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La libéralisation des marchés et le developpement durable en Afrique: le cas du secteur agricole au Cameroun

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par Jean de Dieu AWOUMOU
ENA - Master en Administration Publique 2006
  

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CONCLUSION GENERALE

La libéralisation n'est pas qu'une politique économique, elle est en fait un instrument organisationnel qui doit s'inscrire dans la synergie du grand chantier du développement. Pour être efficace la libéralisation agricole devait prendre en compte toutes les contraintes du contexte local. Au Cameroun il n'a pas été tenu compte de cette spécificité. La libéralisation n'a pas intégré les impératifs de coordination entre l'économique et le social. A défaut de générer l'efficacité économique comme le prévoyait ses concepteurs, la libéralisation agricole a renforcé la paupérisation du Cameroun. Dès lors il est établit que la libéralisation sans garde-fous a remis en cause « le droit à la sécurité alimentaire des plus faibles, en déstabilisant les agricultures locales et en renchérissant le coût de la facture alimentaire >>. l'importance de l'agriculture dans une économie comme celle du Cameroun, fait que les externalités constatées se sont rapidement propagées dans la société en compromettant la santé, l'éducation, et l'équilibre social. La mise en route d'un jeu économique gérer par les seules forces du marché compromet donc le développement des nations les moins avancées. Elle promeut l'ouverture de l'économie alors que les acteurs locaux ne sont pas encore suffisamment organisés pour faire face à la concurrence. De plus au niveau international, les normes d'une concurrence saine et efficace ne sont pas encore à jour. De ce fait, la libéralisation du secteur agricole nous est apparue être précoce pour le Cameroun. En l'état actuel, le rôle de l'Etat dans ce pays est encore capital. Il méritait certes d'être revu, mais pas dans le sens du retrait radical comme l'a matérialisé la libéralisation agricole au Cameroun. Il ne s'agit pas de le penser comme cela se disait au début des réformes structurelles que « l'Etat ne doit plus tout faire >> mais plutôt que « l'Etat doit faire autrement >>. L'Etat doit faire autrement, c'est dire que l'objectif doit être de faire mieux qu'avant. Le but ne saurait être celui d'un retrait pur et simple de la sphère économique mais d'un repositionnement de l'Etat, dans des missions de facilitation de l'activité économique. Ce rôle novateur s'opère par l'édiction des règles applicables à tous, mais aussi par la création d'un cadre permettant la mise en oeuvre de celles-ci. Il est question non pas de faire du tout libéralisé un but en soi, mais de libéralisé là où les conditions sont réunies et d'accompagner là où le besoin se fait sentir. Ceci suppose donc une libéralisation progressive et sélective pour prendre en compte toutes les contraintes. Dès lors une politique de modernisation efficace du secteur agricole dans les pays les moins avancés doit se faire avec l'Etat, en lui permettant d'opérer des interventions ciblées en faveur des catégories que le marché ne peut efficacement prendre en charge. C'est le cas de la fourniture des financements aux agriculteurs pour leurs activités ou de l'accompagnement dans la production et la commercialisation. Cette démarche impose certes de revoir les règles de libéralisation de l'OMC, mais elle s'avère nécessaire pour la réussite du développement durable.

Pour autant, on ne peut totalement imputer la dérive observée à la seule politique de libéralisation. L'autre fait en cause doit être recherché dans le pilotage du projet. Il a été observé à ce niveau des carences en termes d'analyse des risques et de suivi des reformes instruites. Les dysfonctionnements consécutifs à ces carences ont cependant l'intérêt de mettre en exergue les besoins de l'administration camerounaise dans le domaine du pilotage du changement. Ces besoins ne sont pas particuliers à un secteur. Ils se retrouvent dans tous les domaines de la vie administrative qui impliquent une conduite du changement. C'est le cas du programme de la lutte contre la corruption ou du Programme National de Gouvernance lancé en 2000, mais dont les résultats tardent. Il s'agit en somme d'un besoin refonte des instruments de gestion publique. Cette entreprise est nécessaire pour faire face aux impératifs de compétitivité que la mondialisation impose aux administrations publiques. Les dysfonctionnements de la libéralisation agricole révèlent donc le besoin impératif, de l'introduction d'une réflexion pour un management de qualité, au sein de l'Administration publique camerounaise. Des réponses conjoncturelles sont possibles dans le cadre de séminaires gouvernementaux d'initiation aux mécanismes modernes de pilotage du changement. Mais une réflexion plus structurelle concernant le management public s'avère nécessaire. La question à se poser dans ce cadre, est de savoir comment les administrations publiques peuvent mieux participer à la compétitivité des économies. Il ne s'agit pas seulement d'édicter des règles de réforme économique et sociale, mais aussi de s'interroger sur la qualité des instruments de mise en oeuvre dont on dispose. Dès lors, la qualité du service rendu aux usagers doit être analysée. La compétitivité économique des nations se fait de plus en plus sur la capacité d'attraction des capitaux productifs. Le choix d'investir se détermine à partir de la qualité des facteurs productifs et des politiques publiques qui en réglementent l'accès. Toutefois la facilité des procédures et la qualité du service fournit dans les administrations est aussi un facteur important. C'est là un enjeu considérable pour les administrations locales en économie ouverte. Aucun projet de réforme structurelle ne peut avoir la garantie du succès, si à la base il n'existe pas d'instruments efficace de mise en oeuvre des décisions gouvernementales. Pour y faire face, il s'impose donc une réflexion sur la normalisation de l'activité administrative au Cameroun. Il importe de réfléchir sur un dispositif visant à doter les services publics de l'Etat de normes communes dans l'accueil de l'usager, le traitement des dossiers et la remontée des besoins. Deux notions doivent présider à la construction de ce dispositif. Il s'agit de la simplification et de la direction par objectifs. Seul un tel dispositif peut réaliser les besoins de conduite et de suivi efficace du développement durable.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand