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L'activité culinaire des étudiants étrangers

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par Frédérique Giraud
Ens-Lsh - Master 1 de Sociologie 2006
  

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IV. Les enquêtés

1) Qui sont-ils? Quelles sont leurs propriétés sociales ?

Nous avons rassemblé ici sous la forme de mini portraits l'ensemble des informations dont nous disposions sur nos enquêtés. On peut remarquer d'une part leur extrême hétérogénéité d'un enquêté à l'autre, mais surtout les lacunes qu'elles renferment. Trop souvent nous n'avons pas osé posé toutes nos questions, notamment concernant la profession exacte des parents et des grans-parents, passant vite une fois la réponse donnée de manière faire oublier l'intimité des détails fournis. De sorte que c'est en transcrivant les entretiens qu'on se rend compte du manque d'informations.

96 Chapoutot, Claire « Les blogs culinaires : quant Internet entre dans la cuisine... », Faire la cuisine. Analyses pluridisciplinaires d'un nouvel espace de modernité. Les Cahiers de l'OCHA, n° 11, 2006

Mickaël, étudiant américain, 25 ans, assistant de langue au lycée Louis Armand de Villefranche sur Saône.

Son père s'occupe de la surveillance de forêts et l'été il surveille les cours d'eau. (Son père adore la chasse, il se fait prendre en photo avec ses fusils, ses chiens et ses prises)

Sa mere execute des travaux de renovation de maison (she puts up wall paper, she paints, not a décoratrice, she does the work)

Son grand-père est fermier, il a un grand troupeau de vaches, sa grand-mère travaillait pour l'Etat Il a un frère aîné qui a 32 ans, et deux soeurs (23 ans et 16 ans)

Il ne sait pas ce qu'il veut faire plus tard, pour l'instant il multiplie les petits boulots.

Vit seul en France en bas des pentes de la Croix-Rousse, après avoir vécu le premier mois à Lyon dans une famille.

Aux Etats-Unis, il a vécu en colocation avec des amis puis seul.

Etudes d'économie, de management aux Etats-Unis, diplômé en 2003 (Business in university, graduated in 2003). Depuis la fin de ses études aux Etats-Unis, il a fait beaucoup de petits boulots et joue dans un groupe de musique avec des amis. S'il est venu en France comme lecteur d'anglais au lycée, c'est à la fois pour améliorer sa maîtrise de la langue française, mais aussi parce que l'opportunité de ce travail lui a été fournie par un ami. Il a saisi l'occasion comme un moyen de gagner de l'argent, de faire des économies lui permettant de visiter l'Europe. A chaque période de vacances, il part visiter l'Europe, il utilise la compagnie de voyage en car Eurolines et sillonne le temps des vacances le pays ou les villes de destination (à Noël, il a visité Rome, et le sud de la France avec sa mère ; en février, il est parti pou Budapest, Vienne...)

Anecdotes alimentaires :

Il se caractérise par le souci de dépenser le moins possible pour son alimentation. Il ne mange quasiment que des sandwiches. Lorsqu'il invite des amis, ils font ensemble une soupe, mangent de la salade et surtout dégustent du vin et du fromage. Il adore le vin et le fromage français, trouve les repas français dans leurs menus et leur manifestation beaucoup plus conviviaux que les repas américains. Il aimerait continuer à recevoir aux Etats-Unis ses amis à la manière dont il le fait en France, autour d'une bouteille de vin rouge avec du fromage.

L'ayant revu plusieurs fois après l'entretien il nous a tenu au courant des modifications apportées à ses préparations culinaires : si il continue à manger des sandwiches, ne trouvant pas le temps de manger autre chose en semaine, il a adopté un repas à la française lorsqu'il invite des amis. Le menu auquel il se tient est le suivant : quiche lorraine, salade de carottes, fromage, pommes au four.

Il n'a pas cherché de magasins américains, mais est tombé sur un par hasard et y a cherché vainement quelques aliments notamment des « pepperoni and cheese ». Ce qui lui manque en France, ce sont les restaurants rapides où l'on peut manger indien auxquels il est très habitué.

Christina, étudiante allemande, 22 ans, assistante de langue au lycée Louis Armand de Villefranche sur Saône. Elle enseigne la langue allemande à des classes de collège et de lycée. Elle veut être professeure de français en Allemagne.

Son père travaille dans une banque, dans un service où l'on vend des contrats, sa mère est traductrice, elle parle couramment l'anglais, le français et l'allemand.

En Allemagne, elle fait ses études à Stuttgart, elle y vit en résidence universitaire. Ses parents habitent Hanovre. En passant de l'Allemagne du Nord, à l'Allemagne du Sud pour ses études elle a découvert des spécialités culinaires autres que celles du Nord.

En France elle a habité un mois et demi chez une personne âgée à Villefranche sur Saône, puis a trouvé une colocation dans les logements d'un lycée à Fourvière avec une française et une américaine. Elle s'entend très bien avec ses colocataires. Toutes trois, elles ont entrepris de découvrir la France. Les deux premiers mois ont été consacrés à la visite de la ville de Lyon et de ses environs (Saint-Etienne, Grenoble). Puis elles ont voyagé en France à Nice, Aix en Provence, Dijon, Beaune... Chaque week-end permettait de découvrir la ville et des spécialités culinaires de la ville. Le week-end passé à Beaune était conçu comme un véritable week-end gastronomique, puisqu'il s'agissait d'aller y goûter des vins.

Anecdotes alimentaires :

Elle aime beaucoup goûter la cuisine française, elle demande beaucoup à ses colocataires de lui faire découvrir des spécialités et se rend souvent dans des brasseries où elle demande au chef les recettes. Elle a adoré la crème brûlée, découverte en France, adore nos fromages également.

Pour venir en France, elle n'a amené avec elle que des sucreries (bonbons haribos, chewing gum), elle rapporte plus de choses à faire découvrir à ses parents qu'elle n'en a amené en France (papillotes, crêpes, crème à la châtaigne...)

Giovanni, étudiant italien, 25ans, en Erasmus, en master 2 de droit

Il a déjà vécu un an en Allemagne en Erasmus, ce qui lui a permis de découvrir les spécialités culinaires allemandes dont ses habitudes alimentaires gardent la marque : l'un des plats qu'il prépare le plus souvent est une sorte de flammeküche.

C'est notre colocataire du premier semestre. Vit en présence de deux français et une chinoise Il est fils unique. (Il n'aime d'ailleurs pas être seul, adore travailler dans la cuisine en présence de sa mère, veut avoir de la présence autour de lui. A Lyon, il aimait également travailler dans la partie commune du module).

Il est très sociable et très ouvert aux rencontres. Il invite énormément de personnes à manger, pour prendre le café.

Ses deux parents habitent un petit village de montagne à côté de Trente et sont à la retraite. Son père mécanicien pour une entreprise de service urbain est parti assez tôt à la retraite et bénéficie d'une retraite d'un bon niveau, et sa mère était assistante maternelle. Ses parents cultivent un jardin potager, la plupart des produits qu'ils consomment sont issus du village où ils habitent. Les habitants échangent des produits alimentaires de façon complémentaire. Chez lui, Giovanni a été habitué à manger des produits de la ferme, produits localement, élevés par ses parents ou des personnes connues du village. Il a donc du mal à trouver en France ces produits très locaux de montagne. Il ramène en France beaucoup de produits avec lui : pots de confiture, conserve de poivron, lards, marrons, fromage, lard, vin produit par son père...

Anecdotes alimentaires :

Il n'a jamais mangé une seule fois seul de tout son séjour en France. Il a toujours mangé soit en présence de ses colocataires chinois et français, soit en compagnie d'autres italiens ou en présence de tunisiens.

Il fait très attention au coût des produits alimentaires et développe un argumentaire très rôdé : en France il essaie de ne pas acheter des produits qu'il achète en Italie et qui sont en France

beaucoup plus chers. Il achète en France des produits qu'il ne connaît pas, ou des produits qui en Italie sont très chers relativement à leur coût en France.

Il n'aime que le café italien, fait sans sa cafetière ramenée exprès d'Italie.

Anna, étudiante brésilienne, en thèse, 25 ans.97

Elle vit en compagnie d'un italien et de deux français en colocation.

Elle est mariée depuis un an à un brésilien. Elle adore cuisiner et cherche à cuisiner brésilien en France, notamment le plat typiquement brésilien qu'est la feijoada. Elle passe beaucoup de temps à cuisiner. Elle se plaint de ne pas trouver en France de la viande à bas prix, parce qu'au Brésil on mange énormément de viande. Avant son départ pour la France, elle a consommé pendant une semaine de la viande à tous les repas. Son mari qui est venu un mois en France en avril pour la voir, lui a amené de la viande et d'autres spécialités.

Tsu Tsu Tuï, étudiante chinoise en première année de thèse, 25 ans. Elle vit en colocation en compagnie de deux françaises.

Elle s'est mariée avant son départ pour la France. Fille unique, elle a habité avec ses parents la banlieue de Shanghaï. Son père est professeur d'université, sa mère aujourd'hui à la retraite était vendeuse dans un magasin. Elle a touj ours habité en ville chez ses parents. Mis à part le mois où elle a vécu avec son mari, elle n'a jamais vécu hors du foyer de ses parents.

Anecdotes alimentaires :

Elle n'aime pas la cuisine française, et essaie de cuisiner chinois le plus possible. Elle adore aller dans les magasins asiatiques et trouve presque tout ce qu'elle y cherche, même si elle est parfois peu satisfaite de la qualité des produits. Elle trouve aussi beaucoup de produits chinois dans des grandes chaînes comme Carrefour. Pour elle le coût des dépenses alimentaires n'est pas important.

Elle n'a pas l'habitude en Chine de faire la cuisine, elle n'a vécu qu'un mois avec son mari, et en Chine on peut très souvent manger à l'extérieur des petites portions déjà prêtes ainsi qu'on achète dans les supermarchés. En France elle passe beaucoup de temps à cuisiner.

Shumeï, étudiante chinoise en seconde année de thèse de géographie

C'est notre colocataire. Elle vit en présence de trois français et un italien, au second semestre en compagnie de deux français, une brésilienne et une italienne. Elle fréquente assez peu au début de l'année les autres étudiants chinois de l'Ens Lsh ainsi que ceux de l'école de l'Ens Lyon.

Elle a rencontré son mari en 2002 et est mariée depuis 5 ans et mère d'un petit garçon de deux ans. Son mari est informaticien, il est originaire de sa province, ils se sont rencontrés à l'université.

97 L'entretien devait se dérouler en deux parties, la première d'une durée de une heure s'est déroulée à notre domicile à table, alors qu'elle était invitée par notre colocataire chinoise. L'entretien informel au début a débuté à table et s'est poursuivi à la fin du repas avec le dictaphone. Nous avions pris rendez-vous pour continuer, mais des aléas ont fait repoussé l'entretien, puis elle n'a plus voulu le terminer. Nous ne possédons donc pas d'informations relatives à son origine sociale.

Fille aînée de trois frères et soeurs

Son père est décédé lorsqu'elle était très jeune, sa mère vit seule avec son dernier frère de la culture des terres qu'elle possède avec d'autres personnes du village. Très bonne à l'école, son père l'envoie à Shanghaï faire ses études dès l'âge de neuf ans. Son père est obligé pour cela de travailler beaucoup, ce qui croit-elle a contribué à sa mort. Elle savait que son travail rendait heureux son père et n'a jamais voulu le décevoir. Elle a été habituée à travailler très dur, se trouvant redevable par rapport à son père et ses frères et soeurs.

Elle habite la campagne, une région très très pauvre. Ses deux autres soeurs sont mariées. Etudiante elle a habité Shanghaï, c'est là qu'elle a vécu avec son mari. Elle n'aime pas la cuisine de Shanghaï qu'elle trouve trop sucrée par rapport à celle de sa province où l'on met beaucoup de sel.

Anecdotes alimentaires :

Elle n'aime pas faire la cuisine et considère qu'elle ne cuisine pas chinois. Elle se dit paresseuse pour son alimentation et rêverait que l'on cuisine pour elle. C'est pourquoi elle n'aime pas cuisiner chinois, c'est plus long, et cela nécessite beaucoup de vaisselle. Elle n'aime pas du tout aller dans les magasins asiatiques et essaie de se faire ramener des produits par des amis. Elle ne s'y est rendue que deux fois au cours du premier semestre, ayant rapporté beaucoup d'ingrédients de Chine.

Elle est très attentive à ce qui est bon pour la santé, aux nutriments fournis par tel aliment...ce qui témoigne d'une mentalité plutôt populaire. Elle est friande de toute information concernant un aliment bon à manger ; par exemple elle achète du beurre oméga 3 parce qu'elle a vu des publicités vantant ses mérites pour la santé.

Abdelbaki, étudiant tunisien, élève normalien de l'ENS de Tunis, en master 2 de Lettres modernes

Il vit en colocation à l'ENS avec deux françaises. En Tunisie, il vit avec sa famille.

Son père aujourd'hui à la retraite était mineur à Tunis, sa mère n'a jamais travaillé. Il a deux frères ingénieurs, une soeur en licence de géographie. Il est manifestement en ascension sociale par rapport à la situation de ses parents.

Anecdotes alimentaires :

Il est très attaché aux spécialités tunisiennes et familiales et n'accorde sa confiance qu'aux produits locaux. Il ajoute du piment à tout ce qu'il mange. Il a ramené un grand nombre de produits avec lui en septembre.

Il n'avait jamais fait la cuisine en Tunisie avant de venir en France, mais ayant demandé des conseils à sa mère et à sa soeur avant de partir, il n'a pas rencontré de difficultés. En matière d'organisation, du « faire la cuisine » au quotidien, une dimension apparaît centrale chez lui, c'est la prévision des menus. La semaine est l'unité temporelle d'organisation. Le dimanche matin il prépare l'ensemble des repas de la semaine. Il y consacre sa matinée, il prépare tous les plats différents, les sauces pour les accompagner et conserve tout au frigo dans des tupperware.

Théodora, étudiante roumaine en master 2 de géographie, elle espère revenir pour sa thèse en France l'année prochaine

En France, elle vit en colocation à l'ENS avec un couple français-chinois, et un autre français. En Roumanie, elle vit chez sa mère.

Son père était ingénieur, il est aujourd'hui décédé, sa mère est vendeuse dans une fabrique de tissus. Elle a deux soeurs et un frère.

Anecdotes alimentaires :

Elle n'aime pas la nourriture de la cantine. A son arrivée, elle cherchait dans tous les magasins où elle rentrait des produits roumains, mais n'avait apporté aucun ingrédient de chez elle. Elle demande à sa mère de lui en envoyer. Elle manque en France de produits roumains pour cuisiner des plats typiques de chez elle. Si elle revient l'année prochaine, elle amènera les produits qui lui ont manqué cette année et s'efforcera de trouver des épiceries à Lyon proposant certains produits typiques. Cependant elle aime à découvrir de nouveaux produits, elle a goûté ici pour la première fois des crevettes et en raffole. Si elle cuisine roumain, c'est exclusivement le soir et de préférence le week-end parce que cela lui prend du temps de trouver des aliments de substitution pour reconstituer les recettes. Les plats roumains qu'elle a essayé de faire n'ont pas tout à fait la saveur de ce qu'elle se prépare en Roumanie. En règle générale, elle mange des plats préparés rapidement comme des frites ou des pizzas achetées parce qu'elle n'a pas le temps de se préparer à manger.

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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera