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La libéralisation des marchés et le developpement durable en Afrique: le cas du secteur agricole au Cameroun

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par Jean de Dieu AWOUMOU
ENA - Master en Administration Publique 2006
  

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B. les conséquences sociales de la libéralisation agricole : la compromission des objectifs du millénaire pour le développement au Cameroun.

Le Cameroun a souscrit comme tous les pays membres des nations unies à la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. L'atteinte de ces objectifs est mise à épreuve par la façon dont est conduite la libéralisation agricole. L'examen du taux de réalisation des objectifs du millénaire au Cameroun laisse sceptique. En fait le constat est plutôt celui d'une régression des indicateurs. La libéralisation agricole est pour beaucoup dans le fait de cette régression. En effet le retrait de l'Etat a laissé le secteur de la production agricole dans une situation d'abandon manifestée par le tarissement des financements agricoles. La conséquence sera une augmentation des coûts de production des produits agricoles qui va se refléter sur le niveau de vie des population. En guise d'exemple on peut citer l'impact de la privatisation de la Société Camerounaise de Palmeraies du Cameroun sur le niveau de vie du camerounais moyen. Avant l'opération de privatisation de l'entreprise en 2000, le litre d'huile de palme coûtait environ 500 et six ans plus tard en 2006 le litre s'élève à 850 francs CFA environ. Cela signifie une augmentation d'environ 70% du prix de cette denrée alimentaire riche en vitamines. Dès lors l'objectif de réduire de moitié la proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est fortement compromis par le retrait de l'Etat consécutif à la libéralisation de production des filières du secteur agricole. Les statistiques révèlent qu'en 2001, sur une population de 15 472 559 d'habitants près de 6 217 058 d'habitants vivraient en dessous du seuil de pauvreté ; soit environ 40,2% de la population totale1. Si la proportion globale a officiellement décrue depuis 1 996(partant de 50,5%), il faut reconnaître qu'elle cache des disparités qui révèlent un danger pour le développement durable. En effet la proportion des enfants de moins de cinq ans souffrant d'insuffisance pondérale est passé de 13,6% en 1996 à 22,8% en 20012. Ce fait à lui tout seul devrait traduire le risque que la libéralisation agricole par ses déficits en termes de management fait pesé sur les générations futures. Par ailleurs il faut dire que l'immense majorité des pauvres au Cameroun se retrouve parmi les populations rurales. Le document de stratégie de

1 Rapport des progrès des OMD/ Cameroun, Décembre 2003 http://www.cm.undp.org/un/publications/rapport_OMD_provincial2003.pdf

2 Ibid.

développement du secteur rural (DSDSR) élaboré par le gouvernement camerounais et validé en concertation avec la société civile a pour but de promouvoir « une croissance agricole et économique forte ». Ce document affirme qu'en 2001, 84% des pauvres se trouvent dans les zones rurales. La chute des prix de vente des produits agricoles a conduit à une baisse du niveau de vie des agriculteurs. Cette pauvreté se manifeste par l'insuffisance de ressources matérielles ou financières pour satisfaire les besoins élémentaires en matière d'alimentation, de logement, de santé, d'éducation. L'insécurité alimentaire est chronique dans la zone soudano-sahélienne. Elle sévit également dans les Hauts Plateaux de l'Ouest et, à un moindre degré, en zone de forêt humide. Les familles rurales font face à des situations parfois dramatiques (rations alimentaires de 1.360 calories par personne pour le décile de familles les plus pauvres)1. Le Cameroun se situe parmi les pays en développement les moins performants en ce domaine. La ration alimentaire actuelle (2.260 cal calories/jour/hab.) y est à peine supérieure à la ration moyenne estimée pour l'Afrique subsaharienne (2.200 calories) et reste bien inférieure à celle calculée pour l'ensemble des pays en voie de développement (2.680 calories). Depuis le début de la libéralisation du secteur agricole la pauvreté a donc progressé dans tout le pays mais avec une acuité particulière dans les villages. Face à cette pénurie de moyens financiers, les paysans sont le plus souvent obligés de faire le choix douloureux de consacrer les maigres ressources disponibles pour la scolarisation des jeunes garçons au détriment de filles. C'est en ce sens que le rapport sur les ODM révèle que depuis 1995 on observe une stagnation du rapport filles/Garçons dans l'enseignement primaire. Cette situation est compromettante lorsqu'on considère que les femmes représentent 51% de la population au Cameroun. La paupérisation croissante des population rurales entraîne une déperdition des forces productrices au niveau économique. Les femmes sont en réalité dans un tel conteste cantonnées à des activités d'agriculture de subsistance ou à la prostitution. Par ailleurs, la baisse des revenus des activités agricole contraints les jeunes à l'exode rural ou à l'exil pour les plus courageux. On observe que l'augmentation de la pression démographique dans les villes est contemporaine à la mise en oeuvre de la libéralisation agricole au Cameroun. Une étude du sociologue camerounais Valentin Nga Ndongo affirme que la seule ville de Yaoundé est passée de 1 080 000 habitants en 1995 à 2 000 000 en l'an 2000. La conséquence est la montée de l'insécurité et des phénomènes de proxénétisme. Dans l'analyse des causes de l'insécurité, le sociologue confirme que l'association des jeunes issus de l'exode rural et des autres jeunes en échec scolaire constitue un vecteur

1 Déclaration de stratégie de développement du secteur rural, avril 2002 ;

important de la violence urbaine1 ; la pression démographique dans les villes en plus d'être un défi pour la cohésion sociale constitue aussi un enjeu écologique important.

1 Violence, délinquance et insécurité à Yaoundé (information générale), Valentin NGA NDONGO, Sociologue, Université de Yaoundé I, Cameroun, juillet 2000

Partie Troisième : Propositions visant le renforcement des capacités fonctionnelles du secteur agricole camerounais.

.

Le Cameroun comme nombre de pays africains n'a pas pu développer les mécanismes nécessaires pour pouvoir tirer profit de la libéralisation agricole. Les infrastructures, l'accès à l'information, la technologie, la recherche, l'organisation et la coordination des secteurs de production ainsi qu'un ensemble de techniques managériales nécessaires au bon fonctionnement du marché sont déficients. En conséquence, on observe une perte du contrôle de la production et un appauvrissement croissant des petits producteurs. Face à cette situation certains appellent à un abandon des politiques de libéralisation, à un retour en arrière dans un système d'économie de protection. Cependant il est aussi clair que l'idée d'organiser le commerce sur des règles communes serait profitable à tous. Pour y parvenir il faut à toute mutation un processus de transition. Pour rentabiliser le potentiel agricole des pays comme le Cameroun, il faut de la progressivité dans l'établissement des mécanismes périphériques permettant la réussite de la libéralisation. Dès lors on peut entrevoir cette progressivité à deux niveaux d'intervention : à l'échelon national où il conviendrait de mettre sur pied une organisation qui puisse embrasser à la fois les besoins de financement , les objectifs de production et la rationalisation des interventions des différents acteurs; à l'échelon international , il convient de poursuivre les négociations pour l'instauration des règles qui ne soient pas seulement communes mais tiennent des conditions particulières de chacun et des besoins des acteurs locaux.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus