard-Toll 1999, publié en Juillet 2000, fait état de 7 113 unités informelles qui participent à l'animation économique de la ville. Toujours dans ce rapport, 3 541 de ces unités économiques informelles sont commerciales, 3119 artisanales. Les unités de transports sont évaluées au nombre de 453.

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000

(Modifié dans le cadre de l'enquête)

Donc, au regard de ce diagramme à secteur, il est clair de constater que le commerce se taille la part du lion car il occupe 50% d'actifs devant l'artisanat employant 44%. Le transport, par ailleurs, est le domaine de 06% des acteurs. La prédominance du commerce s'expliquerait par le caractère de « ville-transit » mais aussi de « ville-marché » où écoulent leurs produits mais aussi s'approvisionnent les populations des villes et villages environnants (Dagana, Rosso-Sénégal, Rosso Béthio, Communautés rurales de Mbane, de Gaé etc.).

Tableau 08: Niveau de fréquentation du secteur formel.

Fréquentation du formel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Oui

19

12

05

36

25,3

Non

43

59

04

106

74,7

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

S'agissant de la relation avec le milieu formel, les 74,7% de la population n'ont jamais travaillé dans une entreprise formelle ou pour le compte de l'Etat. Ceci montre que l'informel est un monde à part qui a ses réalités et ses caractéristiques propres. Il est un monde qui accueille ceux qui n'ont pas accès ou ne veulent pas du secteur formel. C'est aussi le monde des naufragés de l'école mais aussi des `sans qualification professionnelle', du moins des gens qui n'ont pas de diplôme agréé par les institutions étatiques.

Néanmoins, 25,3% de la population informelle ont, au moins une fois, fréquenté ou fréquentent encore le milieu formel. On peut retrouver les limogés de la CSS ou les saisonniers qui connaissent souvent des moments de disponibilité vis-à-vis de l'usine. Le contact avec le secteur formel des acteurs de Richard-Toll s'est souvent opéré au niveau de la CSS où ceux-ci sont employés en tant que campagnards ou saisonniers de deux trimestres dans l'an, en qualité de pompistes, de conducteurs, de dockers, de coupeurs ou de planteurs de cannes, d'agents chargés des herbicides, de chefs d'équipe ou surveillants ou même en qualité de secrétaires de direction. Par ailleurs, d'autres ont fait leurs preuves dans d'autres entreprises -comme employés, manoeuvres, gardiens, gestionnaires de magasin...- par exemple, au Grand Domaine du Sénégal (GDS), à la Rizerie de Richard-Toll, aux ICS de Taïba, dans des entreprises en Mauritanie, à la SAED, au Port Autonome de Dakar...

Interrogés sur leurs expériences antérieures, plus de la moitié des acteurs (54,2%) n'ont jamais travaillé avant l'exercice du métier actuel, comme le confirme le tableau 09.

Tableau 09 Répartition des enquêtés selon le secteur fréquenté avant le travail actuel.

Travail préalable

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

17

11

06

34

23,9

Commerce

00

10

01

11

07,8

Transport

02

02

00

04

02,8

Autre secteur

00

16

00

16

11,3

Aucun

43

32

02

77

54,2

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Par ailleurs, des artisans et des commerçants (02,8%) ont fréquenté le transport. L'artisanat est le secteur au niveau duquel beaucoup d'acteurs ont déjà fait leurs preuves (23,9%) ; la majorité des transporteurs sont déjà passé par le milieu artisanal. Aucun artisan n'est passé par le commerce qui pourtant a accueilli près de 07,8% de la population globale. Ceci s'expliquerait par le fait que le métier d'artisan demande une assez longue formation et que la carrière est un souci de l'acteur artisan. Par ailleurs, 11,3% des acteurs, tous des commerçants, sont passés par un secteur autre que le commerce, l'artisanat et le transport.

En somme, beaucoup d'agents de transport sont déjà passés par la maçonnerie, la mécanique, l'agriculture, l'élevage ou par la CSS. Quant aux artisans, certains sont issus de la mécanique, de la menuiserie ébénisterie, de la couture ou même de la CSS en qualité de monteur mécanique, de soudeur, de coupeur, de docker, de compteur d'engins, de conducteur, d'agents des plantations (Herbicides) ou encore en qualité de journalier des ICS de Taïba... Les commerçants ont des origines plus complexes. Si des vendeurs d'ustensiles de cuisine et de produits maraîchers ont été transporteurs, leurs collègues vendeurs d'articles vestimentaires, de chaussures, de légumes, de pièces détachées et gérants de tables d'articles frauduleux, de mercerie, de boutique de quartier... ont déjà fréquenté le travail de manoeuvre, de couture, de mécanique, de maçonnerie, de coiffure, de menuiserie métallique ou de bonne à tout faire. D'autres ont déjà été commerçants mais dans d'autres domaines, nous remarquerons l'exemple du vendeur de pièces détachées auparavant boutiquier, du vendeur de viande qui a déjà fait le commerce de carburant et de bétail, du vendeur d'articles vestimentaires qui a été ambulant et vendeur de bétail, du vendeur de légumes et de condiments d'abord gérant d'épicerie, du boutiquier qui a fait de la restauration et de la restauratrice qui a vendu avant tout des jus et des encens... Les autres viennent d'autres domaines comme l'agriculture, l'élevage, la gérance de télécentre, le secrétariat dactylographe, le secourisme à la Croix Rouge, les entreprises (CSS, SAED...) en qualité de gardiens, de magasiniers, de surveillants, d'employés...

Source : Données de l'enquête, 2005

L'histogramme à forme conique nous dessine clairement la proportion prééminente des 58,2% de la population qui n'a jamais connu les affres du chômage. C'est le cas de certains jeunes qui, après avoir quitté l'école ou la `dahra', se sont très tôt engagés dans un métier où ils ont forgé leurs aptitudes. Par contre, ceux qui ont au moins une fois chômé occupent une part de 41,5% de la population informelle. C'est le cas des refoulés du système scolaire qui ont marqué une pause avant de s'engager mais aussi des déflatés des entreprises telles la CSS, la SAED. Les réfugiés de la Mauritanie de 1989 sont dans cette catégorie.

Une analyse plus minutieuse nous montre que six (06) sur neuf (09) agents du transport (chauffeurs de taxis, conducteurs de pousse-pousse et de véhicules hippomobiles) ont connu le phénomène du chômage. C'est donc dire que souvent c'est par contrainte que certains ont pris l'ultime option, le pis-aller qui s'offre à eux. Dans l'artisanat, la période de chômage a souvent coïncidé avec la sortie de l'école, une situation de crise- par exemple les affrontements sénégalo-mauritaniens de 1989-, le licenciement ou limogeage du secteur formel. Ces derniers cas de figure ont conduit vulcanisateurs, collecteurs de peaux et de cuirs, gérants de rizerie, mécaniciens, couturiers, électriciens automobiles, soudeurs métalliques, horlogers, coiffeurs et réparateurs électroniques à choisir le travail informel.

Source : Données de l'enquête, 2005

Au regard de cette courbe représentative de la durée du chômage, il ressort clairement que les durées les moindres sont comprises entre 02 et 03ans de chômage. Les 08,4% de la population ne connaissent pas la durée exacte de leur intervalle de chômage. 23,8% ont chômé pendant des mois seulement. 23,8% ont aussi vécu une année entière dans le chômage. La tendance de la courbe est à la baisse à partir d'une année et les proportions régressent à 11,8% à la deuxième année de chômage et à 08,4% à la troisième année. Puis, elle remonte à 23,8% pour ceux qui ont passé plus de trois ans sans travailler. La courbe montre, par ailleurs, que si c'est après la période de chômage que l'on entre dans la réalité du monde informel, c'est soit quelques mois ou une année après les études soit à la cessation du premier travail que l'on décide de s'engager à nouveau. Pour d'autres, c'est après trois ans de chômage qu'ils décident, enfin, d'emprunter les rails du travail informel. Le secteur informel n'est pas un monde où l'on passe un concours pour l'obtention d'un poste, il n'est interdit à personne dans une ville comme Richard-Toll... Dans le domaine du transport, le chômage est souvent temporaire ou cyclique pour certains acteurs qui pratiquaient l'agriculture, par exemple, entre autres activités périodiques. Ce qui leur vaut un chômage répété mais n'atteignant pas souvent une année. Par ailleurs, d'aucuns sont restés plus de trois, quatre ou cinq bonnes années sans travailler.

Dans l'artisanat, les collecteurs de peaux et de cuirs, vulcanisateurs et gérants de rizerie ne sont pas restés une année entière sans travailler. Un gérant de rizerie nous a lancé ceci : « Je suis père de famille et j'ai une fois connu six mois de chômage. Je peux vous dire que ça m'a paru cinq ans d'enfer. J'ai tout fait sans grand succès. C'est mon frère qui gère à côté un atelier de menuiserie métallique qui, ayant vu que j'ai toujours nourri une passion avérée du travail du riz, m'a financé en m'ouvrant ce moulin. Il m'a sorti de cette situation que j'ai vécu très difficilement. J'ai encore les larmes aux yeux en y pensant ou en en parlant. Tellement c'était difficile ! » A part cela, horlogers, couturiers, réparateurs électroniques et coiffeurs ont connu une année de chômage, là où soudeurs métalliques, mécaniciens et électriciens automobiles en ont vécu deux à trois.

En milieu commercial, si des vendeurs de pièces détachées, de viande, d'articles vestimentaires, de chapelets et livres coraniques et des gérants de table de petit-déjeuner, de boutique de quartier et de table de produits frauduleux ne sont pas restés dans la touche pendant une année, certains de leurs collègues ont vécu plus de trois années de chômage. Nous retiendrons les exemples des vendeurs d'articles vestimentaires ayant chômé pendant sept à huit ans, des gérantes de tables de petit-déjeuner et de produits frauduleux qui ont vécu vingt ans de chômage. Des durées de dix et de quinze ans ont été endurées respectivement par une gérante de boutique, un vendeur d'articles vestimentaires et une vendeuse de produits maraîchers. La plupart de ceux qui dépassant dix ans de chômage sont des femmes mariées qui sortent de leurs demeures pour accompagner le mari à joindre les deux bouts ou à obtenir des revenus supplémentaires.

Source : Données de l'enquête, 2005

La courbe dégage un constat qui saute aux yeux: les proportions des unités informelles diminuent quant l'effectif du personnel augmente. Elles varient ensemble en proportions inverses. Moins de la moitié des acteurs (45,1%) n'ont pas de personnel. Si 17,6% évaluent leur personnel à une seule personne, 12,7% à deux personnes, seuls 00,7% ont un effectif supérieur ou égal à onze personnes. Cela montre quelque part la différence des besoins des différentes activités en terme de personnel.

On note que souvent des chauffeurs de taxis, conducteurs de calèches, de pousse-pousse, les piroguiers et les laceurs n'ont pas très souvent besoin de personnel. Ce qui montre souvent la tendance selon laquelle 07/09 agents de transports n'emploient personne. Une infime proportion recourt à des apprentis qui encaissent les tickets de transports et s'occupent de la manutention des bagages des passagers.

Si des artisans de la trempe de certains cordonniers, forgerons, bijoutiers, vulcanisateurs, tailleurs, coiffeurs d'hommes, horlogers, mécaniciens-moto n'ont aucun personnel, il est, par contre, une nécessité chez bon nombre d'artisans qui ont souvent plus de dix éléments dans leurs ateliers. Ceux qui emploient plus de cinq personnes sont les électriciens automobiles, les soudeurs métalliques, les menuisiers ébénistes, les mécaniciens, les coiffeurs de femmes, les fabricants de machines agricoles (moissonneuses-batteuses), les collecteurs de peaux et de cuirs qui gèrent un réseau national. Dans le domaine du commerce, le personnel n'excède pas souvent six personnes et ce sont les restauratrices, les vendeurs de tissus et de produits maraîchers qui atteignent cinq à six auxiliaires. En guise de péroraison, c'est dans le domaine artisanal que l'on observe le plus d'éléments dans une même unité économique avec plus de dix individus dans les ateliers de menuiserie ébénisterie.

La nature du personnel va du statut d'apprenti à celui d'employé en passant par celui d'aide. Le patron n'est pas compté. Les unités de productions ayant un personnel occupent une proportion de 54,9% de la population informelle globale. 47,5% emploient uniquement des apprentis, là où 12,8% prennent des employés salariés. Dans certaines unités (33,3%), le personnel a la qualité d'aide ou d'associé car le système salarial n'est pas fixé. C'est un partage après inventaire ou un mandat qui est noté à ce niveau. En témoigne le tableau 10.

Tableau 10: Répartition des enquêtés selon la qualité du personnel.

Qualité du personnel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aide(s) ou associé (s)

08

18

00

26

33,3

Apprentis)

30

05

02

37

47,5

Apprenti(s) et Employé(s)

03

02

00

05

06,4

Employé(s)

03

07

00

10

12,8

Total

44

32

02

78

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Par ailleurs, dans 06,4% des unités, on observe à la fois la présence d'apprentis et d'employés. Au niveau du transport, ce sont les taxis surtout interurbains qui emploient des apprentis uniquement. Les coiffeurs de femmes, les gérants de rizerie, les forgerons, les cordonniers, les menuisiers ébénistes, les mécaniciens, les vulcanisateurs ont souvent des aides qui sont souvent des parents ou des gens avec qui on est souvent associé. C'est dans la mécanique, la collecte de peaux et de cuirs, la bijouterie, l'ébénisterie et la rizerie que l'ont rencontre surtout les cas d'embauche où des adultes mariés ou soutiens de famille perçoivent un salaire mensuel ou journalier. Dans le commerce, les gérantes de quincaillerie, de tables de petit-déjeuner et restauratrices, les vendeurs de produits maraîchers, les boutiquiers et vendeurs de viande ont souvent des employés qui travaillent à titre de journaliers ou, parfois, pour un salaire mensuel. Par contre, les aides dans la vente de tissus, de viande, d'articles vestimentaires, d'effets de toilette, de pièces détachées, de céréales, d'appareils électroniques et dans la gérance de restaurant et de boutique de quartier peuvent soit partager avec le propriétaire le fruit du travail soit avoir un mandat soit ne rien obtenir du tout. En réalité, on constate que l'un des critères fondamentaux de formalisation à savoir la rémunération salariale du travail n'est pas totalement en vigueur dans le secteur informel.

Quoiqu'on puisse dire, les acteurs désirent à 76,7% continuer ou maintenir le même travail dans les années qui viennent, comme en atteste le tableau 11. Ceci montre qu'une certaine forme de sécurité est garantie par ce milieu dans lequel, même si le gain est petit, on est toujours sûr d'avoir quelque chose. De plus, on est à l'abri du chômage.

Tableau 11: La volonté de continuer le même travail dans l'avenir.

Volonté de continuer

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Oui

50

56

03

109

76,7

Non

12

15

06

33

23,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Seulement, si d'aucuns disent « Al hamdulilah » (Dieu merci), d'autres veulent une amélioration conséquente de leurs activités à l'exemple des chauffeurs de taxis et d'un laveur qui veut continuer pour avoir son permis de conduire. Néanmoins, 23,3% ne veulent pas du tout du même travail dans le futur. C'est donc dire que le secteur informel est quelque part, pour eux, un abri où ils se cachent pour préparer l'avenir, un élan qu'ils prennent pour mieux sauter. C'est le cas : des conducteurs de calèches, de pousse-pousse et des piroguiers dans le transport ; d'une certaine frange des mécaniciens, couturiers, forgerons, soudeurs métalliques, réparateurs électroniques et cordonniers dans le domaine artisanal ; des boutiquiers, gérants de tables de produits frauduleux, des vendeurs de produits maraîchers, de viande, d'articles vestimentaires, de céréales, de chaussures, d'appareils électroniques et de pièces détachées.

B -Revenus

Tableau 12: Le niveau de rétribution du Personnel des unités informelles.

Niveau de revenu du personnel

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

[-5 000 FCFA [

01

00

00

01

01,3

[5000-10000[

10

03

01

14

17,9

[10000-20000[

03

04

00

07

08,9

[20000-30000[

04

03

00

07

08,9

[30000-40000[

02

04

00

06

07,7

[40000-50000[

02

03

00

05

06,4

[50000-60000[

01

00

00

01

01,3

[60000-+60000[

01

01

00

02

02,6

Rien

04

01

00

05

06,4

Ne sait pas

16

13

01

30

38,6

Total

44

32

02

78

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Il est à constater que seuls 06,4% des unités informelles ne paient aucunement leur personnel sous prétexte que le travail ne marche pas fort ou que les auxiliaires devaient payer leur prise en charge ou leur formation ailleurs.

Cela étant, le niveau de salaire le plus représentatif avec un taux de 17,9% est la tranche allant de 5 000 à 10 000Francs CFA. Nous constatons que c'est un salaire pour des employés à titre de bonnes à tout faire dans les restaurants mais aussi un mandat pour des apprentis dans le transport, le commerce mais surtout dans le monde artisanal. Le cumul des taux de salariés percevant une rémunération allant de 20 000 à plus de 60 000Francs CFA donne une proportion de 26,9% du total du personnel rétribué avec seulement 02,6% qui perçoivent plus de 60 000FCFA par mois. Si ce sont les employés de l'ébénisterie et les aides dans les boutiques de quartier qui perçoivent plus de 60 000FCFA par mois, des employés dans la collecte de peaux et de cuirs, les boutiques, des aides dans la menuiserie ébénisterie, la menuiserie métallique, la vente de tissus, de viande, d'effets de toilette, des apprentis dans la mécanique obtiennent mensuellement entre 30 000 et 60 000FCFA.

Par ailleurs, les opérateurs qui ne savent pas exactement ou ne peuvent pas évaluer le niveau de rétribution de leur personnel occupent la proportion de 38,6%. La rétribution dépend de la marche de l'activité qui alterne périodes de vaches grasses où les revenus s'élèvent et périodes de vaches maigres où ils peuvent même être nuls pour les auxiliaires.

Source : Données de l'enquête, 2005

Quant aux patrons, la proportion qui ignore totalement le niveau mensuel de rétribution est de 34,5%. L'importance de cette observation trouve son explication dans le travail d'ouvrier qu'exécutent ces acteurs qui ne tiennent pas de comptabilité et règlent les urgences au jour le jour. Ce qui rend imprécis même à leur niveau leur propre gain. La logique distributive des africains trouve ici une parfaite illustration. La logique accumulative n'est pas encore très encrée dans les moeurs. Pour d'autres, le gain varie suivant la période qui peut être favorable ou défavorable à leurs activités. Un ouvrier peut avoir parfois un coup de 100 000 à 200 000FCFA en une semaine ; en d'autres circonstances, il passe un mois dans le creux de la vague. Un gérant de mercerie dit ceci : « Je ne peux pas le savoir. `Boroom kër laa, damay dugal ci kër gi'. `Je suis père de famille, j'investis dans la maison' ».

La courbe bleue représentative de la proportion des acteurs suivant le niveau de salaire mensuel nous montre que, si 01,4% (couture, vente d'articles vestimentaires) perçoivent 5 000 à 15 000F CFA ; des chauffeurs de taxis, mécaniciens, fabricants de machines agricoles, collecteurs de peaux et de cuirs, forgerons, gérants de rizerie, ébénistes, soudeurs, bijoutiers (23,9%) ont plus de 100 000FCFA là où 15,5% ont 50 000 à 80 000FCA dans les taxis, la vulcanisation, la mécanique, la menuiserie, la couture, la bijouterie, la gérance de tables de petit-déjeuner, de tables d'articles frauduleux, de boutiques de quartiers, dans la vente de légumes et condiments, d'articles vestimentaires, de chaussures, de produits maraîchers, de pièces détachées, de viande, de tissus et d'accessoires de portables...

La courbe jaune cumulative décroissante nous montre que 90,1% des acteurs patrons d'unités informelles perçoivent mensuellement au minimum 30 000FCFA. En y soustrayant la tranche qui ignore le niveau de salaire (34,5%), nous pouvons avancer que 55,6% des chefs d'unités obtiennent au minimum 30 000FCA et que 46,5% ont au moins 50 000FCFA.

Cela étant, la courbe violette cumulative croissante ressort clairement que, si l'on fait abstraction de ceux qui ignorent leur niveau de salaire (34,5%), 19% ont moins de 50 000FCFA par mois, 34,5% moins de 80 000FCFA, 41,6% moins de 100 000FCFA.

Par rapport à la charge nourrie par le secteur informel, le tableau 12 est révélateur. Seuls 01,4% de l'ensemble des enquêtés n'ont aucune personne en charge Ce sont des commerçants, vendeurs de thé préparé (moins de 15 ans) et vendeurs d'effets de toilette. Par contre, une charge de plus de dix personnes est endossée par une proportion de 44,4% de la population informelle regroupant piroguiers, conducteurs de calèches et chauffeurs de taxis dans le transport, couturiers, horlogers, vulcanisateurs, réparateurs électroniques, cordonniers, bijoutiers, mécaniciens, ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, fabricants de machines agricoles, soudeurs métalliques et électriciens automobiles dans le domaine artisanal et quincailliers, boutiquiers, restauratrices, bouchers, marchands ambulants, vendeurs d'ustensiles de cuisine, de tables de produits frauduleux, de tissus, de produits maraîchers, de légumes et condiments, de chaussures, de tables de petit-déjeuner, de pièces détachées en ce qui concerne le commerce.

Tableau 13: La charge familiale des acteurs du secteur informel.

Charge familiale (en personne)

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

% C.C.

Artisanat

Commerce

Transport

00

00

02

00

02

01,4

01,4

01

00

02

00

02

01,4

02,8

02

01

00

00

01

00,7

03,5

03

01

01

00

02

01,4

04,9

04

01

02

01

04

02,8

07,7

05

02

05

00

07

04,9

12,6

06

06

10

00

16

11,3

23,9

07

02

06

00

08

05,6

29,5

08

03

04

00

07

04,9

34,4

09

00

00

01

01

00,7

35,1

10

10

08

02

20

14,1

49,2

+10

33

25

05

63

44,4

93,6

Ne savent pas

03

06

00

09

06,4

100

Total

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

Au vu de la colonne du cumul croissant des proportions, on constate aisément que seuls 12,6% des acteurs ont une charge de moins de six personnes mais aussi que ceux qui gèrent moins de 11 `bouts de bois de Dieu' n'occupent qu'une proportion de 49,2%. Par superstition, 06,4% ne se sont pas prononcés sur leur charge. Cela s'explique et se comprend facilement car il est tabou dans certaines zones du Sénégal, en particulier au Walo, de compter sa progéniture. D'aucuns lancent que « c'est nombreux ! » là où d'autres refusent de répondre.

Au vu de ces analyses, on peut dire, sans ambages, que le secteur informel est un monde où l'on travaille pour nourrir une importante masse. Par exemple, nous avons tenté de calculer la charge moyenne pour uniquement ceux qui savent l'effectif de leur charge. A l'issue de ce calcul, nous sommes amené à dire que 93,6% de la population informelle entretiennent une charge moyenne de 08 personnes.

C -Production de biens et de services

Le secteur informel traite avec toutes les formes de clientèle allant des populations aux autorités publiques en passant par les entreprises.

Force est de noter que la clientèle première est la population à qui 99,2% des unités de l'informel livrent produits ou services. Les entreprises de la place traitent -mais faiblement- avec les acteurs du secteur (09,1%). Seuls 04,9% ont des accointances avec les autorités publiques locales ou gouvernementales. Le tableau suivant le confirme.

Tableau 14: La nature de la clientèle du secteur informel de Richard-Toll.

Clientèle

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

sur la pop.

Artisanat

Commerce

Transport

Entreprises

10

03

00

13 / 142

09,1 %

Etat ou Municipalité

04

03

00

07 / 142

04,9 %

Populations

61

71

09

141 / 142

99,2 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Tout le monde trouve son compte dans ce secteur où les prix se discutent mais aussi où bien des formes de produits et de services- souvent rares- sont rendus et vendus.

Dans le secteur du transport, le secteur informel gère l'intégralité de la mobilité urbaine. Au-delà des quelques voitures de particuliers et de l'administration décentralisée ou déconcentrée et en dehors de la CSS qui assure les navettes de ses employés, ce sont les taxis, les pirogues, les véhicules hippomobiles qui assurent, si l'on ose le dire, la mobilité urbaine.

Dans le domaine artisanal, seuls les collecteurs de peaux et de cuirs ne traitent pas directement avec les populations. Par ailleurs, des artisans comme les couturiers, les vulcanisateurs, les ébénistes, les menuisiers métalliques, les mécaniciens, les cordonniers et les collecteurs de peaux et de cuirs livrent des services aux entreprises parmi lesquelles la CSS. Les ébénistes, vulcanisateurs, mécaniciens et soudeurs métalliques font des transactions avec les autorités publiques de la place souvent par le biais des marchés qui leur sont livrés.

Les commerçants spécialisés dans les produits maraîchers, les pièces détachées et les tables de petit-déjeuner couvrent des demandes des autorités publiques de la place. En réalité, des gérants de tables servent sandwiches et petit-déjeuner aux ouvriers de la CSS quand des vendeurs de fripe vendent les habits usés que les entreprises utilisent comme chiffons. Des vendeurs de produits maraîchers traitent aussi avec des entreprises.

Au-delà de l'analyse de la clientèle, il est intéressant de voir les différents produits et services livrés par les unités informelles. Le tableau 15 donne des indications à ce sujet. Suivant la proportion, les services de réparations sont les plus sollicités (17,6%) par la clientèle du marché informel. Rappelons que c'est essentiellement l'artisanat qui couvre ce domaine avec les réparations d'automobiles, des motocyclettes, d'appareils électroniques, de chaussures, de pneus... Ensuite, les produits alimentaires sont fournis par les acteurs commerçants à hauteur de 16,2%. Puis, c'est le tour de l'habillement, des appareils électroniques et des accessoires de portables qui occupent 14% du marché. La fourniture de denrées de première nécessité est l'occupation majeure de 11,3% de la population informelle. Puis, vient le domaine de la confection qui participe pour 09,9% dans le marché du secteur. Essentiellement tenu par les artisans, ce domaine fourni entre autres produits et services des habits, des tenues de travail, des uniformes, du rapiéçage ou raccommodage. La production ou la vente de matériels en fer ou d'ustensiles de cuisine est l'apanage des 05,7% qui bougent dans l'artisanat et dans le commerce. La vente de pièces détachées est une activité commerciale très présente à Richard-Toll (04,9%).

Tableau 15: Les produits ou services les plus prisés par la clientèle.

Produits ou services prisés

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Art.

Com.

Tran.

Brisure de céréales

03

00

00

03

02,2

Charge et nettoyage des voitures

00

00

01

01

00,7

Coiffure

02

00

00

02

01,4

Confection

14

00

00

14

09,9

Denrées de première nécessité

00

16

00

16

11,3

Equipements en bois

05

00

00

05

03,4

Habillement, Electronique

00

20

00

20

14,0

Machines agricoles

01

00

00

01

00,7

Matériels agricoles

00

01

00

01

00,7

Matériels et ustensiles en fer

07

01

00

08

05,7

Parures

03

00

00

03

02,2

Peaux et cuirs

01

00

00

01

00,7

Pièces détachées

00

07

00

07

04,9

Produits alimentaires

00

23

00

23

16,2

Réparation

25

00

00

25

17,6

Système électrique

01

00

00

01

00,7

Toilette et Cosmétique

00

02

00

02

01,4

Transport de bagages

00

00

01

01

00,7

Transport des biens et personnes

00

00

06

06

04,2

Traversée du fleuve

00

00

01

01

00,7

Autres produits

00

01

00

01

00,7

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Le transport de biens et de personnes est assuré par les taxis et les calèches qui représentent 04,2% du secteur informel et dont le rôle est de sillonner les quartiers pour désenclaver certains d'entre eux et de rendre fluide la mobilité des biens et des personnes. En un mot, d'écourter les distances. L'équipement en bois est assuré par la menuiserie ébénisterie qui occupe 03,4% du marché. La rizerie  (02,2%) est l'apanage des artisans qui décortiquent le riz déjà récolté qui entre dans le cadre des repas quotidiens des sénégalais. Les parures sont le domaine des bijoutiers (02,2%) qui fabriquent des bijoux sur commande mais aussi qui vendent des produits qu'ils ont déjà confectionnés tels des colliers, des bracelets, des boucles d'oreilles à bases d'or, d'argent... Ils posent aussi des dents en or surtout pour les femmes. La coiffure est un besoin quotidien des populations, hommes et femmes confondus. Les coiffeurs sont des artisans qui ouvrent des salons un peu partout dans la ville car c'est un créneau porteur. A part la coiffure que l'on fait pour prendre soin de son corps en temps normal, la coiffure est aussi une nécessité pour ceux qui assistent à des cérémonies... Les effets de toilette et produits cosmétiques sont aujourd'hui une donne importante dans la vie des femmes qui prennent souvent soin de leur corps et qui s'embellissent le soir après le bain de six heures à la descente du travail, pour l'accueil du mari, pour aller dans les cérémonies ou dans l'attente d'une éventuelle visite... Revenant au transport, les voitures ont besoin d'hygiène et de propreté pour un minimum de confort aux passagers, d'où l'utilité du métier de laveur (00,7%). Par ailleurs, Richard-Toll, situé au coeur de la Vallée du Fleuve Sénégal, contrée d'agriculteurs, est un marché où les agriculteurs des villages et autres localités environnants viennent pour leurs achats de matériels comme les moissonneuses-batteuses nécessaires en périodes de récoltes (00,7%). La clientèle est présente massivement dans la zone. La vocation agricole de la région de Saint-Louis fait que les produits phytosanitaires de la trempe des semences, des engrais... sont des besoins réels des populations (00,7%). La tannerie est aussi présente dans le milieu où des Halpulaar exercent un élevage important et dynamique. Le transport étant aussi dynamique dans cette ville, les électriciens d'automobiles sont sollicités en matière de batterie de voiture mais aussi d'installation ou de réparation des systèmes électriques souvent défaillants des véhicules. Le déplacement des bagages est un domaine privilégié des conducteurs de pousse-pousse qui s'installent juste à hauteur des marchés pour acheminer les marchandises déchargées des grands véhicules qui les ont importées. Etant frontalier avec la République Islamique de Mauritanie, Richard-Toll a une rive fluviale à partir desquelles les populations rejoignent le territoire maure. Les pirogues sont, en réalité, les moyens de transport qui s'occupent de cette tâche. Enfin, 00,7% sont spécialisés dans la vente de chapelets et de livres coraniques qui entrent dans le cadre de la promotion du culte musulman.

Source : Données de l'enquête, 2005

Le diagramme à barres montre que 78,2% des acteurs trouvent que leurs tarifs sont abordables quand 10,5% se rangent dans la cherté. L'écart des tendances montre que le secteur informel fournit des biens et des services selon les besoins et les pouvoirs d'achats des populations. Les prix sont abordables dans la mesure où toutes les bourses peuvent acheter dans le marché informel. L'essentiel pour l'acteur c'est de gagner son pain. C'est là que gît la raison explicative des interminables marchandages qui tirent souvent en longueur surtout quand la bourse de l'acheteur est faible. Les prix ne sont pas fixes. On évalue le pouvoir d'achat du client et c'est suite au marchandage que le prix final est fixé, et ce dans la mesure de l'acceptable. Ainsi, abordable signifierait que le client ne se surpasse pas et que le fournisseur ne perde pas. Si le laveur pense ne recevoir qu'un mandat après service, les chauffeurs l'expliquent par la modestie des tarifs du transport à Richard-Toll. Si, d'un côté, forgerons, vulcanisateurs, couturiers, soudeurs ... pensent que leurs prix sont dérisoires, on retrouve, de l'autre, ébénistes, cordonniers, bijoutiers, mécaniciens et coiffeurs qui jugent un peu énormes les prix de leurs articles et services. La fabrication des machines de moissonneuses-batteuses entre dans la zone des tarifs très chers. Des commerçants de pièces détachées, d'articles vestimentaires et de produits frauduleux trouvent bas voire dérisoires leurs prix d'un côté, quand, de l'autre les vendeurs de viande, de boutiques, de céréales et de légumes sentent qu'ils vendent cher. Un autre vendeur de pièces détachées trouve, quant à lui, très chères ses pièces. Cela dit, l'utilité du secteur informel se sent à trois niveaux : populations de la ville, mairie et famille des acteurs. Le tableau 16 donne plus de détails.

Au niveau des populations :

Services et satisfaction : 21,1% mesurent l'impact de leurs fonctions sur les populations à travers les services qu'ils leur rendent et la satisfaction que celles-ci peuvent en tirer. C'est du moins l'avis de certains soudeurs métalliques, mécaniciens, menuisiers ébénistes, couturiers, coiffeurs, bijoutiers et gérants de rizerie. En sus des artisans susnommés, des commerçants à l'exemple de certains vendeurs de céréales, d'articles vestimentaires, de viande, de tissu, de produits maraîchers, d'effets de toilette mais aussi des gérants de quincaillerie, de restaurant, de tables d'articles frauduleux, de boutiques, de tables de petit-déjeuner sont à ranger dans cette catégorie.

Entraide: 21,1% pensent que l'utilité de leurs travaux respectifs peut s'appréhender à travers l'entraide qui s'établit entre eux et les populations. Les prix sont au rabais pour que les bourses faibles puissent être prises en compte. De même, des crédits sont accordés à celles-ci. En fin de compte, ce sont des rapports sociaux forts qui s'établissent entre acteurs du secteur informel et populations. La solidarité est de mise, en un mot. Souvent, certains artisans n'acceptent pas que des connaissances paient, le service leur est souvent gratis.

Tableau 16: Répartition des enquêtés selon l'utilité du travail.

Cible

Utilités du travail

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artis.

Com.

Trans.

P

O

P

U

L

A

T

I

O

N

Autonomie personnelle

00

01

00

01

00,7

Dépannage et Réparation

08

02

00

10

07,1

Déplacement

08

00

04

12

08,5

Entraide

08

19

03

30

21,1

Equipements

03

00

00

03

02,1

Formation

01

01

00

02

01,4

Habillement, Parures et Beauté

09

03

00

12

08,4

Machines agricoles et divers

02

00

00

02

01,4

Nécessité

07

00

00

07

04,9

Participation au développement

00

03

01

04

02,8

Propreté des voitures

00

00

01

01

00,7

Proximité

00

10

00

10

07,1

Ravitaillement

00

10

00

10

07,1

Services et satisfaction

13

17

00

30

21,1

Ne sait pas

02

04

00

06

04,2

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

00

00

00

00

00,0

Total

62

71

09

142

100 %

M

A

I

R

I

E

Allègement de la charge

02

00

00

02

01,4

Marché

05

01

00

06

04,2

Taxes

37

64

06

107

75,4

Ne sait pas

04

01

01

06

04,2

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

13

04

02

19

13,4

Total

62

71

09

142

100 %

F

A

M

I

L

L

E

Autonomie

00

02

00

02

01,4

Couverture totale, Prise en charge

49

57

05

111

78,2

Dieu seul le sait

00

00

01

01

00,7

Formation

01

00

00

01

00,7

Soutien et Participation

10

10

03

23

16,2

Ne sait pas

01

00

00

01

00,7

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

Aucune utilité

00

01

00

01

00,7

Total

62

71

09

142

100 %

Source : Données de l'enquête, 2005

Déplacement: Pour 08,5%, leur travail participe à la mobilité des populations. Le déplacement est une donne importante dans la vie des citoyens qui pour aller travailler ou vaquer à leur occupations, qui pour entretenir des liens sociaux. Pour nous montrer la place du transport dans le quotidien du citoyen sénégalais en général et richard-tollois en particulier, un chauffeur de taxi nous dit que : « Sans les taxis, rien ne va, rien ne vient. Si les voitures ne travaillent pas, si les transporteurs partaient en grève, les populations le sentiraient vite ». Cela est, sans nul doute, indéniable mais la mobilité n'est pas que l'apanage des agents de transport. Les vulcanisateurs, les cordonniers, mécaniciens et électriciens automobiles y jouent un rôle en amont et en aval. Si les cordonniers fournissent des brides et harnais de véhicules hippomobiles, si les mécaniciens et électriciens installent ou dépannent le système fonctionnel des véhicules, les vulcanisateurs ne sont pas en reste car « sans pneus, les voitures ne roulent pas » se contente de dire l'un d'entre eux.

Habillement, parures, beauté : De nos jours, même si l'habit ne fait pas le moine, il permet au moins à certains de sauver les apparences. La mode a aujourd'hui façonné les gens à telle enseigne que l'on est obligé de s'habiller bien à défaut de porter le dernier cri. L'importance de l'habillement, la quête de la beauté, du charme, l'amour des parures font que le domaine vestimentaire jouit d'une assez importante proportion (08,5%) au niveau de la population du secteur informel de Richard-Toll. Pour un couturier rencontré sur le terrain, « L'habillement fait la personne. La couverture n'a pas d'égale. La nudité n'est pas permise » ; un bijoutier nous dira ensuite que « Sans parures, la beauté n'est pas ». Les vendeurs d'articles vestimentaires essaient de satisfaire les clients par rapport aux derniers cris et aux divers labels que les gens désireraient voir.

Proximité : Quelques acteurs (07,1%) pensent que le mérite de leurs activités aura été de jouer sur la proximité des populations d'avec leur marché. Ils font tout, quitte à importer, pour que les populations puissent trouver chez eux, juste à la Capitale Sucrière, toute forme de marchandises ou de services qu'ils désireraient. Les besoins sont réglés au quotidien et au niveau local ; on n'a plus besoin de se déplacer jusqu'à Saint-Louis ou à Dakar pour trouver satisfaction. C'est ce qu'essaie d'étayer un boutiquier pour qui « les distances sont raccourcies, il n'est plus besoin d'aller loin pour s'approvisionner ». Cet avis est partagé par les gérants de tables d'articles frauduleux, les vendeurs de pièces détachées, d'articles vestimentaires, de légumes et condiments, de produits maraîchers.

Ravitaillement: Parmi ses nombreux avantages, le secteur informel de Richard-Toll pourvoit le ravitaillement alimentaire aux populations. La proportion de 07,1% s'occupe de la fourniture des denrées de première nécessité entre autres l'huile, le savon, le pain, le riz, le beurre, le lait, le sucre.

Dépannage et réparation : Occupant près de 07,1% de la population informelle, les services tels que le dépannage des véhicules et la réparation des matériels électroniques et électroménagers sont très sollicités de nos jours. La réparation des chaussures, l'apanage des cordonniers, aide beaucoup les populations à revenus modestes qui ne peuvent pas fréquemment acheter de nouvelles chaussures. De même, les vulcanisateurs réparent les pneus des véhicules en crevaison. Les vendeurs de pièces détachées participent activement aux activités de réparations auxquelles elle pourvoit des pièces de rechange.

Nécessité : Pour 04,9%, le secteur informel est un secteur nécessaire car il pourvoit des produits et des services qui sont utiles à plus d'un titre à la quotidienneté des masses. C'est ce que pensent franchement certains réparateurs d'appareils électroniques, couturiers, ébénistes, forgerons, mécaniciens et gérants de rizerie.

Participation au développement : La proportion de 02,8% représente ceux qui pensent participer par le biais de leurs fonctions respectives au développement de la Commune. Sans leurs contributions, en réalité, le développement s'imaginerait peut-être mal ou autrement. Une vendeuse de produits maraîchers nous dit que : « Je participe au développement local en vendant des produits locaux et je ne fais pas de la fraude ». Un vendeur de produits phytosanitaires ajoute ce qui suit : « Je travaille pour l'agriculture et pour les populations, deux sources du développement ».

Equipements: Dans le cadre de l'équipement de leurs maisons, chambres ou cuisines, les populations font recours aux services du secteur informel qui leur pourvoit des portes, fenêtres, lits, armoires, chaises, tables, ustensiles de cuisine...02,1% voient que l'équipement est très utile et occupe une position non négligeable dans la vie des humains. Les besoins en équipements sont souvent comblés par les forgerons et les soudeurs métalliques.

Formation : Pour d'autres acteurs (01,4%), le secteur informel joue aussi le rôle de formateur pour une frange populaire. L'école ou les centres agréés ne peuvent pas former tout le monde. L'apprentissage est une autre voie qui forge, en réalité, une importante partie des jeunes en quête de métier, surtout ceux qui ne sont pas instruits ou ceux qui ont un niveau d'instruction pas très poussé. C'est ce que confirme un menuisier ébéniste : « J'ai formé des jeunes réfugiés de la Mauritanie sur demande du HCR qui me payait après les événements de 1989 ». Dans le domaine commercial, un vendeur de chapelets et de livres coraniques nous explique que ses articles servent à la pratique du culte mais aussi à la formation ou à l'autoformation en matière de religion islamique.

Machines agricoles et divers : Certains acteurs -couturiers confectionnant des sacs, fabricants de moissonneuses-batteuses- (01,4%) trouvent une très bonne raison de s'investir dans la fabrique ou la vente de matériels ou de produits agricoles. L'agriculture se pratique dans presque toute la Vallée du fleuve à toutes les périodes de l'année. En sus de la campagne agricole, la contre-saison et le maraîchage permettent au secteur agricole de rester dynamique pendant toute l'année. Les machines et intrants peuvent provenir du secteur non structuré.

Autonomie personnelle: D'aucuns (00,7%) voient qu'en assurant leur propre autonomie, ils allègent le poids voir le fardeau que peut constituer leur dépendance. Avec son propre travail, on peut s'assurer ses frais d'habillement, de scolarité entre autres.

Propreté des voitures : En s'investissant dans le métier de laveur de voiture, des acteurs (00,7%) sentent qu'ils rendent services en garantissant une hygiène, une propreté et un certain bien-être aux clients voyageurs. A un laveur de penser qu'« une voiture sale décourage le client ».

Au niveau de la mairie :

Taxes : La grande majorité des acteurs soit 75,4% citent le paiement des taxes comme la vraie utilité que leur travail représente pour la Municipalité. En réalité, avec la politique décentralisatrice qui prône que le développement parte du local, la contribution des acteurs du secteur informel est sollicitée par les autorités locales élues. « On a beaucoup d'utilités pour la Mairie, c'est grâce à nous qu'elle est là » dira un  taximan.

Marchés : Une certaine coopération existe entre autorités locales et acteurs informels (04,2%). La municipalité offre souvent des marchés, des travaux aux acteurs locaux qui en ont, en réalité, les compétences. C'est une des raisons pour lesquelles certains acteurs cherchent des papiers pour répondre aux formalités d'octroi de marché par la Commune. C'est comme qui dirait que la Municipalité participe ou pousse à une certaine formalisation du secteur informel sans peut-être en être consciente. A la demande de la Mairie, des ébénistes et des soudeurs confectionnent des tables, des bancs et des bureaux... Des vulcanisateurs prennent en charge la réparation de pneus de véhicules des agents.

Allègement de la charge : Des acteurs (01,4%) avancent qu'en travaillant, ils allègent à la mairie la pression de leur droit au travail. Le taux de chômage est amoindri ou absorbé partiellement par l'économie informelle sans laquelle il ameuterait peut-être l'opinion internationale. Pour un ébéniste, « si on ne travaillait pas, on allait constituer une charge demandeuse d'emplois à la Mairie ».

Aucune utilité : 13,4% ne pensent avoir aucune utilité pour la Municipalité du fait qu'ils ne s'acquittent pas de taxes.

Au niveau de la famille :

Couverture totale ou prise en charge : L'impact premier du travail informel est d'assurer une couverture ou une prise en charge des besoins de la famille. Certains précisent que la prise en charge est totale dans la mesure où elle englobe la dépense quotidienne, les besoins de scolarité des enfants, le règlement des besoins particuliers et collectifs des membres de la parentèle. L'écrasante majorité des enquêtés (78,2%) assure les urgences, les besoins les plus élémentaires et le minimum à leur famille. Comme susnommé, la charge moyenne des 93,6% de la population informelle est de 08 personnes. C'est un chiffre énorme, en réalité. D'aucuns sont seuls à assumer le fardeau.

Soutien et participation : Certains (16,2%) participent uniquement aux besoins de leur famille. D'aucuns envoient des mandats à leurs parents pour les soutenir dans leurs charges. Quelques-uns règlent les besoins et des problèmes uniquement à la demande.

Autonomie personnelle : D'aucuns (01,4%) imaginent que le plus grand impact de leur activité est de leur permettre de se libérer de la dépendance du cercle familial. Quand on s'achète ses propres habits, quand on assure soi-même ses frais scolaires, on est en position de penser qu'on aide vraiment sa famille qui devait s'en charger.

Formation : Dans certaines activités, on note une certaine forme d'héritage du métier qui fait que les différents membres, au lieu de fouiner ailleurs, bifurquent uniquement dans l'atelier pour se former au métier qui s'impose à eux. C'est du moins l'opinion de 00,7% de la population. C'est aussi le cas de certains apprentis de l'ébénisterie.

II. Fonction Economique

A -Part dans l'Economie globale

La participation du secteur informel dans l'économie globale de Richard-Toll va s'appréhender à travers des indicateurs tels que le Produit Local Brut (PLB), la production annuelle des acteurs et le niveau de l'investissement...

Version locale du Produit Intérieur Brut, le Produit Local Brut (PLB) est la somme des richesses formées ou créées au niveau du périmètre communal pendant toute une année. Estimé, selon le rapport du Club du Sahel, à 30 018 000 000 FCFA, le PLB de la Commune de Richard-Toll est assez important et donnerait une productivité moyenne de 474 000FCFA environ par habitant. Rappelons que les statistiques font état de 63 500 habitants. Il est à observer que le poids imposant de ce PLB est imputable dans une large mesure à la présence de la Compagnie Sucrière Sénégalaise classée dans l'économie moderne à côté du Gîte d'étape, de la SAED, de la CNCAS, de la BICIS et de la CBAO. Ce secteur moderne assure 17 888 000 000FCFA soit 59% de ce PLB. De lui dépendent 33 719 individus soit 53% de la population de la Commune. Par ailleurs, après le secteur moderne, c'est l'économie informelle- à laquelle dépendent 17 640 hommes, femmes et enfants soit 28% du peuple de Richard-Toll- qui donne à cette ville son PLB imposant. Elle y participe à hauteur de 6 028 000 000FCFA soit 20%, comme en atteste le tableau qui suit.

Tableau 17: Produit Local Brut de Richard-Toll en 1998

Grands Secteurs

Valeur Ajoutée

Population concernée

Productivité moyenne par habitant (KFCFA)

Millions

%

Effectifs

%

Primaire

5 259

18

10 193

16

516

Economie populaire

6 028

20

17 640

28

342

Moderne non agricole

17 888

59

33 719

53

530

Services Publics

843

03

1 948

03

433

Total

30 018

100

63 500

100

474

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.11

Mis en rapport avec la population couverte, le secteur informel a une moyenne productive de 342 000FCFA par habitant. L'artisanat, le commerce et le transport de Richard-Toll bénéficient grandement de ce que la CSS verse à ses employés en terme de salaire (plus de 11 Milliards annuels). La redistribution fait que le marché est tellement important que la destination Richard-Toll devient prisée par les acteurs de ce secteur. Par ailleurs, force est de noter que, dans une ville où les étrangers sont fortement représentés, une bonne part de cette production est rapatriée vers des destinations autres que le milieu de production. Ce qui montre le décalage entre la production des acteurs et leur niveau de vie réel.

Par ailleurs, il est intéressant d'étudier en détails l'apport de l'informel à travers la spécification de ses différentes composantes. Le tableau suivant apporte des éclaircissements.

Tableau 18: Composantes de l'économie populaire.

Typologie

Nombre d'unités

Valeur ajoutée

Population

Productivité moyenne (KFCFA)

Millions

%

Effectifs

%

Commerce

3 541

3 216,5

53

9 494

54

339

Artisanat

3 119

1 806

30

6 281

36

287

Transport

453

1 005,8

17

1 865

10

539

Total secteur

7 113

6 028,3

100

17 640

100

342

Source : L'économie locale de Richard-Toll 1999, Juillet 2000. P.15

Les 6 028 300 000FCFA de PLB créé par le secteur informel proviennent pour plus de la moitié 3 216 500 000FCFA du commerce qui polarise aussi bien plus de la moitié des unités de production que de la population dépendante du secteur. Ensuite, c'est le domaine artisanal qui fournit 30% des richesses du secteur en couvrant environ 6 281 personnes. Ce qui lui fait une productivité plus faible que celui du commerce 287 000 FCFA par tête contre 339 000FCFA. Le transport, quant à lui, comptant moins d'unités de production et nourrissant une population plus faible a un PLB par habitant plus élevé : 539 000FCFA.

Les performances économiques du secteur informel sont imputables, en réalité, au contexte local imposant du point de vue national. La ville industrielle, la position de carrefour et la vocation agricole engendrent des besoins énormes en terme de ravitaillement, de réparation et de mobilité qui sont des leviers du dynamisme économique d'une localité.

Au-delà du PLB, jetons un coup d'oeil sur les sources de financement qui permettent aux unités du secteur informel de réaliser de telles richesses au niveau de la localité.

Tableau 19: Les sources de financement au début du travail.

Sources de financement

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Aides

21

25

06

52

36,7

Banques

00

01

01

02

01,4

Capital personnel

41

42

02

85

59,8

Mutuelles

00

00

00

00

00,0

Tontines

00

01

00

01

00,7

Pas de réponse

00

02

00

02

01,4

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Au vu de ce tableau, il est à constater que les sources primaires de financement les plus fréquentes sont l'utilisation du capital personnel à 59,8% et l'appui d'un tiers à 36,7%. C'est donc dire que le crédit bancaire n'a été alloué qu'à 01,4% de la population exerçant dans les domaines que sont le commerce (vente de pièces détachées) et le transport (taxi). La faible fréquence du recours au crédit bancaire s'expliquerait par l'ignorance ou les tas de préjugés des acteurs vis-à-vis des institutions financières formelles. Il est à ajouter que l'accès au crédit bancaire nécessite aussi des démarches nombreuses et un taux d'intérêt dont les acteurs se méfient. D'aucuns ont fait une autre activité comme, par exemple, l'agriculture au niveau de laquelle ils ont amassé leur capital de départ. Ceci montre et confirme, une fois de plus, que le secteur informel est le monde de la débrouille où certains acteurs, partant de rien ou de peu de chose, veulent et vont accéder à grand-chose. On ne compte ni sur l'Etat ni sur les organisations formelles pour forger son histoire. On écrit soi-même sa propre version. Pour d'autres, il a fallu un coup de main venant du mari, du père, d'un frère, d'un ami ou d'un autre parent pour démarrer l'activité. Souvent les moyens de production appartiennent à un tiers. Un menuisier ébéniste a bénéficié d'un financement de l'ONG-FED.

Le développement de l'autofinancement pose la problématique de la pluriactivité. En effet, les acteurs de l'informel cumulent des fonctions dans un même secteur ou dans un autre.

Il apparaît qu'à l'exception des 68,3% qui n'exercent que leur métier actuel, 05,6% s'investissent parallèlement dans l'artisanat et 04,9% dans le commerce. Le transport est un domaine qui n'est pas visité par ceux qui font de la pluriactivité. Par ailleurs, 21,2% s'investissent dans des secteurs autres tels que l'agriculture, l'élevage...

Tableau 20: La pratique ou non d'autres activités par les acteurs de l'informel.

Autre activité

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

02

02

04

08

05,6

Commerce

02

04

01

07

04,9

Transport

00

00

00

00

00,0

Autre secteur

19

11

00

30

21,2

Aucune

39

54

04

97

68,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Dans le secteur du transport, des acteurs s'investissent dans la pluriactivité comme agriculteur, éleveur, soudeur métallique ou pompiste en dehors de leur métier informel. D'autres travaillent à la CSS. Le commerce est aussi fréquenté par ces derniers.

Dans l'artisanat, cordonniers et mécaniciens se livrent au commerce de volailles et de motos, lorsque vulcanisateurs et forgerons auscultent d'autres spécialités artisanales telles la fabrication de collier d'art et la fonderie. D'autres artisans « pluri-acteurs » tels les soudeurs, mécaniciens, tailleurs, cordonniers et horlogers pratiquent d'autres activités en tant qu'agriculteurs, employés à la CSS ou du projet SEN 010 de ramassage des ordures.

Dans le commerce, certains réinvestissent dans d'autres domaines du commerce. Par exemple, on observe le vendeur de thé préparé qui vend du biscuit et du sucre, le vendeur de pièces détachées qui fait du business et place des voitures mais aussi le vendeur d'habits prêt-à-porter qui investit dans l'électronique. Des gérants de tables de produits frauduleux font de la cordonnerie et des gérants de mercerie qui font de la couture. Divers autres secteurs sont auscultés par les commerçants. Nous avons observé les exemples du gérant de boutique de quartier qui pratique de l'élevage dans le Diéri, du vendeur de produits maraîchers qui fait aussi de l'élevage en même temps, du vendeur de chaussures qui fait du business et affaires, du vendeur de viande qui fait de l'agriculture, de la gérante de restaurant qui est aussi professeur alphabétiseur en Halpulaar, du vendeur d'articles vestimentaires employé aussi à la CSS, du vendeur de pièces détachées qui gère la sonorisation, mais aussi du vendeur de pièces détachées qui assure la gestion d'une auberge à côté..., pour ne citer que ces cas de figure.

Ceci nous amène à la conclusion que les acteurs du secteur informel utilisent des stratégies de sortie de crise, de placement de fonds dans d'autres secteurs mais aussi de diversification des sources de revenus. C'est le cas, par exemple du commerçant ou de l'artisan qui travaille à la CSS et qui consacre ses heures de repos à la libre pratique de son commerce ou de son métier. Ainsi, le secteur informel assure une certaine stabilité à l'acteur qui a plusieurs sources de revenus lui permettant soit de rehausser son niveau de vie soit de développer son activité informelle tout dans une parfaite autonomie financière.

Le capital investi dans l'activité informelle influe grandement sur la productivité.

Tableau 21: La production annuelle ou le chiffre d'affaires des acteurs de l'informel.

Production annuelle

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

%

C.C.

Artisanat

Commerce

Transport

[0000-50000[

00

00

01

01

00,7

00,7

[50000-100000[

00

03

00

03

02,1

02,8

[100000-200000[

03

02

01

06

04,2

07,0

[200000-300000[

04

02

00

06

04,2

11,2

[300000-500000[

04

06

01

11

07,8

19,0

[500000-1million [

17

15

02

34

23,9

42,9

[1million-2millions [

04

07

02

13

09,2

52,1

[2millions-5millions [

02

04

00

06

04,2

56,3

[5millions-10millions [

00

04

00

04

02,8

59,1

[10millions- + [

02

04

00

06

04,2

63,3

Ne savent pas

25

23

02

50

35,3

98,6

Pas de réponse

01

01

00

02

01,4

100

Total

62

71

09

142

100

xxx

Source : Données de l'enquête, 2005

D'entame, il est à signaler que, parce que ne tenant pas de cahiers comptables, bien des acteurs de l'informel ignorent l'état de leurs finances. Ni les dépenses ni les recettes ni les salaires ne sont estimables chez certains acteurs. Cela se retrouve un peu dans l'estimation des chiffres d'affaires réalisés pour une année d'activités donnée. Un taux non moins important de 35,3% ignore complètement le niveau annuel de production. Ceci nous montre que des études sur le secteur informel ne peuvent donner que des résultats partiels ou approximatifs dans la mesure où les préoccupations du chercheur ou des autorités n'entrent pas toujours dans la logique de l'acteur du secteur informel. La tenue de cahier comptable n'est pas toujours en vigueur dans le monde informel non pas seulement du fait du faible niveau d'instruction mais encore du fait de la faible appropriation de la logique accumulative capitaliste occidentale.

Cela étant, si 00,7% du transport (pousse-pousse) ne réalisent pas un produit de 50 000FCFA en un an, si 02,1% du commerce (thé préparé, produits maraîchers, restaurant) produisent entre 50 000 et 100 000FCFA, une proportion de 23,9% issue des trois secteurs a un chiffre d'affaires allant de 500 000 à 1 000 000FCFA. Dans le transport, ce sont des chauffeurs de taxis qui atteignent ce chiffre. Dans l'artisanat, c'est le cas des vulcanisateurs, gérants de rizerie, soudeurs métalliques, bijoutiers, cordonniers, mécaniciens, couturiers, coiffeurs et réparateurs électroniques. Dans le commerce, ce sont les marchands de produits maraîchers, d'articles vestimentaires, de chaussures, de céréales, de produits frauduleux, de pièces détachées, de légumes, de fripe et de denrées alimentaires et cosmétiques.

Un groupe de 04,2% de commerçants et d'artisans obtient annuellement plus de 10 000 000FCFA. Ce sont les ébénistes, collecteurs de peaux et de cuirs, vendeurs de fripe, de pièces détachées, de viande et de produits maraîchers. La différence du chiffre d'affaires au sein d'un même type d'activité est imputable à la variation de la taille des unités de production, à l'appropriation des méthodes de gestion comptable et de l'accumulation.

Par ailleurs, en consultant la dernière colonne des proportions cumulées croissantes du tableau 21, nous nous rendons compte que 42,9% ont moins d'un million de chiffre d'affaires. D'un autre côté, un calcul fait avec la soustraction de ceux qui ignorent leur production réelle, nous permet de conclure qu'une proportion de 20,4% des unités de production du secteur informe réalise un chiffre annuel d'au moins un million de Francs CFA.

Le caractère économique de l'apport du secteur informel ne s'apprécie pas uniquement à l'aune de la création de richesses, il va au-delà et se matérialise par l'investissement.

Tableau 22: Répartition des enquêtés selon l'acte d'investissement.

Investissements

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Artisanat

00

00

01

01

00,7

Commerce

07

00

00

07

04,9

Transport

00

02

00

02

01,4

Autre domaine

17

18

00

35

24,7

Pas d'investissement

38

51

08

97

68,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Jaugeant le niveau d'investissement des acteurs dans la Commune de Richard-Toll, la tendance qui se dégage montre que 68,3% de la population informelle n'investissent pas du tout. Pour certains, quand on investit, c'est qu'il y a déjà un surplus qui est dégagé mais quand on gère des urgences quotidiennement, on ne peut songer à épargner ou à faire quoi que ce soit. La petitesse de certaines activités ou la faiblesse du niveau de revenu, de même que la lourdeur de la charge familiale constituent autant d'écueils à toute velléité d'investissement. C'est ce que nous dit en wolof un des couturiers interviewés : « Xaalis buy dajaloo nanuy `investir et non' ay dërëm dërëm ». (On investit de grands fonds et non des pièces).

Cependant, l'investissement vise plus des domaines autres que les trois catégories que sont l'artisanat (00,7%), le commerce (04,9%) et le transport (01,4%). C'est dans l'immobilier, l'élevage et l'agriculture que les acteurs informels (24,7%) investissent le plus, peut-être pour s'assurer une certaine sécurité.

B -Part dans le budget communal

Le conseiller municipal M. Doudou Diaw `Bakhao' nous révèle que, entre autres sources du budget de la commune, il y a lieu de noter « ... la patente de la CSS ; ensuite, les recettes au niveau, par exemple, de la pression fiscale au niveau du secteur informel ; mais l'essentiel, 50% à peu près, c'est la CSS qui le fournit ». En revanche, au-delà la contribution de la CSS, l'informel participe aussi à la formation de ce budget par le truchement des taxes et impôts auxquels il s'acquitte. Analysons, à ce propos, le tableau 23.

Tableau 23: Répartition des enquêtés selon les taxes ou impôts payés.

Taxes ou impôts payés

EFFECTIFS

TOTAL sur 142

Pourcentage

Artis.

Comm.

Transp.

Certificat de santé

00

03

00

03

02,1

Droit d'abattage

00

03

00

03

02,1

Droit de place

32

50

00

82

57,7

Droit de stationnement

00

00

06

06

04,2

Impôt sur le revenu

00

01

00

01

00,7

Imp. sur les comptes en banque

01

00

00

01

00,7

Patente

08

36

00

44

30,9

Taxe sur les ordures ménagères

03

01

00

04

02,8

TVA

00

01

00

01

00,7

Ne savent pas

02

02

00

04

02,8

Source : Données de l'enquête, 2005

Les différents impôts et taxes payés par les acteurs de l'informel sont : le certificat ou la carte de santé, le droit d'abattage, le droit de place, le droit de stationnement, l'impôt sur le revenu, l'impôt sur les comptes en banque, la patente, la taxe sur les ordures, la TVA.

Certificat de santé : La carte de santé est imposée aux commerçants qui s'investissent dans les produits alimentaires. C'est souvent le service d'hygiène qui se charge de mettre en application le respect des principes de rigueur appliqués au commerce de produits alimentaires qui sont souvent vulnérables à la péremption. 02,1% des acteurs, tous des commerçants paient la carte à 3 000F tous les six mois.

Droit d'abattage : C'est une taxe perçue sur les vendeurs de viande au niveau de l'abattoir. 02,1% paient 500FCFA par bête abattue et 300F au vétérinaire qui appose son cachet sanitaire attestant l'hygiène.

Droit de place : 57,7% de la population informelle paient cette taxe qui est adressée aux commerçants et aux artisans. Presque tous ceux qui opèrent au niveau des marchés de la Commune la paient. Les vendeurs de tables, d'étales et autres gérants de petites cantines paient 3 000F le mois soit 100F par jour tandis que les grandes cantines et boutiques peuvent payer jusqu'à 20 000FCFA avec le phénomène de la sous-location. Dans le domaine artisanal, on note une certaine différence dans les tarifications du droit de place. Si certains cordonniers, forgerons, horlogers et mécaniciens paient 100FCFA journellement, des décalages énormes sont constatés au niveau des payeurs mensuels ; les exemples font légion : gérant de rizerie, réparateur électronique(6 000FCFA) ; mécaniciens(7 000 à 7 500FCFA) ; vulcanisateur, collecteur de peaux et de cuirs (3 600FCFA) ; Fabricant de moissonneuses-batteuses, soudeur métallique (5 000FCFA) ; mécanicien (10 000FCFA) ; mécanicien (1 500 à 3 000FCFA), couturier (25 000FCFA) ; couturier (2 400FCFA). Certains grands écarts -remarqués aussi au niveau du commerce- s'expliquent par l'importance des tarifs de sous-location d'ailleurs remise en cause par certains acteurs à l'exemple du gérant de rizerie pour qui « la Mairie loue à 6 000FCFA la place mais mon sous-locataire me soutire 15 000FCFA par mois et il s'occupe lui-même de traiter avec la Mairie ».

Droit de stationnement : Cette taxe est essentiellement administrée aux transporteurs, surtout aux chauffeurs de taxis et aux conducteurs de calèches ou autres véhicules hippomobiles. La proportion qui l'honore s'élève à 04,2%. Le droit de stationnement s'élève à 3 000FCFA par mois dans la Commune de Richard-Toll.

Impôt sur le revenu : 00,7% de la catégorie des commerçants s'acquittent de cet impôt. Un vendeur de produits phytosanitaires se rappelle de l'avoir payé.

Impôt sur les comptes en banque : 00,7% des artisans paient cet impôt qui est perçu sur les comptes bancaires. Un collecteur de peaux et de cuirs nous assure qu'il s'en acquitte.

Patente : 30,9% partagés entre les commerçants et les artisans paient la patente. Ce sont les commerçants qui sont plus sollicités en matière de patente. La patente n'est pas frappée d'une certaine fixité raison pour laquelle, certains acteurs répondent que « ça dépend » quand il leur est demandé d'évaluer le coût. Il est à retenir que la patente est perçue annuellement et souvent sur évaluation approximative sur place et à l'instant de l'imposition par les agents du fisc. Pour montrer des exemples, on peut citer les cas de quelques artisans qui paient des sommes variables pour une même activité : soudeur métallique (12 000FCFA), collecteur de peaux et de cuirs (23 000FCFA), mécanicien (35 000FCFA), vulcanisateur (18 000FCFA), réparateur électronique (5 000FCFA), mécanicien (15 000FCFA), couturier (9 000FCFA). Au niveau commercial, on rencontre des exemples de la même espèce : boutiques, vendeurs de produits phytosanitaires et de viande (10 000FCFA), articles vestimentaires (25 000FCFA), vendeurs de céréales et gérants de table de produits frauduleux (3 000FCFA), vendeur de fripe (6 000FCFA), vendeur de pièces détachées, de tissus et restauratrices (15 000FCFA)...

Taxe sur les ordures ménagères : 02,8% des acteurs commerçants et artisans paient la taxe sur les ordures ménagères. La taxe s'élève à 750FCFA mensuellement versés à la Mairie. Ce sont surtout les couturiers, bijoutiers et gérants de rizerie qui la paient le plus fréquemment.

TVA : 00,7% de commerçants paient la Taxe à la Valeur Ajoutée. Elle est définie comme un impôt indirect prélevé sur la consommation (de biens et de services) et dont le montant payé par le consommateur final est reversé à l'Etat par les entreprises qui le perçoivent. Un importateur de chaussures paie 200 000 à 300 000FCFA à partir du Port.

Le civisme fiscal est justifié diversement par les assujettis. Par rapport à l'intérêt qui meut la volonté d'accepter l'imposition, diverses opinions sont avancées par les acteurs.

Tableau 24: L'intérêt trouvé dans le paiement des taxes ou impôts.

Intérêt trouvé

EFFECTIFS

TOTAL

%

Artisanat

Commerce

Transport

Aucun intérêt

11

20

04

35

24,7

C'est normal et obligatoire

05

04

--

09

06,4

Développer la ville

04

22

01

27

19,1

Formalité

02

02

--

04

02,8

Maintien de l'Hygiène Publique

--

01

--

01

00,7

Obtention de la place

08

12

--

10

14,0

Pour la Mairie

03

--

--

03

02,1

Respect de la volonté de l'autorité

01

01

--

02

01,4

Ne comprennent pas

01

03

01

05

03,5

Pas de réponse

27

06

03

36

25,3

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Aucun intérêt : 24,7% trouvent que c'est parce qu'on leur impose qu'ils paient les taxes ou impôts dont ils ne voient pas les contreparties. « Aucun ! J'ai construit la place, j'évacue moi-même mes ordures et je règle mes factures d'eau », se contente d'ajouter un horloger qui partage son opinion avec certains mécaniciens, forgerons, couturiers et soudeurs.

Développer la ville : Pour 11,3%, essentiellement des commerçants et des transporteurs, le paiement des taxes et impôts constitue une contribution du citoyen au développement de sa ville. Cela montre que l'esprit civique est bien présent au sein du milieu informel. Un marchand de produits maraîchers au marché de Khouma dit ceci : « Les taxes servent à construire des places mais, comme tu le vois, on porte des brassards rouges (grève). Si le maire ne fait rien, on ne paiera pas les taxes du lundi ». « Ça sert à la Mairie qui construit et aide les populations. Ça revient à ma famille », telle est l'idée d'un collecteur de peaux et de cuirs. A cette idée se joint celle d'un fabricant de matériels agricoles selon laquelle, les taxes permettent à l'équipe municipale de faire face à l'extension du programme d'adduction d'eau et d'éclairage public, entre autres priorités. Un vendeur de chaussures pense que les impôts et taxes  vont « permettre à l'Etat de respecter ses engagements et au système de fonctionner ». Un vendeur de pièces détachées ajoutera que « C'est important. C'est grâce aux taxes que l'Etat se maintient. Quand tu veux des droits, fais ton devoir d'abord ».

C'est normal et obligatoire : Des commerçants et artisans (06,4%) trouvent aussi que c'est une obligation d'être imposé quand on vit dans un pays. Un couturier de dire que « Quand on est dans un marché, on doit payer des droits ».

Obtention de la place : Pour obtenir une place afin d'exercer librement son travail, on paie les taxes et impôts qui s'imposent. La taxe ouvre la voie à travailler sur place sans s'enfuir chaque jour. Un vulcanisateur nous dira que « la terre appartient à la Mairie, c'est une obligation de la payer », là où un couturier ajoutera que « l'emplacement m'apporte beaucoup de clients ». C'est une garantie de l'exercice de son métier dans la tranquillité.

Formalité: 02,8% de la population enquêtée paient les taxes et impôts qui sont des formalités que l'on est obligé de remplir pour l'obtention de marchés dans le formel ou au niveau même des autorités locales. Certains acteurs sont donc très conscients que l'obtention de marchés et la postulation dans les appels d'offre demandent que des pas soient franchis vers la formalisation. Le paiement des taxes « joue sur les relations avec les pouvoirs publics surtout pour obtenir des marchés, par exemple », comme le pense un réparateur électronique.

Pour la Mairie : Des acteurs (02,1%) pensent sincèrement que les taxes payées sont pour la Mairie qui l'utilise à sa guise. Pour un mécanicien, « avec les charges de la Mairie, c'est obligatoire » de payer les taxes.

Respect de la volonté de l'autorité: 01,4% partagés entre l'artisanat et le commerce disent que c'est pour respecter la volonté de l'autorité qu'ils s'acquittent des taxes et impôts qui leur sont soumis. « Waxi buur, waaw la sant », nous lance un de nos enquêtés.

Maintien de l'hygiène publique : Une gérante de table de petit-déjeuner voit qu'avec la taxe, l'hygiène publique est garantie. C'est sûrement à la taxe sur les ordures ménagères qu'elle fait allusion dans la mesure où la contrepartie est l'évacuation des ordures et le maintien de la salubrité de la ville.

Par ailleurs, si des taxes et impôts sont payés dans l'informel, il est important de savoir le niveau de participation de l'informel au budget local. Le tableau 25 l'étaye à plus d'un titre.

Tableau 25: Le niveau de participation au budget communal.

Participation au budget

EFFECTIFS

TOTAL

Pourcentage

Artisanat

Commerce

Transport

Participent

46

63

06

115

80,9

Ne participent pas

15

06

02

23

16,2

Ne savent pas

01

02

01

04

02,9

Total

62

71

09

142

100

Source : Données de l'enquête, 2005

Les acteurs de l'informel de la Commune de Richard-Toll pensent à hauteur de 80,9% que leur contribution au budget communal est effective. Ceci du fait qu'ils sont toujours imposés ou taxés par les autorités locales. Pourtant le rapport du secteur informel de Richard-Toll à la fiscalité fait état de 75,4% qui honorent les taxes et impôts. Cet écart entre ceux qui paient des taxes (75,4%) et ceux qui contribuent au budget local (80,9%) s'explique par le fait que d'aucuns considèrent qu'en dehors de leurs activités, les pièces d'état-civil et autres papiers se font moyennant une somme versée à la Mairie ; ce qui leur vaut une participation effective aux finances locales.

Par ailleurs, ceux qui pensent ne pas contribuer aux ressources de la Municipalité sont des agents de transport tels les conducteurs de pousse-pousse et les laveurs, des artisans comme les électriciens automobiles, les cordonniers, les couturiers, les ébénistes, les soudeurs, les vulcanisateurs, les coiffeurs, les mécaniciens et réparateurs électroniques, des commerçants comme les vendeurs de thé préparé, d'effets de toilette, des boutiquiers et gérants de tables de petit-déjeuner. Cette absence de contribution est imputable quelquefois à la pression fiscale au niveau communal. Les contrôleurs municipaux n'imposent pas à tous les acteurs. Pour M. Diaw, « on a surtout un problème de deuxième niveau. C'est pas un problème de l'effectif, ...de chiffre et de nombre, c'est un problème, à l'heure actuelle, de contrôle des collecteurs à travers un superviseur et un problème de contrôle par opérations de coup de poing pour permettre... une plus grande efficacité de la pression fiscale. Et, aussi, la police municipale de Richard-Toll est une police est vieillie, corrompue, qui n'aide pas les collecteurs à avoir une certaine autorité auprès des revendeurs ».

Revenant à la participation du secteur informel au budget, une analyse exhaustive du budget ne sera pas faite ici. Il s'agira de voir uniquement les niveaux où la participation des acteurs de l'informel est notable. Soit dit en passant, le budget est un système de prévision de recettes et de dépenses pour une année financière allant du 1er janvier au 31 décembre. Faisant abstraction des dépenses, nous nous intéresserons aux ressources de la Commune au titre de l'année 2005. Le budget voté le 26 mars 2005 et approuvé le 30 mai 2005 fait état de 798 880 000 FCFA de recettes réparties comme suit :

Tableau 26 : Recettes communales de l'exercice 2005

Type de recettes

Prévisions 2005

Approbation 2005

Fonctionnement

747 069 000 FCFA

670 349 000 FCFA

Investissement

225 751 000 FCFA

128 531 000 FCFA

Total

972 820 000 FCFA

798 880 000 FCFA

Source : Budget de la Commune de Richard-Toll, Exercice 2005

Les recettes sont de deux ordres. D'une part, les recettes de fonctionnement  viennent des taxes directes et indirectes, de la dotation de fonctionnement de l'Etat et des excédents du budget écoulé. D'autre part, les recettes d'investissement trouvent leur origine dans les ristournes que l'Etat renvoie aux collectivités et dans les fonds de concours. Cela étant, la contribution du secteur qui nous intéresse se situe au niveau des recettes de fonctionnement.

Tableau 27 : Chapitres du budget auxquels contribue le secteur informel

Codes

Nomenclatures

Recettes (FCFA)

Recettes

partagées

Recettes propres

Chapitre 70 

Produits de l'exploitation

51 139 000

7 000 000

400 000

Chapitre 71

Produits domaniaux

38 900 000

11 500 000

26 200 000

Chapitre 72 

Impôts locaux

459 700 000

350 700 000

-----------------

Chapitre 73

Taxes municipales

8 660 000

2 500 000

4 000 000

Chapitre 74 

Produits divers

2 750 000

750 000

-----------------

Chapitre 75 

Dotation de fonctionnement

63 527 530

63 527 530

-----------------

Total

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

624 676 530

435 977 530

30 600 000

Source : Données de l'enquête, 2005

Le constat qui s'impose au regard de ce tableau évoque que le secteur informel participe réellement au niveau des recettes de fonctionnement s'élevant à 670 349 000 FCFA. Les chapitres auxquels participe l'informel rassemblent les 624 676 530 FCFA. L'informel participe, en réalité, à la formation des 435 977 530 FCFA des recettes totales. Par ailleurs, la participation minimale est fixée à 30 600 000 FCFA. De façon plus détaillée, les lignes qui suivent donnent des explications.

Du fait du mécanisme de la caisse unique, il est des recettes auxquelles le secteur informel participe au même titre que d'autres secteurs d'un côté et de l'autre des recettes provenant uniquement de lui.

Recettes partagées avec d'autres secteurs : Ce sont des chapitres du budget auxquels participent aussi bien les acteurs de l'informel que les autres opérateurs de la commune tels la CSS, les populations, les autres entreprises...

D'abord, au niveau des produits de l'exploitation estimés à 51 139 000FCFA, les acteurs du secteur informel contribuent aux 4 000 000FCFA issus des produits de l'expédition des actes administratifs et des actes d'état-civil. Par ailleurs, les taxes d'enlèvement des ordures ménagères s'évaluent à 3 000 000FCFA.

Ensuite, dans les produits domaniaux, c'est à trois niveaux que participe l'informel : au niveau des permis de station sur la voie publique (6 000 000FCFA), des locations sur la voie publique (5 000 000FCFA) et des droits d'occupation du domaine public (500 000FCFA). C'est donc dire que sur 38 900 000FCFA de produits domaniaux, l'informel participe à la formation des 11 500 000FCFA.

Quant aux impôts locaux, ils s'élèvent à 459 700 000FCFA. Les patentes occupent 330 500 000FCFA, les licences 100 000FCFA, les centimes additionnels à la contribution des patentes 100 000FCFA tandis que la taxe sur les véhicules est estimée à 20 000 000FCFA. La l'économie informelle participe à la formation des 350 700 000FCFA.

Puis au niveau des taxes municipales, les recettes partagées sont la taxe complémentaire à la contribution des patentes (2 000 000FCFA) et la taxe sur l'eau consommée (500 000FCFA).

En sus de cela, les produits des amendes correctionnelles ou de simple police auxquels participe l'informel sont de l'ordre de 750 000FCFA.

Enfin, le fonds de dotation de fonctionnement est de l'ordre de 63 527 530FCFA. C'est une partie de la TVA qui est répartie aux différentes collectivités et services déconcentrés.

Recettes propres au secteur informel : Ce sont des recettes qui sont uniquement imputables aux acteurs de l'économie informelle.

Au chapitre des produits de l'exploitation, deux recettes sont directement imputées à l'informel. D'une part, les produits des droits de taxes perçus aux abattoirs sont estimés à 300 000FCFA. D'autre part, la taxe de visite et de poinçonnage des viandes est de l'ordre de 100 000FCFA. D'où 400 000FCFA des produits de l'exploitation viennent du secteur.

S'agissant des produits domaniaux, c'est à cinq niveaux que la contribution informelle est réelle. Les produits de location de souks donnent 13 000 000FCFA quand les produits des loges et stalles sont estimés à 500 000FCFA. Donc, les produits de droit de place produisent 12 000 000FCFA, la taxe sur le produit des ventes d'animaux 100 000FCFA. Le stationnement des taxis verse 600 000FCFA. Cela étant, parmi les 38 900 000FCFA des produits domaniaux, le secteur informel offre 26 200 000FCFA.

Au niveau des taxes municipales faisant un total de 8 660 000FCFA, la taxe sur les véhicules hippomobiles permet à l'informel d'apporter 4 000 000FCFA au budget.

En synthèse, au regard de ce qui est expliqué précédemment, nous pouvons dire que la participation individuelle minimale du secteur informel aux recettes de fonctionnement tourne autour de 30 400 000FCFA. Par ailleurs, faudrait-il savoir que le mécanisme de la caisse unique ne permet pas de savoir exactement la part réelle du secteur informel au niveau des recettes partagées avec les autres secteurs estimées à 435 977 530FCFA. Ce qui nous amène à dire que le secteur informel contribue à plus de 30 400 000FCFA mais aussi à moins 435 977 530FCFA au budget communal.

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