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Le comportement psychologique de l'investisseur

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par Boujlida Ahmed
ISCAE Tunis - Maitrise en finance 2005
  

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INTRODUCTION

Les travaux de la finance comportementale tentent, depuis quelques années, d'expliquer certaines des anomalies constatées, en abandonnant l'idée de rationalité de l'investisseur, pourtant centrale à l'hypothèse d'efficience des marchés.

Ce nouveau courant de recherche a proposé ainsi des biais cognitifs relatifs aux connaissances des investisseurs qui sont principalement l'ancrage mental et la comptabilité mentale.

Souvent, l'être humain a une difficulté à traiter l'information qu'il a à disposition et à la matérialiser par une décision claire et nette. Pour ne pas rester hésitant, il utilise des artifices intellectuels qui le permettent de trancher rapidement. L'ancrage mental en est un.

L'ancrage se définit par le fait que les gens, lors de la formation de leurs jugements et la fixation de leurs prévisions, ont généralement tendance à se rattacher à des points de référence gardés au tréfonds de leurs esprits.

Cet état de fait permet de ne pas hésiter éternellement quand il s'agit de prendre une décision ou d'émettre un avis. Néanmoins, il induit toutefois un ajustement insuffisant des prévisions de la part des investisseurs qui s'attachent trop à ces points de référence.

Ce biais conduit à une prise en compte insuffisant de l'information nouvelle au détriment de l'information passée.

Le biais l'ancrage mental comporte plusieurs déclinaisons telles que le biais de représentativité et le biais de confirmation.

Si la théorie économique utilise comme postulat de départ que nous disposons d'une capacité de réflexion infinie pour résoudre les problèmes économiques auxquels nous sommes confrontés tous les jours, les psychologues, au contraire, ont mis en avant nos limites introduisant ainsi le biais de la comptabilité mentale.

La comptabilité mentale assemble tous les trucs qui permettent de simplifier la prise des décisions économiques quotidiennes. Elle est composée de trois importantes composantes à savoir l'utilité de transaction, la compartimentation budgétaire et enfin la comptabilité temporelle.

L'explication de la comptabilité mentale nous amène à parler au biais de la diversification.

Ce chapitre sera donc organisé comme suit :

La première section sera consacrée à la présentation du biais d'ancrage ainsi que ses déclinaisons.

La seconde section se focalisera sur l'étude du biais de la comptabilité mentale ainsi que le biais de diversification.

SECTION 1 : L'ANCRAGE MENTAL

I. La notion d'ancrage mental (Anchoring)

L'ancrage est un outil que les investisseurs utilisent pour résoudre des phénomènes complexes ; ce biais s'explique par la sélection de points de référence lors de la formation d'un avis ou la prise d'une décision.

I.1. Présentation et caractéristiques du biais d'ancrage :

KAHNEMAN et TVERSKY (1974) montrent que lors de la formation de leurs anticipations, les agents commencent généralement par la fixation de quelques valeurs arbitraires possibles autour des quels les prévisions seraient fixées.

En définissant l'ancrage mental, GREENFINCH postule que les gens (et entre autres les investisseurs), gardent au tréfonds de leur matière grise quelques points de référence. Cela peut être lié, entre autres causes, à une mémoire sélective, par exemple un cours d'action précédent, ou une tendance de cours précédente.

MANGOT (2004) affirme qu'il existe un biais d'ancrage numérique. Ce biais rend compte de la tendance à focaliser sur un nombre et à l'utiliser comme point de référence au moment de réaliser une estimation.

D'après cet auteur, les nombres pouvant influencer l'évaluation des titres sont multiples ; ils peuvent être les cours cotés, les ratios du marché, des nombres remarquables (tel que le prix d'achat, le prix d'achat d'une connaissance), ou des cours qui ont marqué l'attention (par exemple le titre est resté pendant trois mois autour de 85 euros, pourquoi l'acheter maintenant à 95 euros ?)...

Cet auteur donne comme conséquence du biais d'ancrage le fait que l'investisseur affiche des comportements similaires dans des moments remarquables, par exemple les krachs boursiers.

Le matin même de krach de 1987, plusieurs quotidiens Américains, tel que le Wall Street Journal, montraient des graphiques superposant les performances des indices boursiers en 1929 et 1987, suggérant la comparaison. MONGOT indique qu'« on peut imaginer que cela a influencé la perception des évènements par les investisseurs et a conditionné leurs opérations en Bourse ».

KAESTNER (2005) affirme que le biais d'ancrage traduit le fait que les individus raisonnent par rapport à des valeurs de référence passées. Le poids attribué à cette information passée est excessivement élevé et entraîne un ajustement insuffisant lors de l'arrivée d'une information nouvelle différente.

L'ancrage peut conduire à des comportements de sous-réaction ou de sur-réaction. En effet, quand arrive une nouvelle information les investisseurs ajustent trop timidement ces références en excluant les informations qui ne viennent pas dans le sens de leurs croyances (la sous-réaction). Plus tard, au fur et à mesure que ces informations sont confirmées par d'autres allants dans le même sens, les investisseurs ajustent excessivement, et même parfois brutalement, leurs références (sur-réaction).

Donc les investisseurs ont tendance à extrapoler les résultats à venir des résultats passés et à ne corriger leurs anticipations en fonction des nouvelles informations que très graduellement.

I.2. Les déclinaisons de l'ancrage :

Le biais l'ancrage mental comporte plusieurs déclinaisons telles que le biais de représentativité et le biais de confirmation.

I.2.1. Le biais de représentativité : (Representativeness Heuristic)

La règle de représentativité représente l'éventualité la plus simplificatrice aux investisseurs dans le contexte de l'imperfection des marchés pour lequel le processus de prise de décision est de plus en plus emblématique face à la multiplicité des données.

Ce biais se focalise par le fait que les agents évaluent la probabilité d'un événement futur incertain par le degré avec lequel cet événement ressemble à un phénomène récemment observé.

Ce biais heuristique a été identifié par TVERSKY et KAHNEMAN (1975) qui postulent dans leur étude que lors de la formation de leurs jugements les individus ont généralement tendance à ne pas tenir compte des probabilités établies et à juger uniquement en fonction des similarités observées avec des modèles connus.

Dans leur étude, GRIFFIN et TVERSKY (1992) montrent que les agents sujets au biais de représentativité ajustent leur modèle en considérant les événements passés comme étant typiques ou représentatifs d'une classe spécifique d'événements et effectuent leurs prévisions en se basant sur les caractéristiques de ces derniers.

MANGOT (2004) indique qu'il existe deux types de représentativité : une temporelle et l'autre spatiale.

· La représentativité temporelle :

Les investisseurs considèrent souvent que ce qui s'est produit dans le passé récent peut se reproduire dans le futur proche avec une probabilité bien plus grande qu'en réalité.

Les investisseurs se référent ainsi à leurs modèles antérieurs et effectuent une analyse très sélective des informations récentes dans le but de détecter une éventuelle similarité.

La conséquence de cette représentativité est que l'investisseur a tendance à se porter acheteur sur un titre quand il a déjà gagné grâce à lui dans le passé.

· La représentativité spatiale :

L'investisseur considère que ce qui se produit autour de lui doit se produire également à grande échelle.

Pour montrer l'existence de ce type de représentativité MANGOT (2004) a posé le question suivant « qui ne penserait pas que le taux de divorce grimpe en flèche si trois couples d'amis proches annoncent leur divorce dans un intervalle de deux mois ?».

Le même raisonnement est applicable aussi par les investisseurs. Ces derniers peuvent considérer que ce qui arrive à leurs titres arrive au marché tout entier ou que leurs réflexions sont largement partagées par les autres investisseurs.

Que ce soit dans sa forme temporelle ou spatiale, le biais de représentativité est toujours un sophisme (raisonnement faux) qui s'explique par une méconnaissance ou par l'oubli.

I.2.2. Le biais de confirmation :

Cette fois, n'est pas influencée par ce que l'investisseur a vu dans un passé récent ou ce qu'il expérimente directement mais par la première impression.

RUSSO, professeur de marketing à Cornell University, a par exemple réalisé une expérience dans laquelle il a été demandé à des étudiants de choisir entre deux restaurants à partir de la comparaison de leurs menus respectifs. L'expérience est faite de telle sorte que lorsque la comparaison a porté sur les menus considérés dans leur intégralité, l'échantillon s'est réparti équitablement entre les deux restaurants. Mais quand il s'est agit de choisir après une comparaison détaillée des menus, plat par plat, 84% des étudiants ont alors opté pour le restaurant qui obtint leur préférence lors de la première comparaison de plats.

De même en Bourse, l'investisseur se porte plus volontiers acheteur d'un titre quand il en a eu une première impression favorable et inversement. Dès lors les décisions d'achat et de vente ne sont plus commandées par des évaluations objectives, avec les risques que cela suppose.

Parmi toutes les informations qui parviennent, toutes ne sont pas traitées équitablement. L'investisseur présente une tendance à surévaluer celles qui vont dans le sens de sa première idée et à minimiser celles qui s'y opposent.

II. Les diagnostics et les remèdes de l'ancrage

II.1. Les diagnostics de l'ancrage :

D'après MANGOT (2004), on prend conscient qu'un investisseur est sujet au biais d'ancrage ou à ses corollaires si :

- Il négocie très rarement avec les commerciaux ou inversement il est persuadé d'être un très bon négociateur alors qu'il n'est pas commercial et n'a jamais reçu une quelconque formation en négociation ;

- Il est client de la même banque depuis longtemps, sans trop savoir pourquoi ;

- Il est particulièrement sûr de sa façon de gérer son portefeuille ;

- Il prend ses décisions d'achat et de vente très rapidement, à partir de quelques informations seulement ;

- Il a un titre sur lequel il se renforce régulièrement et qui représente aujourd'hui plus du tiers de son portefeuille ;

- Il ne réinvestisse jamais sue une valeur avec laquelle il a perdu de l'argent ;

- Il attend qu'un titre qui a beaucoup baissé revienne à son cours d'achat pour le vendre.

II.2. Les remèdes de l'ancrage :

D'après MANGOT (2004), un premier pas vers la rationalité serait de faire en sorte de s'accrocher à des ancres plus rationnelles.

Cet auteur affirme que l'investisseur peut largement corriger ce biais :

- En tenant une comptabilité rigoureuse de ses réussites et de ses échecs ;

- En recueillant le maximum d'informations sur les prix de marché de manière à avoir une ancre légitime, que ce soit pour des comparaisons statiques (par rapport aux valeurs comparables) et dynamiques (par rapport aux valorisations historiques) ;

- En confrontant son point de vue à celui d'autres investisseurs pour voir si sa première intuition est justifiable. Il faut néanmoins faire attention à ce que les interlocuteurs aient des avis contradictoires si non le risque est grand de se conforter les uns les autres et de s'encourager à prendre des positions encore plus tranchées ;

- En multipliant les conseillers. Car eux-mêmes peuvent être sujets au biais de confirmation et avoir des analyses viciées.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore