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Comment peut on envisager la durabilité touristique des montagnes françaises ?

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par Mari Jaouen
Ecole Supérieure Européenne (Poisy 74) et Université Jean Moulin (Lyon 69) - Diplôme Universitaire en Ingénierie de l'Espace Rural 2004
  

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2.2.2.3 Impacts environnementaux dramatiques29(*)

Les dynamiques en oeuvre dans les activités touristiques des ménages évoluent et ont des effets croissants sur l'environnement et l'économie. Les motifs personnels (agrément, famille, amis...) amènent les Français à se déplacer en masse sur le territoire national ; 165 millions de séjours30(*) (2005) s'ajoutent à environ 57 millions d'excursions31(*) (2004).

Les départs en vacances restent concentrés en été et les fins de semaine. Les séjours se raccourcissent. Les Français sont plus nombreux à partir en congés (+24% entre 1990 et 2004), mais les courts séjours (de moins de 3 nuitées) se multiplient (+14% entre 1998 et 2004), tandis que les longs et moyens séjours se raccourcissent (de 14 à 10 nuitées en moyenne en 15 ans). Ces mouvements ont des implications locales : accroissement des nuisances routières (embouteillages, bruit, pollution de l'air), accentuation de l'utilisation des équipements collectifs des communes réceptrices (traitements des eaux usées, déchets, alimentation en eau potable), augmentation des loisirs ayant la nature pour support.


Figure 24 : Les départs en vacances des Français dans l'année selon le type de destination (en millions de séjours), source : ministère chargé du Tourisme, Enquête « Suivi de la demande touristique », 2005.

Les déplacements liés aux vacances, effectués en voiture, génèrent environ 12,4 Mteq CO2, soit 16% des GES émis sur le territoire national par les véhicules particuliers. Plus le déplacement est de courte durée, plus le poids du transport se fait ressentir dans les émissions du GES, comme dans le budget vacances des ménages. La part des déplacements effectués en voiture vers la destination montagne et au cours des séjours passés dans cet espace est difficilement quantifiable mais il est indéniable qu'ils ont un impact sur l'environnement.

Les voyages en train représentent 13% des déplacements touristiques sur le territoire national. Un voyage en train génère 12 fois moins d'émission de GES qu'un voyage en voiture à distance égale.

Figure 25: Les modes de transport utilisés par les Français pour se rendre sur leur lieu de vacances (séjours en France), source : ministère chargé du Tourisme - Sofres, Enquête "Suivi des déplacements touristiques des Français", 2005

Avec les arrivées de touristes, la démographie de certains départements peut doubler voire même tripler. Les Français se rendent essentiellement en ville, à la campagne (34% et 33%), pour des séjours relativement courts (en moyenne 4,5 nuitées). À l'opposé, ils sont moins nombreux à se rendre sur le littoral (26% des destinations) et à la montagne (14% des destinations), mais leurs séjours y sont plus longs (en moyenne 8 et 7 nuitées). Cet apport démographique temporaire, mais parfois considérable (surtout quand on rajoute les étrangers), pose des problèmes dans les milieux où la ressource en eau est fragile (mer et montagne). Des stations d'épuration, calibrées sur les populations de pointe, fonctionnent en "sous-régime" une partie de l'année.

Les activités des ménages sur leur lieu de vacances tirent partie des ressources offertes par la nature. En 2005, les activités terrestres représentent 38% des activités déclarées, parmi lesquelles la promenade est évoquée à 22%, la visite de sites naturels à 5,5% et la randonnée 3,1%. Certains espaces peuvent connaître un cumul d'activités créant des conflits d'usage soit entre loisirs, soit au détriment d'une ressource. C'est en mer et en montagne que ces conflits peuvent être exacerbés, compte tenu de l'attractivité de ces espaces, de la fragilité des milieux et des aménagements durs qu'ils supportent (ports, stations de ski...).

Le développement des stations de sports d'hivers a entraîné la création de nombreuses pistes de ski dont la réalisation nécessite des opérations de terrassement lourdes sur des surfaces importantes, perturbant l'écoulement des eaux, la végétalisation et les sols.

En montagne, l'aménagement de pistes de ski entraîne une destruction définitive des sols, des modifications de la biodiversité et des déséquilibres qui affectent la structure et le fonctionnement des écosystèmes et des paysages. C'est également le cas des terrains qui font l'objet de terrassement.

L'urbanisation des domaines skiables, la construction des pistes de ski et des remontées mécaniques dégradent fortement les milieux. 15 à 50 % de la surface des pistes sont ainsi remodelés avec une modification des dénivelés, un élargissement des couloirs, la destruction de la végétation et le retournement du sol. Les équilibres écologiques qui conditionnent le maintien de la biodiversité sont bouleversés, les sols s'érodent, les pratiques pastorales sont modifiées, la qualité esthétique des paysages est affectée.

Toujours en ce qui concerne l'activité sports d'hiver et les pistes, on peut soulever le problème des canons à neiges. Au lieu de s'attaquer au problème du réchauffement climatique, l'homme préfère réinventer le froid et accentuer la dégradation du climat. Plus de la moitié des stations de ski en France sont équipées de canons à neige, soit plus de 40 000 hectares d'enneigement artificiel. Même les glaciers reçoivent des canons pour implanter le ski sur plusieurs saisons.

Comme nous l'avons vu plus haut, cette pratique entraîne des conséquences sur l'environnement comme une surconsommation d'eau au moment où cette eau devient de plus en plus rare. Elle provoque un risque sur la santé dû à l'utilisation sans contrôle des additifs chimiques (cristaux d'argent, silice, ou bactérie irradiées) dans la fabrication de neige artificielle. De plus elle perturbe le cycle végétal mettant en cause la diversité biologique et la nature montagnarde.

L'alimentation des canons nécessite aussi de grandes quantités d'eau, prélevées dans les ressources superficielle ou souterraines, le réseaux d'eau potable ou les retenues d'eau artificielles. En hiver, le débit des cours d'eau en montagne est faible. Il faut donc construire des retenues artificielles qui stockent l'eau mais qui ont de graves inconvénients. Ces lacs artificiels au fond recouvert d'une bâche en plastique viennent défigurer et modifier le paysage. Les questions de sécurité ne doivent pas être écartées. En cas de rupture, de glissement ou d'éboulement faisant déborder ces retenues collinaires, les conséquences sur les villages en aval seraient dramatiques. Certaines retenues contiennent plus de 300 000 m3 d'eau.

L'enneigement artificiel consomme 4 000 m3 d'eau à l'hectare alors que le maïs qui est l'une des culture les plus consommatrices d'eau n'est qu'à 1 700 m3 par hectare! Une commune de Haute-Savoie a vu une telle dégradation de la qualité de ses eaux que les prélèvements pour l'enneigement ont du être stoppés. Quand à une autre, un projet de retenue collinaire a été bloqué, il aurait privé d'eau les communes de piémont.

Alors que d'autre pays ont interdit la neige de culture et qu'il a été reconnu par le fabricant de la protéine bactérienne que son produit constitue un milieu favorable aux germes pathogènes, ce procédé est en pleine expansion en France. Cette neige est également un danger pour les espèces végétales typiques des milieux montagnards. Elle est fabriquée avec une eau chargée en nutriment, en matière organique et en polluant. Plus compacte que la neige naturelle, la neige artificielle fond moins vite et affecte l'agriculture pastorale (prairies plus tardives). L'atteinte au paysage peut également être considérée comme polluante. Les canons à neige d'une douzaine de mètres de hauteur et dont l'utilité reste le plus souvent à démontrer s'ajoutent aux équipements existants et défigurent le paysage à l'année.

La quantité de déchets émis en montagne augmente et le volume des déchets progresse de 1, 8% Le tonnage des ordures ménagères par an et par habitant en Haute-Savoie par exemple, est le double de la moyenne nationale.

Depuis 100 ans, le rail et les câbles sont partis à la conquête des sommets des Alpes. Durant des décennies, de nombreuses installations de remontées mécaniques furent construites : télésiège, téléski, téléphériques, télécabines... La technique de transport toujours plus perfectionnée déboucha sur une véritable euphorie de la desserte de la montagne jusque dans les années 1970. Toujours plus de sommets et de points de vues furent aménagés. Le système de remontées mécaniques constitue une source de pollution importante au niveau de la dégradation du milieu par la déforestation. On peut également noter la nuisance sonore et la dégradation du paysage.

L'accès aux destinations touristiques est souvent entravé par des goulets dans les vallées. La construction de nouvelles routes qui favorisent la pénétration de véhicules moteurs, engendre des mécanismes de l'érosion, détruit des sentiers et segmente l'espace naturel au détriment de la faune et la flore. L'utilisation systématique de la voiture pour les courts trajets et le manque de stationnement est à l'origine d'une grande part de pollution.

La surpopulation saisonnière entraîne une urbanisation aux différents niveaux d'altitudes, aussi bien par la création de villes nouvelles à vocation de stations de sport d'hiver que par la métamorphose d'anciens villages devenant de vastes nébuleuses de résidences secondaires. Ces pics de population entraînent des constructions abusives.

* 29 Source : http://www.ifen.fr et CORDONNIER Fanny, La montagne durable, Mémoire de recherche Iseg, 2007.

* 30 Un séjour compte au moins une nuitée. Les courts séjours (inférieurs à 3 nuitées) sont distingués des moyens (entre 3 et 7 nuitées) et des longs séjours (supérieurs à 7 nuitées).

* 31 Une excursion est un aller-retour effectué dans la journée sans nuitée.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery