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Les représentations dans la géographie : une approche à valoriser dans les pays du Sud (l'exemple des hautes terres d'afrique de l'Ouest et d'Afrique Centrale

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par David Leyle
Université Bordeaux 3 - DEA de géographie 2001
  

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1 Dans les années 1960-1970, on disait alors « géographie tropicale ».

2.2 Les liens entre l'ethnologie et le développement du concept dans la géographie des espaces tropicaux.

D'après Frémont A. (1980), les sociologues ont fortement inspiré les écrits des géographes qui travaillent au sein des sociétés industrialisées, mais s'il est une influence à détacher des autres, c'est bien celle des ethnologues (Lévi-Strauss et Nicolas, 1975) pour les géographes tropicalistes: « Ils savent qu'ils ne sauraient ignorer les travaux des ethnologues, même si ceux-ci ne se confondent pas exactement avec leurs propres préoccupations » (Frémont A., 1973).

L'analyse comparée des ethnologues (voir note 2), permet de mettre en évidence les différentes perceptions et représentations de l'espace entre les sociétés, appuyant leurs raisonnements sur les facteurs culturels, mais aussi religieux, sexuels, économiques et sociaux. Ils permettent ainsi de révéler dans l'espace des sociétés du Sud une dimension cachée et non explorée par les géographes qui, à travers les images qu'elle produit, contribue à façonner leurs territoires* et leurs paysages. Bien que la vision des ethnologues soit plus centrée sur l'homme lui-même comme objet d'étude que sur l'espace, leurs préoccupations vont dans le sens de celles des géographes tropicalistes. Anthropologue de l'espace ou géographe des représentations, la frontière paraît mince.

Dans le cadre de la géographie des espaces tropicaux1, Gallais J. et « l'équipe de Rouen », à travers leurs multiples études en Afrique (Gallais J., 1968, 1973, 1976) en Amérique du Sud (Vergolino et Gallais, 1971 ; Gervaise, 1976), et en Inde (De Globéry, 1976 ; Choët, 1977), ont effectué une comparaison entre les principaux aspects de l'espace vécu dans les civilisations du monde tropical. Ils mirent en évidence que, dans les sociétés tropicales, les recherches sur l'espace vécu doivent s'adapter à tous les particularismes de l'humain, que ceux-ci s'expriment par les langues ou par les psychologies individuelles et collectives. Ces recherches furent le moyen de développer de nouvelles techniques d'enquêtes destinées à décrypter les comportements, induits par les perceptions et les représentations des individus, et leurs implications spatiales.

2.3 L'introduction progressive de la subjectivité dans l'analyse géog raph iq ue

Fortement impulsée par la phénoménologie, et la psychologie cognitive*, l'étude des perceptions et des représentations sociales amène les géographes à remettre en question leurs modes d'analyse. Les théories déterministes et

béhavioristes*, fondamentalement positivistes*, laissent place au centre des sciences sociales et de l'homme à de nouveaux mode d'analyses, notamment structuralistes* et systémique*, qui s'ouvrent largement aux images mentales*. Malgré des points de vue différents, voire divergents, la science géographique élargi son champ de vision : « l'espace, la région, les lieux, ne peuvent plus être considérés uniquement comme des réalités objectives » (Frémont, A., 1973), et l'objectivation des comportements revêt une complexité et une incertitude jusque là sous-estimées.

Les lectures matérialistes de l'espace par la géographie dite classique ou parfois même par celles d'influence marxiste*1 montrent leurs limites à travers les travaux des géographes ayant recours aux représentations spatiales2. Dans la science géographique, l'étude des représentations individuelles et collectives, influencent directement ou indirectement sur la construction d'un espace ou concernant cet espace lui-même, questionne la totalité des problématiques géographiques ; elle ne peut plus se concevoir comme une étude de cet espace qui serait parallèle aux autres. Les images mentales et leur pouvoir de façonnement territorial nécessitent l'adoption d'un nouveau paradigme géographique et la redéfinition de concepts centraux de la discipline (sur lesquels nous reviendrons plus tard).

« Il s'agit en effet d'une véritable rupture épistémologique » (Bailly S. et Debarbieux B., 1995). La nécessité de prendre en compte la subjectivité de l'espace impose aux géographes un changement complet d'attitude, avec de nouveaux matériaux, de nouvelles méthodes, de nouvelles perspectives. Ainsi, deux « référentiels d'observation et d'analyse » (Pailhous J.,1970) de l'espace s'apparentent à la démarche géographique, un égocentré3 et l'autre exocentré4, et amènent les géographes à redéfinir les concepts de distance, espace et territoire en y intégrant la subjectivité des individus et des sociétés.

Cette remise en cause est d'autant plus nécessaire dans les espaces tropicaux où l'application de ces concepts, réfléchis, élaborés, et le plus souvent confrontés à la réalité en Occident, ne s'appliquent que rarement, en témoigne l'expérience de Gallais J : dans le Delta intérieur du Niger, ce dernier remarque à travers la diversité des perceptions de l'espace et les différentes appropriations que les sociétés font du site, que la région, cette unité spatiale de référence privilégiée par de nombreux géographes, n'y existe pas (voir note 3).

1 Qui expliquent l'organisation de l'espace par les conditions de l'environnement biophysique ou socioéconomique.

2 Qui intègrent cet environnement complexe (voir3) par l'intermédiaire des images que les acteurs sociaux s'en font.

3 Correspond à la conception d'un espace construit autour du sujet, à partir de l'image d'un trajet ou d'une série de trajets ou d'expériences individuelles.

4 Correspond à une conception de l'espace indépendante du sujet, créé par autrui.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery